CHAPITRE VI : LES STRATEGIES DE LUTTE
VI.1. Les actions de l' Etat Sénégalais et
Espagnol
Devant l'ampleur du ce drame des réactions s'imposaient
autant du côté du notre pays d'où partaient les jeunes que
du Gouvernement Espagnol principal concerné.
Dans la mise en oeuvre des mécanismes deux
thèses s'affrontent : celle de la répression via le
contrôle des frontières surtout côtières.
La surveillance et les patrouilles le long des plages
s'intensifiaient également pour contenir les flux migratoires.
En dehors de cela les mesures de reconduction aux
frontières sont devenues quasi quotidiennes ainsi que la construction
des barrières supplémentaires sur Sebta et Mellila.
L'élément déclencheur a été
le forcing en Octobre 2005 des barrières métalliques de Mellila
et Ceuta par des clandestins.
Le Gouvernement Espagnol avait dans un premier temps
opté pour le rapatriement et son Secrétaire d'Etat Espagnol aux
Affaires Etrangères dixit « la solution est le
rapatriement » et 10000 clandestins ont été
ramenés des îles Canaries via Dakar et Saint Louis entre 2005 et
2007.
D'un autre côté un projet d'accord de 4000 visas
a été validé et des jeunes pouvaient se rendre en Espagne
en toute légalité pour travailler comme ouvriers agricoles, dans
le bâtiment ou tout autre secteur ne disposant pas assez de main
d'oeuvre.
En 2006 700 jeunes ont pu voyager mais c'était une
migration circulaire la fin du contrat signifiait l'obligation de rentrer.
La fixation des populations sur place avait été
soutenue à travers des écoles de formations pour aider les jeunes
rapatriés d'accéder à une qualification à
défaut des prêts pour les porteurs d'initiative.
Nous voyons là toute la complexité de
gérer la demie- mesure entre gestion des flux migratoires et aide au
développement.
Les micro- projets ne sont pas en reste, côté
financement et encadrement au total 23 milliards décaissé par
l'Espagne.
De son côté l'Etat Sénégalais avec
l'aide des forces de l'ordre pour cette situation exceptionnelle police et
gendarmerie ont mis en commun leurs action afin de :
-arraisonner toutes les pirogues tentant de partir surtout
à partir des zones stratégiques (Kayar, Mbour, Rufisque, Thiaroye
sur Mer), rien qu'en mars 2006 19 pirogues ont été prises avec
plus de 1000 personnes à bord 60 passeurs, et 10 étrangers.
-Surveiller ces mêmes zones citées supra
- Sanctionner les passeurs eux-mêmes voire leur infliger
des peines de prisons fermes comme cela fût le cas à Saint
Louis.
La législation Sénégalaise dispose de la
loi du 10 Mars 2005 relative à la lutte contre la traite des personnes
et pratiques similaires et à la protection des victimes.
Dans l'article 4 une peine de 5 à 10 ans assortie d'une
amende de 5 millions à l'encontre des organisateurs de voyages
clandestins quelque soit la voie empruntée, que le territoire national
ait servi d'origine, transit ou de destination.
Les arrêtés pour délit d'embarcation,
escroquerie, incitation à la migration irrégulière seront
poursuivis y compris les clandestins, passeurs et membres d'équipage.
De même en Janvier 2010 la Coopération Espagnole
en collaboration avec la Mairie de Dakar et la FAO a mis en place un projet
« promotion de l'usage d'une eau potable de qualité en
agriculture urbaine périurbaine ».
Un vaste programme à portée
socio-économique dépassant 520 millions de francs CFA.
Une façon pour la Coopération de contrer la
migration irrégulière.
Le micro- crédit est de plus en plus
intégré pour assister les maraîchers et floriculteurs dans
les niayes.
Des privés espagnols ont pris par en décidant
d'investir chez nous dans l'optique de créer des emplois, l'exemple le
plus parlant elle la société AGROCOMERMANCHA, à Ross
Bethio évoluant dans la production et l'exportation de melons.
Son champ d'action s'étend dans la formation offerte
aux jeunes Sénégalais aux techniques modernes agricoles au
Sénégal comme en Espagne, selon José Antonio GONZALEZ
administrateur de la Société.
Sur initiative du Président de la République en
2006, le Plan REVA était également mis en place pour endiguer
cette migration irrégulière et risquée.
Ce projet de développement est basé sur le
retour vers l'agriculture et l'émergence de pôles d'excellence par
l'accès aux fermes agricoles avec comme cibles les jeunes.
Seront concernés l'élevage, la pêche, les
eaux et forêts.
