B- : Sur l'économie de la Côte-d'Ivoire
Nous allons aborder cette partie de notre travail sur l'impact
de la voie ferrée sur l'économie ivoirienne en nous penchant sur
son impact par rapport à la production intérieure brute (PIB) et
par rapport au développement du Port d'Abidjan.
1- Par rapport au produit intérieur brut
(PIB)
En 1960, l'Etat de Côte-d'Ivoire accorde sa confiance
à tous les moyens de transport et de communication et surtout au chemin
de fer dans le développement économique de notre pays parce qu'il
présentait des atouts pour permettre aux autorités ivoiriennes
d'entrevoir ce développement.
Nul doute que la décennie 1960-1970 reste dans
l'histoire de notre pays comme celle du démarrage de notre croissance,
celle au cours de laquelle « une politique bien conçue
et vigoureusement conduite »46 a permis d'amorcé le
processus d'expansion continue que connaît notre économie moderne
et cela sous l'impulsion de ces moyens de transport et de communication.
46 République de Côte-d'Ivoire
Ministère du plan, Plan quinquennal de développement
économique, social et culturel 1971-1975, Abidjan, R.Royer 1971,
P7
En effet, les infrastructures économiques englobent un
ensemble de secteurs qui quelque soit les indicateurs retenus tiennent une
place importante dans l'économie d'un pays.
Ainsi donc, si elles ne sont pas le moteur de
l'activité économique, elles en sont le véhicule et de ce
fait, nous osons affirmer que l'expansion économique de la
Côte-d'Ivoire à partir des années 60, n'a pu se faire sans
que le système des transports en général et le chemin de
fer en particulier n'ait été largement associé.
En d'autre terme, les infrastructures économiques
conditionnent dans une large mesure au développement économique
des Etats en ce sens que dans le cas de la Côte-d'Ivoire de 1960-1980, la
progression économique de notre pays a été dominée
par le développement rapide des exportations et des importations et cela
grâce à des moyens de transport et de communication assez
performants.
Au total, l'économie moderne que veut embrasser la
Côte-d'Ivoire en 1960 ne peut se concevoir sans d'importants
échanges basés sur de moyens puissants, variés et rapides,
dès lors, tout développement économique repose donc sur le
développement des infrastructures capable de le rendre durable.
En un mot, le développement économique de la
Côte-d'Ivoire de 1960 à 1980 n'a pu se faire sans l'apport
inestimable des moyens de transport et de communication et surtout la voie
ferrée qui a permis de transporter les voyageurs et les marchandises du
sud au nord et vice -versa.
Le développement économique d'un pays se mesure
par rapport à la production intérieure brute (PIB) de celui-ci et
dans le cas de la Côte-d'Ivoire, au moment des années glorieuses
nombreux sont les facteurs qui auront contribué à la croissance
de cette production brute.
C'est dans cette optique que les moyens de transports et de
communication et surtout le chemin de fer vont jouer une part très
active dans ce domaine.
80
Cependant, pour mieux nous faire comprendre, il convient pour
nous de signaler que le manque de chiffres spécifiques sur l'apport du
chemin de fer dans le produit intérieur brut de la Côte-d'Ivoire,
nous amènera à travailler avec les chiffres de tous les
transports dont les chemin de fer qui fait partie du secteur tertiaire de
l'économie ivoirienne.
En effet, dès les indépendances jusqu'en 1970,
la Côte-d'Ivoire aura connu une expansion moyenne de 11 % par an en
francs croissant qui a fait que son produit intérieur brut est
passé de « 130,5 milliards à 370 milliards de francs CFA
».47
Il faut souligner que cette croissance de la production
intérieure brute était basée en 1960 sur le secteur
primaire à savoir l'agriculture, la forêt et la pêche qui
occupait une part très importante dans le développement
économique de la Côte-d'Ivoire à hauteur de 46,8 %.
Cependant, le secondaire avec l'industrie et surtout le
tertiaire vont prendre de l'importance dans cette économie car avec des
taux annuels de croissance de 15,7 et 13,1 % en 1960, ils sont passés de
15,20 à 22,30 % pour le premier et de 38 à 45 % pour le tertiaire
dont le transport qui nous concerne tout particulièrement.
Toute cette situation dénote que le transport occupe
une part très active dans le développement économique de
notre pays et à ce sujet, le chemin de fer de part son rôle et de
l'accroissement du volume de ses activités est un acteur principal de
cette évolution du taux annuel de croissance que nous connaissons.
