II - LES FAILLITES BANCAIRES AU
CAMEROUN
La crise bancaire de la fin des années 80 a
été caractérisée par une série de faillites
bancaires dues aux différentes causes énumérées
ci-dessus. D'importantes banques ont fait faillites et ont été
liquidées par les pouvoirs publics. En guise d'exemple, nous
avons : la Société Camerounaise de Banque (SCB), la Banque
Internationale pour l'Afrique Occidentale du Cameroun (BIAOC), la Cameroun Bank
Limited, la Banque de paris et des Pays-Bas du Cameroun (PARIBAS-CAM),
etc...Les succursales des grandes banques anglo-saxonnes se sont
retirées de la sphère financière nationale. On peut citer:
la Chase Bank of Cameroon, la Boston Bank of Cameroon et la Bank of America
Cameroon. Les organismes financiers de développement comme la Banque
Camerounaise de Développement (BCD) et le Fonds National de
Développement Rural (FONADER) ont fermés. La
Société Camerounaise de Banque (SCB) et la Cameroon Bank Limited
(CAMBANK) ont été les premières banques commerciales
à faire faillite en 1988, suivies de la Banque Internationale pour
l'Afrique Occidentale du Cameroun (BIAOC) et la Bank of Commerce and
Crédit Cameroon en 1991 et de la Banque Internationale pour le Commerce
et l'Industrie du Cameroun (BICIC) et du Crédit Agricole du Cameroun en
1995.
1- Effet de contagion des
faillites bancaires
Hormis les causes exogènes et les causes
endogènes, le ralentissement de l'activité économique
générale découlant de la baisse des recettes d'exportation
des matières premières et des problèmes dans le
fonctionnement des secteurs publics et privés n'ont fait qu'aggraver les
conséquences de la crise bancaire camerounaise. En 1981, on a
constaté une décroissance du produit intérieur brut qui
s'est accentuée en 1986 malgré le léger relèvement
de 1985. Le produit intérieur a atteint son niveau le plus bas en
1988.
L'étude du comportement des clients des diverses
banques a fait ressortir un effet de contagion (Goodhart, 1983). Lors de la
crise bancaire de la fin des années 80, on a observé une course
aux guichets pour le retrait en masse des fonds par les divers
déposants. Cette ruée vers les guichets des diverses banques a
ressemblé à un mouvement de panique bancaire car les divers
retraits se sont effectués sans distinction (toutes les classes
sociales) et dans un temps assez court. Cette panique a été de
longue durée car elle a entraîné des problèmes dans
certaines banques solvables et menacé d'effondrement tout le
système bancaire camerounais. La menace était due essentiellement
au fait que ceux qui retiraient leurs fonds ne les déposaient pas dans
les banques saines ou solvables du Cameroun, mais dans les banques à
l'étranger (dans les pays européens plus
précisément en France et en Suisse).
Le problème du contrôle de la meilleure
gestion de la banque révèle des difficultés de traitement
des informations pour les accords de crédits, car la dette d'une banque
est souvent répartie au sein d'un grand nombre de petits
déposants parfois peu informés ou compétents.
L'hétérogénéité des emprunteurs potentiels
pose le problème de la sélection car pour les divers clients, les
risques ne sont pas les mêmes. Les emprunteurs présentent à
la banque des projets différents (risques divers et rentabilité
différente) et une meilleure sélection ne peut s'opérer
que sur la base des infirmations objectives ou fiables. Les banques ont
développé des méthodes ou des outils statistiques
sophistiqués (scoring, économétrie non linéaire,
etc...) pour évaluer la probabilité de défaillance d'un
emprunteur à partir de quelques variables fondamentales, des analyses
attentives des situations financières et des études sur des
perspectives sectorielles correspondante. L'aléa moral concerne
principalement le problème du comportement de l'emprunteur après
l'obtention du crédit ou de la signature du contrat de crédit. En
effet, l'emprunteur peut moduler la mise en place réel de son projet
d'investissement ou ne même plus réalisé l'objet du
crédit obtenu. Il peut aussi détourner au détriment du
créancier les résultats du crédit ou prendre les
décisions plus ou moins conformes avec le respect de ses engagements
initiaux. La réussite de tout projet d'investissement financé par
une banque nécessite pour cela une part de contrôle du
créancier pour réduire l'aléa moral ou les actions
cachées. L'effet de l'information dans l'activité bancaire peut
également être source de difficultés ou de faillites
bancaires. La ruée contagieuse du comportement des déposants lors
de la crise bancaire de la fin des années 80 a été due en
partie à la circulation et au traitement des informations. Le
système d'acquisition et de propagation des informations de
« bouche à oreille » est très
développé au Cameroun mais reste peu fiable pour la transmission
des informations.
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