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Profil de l'hémogramme chez les sujets VIH/SIDA

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par Stéphane Junior TALOM FOGUE
Université de Bamako - Doctorat en médecine 2005
  

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II. IMMUNOLOGIE  ET L'INFECTION A VIH

Les conséquences clinique de l'infection par le VIH sont liées à la capacité qu'a le virus de désarmer le système immunitaire de l'hôte, car la première cible du virus est le sous- groupe des lymphocytes auxiliaires ( « Helper inducer » lymphocytes). Ce sous-groupe lymphocytaire défini par la présence de la molécule de surface CD4, intervient comme coordinateur central d'une myriade de fonctions immunitaires. L'infection à VIH peut être considérée par conséquent comme étant une maladie du système immunitaire caractérisée par la perte progressive de lymphocytes CD4+ (Tableau XVI), avec finalement des conséquences fatales pour l'hôte infecté.

Tableau XVI. Causes potentielles de déplétion en cellules CD4 [99]

1. Conséquences toxiques directes de l'infection

2. Formation de syncitia

3. Destruction de cellules spectatrices innocentes ayant adsorbé gp 120

4. Régénération altérée du compartiment périphérique des cellules T

5. Destruction auto-immune

6. Super antigènes

7. Apoptose

Malgré cette immunosuppression induite par le VIH, un certain nombre de défenses immunologiques spécifiques contre le virus se développent chez les sujets infectés, susceptibles de contribuer à la longue phase asymptomatique qui suit la contamination en contenant au moins partiellement le virus. La signification potentielle de telles réponses est encore soulignée par la mise en évidence récente chez l'animal d'une protection immunitaire contre des rétrovirus apparentés au VIH, induite par vaccination. La compréhension des modifications immunologiques dues au VIH permet non seulement d'avoir un aperçu des conséquences cliniques de l'infection, mais aussi des perspectives de développement efficaces contre le VIH.[99]

1. Cellules infectées par le VIH

Dès sa découverte clinique, il était évident que le sida était dû à un défaut important de l'immunité cellulaire. Des études ont révélé une réduction marquée des lymphocytes TCD4+ à la fois dans le sang et les tissus. Après identification du VIH, on a montré son tropisme pour ces cellules, dont les molécules CD4 servent de récepteur pour VIH. De nouveaux virions bourgeonnent à partir des cellules CD4+ infectées ; la plupart sont détruites, les cellules restantes, habituellement exemptes de signes de présence de virus latent, présentent des anomalies fonctionnelles.

Beaucoup d`autres altérations immunitaires observées peuvent être mises en relation directe ou indirecte avec l'attaque primordiale des cellules CD4+. Cependant, il est apparu de plus en plus nettement que les macrophages ainsi que d'autres cellules accessoires, comme les cellules folliculaires dendritiques peuvent aussi être infectées. Ceci peut provenir du faible taux d'expression de l'antigène CD4 par ces cellules ou par d'autres molécules comme les récepteurs pour Fc. Même si ces cellules paraissent

moins fréquemment détruites (au début de l'infection), elles montrent certains changements fonctionnels et surtout semblent constituer un réservoir pour le VIH. [99]

Lymphocytes TCD4+

o Destruction des lymphocytes CD4+

Une question qui est loin de recevoir une réponse claire est de savoir comment les lymphocytes CD4+ sont détruits. Le VIH est certainement un virus cytopathique avec le pouvoir de provoquer la lyse ou la formation de syncytiums, mais il est peu probable que cela puisse à soi seul causer la perte de la majorité des cellules CD4+

Le taux fort bas de latence du VIH parmi les cellules survivantes est estimé de façon variable entre 1 pour 100 et 1 pour 10.000 et a fait germer des hypothèses pour expliquer l'élimination des cellules non infectées. Cependant, il n'est peut être pas opportun de considérer les cellules restantes comme représentatives, en terme de fréquence d'infection par le VIH des cellules ayant été éliminées.

A part la cytotoxicité directe par le virus, il est probable que les mécanismes de l'hôte

sont impliqués dans la destruction des cellules CD4+ exprimant l'antigène viral soit par ADCC (Cytotoxicité cellulaire dépendante des anticorps) , soit par cytotoxicité T restreinte par le CMH, ou par des mécanismes non spécifiques. Il est également plausible que des cellules CD4+ soient éliminées par fusion en syncytiums avec des cellules infectées ou par adhérence avec des glycoprotéines gp120 du VIH à la molécule CD4, amenant une élimination par l'hôte. Probablement plusieurs mécanismes agissent en concert et aboutissent à cette déplétion de cellules CD4+. [99,100]

o Conséquences fonctionnelles de la destruction de cellules CD4+

Les cellules CD4+ assument des fonctions auxiliaires et d'induction et coopèrent avec des macrophages dans l'élimination d'agents pathogènes intracellulaires facultatifs et d'organismes reliés. Ainsi, il s'ensuit que la perte de ce sous-groupe cellulaire perturbe des fonctions souvent médiées par des cytokines comme IL-2, IFNã ou d'autres activateurs de macrophages. Il y a certains indices que des cellules CD4+ sont plus touchées que d'autres amenant un déséquilibre, mais il n'est pas établi que des populations cellulaires Leu8 ou 4B4 positives soient plus sensibles.