En d'autre terme, le secteur primaire au lendemain des
indépendances c'est-à-dire à partir de 1960, pointait
à « 52 % du PIB quand le tertiaire se
positionnait avec 40 % »48 et
cela s'explique par le fait que le café, le cacao et le bois
étaient exploité en grande quantité et les prix
pratiqués apportaient
47 République de Côte-d'Ivoire,
Ministère du plan, Plan quinquennal de développement
économique, social et culturel, op-cit p7
48 République de Côte-d'ivoire, Etude
des transports en Côte-d'Ivoire, volume3, le transport ferroviaire,
Abidjan, SETEC 1970, p86
d'énormes devises à l'Etat de
Côte-d'Ivoire qui utilisait ces moyens engrangés pour construire
le pays.
Par contre, le secteur secondaire avec l'industrie
était encore embryonnaire et le tertiaire n'était pas lui aussi
développé car le transport, le commerce et les services
n'étaient que les vestiges de la colonisation et ne pouvaient être
très efficace.
Mais le secteur secondaire et surtout le secteur tertiaire qui
nous intéresse tout particulièrement vont très vite
prendre de l'importance dans la mesure où ils vont prendre du volume
avec la volonté de l'Etat ivoirien de faire de l'industrialisation une
des bases de notre économie et le développement des transports,
du commerce et des services.
Ainsi, le tertiaire sera en nette évolution tout au
long de notre période d'étude par rapport au secteur primaire
dans la production intérieure brute de la Côte-d'Ivoire.
Au fait, le PIB du secteur primaire va connaître une
croissance moins rapide que celle du tertiaire et cette baisse des parts du PIB
du secteur primaire se chiffre comme suit : 32,5 % en 1969, elles passent
à 30,9 % en 1970, 25,5 % en 1975 et 22,6 % en 1980 par rapport aux
résultats de 1960 qui donnaient 47 % comme part du secteur primaire dans
le produit intérieur brut de la Côted'Ivoire.
Nous expliquons cette situation par le fait qu'avec le
développement de la Côte-d'Ivoire, les transports, le commerce et
les services connaissent une évolution particulière qui supplante
le secteur primaire qui connaît quelques problèmes avec la crise
économique qui frappe de plein fouet notre économie
tournée résolument vers l'agriculture.
Par ailleurs, nous savons que le commerce extérieur de
la Côte-d'Ivoire connaît un taux de croissance très
appréciable dans le temps à cause des innombrables richesses de
ce pays et de la qualité des infrastructures économiques que sont
le Port d'Abidjan, les routes, l'aéroport d'Abidjan et le
82
chemin de fer qui permettent de desservir à tout moment
les destinations souhaitées.
La croissance du secteur tertiaire est par contre continue et
elle est très forte avec une croissance très spectaculaire sur la
dernière décennie à savoir sur l'ensemble 1960-1970 et
présentera un résultat de 47,2 % sur l'ensemble de la production
intérieure brute de notre pays.
Au total, l'allure presque léonine de cette croissance
tient en grande partie aux droits et taxes perçus sur les biens
importés inclus dans la production du commerce, or nous avons conscience
que le chemin de fer de part ses liens très étroits avec le Port
d'Abidjan est un outil indispensable pour le ravitaillement des pays comme la
Haute-Volta, le Mali et le Niger.
Ainsi, en 1978 la voie ferrée a payé des droits
de douane à hauteur de « 38.665.953 de francs CFA
»49et des impôts et taxes de près
de « 271.201.220
»50.
Au regard de ces chiffres nous pouvons affirmer que le chemin
de fer contribue pour une part importante dans l'accroissement du produit
intérieur du secteur tertiaire dans l'économie ivoirienne et ces
impôts et taxes vont continuer à croître pour se chiffrer
à 490.341.939 francs CFA en 1980.
Le transport en général et le transport
ferroviaire en particulier est incontournable dans l'accroissement de la
production intérieure brute du secteur tertiaire en
Côte-d'Ivoire.
Ce secteur connaît une augmentation de son taux de 7,70
% de 1965 à 1966, de 6,4 % de 1966 à 1967 et de 18,4 % de 1967
à 1968 et en terme de montant, le PIB est passé de «
234,6 milliards en 1965 à 326,5 milliards de francs CFA en 1968
»51.
