B- : Evolution des activités de 1960-1980
1- Le trafic des voyageurs
En Côte-d'Ivoire à partir de 1960, l'Etat accorde
une certaine confiance au chemin de fer qui de par la
généralisation des besoins de déplacement de toutes les
couches de la population va se charger de transporter encore les populations et
les marchandises.
Il faut noter que depuis les indépendances, la voie
ferrée s'est posée véritablement comme un outil
indispensable dans le transport des personnes et des marchandises sur tout le
long du tracé.
C'est fort de tout ceci que son trafic va prendre de la valeur
de 1960-1980 avec les besoins des déplacements et de l'accroissement des
démographies en Côte-d'Ivoire mais aussi dans les pays
sahéliens.
Dès lors, nous allons constater une progression
à des proportions intéressantes du trafic voyageur qui passe de
70 millions de voyageurskilomètres en 1957 à environ 470 millions
de voyageurs-kilomètres en 1964. Ainsi, avec la situation de monopole
qu'il semble exercer, les activités la voie ferrée connaissent
une évolution remarquable même si par moment nous assisterons
à une baisse du trafic.
Exploitant 1173 kilomètre et disposant de 1163 wagons,
le chemin de fer va transporter en 1964 «
2.202.369 voyageurs soit 469 millions de
voyageurskilomètres »9 contre 373
millions de voyageurs-kilomètres en 1963.
9 Régie du chemin de fer Abidjan Niger,
Compte rendu de gestion 1964, Abidjan 1964 p19
22
Le constat que nous faisons ici est qu'il y a une augmentation
du trafic car au niveau du nombre de voyageurs le taux d'accroissement est de
17,13 % et pour les voyageurs-kilomètres nous notons un taux de
croissance de 25,66 % depuis 1960.
A vrai dire, la première décennie de la
Côte-d'Ivoire 1960-1970 a été très prolifique pour
le chemin de fer qui a vu son trafic voyageur évolué de
façon exponentielle.
Et à ce titre, soulignons qu'en 1965 le trafic
connaît une évolution ; il est passé de 1.524.333 voyageurs
en 1960 à 2.354.371 voyageurs soit 506 millions de
voyageurs-kilomètres.
Ce qui dénote que depuis 1960, le chemin de fer au
travers de son service voyageurs connaît une croissance rapide due
essentiellement au développement économique de la
Côte-d'Ivoire et des pays limitrophes qui lui sont liés et
desservis par la voie ferrée.
Cette croissance est due aussi aux importants échanges
commerciaux entre ces Etats qui nécessitent les déplacements,
donc le trafic international.
Au milieu des années 60, le chemin de fer connaît
une modernisation des structures et des infrastructures pour d'une part lutter
contre la concurrence de plus en plus rude des autres moyens de transport et de
communication surtout la route (avec des autocars rapides, spacieux et
confortables sans oublier les gros camions qui servent à transporter les
marchandises) et d'autre part permettre à la voie d'accroître son
volume d'activité.
Ces investissements ont plus que portés des fruits dans
la mesure où le trafic voyageurs connaîtra encore une nette
évolution et va progresser durant des années de 20 % en
voyageurs-kilomètres en 1970 et de 12,04 % dans la seule période
de 1971.
En tout état de cause, il convient de remarquer que le
chemin de fer par l'entremise de son service voyageur se positionne
réellement comme un sérieux
24
atout dans la politique de développement de la
Côte-d'Ivoire. Et pour mieux nous imprégner de cette
évolution, referons nous à ce tableau 2.
Tableau 2
Evolution trafic voyageur de la RAN de
1960-1971
Années
|
Nombre (millier)
|
Voyageurs/Km (millions)
|
Kilomètre/voyageurs
|
1960
|
1524
|
249
|
163
|
1965
|
2354
|
432
|
183
|
1970
|
2576
|
621
|
241
|
1971
|
2546
|
716
|
270
|
Source : Atlas de Côte-d'Ivoire, Abidjan, institut
de géographie tropicale, université d'Abidjan 1979
Au vu de ces chiffres, notre première impression est
d'affirmer que le trafic voyageur est en nette progression et s'accroît
d'année en année même si en 1971 une baisse est
enregistrée pour le nombre des voyageurs.