Le Maroc et l'Espagne ont contribué respectivement
à hauteur de 650 millions de francs CFA et 10 millions d'Euros.
Les raisons majeures de sa promotion sont les
suivantes :
-le dépeuplement des campagnes imputable à la
pauvreté entraînant une urbanisation galopante et mal
maîtrisée
-l'explosion du phénomène de la migration
clandestine
-la faible contribution du secteur primaire dans la croissance
alors qu'il emploie le plus de monde.
-l'insécurité alimentaire
-la pauvreté en zone urbaine contre laquelle il faut
lutter
Ce Retour vers l'Agriculture est une partie intégrante
du développement durable, et vise à inciter les populations
toutes catégories comprises à un retour massif vers la terre.
Cela participera à faire de l'agriculture le moteur du
développement national.
Sa particularité est l'avènement d'une nouvelle
génération d'agriculteurs aptes à l'initiative
privée dans le secteur agro-industriel englobant l'aquaculture, la
pisciculture même l'artisanat.
Au plan national et régional il est mis en oeuvre par
le Ministère du Plan, la tutelle demeure au Ministère de
l'Agriculture, de l'Hydraulique Rurale et de la Sécurité
Alimentaire.
Son objectif général est l'augmentation
considérable de la production agricole, répondre aux objectifs
de Stratégie de Croissance Accélérée. Et constitue
la base du Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté et de la Stratégie de Croissance
Accélérée.
Ses objectifs spécifiques :
-Lutter contre la migration irrégulière et
l'exode rural en créant des conditions de retour volontaire à la
terre.
-créer des emplois dans l'agriculture bien
rémunérés pour fixer les populations dans leurs
terroirs.
-améliorer la productivité et développer
la production agro-industrielle
-améliorer les conditions de vie des populations
rurales
-assurer la maîtrise de l'eau
-promouvoir un agriculteur de type nouveau
-aider le monde rural à se doter des nouvelles
techniques et nouvelles technologies générées par la
recherche
La liste n'est pas exhaustive et le but ultime est l'atteinte
de l'option « émigration clandestine Zéro »
un concept lancé par le Chef de l'Etat
Le Plan REVA concerne l'ensemble du territoire national et ses
cibles sont variées allant des émigrés aux jeunes citadins
en passant par les femmes et leurs groupements, les agriculteurs bien
sûr.
Les associations paysannes, communautés religieuses,
fonctionnaires, militaires libérés ne sont pas en reste de
même que les hommes et femmes d'affaires.
Cela s'étend aux sortant des écoles de
formations, universités, les volontaires de l'agriculture et sans
emplois.
L'Agence Nationale de gestion et de mise en oeuvre du Plan
REVA est fondée en 2007 pour encadrer et rendre opérationnel les
projets du plan.
Ses zones prioritaires définies sont surtout
Kirène, Tivaouane Peulh, ndieguéne, Pointe Sarène.
Dans son fonctionnement elle a des partenaires telles que le
PDMAS, ASPRODEB, ANCAR, CNCAS, ISRA, UGB de Saint Louis.
Ce dernier fonctionne par campagne et le
bénéficiaire rembourse le crédit qui lui a
été accordé ainsi que les charges relatives aux
prestations de service, par contre les intrants, moyens logistiques, terres
sont mis à sa disposition.
Pour démarrer d'août 2006-2007, la phase pilote
devait mettre en place 550 pôles d'émergence
intégrée et la promotion de l'initiative privée dans le
secteur agricole. Ses dernières auront des spécialisations allant
des cultures maraîchères incluant également la production
de fruits de mer.
Les résultats majeurs visés sont :
-la création de 300000 emplois directs et indirects
-réduire l'importation des produits laitiers par
l'amélioration génétique et 8000 vaches
laitières
-des retombées positives sur la souveraineté
alimentaire et la balance commerciale en réduisant la dépendance
de l'extérieur
-les effets positifs sur les revenus des ménages et la
sécurité alimentaire
-l'arrêt de l'émigration clandestine
Sur le long terme période 2008-2015, le Plan REVA
s'évertuera à réaliser les missions assignées
à l'agriculture dans le cadre de l'Objectif du Millénaire pour le
Développement et de la Stratégie de Croissance
Accélérée.
A savoir réduire la pauvreté de moitié
d'ici 2015, au taux de croissance à deux chiffres, et créer les
conditions d'un développement durable.
En exemple 3200 pôles d'émergence agricole
à l'image des fermes villageoises modernes devraient voir le jour.
Des techniques seront réalisées avant toute
concrétisation ou mise en oeuvre.