49 Régie des chemins de fer abidjan-niger,
Rapport annuel 1978, Abidjan 1978, p80
50 Id Régie des chemins de fer abidjan-niger
op-cit p80
51 République de Côte-d'Ivoire,
Ministère du plan, les comptes de la nation 1968, Abidjan,
Imprimerie Nationale 1968, p14
En d'autre terme, nous enregistrons une augmentation de la
production intérieure brute de la Côte-d'Ivoire avec une
importance relative des secteurs d'activité et le secteur tertiaire tout
particulièrement qui se présente en terme chiffré comme
suit : voir tableau 14.
Tableau 14
Part du secteur tertiaire dans le PIB de la
Côte-d'Ivoire
Années
|
1965
|
1968
|
1969
|
1970
|
PIB (millions)
|
109.534
|
160.294
|
226.809
|
330.689
|
PIB (%)
|
45,6
|
45,3
|
44,2
|
43,5
|
PIB (total) en millions
|
238.665
|
354.239
|
513.272
|
758.123
|
Ta bleau realisé à partir des ciffres extraient des
differents rapports des trafics de la RAN.
Au regard des chiffres de ce tableau, notre première
impression est que la part du secteur tertiaire dans la production
intérieure brute de la Côte-d'Ivoire est croissante au fil des
années et cela est très perceptible avec les valeurs qui figurent
dans ce tableau.
De 109.534 millions en 1965, nous tournons autour de 340
millions en 1970, néanmoins nous notons une légère baisse
des pourcentages qui n'entrave en rien la croissance du volume total du produit
intérieur brut qui tourne autour des 800 millions en 1980.
Par ailleurs, la valeur ajoutée du secteur tertiaire avec
en toile de fond le transport propose 20,543 millions en 1968 et enfin 34,341
millions en 1970.
En outre, les moyens de transport et de communication de part
le rôle qu ils jouent ont été incontournables dans
l'évolution de la production intérieure brute de la
Côte-d'Ivoire.
84
Et face à cette situation, les transports ont vu leur
production s'accroître de 11,8% de 1969 à 1970 passant en terme de
montant de 47,6 milliards à 52,2 milliards de franc s CFA.
L'évolution de la production du secteur tertiaire en
général et du transport en particulier est très
remarquable dans la mesure où de 1960 à 1980, la progression des
parts du transport dans le produit intérieur du pays porte à
croire que les moyens de transport et de communication conditionnent
réellement le développement d'une nation.
En terme de résultat, signalons que le transport et les
services vont participer au taux annuel de croissance de l'économie
ivoirienne à hauteur de 8,1 % de 1970 à 1975 et de 8,5 % 1975
à 1980.
Au total, il faut reconnaître que dans le secteur
tertiaire, le commerce occupe une place importante du point de vue des
participations au produit intérieur brut sans nullement ignorer les
transports et les services.
C'est en cela que les moyens de transport et de communication
vont toujours conserver leur importance dans le produit intérieur brut
car ils participent pour beaucoup à l'accroissement du volume du
commerce par le transport des acteurs du commerce et des produits qui entrent
dans le commerce et tel est aussi le cas dans le domaine de l'industrie.
De même, le secteur tertiaire est très
présent dans le PIB dans la décennie 70 à 80 et en
déjà 1974, il représente 40% du produit intérieur
brut de la Côted'Ivoire.
Cette forte croissance constatée du PIB de la
Côte-d'Ivoire à partir de 1970, est le faite de ces trois secteurs
d'activité à savoir le primaire, le secondaire dont l'industrie
et le tertiaire dont le transport comme l'un des éléments
clé.
Du point de vue des contributions, le primaire a
participé à hauteur de 115 milliards de francs CFA dans le PIB,
81 milliards pour le secondaire et 175 milliards pour le tertiaire.
En d'autre terme, ces chiffres viennent confirmer nos dires
sur le fait que le secteur tertiaire dont le transport est devenu indissociable
à l'économie ivoirienne dans la mesure où la
Côte-d'Ivoire et ces voisins des pays limitrophes du nord ont besoin que
les moyens de transport et de communication et surtout le chemin de fer soit
toujours à la hauteur pour permettre aux voyageurs et aux marchandises
d'être acheminées dans des conditions optimales.
En somme, de part la croissance des contributions du secteur
tertiaire au produit intérieur brut de la Côte-d'Ivoire, c'est les
transports en général et le chemin de fer en particulier qui est
honoré.