Ce qui est important de souligner aussi est que les voyages
entrent dans l'habitude des populations qui parcourent maintenant de longues
distances quittant leur zone d'origine pour aller découvrir d'autre
régions pour des raisons multiples ( recherche d'emploi, de bien
être social, visite de famille).
Cet engouement pour les voyages est aussi suscité par
les améliorations que le réseau a connu surtout dans le milieu
des années 60 (accueil, trains rapides, régularité du
trafic et des meilleures qualités de prix).
A ce titre, l'amélioration des services que propose le
chemin de fer à ses clients a abouti à l'achat de trains rapides
comme le Bélier qui relie Abidjan Bouaké en 06 heures à
partir de 1975.
Ce qui est intéressant de noter ici encore est que
cette envie de voyager est perceptible avec l'accroissement des
kilomètres parcourus par un voyageur qui passe de 163 kilomètres
en 1960 à 270 kilomètres en 1971.
Par ailleurs, avec la modernisation du matériel et des
services qu'il propose, le chemin de fer va connaître un trafic
florissant (voir graphique annexe 3) même si des baisses du trafic seront
constatées.
En effet, durant la période 1970-1980 la barre des un
milliard de voyageurskilomètres sera franchie avec succès (voir
tableau 3).
Tableau 3
Trafic voyageur de la RAN (1971-1980) en
millions
Année
|
1971
|
1973
|
1975
|
1977
|
1980
|
Voyageurs/Kilomètre
|
666,9
|
757,8
|
861,1
|
978,5
|
1.185,4
|
Source : La voie Régie du chemin de fer Abidjan Niger
n°9, Abidjan, ici 1977 p5
L'analyse de ce tableau nous montre combien de fois
l'amélioration de la voie et du matériel de traction avait fait
du bien au chemin de fer.
En effet, avec la vive concurrence de la route et des autres
moyens de transport et de communication, le trafic voyageur de la voie
ferrée était toujours en nette croissance.
Ainsi, de 666,9 millions de voyageurs-kilomètres en
1971, ce trafic a connu un évolution constante pour aboutir en 1980
à 1.185,4 millions de voyageurskilomètres.
Au total, l'évolution du volume d'activité du
réseau ferroviaire est en rapport direct avec l'évolution
économique de la Côte-d'Ivoire.
Cette évolution du point de vue du nombre des voyageurs
qui empruntent la voie ferrée est en adéquation avec les recettes
du trafic ferroviaire qui évoluent elles aussi (voir tableau 4).
Tableau 4
Evolution des recettes voyageurs de la RAN de
1961-1980
Année
|
1961
|
1965
|
1970
|
1980
|
Recettes
|
783.235.105
|
1.214.581.427
|
1.561.064.526
|
2.795.630.000
|
Voyageurs F.cfa
|
|
|
|
|
Source : Régie Abidjan Niger, Documents financiers et
statistiques 1961-1970, Abidjan 1971, p10
Les chiffres de ce tableau nous indiquent que
l'évolution du trafic voyageur est constante et les recettes
engrangées dans ce trafic sont toujours en nette croissance depuis 1960.
De 780 millions de F.cfa en 1960, il est passé à 1 milliard 214
millions de F.cfa en 1965 pour enfin franchir le cap des deux (02) milliards de
F.cfa en 1980.
A vrai dire, le chemin de fer de par ses recettes
apparaît comme un atout indispensable qui a la primauté pour le
transport des voyageurs à l'intérieur comme à
l'extérieur de la Côte-d'Ivoire. Et si l'on note une nette
évolution de ses recettes, c'est parce que le service du trafic
international du réseau ferroviaire est très intense.
En effet, l'un des faits marquants qui nous interpelle aussi
est que le trafic international apparaît comme un élément
majeur dans le trafic puisqu'il se situe au environ de 58 % du trafic total
voyageur du chemin de fer.
Sur les 700 millions de voyageurs-kilomètres
enregistrés en 1971, nous avons noté à la montée
349 millions de voyageurs-kilomètres dont 202,9 millions pour le trafic
international et 120,8 millions de voyageurs-kilomètres pour le trafic
intérieur de la Côte-d'Ivoire.
