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REPUBLIQUE
MINISTERE SUPERIEUR L'INNOVATION
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UNION - DISCIPLINE
DE COTE D'IVOIRE ANNEE UNIVERSITAIRE
- TRAVAIL 1995 - 1996
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DE L'ENSEIGNEMENT
DE LA RECHERCHE ET DE TECHNOLOGIQUE
FACULTE DE DROIT
MEMOIRE
en vue de l'obtention du
DIPLÔME D'ETUDES APPROFONDIES EN DROIT OPTION
: DROIT PRIVE FONDAMENTAL
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SUJET :
LA CONTINUATION DE L'EXPLOITATION DE L'ENTREPRISE
DANS LES PROCEDURES COLLECTIVES D'APUREMENT DU PASSIF
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Présenté et soutenu publiquement en Février
1997 par :
DADIE DOBE Z. Maryvonne Alice épouse
YORO
Sous la Direction de
M. Joseph-Issa SAYEGH
Professeur Titulaire à la Faculté de Droit
d'ABIDJAN
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TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS SPECIAUX 7
REMERCIEMENTS 8
INTRODUCTION 9
TITRE I : NECESSITE D'ENCADRER LA CONTINUATION 12
CHAPITRE I : AUTORISATION JUDICIAIRE DE LA CONTINUATION 13
Section I : Autorité compétente pour
décider 14
Paragraphe I - Les autorités traditionnellement
compétentes 14
A - La juridiction compétente en cas de faillite et
liquidation des biens du projet OHADA : Le tribunal 14
B - L'Organe compétent en cas de liquidation judiciaire
(en droit positif ivoirien) : Le juge commissaire 16 Paragraphe II -
Innovation du projet OHADA : Continuation de plein droit en cas
de redressement judiciaire 17
Section II : Critères de la continuation 19
Paragraphe I - Caractère nécessaire de la
continuation 19
A - Le redressement de l'entreprise 20
1 - Dans le projet OHADA 20
2 - En droit positif ivoirien 20
B - Les besoins de la liquidation 21
Paragraphe II - Protection de l'ordre public et
l'intérêt des créanciers 22
A - L'intérêt Public 22
B - L'intérêt des créanciers 23
CHAPITRE II : CONTROLE DE LA CONTINUATION 25
Section II : Le contrôle de la gestion directe
26
Paragraphe I - Etendue des pouvoirs de gestion des organes de la
procédure 26
A - Les actes conservatoires 26
B - Les actes de gestion courante et les actes d'administration
28
1 - Les actes de gestion courante 28
2 - Les actes d'administration 31
C - Les actes de disposition 32
1 - Les ventes mobilières 33
2 - Les ventes immobilières 35
Paragraphe II - L'obligation de rendre compte 37
Paragraphe III - Responsabilité civile pour faute 39
Section II : Contrôle de la gestion indirecte : la
location-gérance 42
Paragraphe I - Contrôle des conditions de la
location-gérance 42
A - Assouplissement des conditions relatives à la
durée d'exploitation du
bailleur 43
B - Renforcement des conditions relatives au
locataire-gérant 44
1 - Les garanties offertes par le locataire-gérant 44
2 - L'indépendance du locataire-gérant 45
Paragraphe II - Contrôle des effets de la
location-gérance 47
A - Respect des obligations du locataire-gérant 47
B - Suppression de la solidarité entre le loueur et le
locataire-gérant 49
TITRE II : NECESSITE DU MAINTIEN DE L'EXECUTION DES CONTRATS EN
COURS 52
CHAPITRE I : LE REGIME GENERAL DU MAINTIEN DE L'EXECUTION DES
CONTRATS EN COURS 53 SECTION I : DOMAINE D'APPLICATION DU PRINCIPE DU
MAINTIEN DES
CONTRATS EN COURS 54
Paragraphe I - Les contrats en cours 54
A - Les contrats en cours de formation 54
B - Les contrats en cours d'exécution au jour du jugement
d'ouverture 55
Paragraphe II - Exclusion de certains contrats 56
A - Les contrats conclus intuitu personae 56
B - Les contrats résolus 57
1 - Les contrats définitivement résolus 57
2 - Les contrats en cours de résolution 58
3 - Le problème des contrats contenant une clause
résolutoire expresse
58
SECTION II : LE DROIT D'OPTION 61
Paragraphe I - Exercice du droit d'option 61
A - Le titulaire de l'option 61
B - Critères de l'option 63
Paragraphe II - Modalités de l'option 63
A - Le délai de l'option 63
B - Mode d'expression de la volonté du syndic 64
Paragraphe III - Les effets de l'option 65
A - Obligation de fournir sa prestation 66
1 - Le principe de l'exécution de tout le contrat 66
2 - Exception : Le non paiement des arriérés
antérieurs au jugement
déclaratif 67
B - Garanties offertes au cocontractant 70
1 - L'exception d'inexécution 70
2 - La résolution judiciaire 71
3 - L'octroi de dommages et intérêts 72
CHAPITRE II : REGIME SPECIAL DU MAINTIEN DE L'EXECUTION DE
CERTAINS
CONTRATS 74
SECTION I : LE CONTRAT DE BAIL 75
Paragraphe I - La restriction du droit de résiliation du
bailleur 75
A - Absence de résiliation de plein droit 75
B - Aménagement des conditions de résiliation
agrès le jugement d'ouverture
76
Paragraphe Il - Restriction du privilège du bailleur 78
SECTION II : LE CONTRAT DE TRAVAIL 81
Paragraphe I - La faillite et la liquidation judiciaire ne sont
pas un cas de force majeure 81
A - Absence de rupture du contrat de travail pour cause de
faillite ou
liquidation judiciaire. 82
B - Maintien de plein droit des contrats de travail 83
Paragraphe Il - Admission de la faillite ou de la liquidation
comme motif
économique de licenciement 84
A - Licenciement pour motif économique tiré de la
cessation des paiements 84
B - Renforcement des mesures par le projet OHADA : le
licenciement doit être urgent et indispensable 85
86
CHAPITRE I : PRINCIPE DE LA PRIORITE DE PAIEMENT DES CREANCES
POSTERIEURES AU JUGEMENT DECLARATIF 87
SECTION I : CARACTERISTIQES DES CREANCES PRIORITAIRES
89
Paragraphe I - Naissance postérieure de la créance
après le jugement
d'ouverture 89
A - Détermination de la date de naissance de la
créance 89
B - Le problème des postdates 90
C - Le problème des créances reconnues
postérieurement et nées d'une
cause antérieure 91
1 - Les créances contractuelles 91
2 - Les créances délictuelles 93
Paragraphe Il - La régularité de la créance
94
A - Régularité des créances contractuelles
94
1 - Les créances accomplies dans la limite des pouvoirs du
syndic ou du
débiteur assisté 94
2 - Le sort des créances nées d'une activité
irrégulière 95
B - Régularité des créances
délictuelles 96
C - Les créances quasi contractuelles 97
Paragraphe III - Poursuite de l'activité de l'entreprise
98
SECTION II : EXERCICE DU DROIT DE PRIORITE PAR LES CREANCIERS
POSTERIEURS - TRAITEMENT DE FAVEUR 99
Paragraphe I - Priorité de rang des créanciers de
la masse 99
Paragraphe II - Absence de règles collectives 100
A - Maintien du droit de poursuite individuelle 100
B - Maintien du cours des intérêts 101
C - Absence de production et de vérification des
créances 101
CHAPITRE II : TEMPERAMENT AU PRINCIPE DE LA PRIORITE DU
PAIEMENT
DES CREANCES POSTERIEURES 103
SECTION I : PAIEMENT PRIORITAIRE DES CREANCES DE SALAIRE
104
Paragraphe I - Paiement immédiat des créances de
salaire 104
A - Les créances garanties 105
1 - Nature des créances 105
2 - Montant des créances 106
B - Exercice du principe du paiement immédiat 107
Paragraphe Il - Le paiement privilégié des
créances de salaire 108
A - Bénéficiaires du privilège
général 108
B - Les créances garanties par ce privilège 109
SECTION II : LES CREANCES ANTERIEURES AU JUGEMENT DECLARATIF
GARANTIES DE SURETES REELLES SPECIALES 112
Paragraphe I - En matière mobilière: le gage et le
nantissement 112
Paragraphe II - En matière immobilière:
l'hypothèque 116
CONCLUSION 120
BIBLIOGRAPHIE 121
LISTE DES PRINCIPALES ABREVIATIONS 128
REMERCIEMENTS SPECIAUX
Je remercie tout particulièrement mon maître
M. Joseph Issa SAYEGH pour sa disponibilité, sa
patience, son soutien et ses précieux conseils qui m'ont permis de mener
ces travaux de recherche jusqu'à leur terme.