Celles-ci seront à vocation agro- sylvo-pastorale,
agro-pastorale ou piscicole selon les caractéristiques et vocations des
zones d'implantation.
Des fermes de type villageoises modernes tournées vers
les légumes et céréales sont aussi une partie du plan
REVA, ce fût le cas à Djilas qui est situé dans le
Sine-Saloum et dont les activités majeures reposent sur la pêche,
l'agriculture, l'extraction du sel et le commerce.
La primauté du secteur agricole lui confère
d'office une place privilégiée mais celle-ci est trop tributaire
des variations climatiques.
De cette situation découle une baisse et une
instabilité des rendements par exemple les céréales ont vu
leurs productions baissées de 23% en 2001-2002.
Pour la dite communauté rurale les fermes agricoles
étaient en priorité destinées aux groupements de femmes et
jeunes.
L'objectif général se basant sur
l'amélioration des conditions de vie des populations rurales durant la
période mise en oeuvre.
L'objectif spécifiques accroître les revenus des
groupements de femmes durant 2008-2009 la phase test.
Les cibles et résultats attendus rejoignent toujours
ceux du Plan REVA déjà énumérés supra.
C'est tout le processus qui est pris en compte de la
production à la commercialisation.
L'action de l'Etat Sénégalais abordée,
nous allons nous tourner vers le FRONTEX projet de l'Union Européenne
VI.2. Le FRONTEX
Fondé en 2004 le FRONTEX est devenu justement
fonctionnel en 2004.
Son but principal est le contrôle des frontières
extérieures de l'Union Européenne.
Le siège est à Varsovie (Pologne) et son budget
annuel est de 80 millions d'euros.
Elle fait la promotion de la coopération
frontalière et forme les gardes-frontières mais aussi recueille
les informations sur la surveillance que communiquent les Etats membres.
Tous les équipements sont fournis par les états
membres (avions, bateaux, hélicoptères) car sa création
est liée au fait que chaque année environs 500.000 migrants
entrent de manière illégale en Europe dont 14% par voie
maritime.
En 2006 sur demande espagnole le FRONTEX met en place un
dispositif de contrôle de la migration irrégulière au large
du Sénégal et de la Mauritanie.
L'objectif visé est d'empêcher l'arrivée
des clandestins aux îles canaries, ces derniers étaient 31000 en
2006 contre 4700 en 2005.
Pour rappel les Canaries et le détroit de Gibraltar
sont les principales voies de migrants clandestins d'Afrique au Sud du
Sahara.
La période favorable pour redoubler les patrouilles
étaient surtout l'été et rien n'est laissé au
hasard : hélicoptères, avions, navires.
La dite saison était favorable au
« voyage » à cause d'une mer plus calme que pendant
les autres saisons.
Avec ses 700 kms de côtes le Sénégal est
l'un des pays les plus en vue pour le « voyage » car
pourvoyeurs de clandestins voulant gagner l'Europe coûte que
coûte.
Il s'est vu obligé de joindre le FRONTEX en 2006 et en
2007 de rendre permanente les patrouilles communes dans le cadre de la
coopération.
Certes le rythme des embarcations ont cessé pour cause
des surveillances accrue mais les tentatives de partir en Europe en
général et Espagne en particulier suivent leur cours.
La voix du désert est devenue une alternative
empruntée par les clandestins pour partir.
D'autres pays ont pris le relais tels que la Gambie ou la
Guinée Bissau et Conakry car ces pays ne sont pas signataires du
FRONTEX. Ces « détours » sont plus longs plus
coûteux et plus risqués.
Rien qu'en 2007 presque 300 migrants et réfugiés
ont péri tentant d'entrer en Europe clandestinement.
Pour le budget de 14 millions en 2005 il est passé de
32 millions en 2006 et 72 millions en 2007.
Certes sur l'Atlantique les patrouilles ne se font plus, mais
l'Agence en charge du FRONTEX existe toujours et a une vocation
préventive et ses résultats mitigés publiés
notamment en matière de droits humains.
Il est admis que la pression migratoire sur l'Europe a connu
une montée durant le second trimestre de 2010, mais moins forte que les
années précédentes.
Sur le plan sécuritaire et des libertés le
Conseil de l'Europe a promulgué à Stockholm en Décembre
2009 un plan d'action visant à protéger les frontières
surtout au sortir de la crise financière.
L'autre objectif est une stratégie Europe 2020, pour
une meilleure défense des intérêts des citoyens du Vieux
Continent en intégrant ceux qui la font avancer.
Sur le plan moral la protection des valeurs morales communes
n'est pas oubliée.
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