A la descente, le même constat se présente ;
ainsi nous avons 351,9 millions de voyageurs-kilomètres dont 211
millions pour le trafic international contre 112,9 millions pour le trafic
ivoirien.
26
Ce constat s'explique du fait que de 1960-1980, la
Côte-d'Ivoire connaît une prospérité sans pareille
qui attire les populations du nord de la Côte-d'Ivoire à la
recherche de conditions de vie meilleure.
Ainsi, Abidjan, Bouaké, Agboville qui rassemblent
presque toutes les conditions pour l'obtention d'un travail bien
rémunéré voient affluer les populations.
En somme, l'évolution du trafic voyageur du chemin de fer
de 1960-1980 a toujours été en nette croissance malgré
quelques années de perturbation.
De 1960-1975, le trafic voyageur du réseau ferroviaire
s'est accru en moyenne de 10,9 % l'an tandis que le nombre de
voyageurs-kilomètres a presque triplé au cours de la même
période. Il convient cependant de noter une baisse de niveau du trafic
voyageur en 1962,1967 et 1969.
Néanmoins, les recettes du trafic ont presque
quintuplé sur la période 1961- 1975 dues au développement
de l'économie ivoirienne, le besoin des déplacements et la
modernisation apportée au réseau ferroviaire ; c'est donc tout
naturel que la voie ferrée obtienne ces résultats qu'elle nous a
présenté à cette période de notre étude.
La conséquence directe de cette évolution des
activités est que les recettes aussi ont subi une courbe ascendante
permettant à la Côte-d'Ivoire de miser sur le rail dans son
développement économique.
Le chemin de fer est un moyen de transport et de communication
qui vend des services. Ainsi, en dehors du trafic des voyageurs, il compte
aussi un trafic des marchandises.
2- Le trafic des marchandises
Au même titre que le trafic des voyageurs, le trafic des
marchandises a connu lui aussi une évolution dans le temps et dans
l'espace.
Dans le temps parce que de 1960-1980, ce trafic est en nette
progression même si des perturbations sont notées en 1974 et 1975
pour des causes que nous évoquerons plus tard. Dans l'espace parce que
le tracé du chemin de fer permet à la Côte-d'Ivoire d'avoir
des clients au nord du pays à savoir le Mali, la Haute-Volta et le
Niger.
A vrai dire, le trafic marchandises n'est pas focalisé
uniquement à l'intérieur de la Côte-d'Ivoire et ce service
constitue une activité essentielle pour le rail et de par sa nature le
réseau est très sensible aux fluctuations
Dés les indépendances, le pays avait toujours
besoin qu'on transporte les marchandises et les produits agricoles en direction
d'Abidjan mais aussi des pays sahéliens qui sont des partenaires
économiques de notre pays sans débouché sur la mer.
Ainsi, le transport des marchandises va s'accroître
dû aux importants courants d'échanges commerciaux à
l'intérieur de la Côte-d'Ivoire comme à l'extérieur
avec ses voisins.
A ce titre, signalons que le chemin de fer de par son service
des marchandises va connaître un développement satisfaisant de
1963-1973 avec un taux de « croissance moyen de 9 % par »
10
Au lendemain des indépendances, la voie ferrée
se positionne déjà comme étant le moyen de transport et de
communication le mieux outillé pour le trafic marchandises dans la
mesure où le transport des marchandises lourdes sur de longues distances
est une de ses spécialités depuis de très longues
années.
Donc à cette période, le réseau va faire un
trafic de 567.568 tonnes de marchandises chargées soit 216 millions de
tonnes-kilomètre.
10 Régie Abidjan -Niger, Abidjan, SEDU
1978, p69
28
En 1961, nous allons enregistrer 753.522 tonnes de
marchandises chargées soit 340 millions de tonnes-kilometre, d'où
une augmentation du volume des activités de « 34,20 % en tonnes
chargées et 57,41 % en trafic »11.