En effet, à travers l'analyse des données que
nous avons eu à notre possession, les transports apparaissent comme des
atouts indiscutables dans la politique de développement de la
Côte-d'Ivoire.
C'est fort de tout ce constat que de part ses rapports
étroits avec le Port d'Abidjan, nous sommes en droit de nous pencher sur
l'apport de ce moyen de transport et de communication qu'est le chemin de fer
dans développement des activités du Port d'Abidjan.
2- Par rapport au développement du Port
d'Abidjan
La mise en place d'une économie forte suppose avoir des
infrastructures économiques de pointe qui peuvent répondre aux
exigences des échanges commerciaux qui naissent et se développent
entre la Côte-d'Ivoire et ses voisins du nord du pays que sont le Mali,
la Haute-volta et le Niger.
C'est dans cette optique que le Port Autonome d'Abidjan de
part ses liens étroits avec la voie ferrée deviendra tout
naturellement un atout incontournable dans le développement
économique de la Côte-d'Ivoire.
A vrai dire, de part ses relations avec le port, le chemin de
fer ivoirien va avoir un impact sur l'économie de notre pays.
Durant la période coloniale, des wharfs ont permis
à la Côte-d'Ivoire de participer au commerce international
jusqu'à ce que la création d'un chemin de
86
fer devant relier la Côte-d'Ivoire au Niger à partir
de 1904 soit le point de départ de la volonté du colonisateur de
construire un port en Côte-d'Ivoire.
En effet, la réalisation d'un chemin de fer
destiné comme nous avons évoqué à atteindre le
Niger a précipité la volonté du colonisateur de
créer un port en Côte-d'Ivoire et c'est la mission Hondaille qui
devrait en même temps déterminer l'emplacement de ce port.
Cependant, l'idée même d'ouvrir la lagune en face
de l'emplacement d'Abidjan revient à l'Amiral Bouet-villaumez qui au
siècle dernier compris l'importance de percer un canal pour construit un
port et cette idée devient un fait avéré en juillet
1950.
Dès lors, cet acte va permettre maintenant aux
paquebots et cargos de gros tonnage de mouiller dans la lagune Ebrié et
« cinq (5) ans plus tard, le 1er juillet 1955 l'inauguration du port
de commerce sortait le pays de son isolement »52
Pour un pays côtier comme le notre, la création
d'un véritable port en eau profonde relié aux moyens de transport
et de communication comme le chemin de fer était devenu indispensable de
part la croissance rapide des échanges.
C'est dans cette optique que les activités du chemin de
fer étroitement liée au Port d'Abidjan vont avoir un impact
très positif sur les activités de celui-ci et partant de
là sur l'économie ivoirienne.
En effet, à l'indépendance de la
Côte-d'Ivoire, il fallait continuer à exporter les richesses du
pays à travers le monde, le Port Autonome d'Abidjan (PAA) qui part
l'entremise du canal de vridi est visité par les gros bateaux va se
charger de le faire en évacuant les richesses de la Côte-d'Ivoire
et des pays limitrophes.
Même si les routes le font assez bien, force est de
reconnaître que le chemin de fer de par sa spécificité de
moyen de transport et de communication qui est très efficace pour le
transport des marchandises lourdes et transportées
52 Henry Bourgoin, Philippe Guillaume,
Côte-d'Ivoire. Economie et société Paris stock 1979,
p117
sur de longue distance, va s'affirmer comme le partenaire
privilège du Port d'Abidjan pour l'approvisionnement des bateaux qui
attendent sur le quai.
Par ailleurs, nous savons que le port par son trafic de plus
en plus croissant depuis 1960 est «le poumon de l'économie
ivoirienne» car c'est au travers de ce moyen que le café, le
cacao et le bois qui apportent d'énormes devises à l'Etat sont
convoyées vers les autres continents.
En d'autre terme, cet infrastructure économique est
l'une des clefs de la prospérité économique de la
Côte-d'Ivoire dans la mesure où il occupe une éminente
fonction nationale mais aussi internationale dans celle de port de transit
international au profit des pays enclavés tels que la Haute-Volta, le
Mali, et le Niger.