REMERCIEMENTS
Je tiens à exprimer toute ma gratitude aux professeurs
Yao-N'Dré Paul, Melèdje Djedjro, ainsi qu'à tout le
personnel de la Bibliothèque de la faculté de droit pour leur
disponibilité.
Je ne saurai oublier mes amis et frères : Coulibaly Ella
Awa Rita
Sey Hughes Jocelyn
M et Mme Ehui Joseph et Marie Paule M et Mme Bedy Simplice et
Chi Monin M et Mme N'Diaye
Dadié Dobé Acoha Sonia
INTRODUCTION
L'Evocation du thème «La continuation de
l'exploitation dans les procédures collectives d'apurement du passifx
suscite à première vue, des interrogations dont celle-ci:
«Peut --on poursuivre l'activité d'une entreprise en faillite ou en
liquidation judiciaire?»
Cette question prend tout son sens, lorsque l'on se
réfère à la finalité de ces procédures. En
effet, la faillite et la liquidation judiciaire sont des procédures
collectives d'apurement du passif qui s'appliquent à un débiteur
en cessation de paiement c'est- à dire, dans une situation
économique irrémédiablement compromise. Elles ont pour
finalités en pratique, la réalisation de l'actif puis la
liquidation de l'entreprise dans la faillite et l'ouverture d'un concordat dans
la liquidation judiciaire (concordat auquel l'on n'aboutit pas très
souvent).
En considérant ces finalités, il apparait
difficile d'envisager une continuation d'activité de l'entreprise car
«à quoi cela servirait- il de poursuivre l'exploitation alors que
l'entreprise sera liquidée1 ou dans quelques rares
hypothèses fera l'objet d'un concordat?. L'idée de continuation
semble rompre avec les résultats pratiques de ces procédures,
surtout en matière de faillite.
Toutefois, pour aussi vraie que soit cette réflexion,
il faut préciser qu'elle envisage selon le mot du professeur Fernand
DERRIDA2 «trop exclusivement la liquidation des biens du
débiteur à laquelle doit aboutir la procédurex. En effet,
l'on s'est aperçu qu'en matière de faillite et de liquidation
judiciaire, la continuation de l'activité pouvait être
envisagée. Qu'elle éviterait par exemple la
dépréciation du fonds de commerce et permettrait d'en accroitre
la valeur, car le fonds de commerce représente en général,
le seul élément important du gage des créanciers du
débiteur. Ainsi, la continuation de l'exploitation a-t-elle
été instituée par le code de commerce de 1807.
Cependant, en raison des abus qu'elle a
générés, les autorités compétentes en ont
1 HOUIN, La réforme de la faillite et de la liquidation
R.T.D.Com., P. 481, n° 4, 39 et 55 ; _______La réforme de la
faillite D. 1956, chron., P. 7 et 9
2 F. Derrida, L'aliénation des immeubles
pendant la période préparatoire de la faillite et du
règlement judiciaire, J.C.P, 1959, Doct., 1534
restreint le champ d'application à travers le
décret-loi du 08 Aout 1935, qui n'envisage désormais cette
poursuite que de façon exceptionnelle.