Par ailleurs, lorsqu'on se penche sur les services
proposés par le trafic marchandises (bagages, courrier postale etc.),
nous nous rendons compte automatiquement que tous ces services sont en nette
progression ; en 1961 le trafic marchandises détail est de 7.973.315
tonnes-kilomètre, en 1963, le trafic wagon atteint les dix (10) millions
de tonnes- kilomètre.
A partir de 1965, le trafic marchandises continu sa croissance
vertigineuse dans le domaine du trafic wagon et des services et ce sont 715.609
tonnes de marchandises qui seront transportées à cette
période.
Cette croissance est toujours perceptible en 1970 avec 755.660
tonnes de marchandises chargées soit 404 millions de
tonnes-kilomètre.
Cependant, il faut noter une baisse du trafic de 1974-1975
comme nous l'avons évoqué plus haut due à un
fléchissement du caractère conjoncturel.
Mais aussi en raison notamment de la crise économique
mondiale des années 1973, de la cessation progressive des transports
d'aliments de secours pour les pays sahéliens et de la perte d'une
importante part du trafic malien due à la fermeture provisoire de la
frontière entre le Mali et la Haute-Volta ; conséquence de la
guerre qui les a opposée à cette époque.
Cependant depuis 1976, le trafic marchandise a repris de plus
bel et il enregistre une nouvelle évolution et le cap des «
500.000 tonnes-kilometre a été passé »12.
(Voir tableau 5)
11 Régie du chemin de fer Abidjan Niger,
Rapport trafic de la RAN 1961
12 Régie Abidjan Niger, Abidjan, sedu,
op-cit p69
Tableau 5
Trafic marchandise de la RAN 1960-1976
Année
|
1960
|
1964
|
1968
|
1972
|
1974
|
1975
|
1976
|
Marchandises/ tonne/Km (millions)
|
210,4
|
312,9
|
345,3
|
481
|
528
|
443
|
558
|
Source : Côte-d'Ivoire de A à Z, Abidjan, NEA
1977, p30
Lorsque nous analysons les données de ce tableau, le
constat que l'on peut faire est que le monopole de fait dont joui le chemin de
fer à partir de 1960 par rapport aux autres moyens de transport et de
communication pour le transport des marchandises se transcrit directement sur
l'accroissement du volume des activités du trafic marchandises du
réseau.
En effet, de 1960-1968, la croissance est
régulière et à partir de 1970 avec la modernisation de la
voie et du matériel de traction, l'évolution du trafic devient
encore plus dense même si la route récupère une partie du
trafic
Cependant de 1974-1975, une baisse sensible est
enregistrée dans le trafic à cause des problèmes politique
du Mali et de la Haute-Volta qui sont de gros clients de la Côte-d'ivoire
; néanmoins le trafic reprend de fort belle manière en 1976 pour
poursuivre sa croissance jusqu'en 1980.
Avant de continuer notre analyse, il convient de marquer un
coup d'arrêt pour évoquer les différentiels produits qui
entrent dans le trafic du nord au sud et vice -versa et pour le faire, qui
mieux que ce tableau ci-dessous pour nous les montrer.
Tableau 6
30
Principales marchandises transportées en
1964
A l'exportation
|
Milliers de tonnes
|
Millions tonnes/Km
|
|
|
|
11
|
6,3
|
Coton
|
|
|
|
23
|
15,4
|
Arachide
|
|
|
|
13
|
10
|
Palmistes et oléagineux
|
|
|
|
34
|
6,4
|
Café cacao
|
|
|
|
40
|
4
|
Bois grumes
|
|
|
|
10
|
0,7
|
Banane
|
|
|
Local
|
|
|
Cola
|
21,5
|
11
|
Animaux
|
13,8
|
10,5
|
Pierre-sable enrochement
|
75
|
4,2
|
Riz-mil-mais
|
15
|
8,7
|
A l'importation
|
|
|
Epicerie-boissons
|
55
|
30,5
|
Matériaux de construction
|
16,5
|
11,2
|
Ciment
|
55
|
40
|
Combustibles liquides
|
103
|
71
|
Sel
|
12
|
9,5
|
tissu
|
03
|
2,1
|
Source : République de Côte-d'Ivoire, Etude des
transports en Côte-d'Ivoire, volume 7, le transport aérien,
France, Edirap 1970, p60
Le constat qu'on peut faire au regard de ce tableau est que la
plus part des produits transportés à l'exportation à
partir de 1960 sont des produits agricoles et le bois en grumes.