Certaines des déficiences fonctionnelles ne peuvent pas simplement s'expliquer par la perte de cellules CD4+ et donc de leurs cytokines. Il a été montré que des cellules infectées par le VIH libèrent la protéine gp120 et probablement d'autres produits provoquant une suppression des réponses des cellules T. Ceci peut provenir d'une activation chronique des signaux de transduction (inositol polyphosphate) rendant ces cellules réfractaires à des stimulations subséquentes. De plus, les cellules présentatrices sont légèrement réduites en nombre, mais leurs fonctions et l'expression d'antigènes de classe II sont fortement réduites ; ces anomalies contribuent probablement, en partie, aux changements constatés des fonctions immunitaires. [99]

Monocytes/macrophages

Il a été clairement démontré que le VIH infecte également la lignée des monocytes/macrophages, probablement en s'attachant aux molécules CD4 de la surface de ces cellules. L'infection des progéniteurs médullaires des monocytes/macrophages a été également démontrée, avec niveau élevé de réplication virale, ce qui peut contribuer à la pancytopénie rencontrée dans l'infection à VIH. Contrairement aux lymphocytes CD4 cependant, les macrophages semblent relativement résistants aux effets cytopathogènes de l'infection à VIH, et ils peuvent constituer par conséquent un réservoir de virus. Les macrophages peuvent aussi jouer un rôle important dans la dissémination virale chez l'individu infecté, en particulier en transportant le virus dans le système nerveux central (SNC) au travers de la barrière hématocérébrale. [98, 99,100]

Un certain nombre d'anomalies des monocytes/macrophages a été détecté chez des sujets séropositifs pour le VIH ; elles sont au moins en partie la conséquence de l'infection à VIH. La capacité qu'ont les monocytes/macrophages de jouer le rôle de cellules présentatrices d'antigènes est altérée, en particulier au stade avancé de l'infection. Chez les patients atteints par le SIDA, certains anomalies de ces cellules, telles que l'augmentation de l'expression du récepteur de l' IL-2, la sécrétion d'IL-1 et l'expression accrue du ligand chimiotactique, peuvent être la conséquence de leur activation chronique in vivo. Les raisons de cette activation chronique sont vraisemblablement multifactorielles, et elles pourraient être liées à l'exposition à des protéines virales ou à des lymphokines, ou être des effets directs de l'infection à VIH. [100]

Lymphocytes CD8, NK et VIH

Les lymphocytes CD8 augmentent significativement en valeur absolue et en pourcentage dans les différents stades de la maladie. Parmi les cellules CD8, il existe trois sous-population distinctes : CD8 cytotoxiques, les CD8 suppressives et les CD8 « natural killer » (NK). Les deux premières sous-populations sont significativement augmentées pendant l'infection par le VIH, tandis que les cellules CD4 NK sont diminuées.

Un des faits troublants de l'infection par le VIH est la capacité du virus à persister malgré une réponse immunitaire détectable. La production d'anticorps et le développement d'une immunité cellulaire induite par les lymphocytes CD8 ne paraissent pas affectés chez les sujets séropositifs. Ces anticorps et ces cellules tueuses qui remplissent parfaitement leur fonction « in vitro » ne sont pas capables d'empêcher, dans la majorité des cas, la progression de la maladie.

Le nombre de cellules NK est peu diminué chez les individus infectés par le VIH. Cette diminution discrète est expliquée par une diminution de la population NK qui exprime CD8 avec faible densité. Les cellules NK des sujets séropositifs conservent bien leur capacité à s'attacher aux cibles, mais ont une activité cytotoxique diminuée par rapport aux cellules NK normales. [98, 99, 100,102]

Les lymphocytes B

Les malades infectés par le VIH présentent une hypergammaglobulinémie, des complexes immuns circulants et des taux élevés d'anticorps, qui traduisent une stimulation polyclonale de lymphocyte B. Malgré l'hypergammaglobulinémie, ces malades ont une réponse très diminuée à l'égard des néoantigènes et ont une capacité moindre à produire des IgM face à des antigènes nouveaux.

Les causes de cette stimulation polyclonale du lymphocyte B ne sont pas encore bien établies. La forte incidence, d'infections par l'EBV ou par les CMV connues comme stimulants polyclonaux du lymphocyte B, contribue certainement à expliquer ce phénomène.

Cette stimulation polyclonale pourrait être à l'origine de la haute incidence de lymphome B observée chez les malades atteints de SIDA. Elle pourrait en effet créer les conditions propices pour l'apparition de mutations et de translocations chromosomiques, à la base de processus oncogénique. [98, 99, 100,101]

2. Marqueurs biologiques de la maladie VIH

Depuis le début de l'épidémie à VIH, il y a eu des tentatives pour mettre au point des tests permettant de déterminer l'état immunitaire du sujet, même si peu d'entre eux informent davantage que l'anamnèse et l'examen clinique. Le profil sérologique de l'infection par le VIH devient de mieux en mieux établi.

Anticorps anti-VIH

L'identification de la grande majorité des sujets infectés a été atteinte par l'utilisation de tests par anticorps anti-VIH. On peut réaliser d'abord une recherche ELISA (anti-globuline ou par compétition) et, en cas de positivité, on vérifie par Western blot, ce qui permet d'éviter les faux positifs. Le taux de faux-positifs a été réduit par l'utilisation d'antigènes recombinants de l'enveloppe pour l'ELISA, plutôt que des lysats de cellules infectées.

Au début, des faux négatifs ont été trouvés parmi des sujets avec SIDA, cependant, les tests actuels se révèlent plus sûrs. Le problème subsiste toutefois au niveau des tests décelant surtout les anticorps anti-nucléocapside (p24 ou p17), ceci du fait du déclin dans le titre de ces anticorps avec la progression d la maladie. [99,102]

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry