Désamiantage du Clemenceau : quatre chefs
d'entreprise mis en examen
Ils sont accusés de corruption et d'abus de
biens sociaux. Deux autres plaintes, dont une du ministère de la
Défense, sont en cours.
Quatre personnes, dont deux dirigeants de
sociétés impliquées dans le désamiantage du
Clemenceau, l'ancien porte-avions de la Marine nationale, ont été
mises en examen pour une affaire de corruption présumée dans ce
marché, selon des sources judiciaires. Jean-Pierre Giannino,
gérant de Technopure, a été mis en examen pour "corruption
active de personne privée, faux et usage de faux" et placé en
détention provisoire ce vendredi. Technopure est la
société qui effectuait la première tranche de
désamiantage du navire de la marine française entre 2004 et 2005,
dans le port de Toulon. Les enquêteurs soupçonnent Jean-Pierre
Giannino d'avoir payé pour obtenir le marché du Clemenceau, via
un réseau de fausses factures. Le détournement de fonds
s'élèverait à 300.000 euros. Marc Belvert, responsable
parisien de la SDIC (Ship Decomissioning Industries Corporation, filiale du
groupe Eckhart Marine), a lui aussi été mis en examen pour "recel
d'abus de biens sociaux, escroquerie et corruption passive de personne
privée". Il a également été placé en
détention provisoire. La SDIC est la société sous contrat
avec l'Etat pour le démantèlement du Clemenceau. Les
enquêteurs soupçonnent Jean-Pierre Giannino d'avoir payé
Marc Belvert afin d'obtenir le marché du Clemenceau. Deux autres hommes,
soupçonnés d'avoir participé à ce schéma de
corruption en surfacturant du matériel à Jean-Pierre Giannino,
ont également été mis en examen dans cette affaire, l'un
pour "abus de biens sociaux, faux et usage de faux" et l'autre pour "faux et
usage de faux". Ils ont été libérés et
placés sous contrôle judiciaire. L'affaire, instruite par juge le
Charles Duchaine, de la juridiction interrégionale
spécialisée (JIRS) en matière financière de
Marseille, a débuté en juin 2006 après une
dénonciation à Tracfin, service spécialisé de lutte
contre la délinquance financière du ministère de
l'Economie et des Finances.
Dans le dossier du désamiantage du Clemenceau,
plusieurs autres plaintes ont été déposées.
Jean-Claude Giannino a ainsi porté plainte contre X avec constitution de
partie civile pour "dénonciation calomnieuse" en avril 2007. Ce dossier
est instruit par la juge d'instruction marseillaise Carole Sayous.
En février 2006, Michèle Alliot-Marie, alors
ministre de la Défense, a déposé une plainte pour des
"soupçons d'irrégularités" contre la société
Technopure. En cause, la quantité d'amiante réellement
retirée du navire par l'entreprise d'octobre 2004 à mars 2005.
Le Clemenceau, désormais connu sous l'appellation de
"coque Q790", est amarré à Brest (Finistère) depuis mai
2006 dans l'attente d'être démantelé après un
périple de 18.000 km en direction de l'Inde.
Pascal Junghans
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