A cet effet, le bois en grumes (40.000), le café et le
cacao (34.000) tonnes sont les produits les plus transportés, il ne faut
pas négliger l'arachide (23.000 tonnes), le coton, les palmistes et
oléagineux et la banane ; les zones de production sont parfois
situées sur le tracé de la voie ferrée.
Au plan local, nous enregistrons un trafic essentiellement
basé sur les produits comme la cola et surtout les pierres, le sable et
les enrochements avec un tonnage de 75.000 tonnes.
Quant aux produits destinés à l'importation, ce
sont les matériaux de construction (16,500 tonnes), épicerie et
boissons (55.000 tonnes), et surtout le ciment et les combustibles liquides
(103.000 tonnes) qui occupent une place de choix dans le trafic à cause
de la demande qui est très importante de la part des pays
sahéliens.
Il faut noter que cette diversité et cette
densité des marchandises transportées par le chemin de fer
croissaient en volume au fil des années et cette progression est
perceptible du point de vue des marchandises globales transportées.
Par ailleurs d'autres marchandises vont apparaître sur
le réseau avec le temps grâce à la politique de
diversification des cultures en Côte-d'Ivoire comme à
l'extérieur du pays et le constat le plus marquant est l'accroissement
du volume des marchandises transportées à l'exportation et
à l'importation.
Ainsi, à partir de 1970 comme produits à
l'importation nous avons les produits pétroliers (112.565 tonnes), les
marchandises divers (102.784 tonnes), le ciment (55.333 tonnes) et à
l'exportation nous notons des produits comme le coton balles (33529 tonnes) qui
prend de l'importance dans le trafic à cause des excellentes
récoltes au Mali et en Haute-Volta sans oublier la
Côte-d'Ivoire
32
dont l'industrie cotonnière sera la plus performante
d'Afrique de l'ouest, le café (17.376 tonnes) et les bovins (28.709
tonnes).
L'évolution du volume du trafic marchandises est
très sensible car il est de 45 % de 1950-1971, le trafic en
tonnes-kilomètre a presque quintuplé pendant la période de
notre étude.
Tous ces résultats témoignent comme nous l'avons
évoqué plus haut de la vocation du rail pour les transports des
marchandises sur de longues distances.
En plus de l'amélioration du réseau et
l'acquisition de nouveaux matériels en 1970, la voie connaît une
évolution rapide de ses activités du point de vue des produits
transportées, mais aussi du trafic en général qui en 1975
atteint « 516 millions de tonnes-kilomètre de marchandises
transportées »13 et en 1980, ce
sont « 658 millions de tonnes-kilomètre de marchandises qui
seront transportées »14
Par ailleurs, signalons que le trafic du chemin de fer est
nettement plus important dans le sens sud nord et dépasse le cadre
national.
C'est dans cette optique que nous évoquons le trafic
vers Mali qui a connu une évolution depuis 1960 à cause de
l'éclatement de la fédération du Mali et ce pays s'est
tourné résolument vers la Côte-d'Ivoire pour ses
approvisionnements à cause des difficultés relationnelles avec le
Sénégal.
De même, nous soulignons un important trafic au sud du
pays et cela se traduit par le trafic au niveau des sections qui est
très intense entre AbidjanDimbokro (335.000 tonnes dont 81.000 tonnes
pour le Mali), entre DimbokroBouake (322.000 tonnes dont 81.000 tonnes pour le
Mali).
Ce trafic est très important au sud parce que les
wagons en partance d'Abidjan contiennent des marchandises divers pour alimenter
les villes de l'intérieur mais aussi celles des pays
sahéliens.
13 Régie Abidjan Niger, Documents financiers
et statistiques op-cit p10
14 id Régie Abidjan Niger, op-cit p10
En d'autre terme, c'est le trafic international avec
l'arrière pays sahélien qui prend de la valeur car ce trafic
représente la moyenne partie du trafic du chemin de fer qui est en
perpétuelle évolution (84 % pour les tonnesmarchandises en 1977
quand le trafic intérieur présente 13 % en
tonneskilomètre).
Une partie des importations et des exportations du Mali passe
par Abidjan via Ouangolodougou au nord de la Côte-d'Ivoire, il a
été de 21.000 tonnes de marchandises en 1974 même si
après cette date les difficultés de toutes sortes n'ont plus
permis d'avoir des chiffres sur le trafic en direction de ce pays.
Le trafic en provenance et à destination du Niger
était de 30.000 tonnes environ en 1977 avec un trafic plus important
constaté en 1974 lorsque le sahel avait subi la grande
sécheresse
Le trafic international avec la Haute-Volta a progressé
de 26,1 % en 1971 dans le sens Abidjan-Ouagadougou avec 236,3 millions de
tonneskilomètre contre 181,3 millions de tonnes-kilomètre
1970.
Au total, le trafic voltaïque a progressé de 25,7
% en tonnes-kilomètre de 1960-1980, signe que le trafic marchandises du
chemin de fer a évolué tout au long de la période de notre
étude avec lui les recettes engrangées dans ce trafic (voir
tableau 7)
34
Tableau 7
Trafic marchandise de la RAN 1960-1975
Années
|
Tonnes (milliers)
|
Tonnes-kilomètre
|
Recettes (milliards)
|
1960
|
56.1467
|
216
|
2.464.465
|
1965
|
715.608
|
331
|
1.987.383
|
1970
|
755.660
|
404
|
2.362.206
|
1975
|
750.250
|
440
|
3.014.840
|
1980
|
815.500
|
658
|
3.847.784
|
L'évolution du trafic est impressionnante à
partir de 1960 jusqu'en 1974 mais nous allons enregistrer une baisse du trafic
de 1974 à 1975 du point de vue des tonnes transportées à
cause des problèmes évoqués plus haut.
Cependant, nous notons une croissance au niveau des
tonnes-kilomètre à cause des trafics sections qui sont
très importants d'Abidjan à Bouaké.
Le trafic reprend en volume en 1976 pour atteindre les 800.000
tonnes en 1980 et cette évolution est due en partie au trafic
international qui a pris du volume après la normalisation des relations
entre la Haute-Volta et le Mali.
Les recettes tirées de ce trafic connaissent elles
aussi une évolution sensible même si une baisse significative est
enregistrée en 1965. De 1961 à 1971 les recettes ont
augmenté de 41,37 %, soit un taux d'accroissement moyen de 3 % l'an.
L'accroissement du volume du trafic avec les pays du nord de
la Côted'Ivoire concoure au développement de notre pays dans la
mesure où 62 % des marchandises embarquées sont à
destination du Mali, du Niger et surtout de la Haute-Volta.
A titre d'exemple notons qu'à l'arrivée des
wagons à Abidjan, si l'on retire les 95.000 tonnes de roches
chargées à l'Aké-befiat près d'Azaguié, 44 %
des produits viennent des Etats du nord ; a vrai dire ce sont 55 % du trafic
qui échappent aux limites du pays.
Le trafic international occupe une part
prépondérante dans le trafic de la voie ferrée, cependant
à l'intérieur du pays, le trafic est non négligeable et
connaît une hausse de 1979 à 1980 où le trafic se
présentait comme suit : 195.426 tonnes de marchandises chargées
soit 67 millions de tonnes-kilomètre.
L'on note cette croissance du volume des activités par
rapport aux années antérieures à cause des modernisations
apportées au réseau, ce qui a fait que la
régularité a quelque peu freiné la concurrence très
rude de la route dans le transport de certains produits.
Pour le trafic international, les données sont plus
qu'acceptables dans la mesure où le trafic de la Côte-d'Ivoire en
direction de la Haute-Volta à cette même période est de
376.344 tonnes de marchandises chargées soit 371 millions de
tonnes-kilomètre.
C'est un cas de figure qui intervient à cause des
meilleurs moyens mis en oeuvre pour évacuer le trafic portuaire à
partir des années 70 permettant d'enregistrer une hausse de 27,5 % en
tonnes chargées et 19 % en tonneskilomètre.