Personne n'ignore que le Port Autonome d'Abidjan est
très desservi par la route, néanmoins, la voie ferrée de
la régie Abidjan Niger (RAN) de par ses relations très anciennes
avec le port et avec l'excellente exploitation du réseau ferroviaire,
toutes les marchandises débarquées au Port d'Abidjan sont
acheminées vers les centres ou les pays destinataires avec
rapidité et dans de très bonnes conditions de transport.
Dès lors, cette situation de fait entraîne une
confiance des opérateurs économiques à l'endroit du port
qui du coup voit son volume d'activité accroître et un chiffre
d'affaire toujours excédentaire.
A titre d'exemple, il est important de noter que cette marque
de confiance a fait du Port d'Abidjan « le port le plus important
d'Afrique de l'ouest surplombant celui de Dakar au début des
années 70 »53.Cette place a été
acquise grâce à sa modernisation et à la qualité de
ses services proposés.
En 1960, avec l'accroissement du trafic du chemin de fer, le
Port d'Abidjan connaît une expansion rapide de son trafic du point de vue
des
53 Direction général des ports d'Abidjan
et San-pedro, le Port d'Abidjan, hier, aujourd'hui, demain et perspectives
de San-pedro, op-cit, p40
88
tonnages d'entées et de sorties ils sont passés
par exemple de « 1,6 millions de tonnes en 1960 à 3,4 millions
de tonnes en 1963 »54.
Par ailleurs, la capacité du chemin à être
plus attractifs et concurrentiels va être d'une importance capitale pour
le Port d'Abidjan dans la mesure ou pour pouvoir contenir le flot de production
à l'exportation comme à l'importation, il se doit maintenant de
se renforcer en matériel de point pour supporter le poids des
échanges.
En d'autre terme, le trafic maritime ne cessant de se
développer les installations qui risquaient de devenir prochainement
très insuffisantes feront l'objet d'un effort de financement important
devant permettre de développer le terminal à contenaire de Vridi,
l'extension des installations et réaliser « un terminal
sucrier, un poste cimentier et un céréalier
».55
Tous ces investissements ont eu un impact très positif
dans la mesure où le trafic maritime est devenu intense et depuis 1970,
Abidjan est devenu le plus grand port de l'ouest africain et depuis 1973, le
premier port à contenaire de la côte occidentale.
De même, l'accroissement des échanges liés
au rapport très étroit avec le chemin de fer a un impact
très positif sur l'économie ivoirienne étant donné
que le pays pouvait compter sur son port dont le volume des activités
était toujours en perpétuelle croissance.
En 1968, l'on a enregistré un trafic 4.745.000 tonnes
dont 1.969.000 tonnes à l'entrée et 2.776.000 tonnes sorties. En
1975, le constat est le même, ce sont 4.880.000 tonnes de marchandises
qui sont transportées dont 2.640.000 tonnes de marchandises diverses. En
1976, le trafic a atteint 9.000.000 de tonnes.
Au total, le Port Autonome d'Abidjan par l'entremise des
moyens de transport et de communication en général et du chemin
de fer tout
54 République de Côte-d'Ivoire, Etude
des transports en Côte-d'Ivoire, volume 6, les ports maritimes et les
transports lagunaires, France, Edirap 1979 p2
55 Henry Bourgoin. Philippe Guillaume, op-cit p117
singulièrement est devenu un outil indispensable depuis
les indépendances pour les autorités ivoiriennes pour hisser le
pays sur les sillons du développement.
De 1960 à 1970, le miracle ivoirien est un fait
avéré parce que d'une part les relations étroites entre la
voie ferrée et le Port d'Abidjan auront permis à la
Côte-d'ivoire d'exporter ses produits agricoles dont les devises vont
permettre de doter ce pays d'équipements nécessaire à son
développement.
Le développement du port est à l'image du pays,
les entrées sont constituées par les produits pétroliers
et les produits manufacturés destinés à la
Côte-d'Ivoire et aux pays limitrophes du nord de notre pays, les ciments
et les charpentes métalliques qui entrent dans la construction de maison
moderne vue l'accroissement du niveau de vie des populations.
Par ailleurs, les entrées sont aussi constituées
d'engrais, des papiers cartons pour la production industrielle, le sel, les
voitures particulières et les camions pour le transport des voyageurs et
des marchandises sur toute l'étendue du territoire et à
l'extérieur de celui-ci.
Quant aux sorties, elles portent essentiellement sur les bois
en grumes, le café, le cacao, les bois travaillés, les bananes,
les huiles, le coton et bien d'autres produits.
