IV.3. Le Manque d'initiative des jeunes et la
responsabilité des familles
Nos sociétés traditionnelles
caractérisées par la vie en communauté et la
solidarité ont connu des mutations profondes.
Les revers de l'urbanisation galopante entraînent au
niveau des familles l'individualisme du fait de l'avenir incertain a fini
d'installer le malaise et un sentiment de culpabilité chez les jeunes
chômeurs.
Normalement la famille devrait être le premier soutien
du jeune ne parvenant pas à s'insérer professionnellement, cela
s'est longtemps manifesté par les longues nuits blanches ou des
séances de thé toute la journée, tout en étant
assuré d'avoir les repas.
Il est de plus en plus mal perçu voire
considérer comme un paresseux voué à vivre au
crochet des
autres.
Le phénomène a plus d'ampleur dans les familles
polygamiques à causes des rivalités entre demi-frères et
co -épouses.
Les mères de familles ont même financé le
voyage de leurs enfants en vendant tous leurs bijoux de valeurs ou autres
biens.
Un jeune rapatrié a même lancé
« au sénégal c'est la misère et l'Espagne c'est
le paradis » les migrants pensent que le voyage par tous les moyens
est la seule voie de sortie, cette affirmation à elle seule l'illustre
parfaitement.
Les jeunes ont quand même leur part de
responsabilité car les montants versés aux différents
acteurs du voyage clandestins (passeurs, intermédiaires,
propriétaires de pirogues) auraient pu servir à financer et
gérer de micro -projets.
D'autant plus que les sommes variaient entre 200.000 et
800.000 francs CFA il est souvent déploré le manque de
financement au niveau des circuits officiels pourtant c'était bien une
opportunité d'auto -financement au lieu de risquer leur vie dans les
océans ou le désert.
Il leur serait juste demandé de chercher à
être encadrés pour mener à bien leurs activités
chacun dans son secteur d'activité.
Hormis les rejetés du système éducatif ou
jeunes chômeurs les petits commerçants sont des candidats
avançant qu'ils ne parviennent pas à subvenir à leurs
besoins avec leurs revenus trop faibles.
De ce fait optent pour la traversée de l'Atlantique
avec tous ses risques.
IV.4. La Responsabilité des Etats et des
gouvernants
Les années 60 marquent le début des
indépendances pour la plupart des Etats Africains et depuis lors les
difficultés économiques se sont enchaînées à
cela s'ajoutent ceux politiques.
Ces dernières ont pour nom : détournements
de deniers publics, népotisme, clientélisme, mal- gouvernance la
liste n'est pas exhaustive.
La crise de la pêche causée par la cherté
des matériels intrants, carburant, la surexploitation des ressources
halieutiques, déclin de la pêche artisanale au profit de celle
industrielle des sociétés jadis fleuron du secteur comme la
SENEPESCA et AFRICAMER ont complètement plongé dans la crise
avant de déposer leur bilan.
Pourtant les produits de la mer étaient au premier rang
des exportations en employant 17% de la population active.
Rien que les industries de transformation halieutiques qui
employaient 10000 ont vu des facto leurs activités baisser.
Les puissances occidentales ne sont pas en reste car
tantôt soutiennent des régimes de dictature ou
déstabilisent ceux qui ne roulent pas dans le sens de leurs
intérêts.
Déjà après les indépendances
l'Etat Sénégalais avait signé avec la France une
convention sur la circulation des personnes et l'ouverture du Pays aux
Etrangers.
Ceci dans le but de recevoir les flux d'argent
éventuels qu'enverraient les émigrés mais aussi les
investissements des étrangers.
Socialement les premiers à partir ont joué un
rôle prépondérant sur l'image perçue de
L'Europe et de l'immigration.
Le transfert des émigrés s'élève
à 722 milliards de Francs CFA en 2008 contre 622 milliards
en 2009 ces chiffres sont assez évocateurs.
Même la crise économique n'a pas eu l'incidence
redoutée.
Ils sont presque équivalents à celui des
exportations de services.
En outre au plan économiques toujours les balances
commerciales de pays pauvres sont toujours déficitaires au profit des
pays du nord par exemple en 2008 le déficit global du
Sénégal était de 1640 milliards de francs CFA.
Cette situation est née de la
détérioration des termes de l'échange qui est apparue en
géopolitique pour exprimer la non- maîtrise des prix des
matières premières sur les marchés mondiaux par les pays
en développement.
C'est dans le courant du 20ème siècle
que la dépendance a été notée sur le plan
économique.
Pour rappel la balance commerciale est la partie de la
comptabilité nationale prenant en charge les exportations et
importations des biens et services marchands (biens manufacturés
matières premières, produits agricoles).
Les injustices ne se manifestent pas seulement sur le plan
économique et commercial mais également dans les relations
internationales.
En témoigne la facilité qu'ont les
ressortissants des pays Européens et Américains à venir
dans nos pays alors que pour nous obtenir un visa relève de
l'exploit.
Tous ces facteurs nous édifient sur les motifs de ce
voyage clandestin ô combien périlleux.
TROISIME PARTIE :
LES STRATEGIES DE LUTTE CONTRE L'IMMIGRATION
CLANDESTINE
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