2.4- L'absence d'innovation
en produits bancaires adaptés
La plupart des produits bancaires
« nouveaux » à l'instar de crédit
équipement, crédit immobilier, bon de caisse, dépôts
à terme, n'étaient que des transpositions des produits existants
dans les pays industrialisés. Ces produits ont été souvent
introduits au Cameroun sans une étude approfondie pour leur
adaptabilité. Les banques camerounaises s'efforçaient tout juste
de changer le nom du produit bancaire européen et de le proposer
à la clientèle. Malheureusement, ils ont été
souvent rejetés car ils ne répondaient pas aux besoins de la
clientèle. Par rapport aux difficultés des années 80, les
banques camerounaises n'ont pas pu mettre sur le marché bancaire des
produits bancaires adaptés. Ce manque de produits bancaires
répondant aux besoins de la clientèle a largement
pénalisé les dépôts. Malgré toutes ces
difficultés, les banques n'ont pas pu mettre en oeuvre des produits
bancaires dynamiques pour mobiliser les ressources disponibles contre la crise
bancaire. Le tableau 3 illustre le processus d'évolution de la crise
bancaire de 1973 à 1987. On observe que les banques n'ont pas su jouer
leur rôle d'intermédiaire financier
Tableau 3. Processus d'évolution de la crise
bancaire au Cameroun
1973 - 1982
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1982 - 1987
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Après 1987
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Crise de solvabilité
|
Crise de solvabilité
+
Crise de rentabilité
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Crise de solvabilité
+
Crise de rentabilité
+
Crise de liquidité
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(Source : documentation BEAC)
La crise de solvabilité était surtout due
à la politique hasardeuse et incontrôlée de distribution
des crédits souvent sous la pression de l'Etat. La norme prudentielle du
ratio de solvabilité étant fixée à 5%. La crise de
rentabilité était due au fait que les banques se soient
lancées dans des programmes immobiliers coûteux : la
construction des sièges prestigieux, des agences et le recrutement d'un
personnel pléthorique et non formé. De plus, le manque de
confiance au système bancaire a entraîné brusquement la
ruée (ou la course) aux guichets de la clientèle pour retirer
leurs dépôts. En effet, cette crise de rentabilité peut
aussi se mesurer par l'évolution des impôts versés à
l'Etat par le secteur bancaire qui a connu une réduction de plus de 70%
à la fin des années 80. La libre transférabilité
des capitaux a entraîné aussi une fuite de capitaux. La forte
détérioration des capitaux propres est due à
l'accumulation des créances douteuses. De plus, les clients des banques
ont décidé de retirer leurs dépôts avec la perte de
confiance au système bancaire. Les banques n'ont pas été
capables de répondre à la demande imprévisible des
retraits des déposants amenant certaines banques à liquider une
partie de leurs actifs. Les pertes enregistrées par les ventes d'actifs
ont été sérieuses pour certaines banques. Les
défaillances de certaines banques ont entraîné une certaine
panique et pousser d'autres déposants à se précipiter dans
les banques pour tenter de sauver une partie de leurs avoirs. Le ratio de
liquidité des banques étant fixé à 70% en 1989, on
peut, par exemple, relever que la CAMBANK ne disposait que de 7,5 milliards de
francs d'actifs liquides sur un passif exigible de 38,64 milliards de francs
CFA, soit 19%. Les ratios de liquidité de PARIBAS-Cameroun, de la SCB et
de la BCD étaient respectivement de : 69,8%, 79% et 84%
(Documentation BEAC).
A la suite de ces causes, la crise bancaire s'est
caractérisée par une série de faillites bancaires et
d'importantes banques liquidées par les pouvoirs publics.
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