En fait, par l'entremise du chemin de fer, le Port d'Abidjan
s'affirme comme le lieu par excellence où les produits agricoles de la
Côte-d'Ivoire et des pays limitrophes transitent pour être
exportés.
Le trafic international étant un des
éléments clé dans les activités du chemin de fer,
ce moyen de transport et de communication va servir de pont entre le Port
d'Abidjan et les pays sahéliens dans leur approvisionnent en produits de
toutes sortes.
Le trafic qui est devenu très intense à partir de
1960 s'est beaucoup accru dans les années 70 (voir tableau 15).
90
Tableau 15
Port transit avec l'arrière pays sahéliens
(milliers de tonnes)
|
Mali
|
Haute-volta
|
Niger
|
import
|
export
|
total
|
import
|
export
|
total
|
import
|
export
|
total
|
1971
|
49250
|
25190
|
75040
|
101250
|
35600
|
136850
|
1810
|
117
|
1927
|
1972
|
49229
|
25560
|
74789
|
101240
|
35580
|
136820
|
1806
|
116
|
1922
|
1973
|
96056
|
36100
|
132156
|
119550
|
37200
|
156750
|
2270
|
176
|
2946
|
1974
|
163140
|
20650
|
183790
|
103104
|
32700
|
135840
|
6740
|
968
|
7708
|
1975
|
78600
|
21790
|
100390
|
65300
|
17080
|
82380
|
1049
|
240
|
10657
|
1976
|
86350
|
68610
|
154960
|
98260
|
68730
|
166990
|
14480
|
4610
|
19090
|
Source : Henri Bourgoin, Philippe Guilhaume,
Côte-d'Ivoire économie et société, Paris,
Stock 1979, p118
Le constat que nous faisons lorsqu'on analyse ce tableau est
que le Port Autonome d'Abidjan est un partenaire incontournable pour le bien
être des pays sahéliens.
De ce fait, le trafic qui naît entre le Port et ces pays
est beaucoup favorisé par les moyens de transport et de communication et
surtout le chemin de fer qui va jouer parfaitement son rôle dans
l'approvisionnement de ces pays du nord de la Côte-d'Ivoire.
Par ailleurs, il convient de signaler que le trafic avec le
Mali, la Haute-Volta et le Niger a pris véritablement du volume à
partir des années 70 à cause de la modernisation du port d'une
part et des installations du chemin de fer d'autre part.
Ce qui convient de noter encore est que dans ce trafic, les
importations sont plus importantes que les exportations car les pays comme la
Haute-Volta, le
Mali et le Niger ont de forts besoins en marchandises de
toutes sortes parce que ces Etats sont toujours en construction
perpétuelle et ils ont besoin de technologies avancées venant des
pays occidentaux pour essayer de combler le retard en matière
d'équipements.
Quant aux exportations, il faut reconnaître que ces pays
n'ont pas grande chose à exporter, ce sont les produits de l'agriculture
dont le coton qui prennent une part belle au trafic.
De ce fait, c'est le ciment, les matériaux de
construction, les marchandises diverses et surtout les hydrocarbures qui
constituent le plus gros du trafic du Mali et surtout la Haute-volta qui
apparaissent comme les plus gros clients du chemin de fer et du Port Autonome
d'Abidjan dans le trafic avec l'arrière pays sahélien.
De même, dans l'analyse des chiffres, nous avons
constaté une baisse du trafic avec les trois pays à partir de
1972 et 1975.Il faut noter que cette baisse est le fait aussi de la
première crise pétrolière qui a secouée les
économies du monde entier.
Et sachant que le gros du trafic de ces pays concerne les
hydrocarbures c'est fort probable que le trafic ait pris un coup.
Par ailleurs, le trafic a marqué un coup d'arrêt
dans son évolution à cause des problèmes politiques
(guerre) entre le Mali et la Haute-Volta qui a nécessité la
fermeture des frontières. Comme conséquences directes, il y a la
baisse du trafic du chemin de fer et du Port d'Abidjan en direction de ces
trois pays.
Par la même occasion, il est important de souligner que
la route va concurrencer durement la voie ferrée dans les années
70, dès lors le trafic vers le Mali sur le chemin de fer sera
perturbé car une partie importante du trafic emprunte la route via
Ouangolodougou ce qui va amener les autorités ivoiriennes à
préconiser le prolongement du rail en direction de ce pays pour lutter
efficacement contre cette concurrence.