Dans le sens Haute-Volta-Côte-d'Ivoire, nous constatons
154.794 tonnes de marchandises ont été chargées soit 147
millions de tonnes-kilomètre. C'est une hausse du trafic de 31,4 % en
tonnes chargées et 65 % en tonnes-kilomètre.
Par ailleurs, signalons que le trafic sud nord est beaucoup
plus important et le transport des hydrocarbures occupe une place
prépondérante dans ce trafic (voir tableau 8).
Tableau 8
36
Trafic RAN des produits pétroliers
Année
|
Tonnes (milliers)
|
Tonnes-kilometre (millions)
|
1963
|
102.802
|
71.277.968
|
1965
|
106.403
|
73.265.185
|
1967
|
100.256
|
68.285.529
|
1968
|
94.256
|
65.677.991
|
Source : Atlas de Côte-d'Ivoire, Abidjan, IGT,
Université d'Abidjan 1979
Cette prépondérance des hydrocarbures s'explique
du fait que la Haute-Volta, le Mali et le Niger prennent leurs hydrocarbures
à partir d'Abidjan. De ce fait, 64 % des hydrocarbures embarquées
à Abidjan seront transportées en Haute-Volta.
Par ailleurs, si nous constatons une baisse dans le trafic,
c'est parce que celui-ci subi le poids des fluctuations dans les
échanges commerciaux.
Ainsi, la quantité baisse soit parce que le pays
demandeur diminue sa consommation, soit parce que le prix du baril est en
hausse sur le marché international et cet état de fait est
très régulier lorsque les pays du monde entier ont souffert des
conséquences des chocs pétroliers de 1973 et 1979.
Au total, l'évolution des activités du chemin de
fer en Côte-d'Ivoire est très perceptible du point de vue des
trafics voyageurs et marchandises car nous avons enregistré durant toute
la période de notre étude une évolution avec un accent
particulier mis sur le trafic international qui est une des composantes de
l'accroissement du volume des activités du réseau.
De même, signalons que le trafic croit dans le temps et
dans l'espace même si des baisses sont enregistrées durant la
période d'étude à cause des
problèmes de fluctuations et des problèmes
politiques dans certains pays sahéliens qui sont des principaux clients
de la Côte-d'Ivoire
L'importance du trafic international est aussi visible dans la
mesure où il est plus important que le trafic intérieur à
cause du rapport de la voie avec le Port d'Abidjan qui approvisionne les pays
sahéliens.
C'est fort de tous ces constats que dès les
indépendances, le chemin de fer va se positionner comme étant le
moyen de transport et de communication qui aura un quasi-monopole dans le
transport des voyageurs et des marchandises par rapport aux autres moyens de
transport.
Cependant, il va subir une concurrence farouche de la part de
ceux-ci ; néanmoins, cela ne l'empêchera pas de jouer pleinement
son rôle dans le développement de la Côte-d'Ivoire.
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Chapitre II : LA PLACE ET LE ROLE DU CHEMIN DE FER
DANS L'ECONOMIE IVOIRIENNE 1960-1980
La Côte-d'Ivoire devient un Etat indépendant en 1960
et il faut penser à son développement économique, social,
politique et culturel.
Dès lors, les nouvelles autorités ivoiriennes
voient le chemin de fer comme un des moyens pour atteindre ce
développement.
En effet, ils font appel à tous les moyens de transport
et de communication en général et au chemin de fer en particulier
à qui une priorité sera accordée pour l'acheminement des
produits d'importation, d'exportation et des voyageurs du nord au sud de la
Côte-d'Ivoire et vice-versa sans oublier les Etats du nord du pays
embranchés.
Cependant durant des années et singulièrement
à partir des années 70, l'Etat de Côte-d'Ivoire jugera
utile de faire aussi appel à d'autres moyens de transport et de
communication pour pallier aux insuffisances de la voie ferrée afin de
bien amorcer son développement, d'où la concurrence qui va
naître entre ces différents moyens de transport et de
communication dans le transport des voyageurs et de certains produits.
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