Dans le cadre de la réforme du droit des affaires, le
projet OHADA3 va changer les procédures de faillite et de
liquidation judicaire en liquidation des biens et redressement judiciaire.
Ces nouvelles procédures auront respectivement pour
objectif d'assurer le sauvetage de l'entreprise au moyen d'un concordat dans le
redressement judiciaire et, la réalisation de l'actif des entreprises
irrémédiablement compromises dans la liquidation des biens.
Ce projet de réforme va donc introduire la notion de
sauvetage des entreprises, rompant ainsi avec la conception
«sanctionnatrice» du droit positif ivoirien qui a entrainé la
liquidation de nombreuses entreprises. Ce changement de conception va
influencer la continuation de l'exploitation qui va désormais apparaitre
comme une étape nécessaire, voire utile pour le redressement de
l'entreprise. Partant de ce fait, la continuation va trouver dans la
réforme son cadre normal d'expansion. Désormais, dès
qu'une entreprise présente des signes de viabilité, elle sera
maintenue en activité.
Qu'entend-on par continuation de l'exploitation?
La continuation de l'exploitation, c'est le fait de poursuivre
l'activité à laquelle se livrait le débiteur en cessation
des paiements avant le jugement d'ouverture d'une procédure collective
d'apurement du passif. Elle intervient après le jugement
déclaratif de faillite, de liquidation judiciaire et de liquidation des
biens 4 puis s'étend pendant la durée prévue
par les textes ou bien jusqu'au concordat et à l'union lorsqu'aucun
délai n'est prévu.
Cette position intermédiaire qu'occupe la continuation
fait d'elle une période importante et délicate à la fois
car, d'elle dépend dans une certaine mesure la «vie future» de
l'entreprise dont elle peut favoriser le redressement ou même aggraver la
situation économique déjà déficitaire.
3 Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du
Droit des Affaires
4 Sauf dans le redressement judiciaire oü elle est
ininterrompue
Sa délicatesse vient aussi du nombre de questions
qu'elle soulève. En effet, qui dit continuation d'activité, dit
conclusion de nouveaux contrats, donc apparition de nouveaux créanciers
qui viendront s'ajouter aux créanciers antérieurs à la
cessation des paiements.
· Comment sera réglée cette coexistence de
créanciers?
· Dans quel ordre seront-ils
désintéressés?
· les contrats anciens seront-ils maintenus?
· Comment se fera cette exploitation?
Ces différentes questions ont amené les
rédacteurs du projet de réforme et le législateur
(à un degré moindre) à accorder une attention toute
particulière à la continuation qu'ils vont réglementer.
Ainsi, la continuation ne se fera t- elle pas sans conditions, bien au
contraire, elle sera encadrée (TITRE I). Cet
encadrement va consister d'une part, à exiger une autorisation
préalable à tout exercice (sauf dans l'hypothèse du
redressement où la continuation se fait de plein droit) ; d'autre part,
il consistera à exercer un contrôle de la gestion de
l'activité.
Une solution sera trouvée à toutes les
questions sus énoncées; les contrats en cours seront maintenus
afin de favoriser le redressement de l'entreprise (TITRE II)
et une garantie de paiement sera accordée aux créanciers
postérieurs au jugement déclaratif (TITRE
III).
TITRE I : NECESSITE D'ENCADRER LA
CONTINUATION
Après de nombreuses hésitations, le principe de
la continuation de l'exploitation a été admis. Cependant, la
réalité des nombreux problèmes et difficultés qu'il
soulève n'a pas été écartées.
Pour essayer de les résoudre, le législateur a
soumis la continuation de l'exploitation à un régime
spécial, tenant à la nécessité d'une autorisation
judiciaire préalablement à toute continuation (CHAPITRE
I) et tenant également à l'exercice d'un contrôle
de la gestion de l'activité durant cette période
(CHAPITRE II).
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