92
Après tous ces problèmes évoqués,
le trafic reprend de plus belle et connaît une croissance très
satisfaisante.
Au total, l'impact du chemin de fer sur l'économie par
rapport au développement du Port d'Abidjan est perceptible dans la
mesure où la voie ferrée va se positionner comme un partenaire
indissociable du trafic du port avec ses clients du nord de la
Côte-d'Ivoire ainsi que ceux des pays occidentaux.
Ainsi donc, des recettes importantes vont être
engrangées par le port à travers les exportations de certains
produits que sont le café, le cacao et autres (voir graphique 2)
Graphique 2
Recettes de quelques produits de base
exportés (milliards)
250 200
|
|
|
|
150 100 50 0
|
|
1960 1965 1976 1977
|
|
|
|
Café vert cacao fèves Bois grumes Coton masse
|
|
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Comme l'indique les données de ce graphique, les
principales ressources à l'exportation restent les trois grands produits
de bases que sont le café, le cacao et le bois en grumes qui apportent
à l'Etat de Côte-d'Ivoire d'énormes devises qui sont
perceptible avec les recettes engrangées dans l'exportation de ces
produits.
Nous remarquons que les recettes du café sont plus
importantes que celles du cacao à cause des problèmes de
gelées qu'a connu le Brésil et qui ont détruit une partie
de la récolte, puis les difficultés politiques de l'Angola ont
entraîné un resserrement de l'offre sur les marchés
mondiaux provoquant une flambée des cours et entraînant une
demande accrue du café ivoirien.
En dehors de ces produits, l'Etat va se tourner vers d'autres
produits dans sa politique de diversification de nos produits d'exportation
pour lutter contre la domination sans faille du binôme café cacao
dans notre économie.
C'est ainsi que le coton prend du volume au nord, les
palmistes qui rapportent 6,3 milliards en 1976, le riz et le sucre.
De même, les recettes tirées du trafic avec
l'arrière pays sahéliens connaissent une évolution
sensible, avec le Mali, elles sont de 2,3 milliards en 1972 pour atteindre 12,5
milliards cinq ans plus tard.
Quant à la Haute-Volta, elles s'élèvent
à 2,4 milliards en 1972 pour enfin franchir le cap des 11milliards en
1977.
La remarque qu'on fait est que le trafic avec le Mali procure
un peu plus de devises qu'avec la Haute-Volta tout simplement parce qu'une
partie du trafic Mali se fait par la route et nous savons que la route du point
de vue des prix unitaires pratique un prix assez élevé que le
chemin de fer sur lequel tout le trafic vers la Haute-Volta se fait.
Ainsi donc, les bénéfices de ces trafics vont
permettre de développer la Côte-d'ivoire dans la mesure où
ils serviront à financer des projets de développement (routes,
assainissement et distribution d'eau).
En somme, le chemin de fer a un impact positif sur
l'économie ivoirienne par rapport à ses relations très
étroites avec le Port d'Abidjan et en tant que moyen de transport et de
communication, il va servir de pont entre notre pays et les pays
sahéliens dans leur volonté de se ravitailler au Port d'Abidjan
en produits de toutes sortes.
Ainsi donc, à travers les produits qu'il transporte
à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, la voie
concoure au développement des activités du port qui prennent du
volume, dès lors, le port va se présenter comme
« le poumon de l'économie» du pays
à travers les énormes devises q'il fait entrer dans les caisses
de l'Etat de Côte-d'Ivoire.
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En d'autre terme, si nous avons pu parlé d'un miracle
dans l'économie ivoirienne de 1960-1980, cela a été
possible grâce aussi aux moyens de transport et de communication comme le
chemin de fer qui a joué un rôle prépondérant dans
le transport des voyageurs et surtout des marchandises du Port d'Abidjan vers
des destinations diverses.
Quelque soit la concurrence de la route, des voies lagunaires
et maritimes et le transport aérien, la voie ferrée n'a jamais
failli un instant à sa mission qui est de contribuer à sa
manière à l'accroissement de l'économie ivoirienne.
Cependant, force est de constater que ce moyen de transport et
de communication est confronté à de nombreuses difficultés
qu'il convient d'évoquer afin que leur résolution puisse
permettre au chemin de fer d'être encore plus performant pour le bonheur
de l'économie ivoirienne.
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