2- Les risques de
faillites bancaires au Cameroun
Les risques de faillites bancaires font partie du
paysage quotidien des activités de tout système bancaire. Le
risque bancaire présente un caractère endogène
c'est-à-dire l'exercice de la banque est une activité
risquée dans laquelle les catastrophes sont possibles avec des
conséquences graves potentielles (Chiappori et Yanelle, 1996). Aucune
banque n'est exempte du risque dans son fonctionnement car toute
décision de crédit est fonction de la rentabilité
ex-anté (ou prévisionnelle) de l'opération. Cette
rentabilité ex-anté est souvent différente de la
rentabilité ex-post à cause des problèmes
d'asymétrie des informations. En d'autres termes, l'activité
bancaire a un rôle risqué d'intermédiation à cause
des asymétries d'informations (informations incomplètes et/ou
imparfaites) caractérisant le marché du crédit.
Les risques bancaires sont multiples (Allen et Gale,
1994) ; ainsi dans la théorie, il est difficile de faire une
typologie précise. Nous pouvons distinguer comme risques pour
l'activité bancaire : le risque de dévalorisation, le risque
de solvabilité, le risque de liquidité, le risque de taux
d'intérêt, le risque systémique, etc.
L'insolvabilité d'une banque peut venir aussi
mettre en péril la solvabilité de ses contreparties dans les
divers échanges. Une banque est non solvable quand elle n'arrive plus
à faire face à ses engagements. Le risque de solvabilité
d'une banque relève plus de sa mauvaise gestion et de suivi d'une
politique hasardeuse et non adaptée à l'environnement
économique. En d'autres termes, il est lié au fonctionnement
interne de la banque. Le taux d'intérêt peut être
fixé par les pouvoirs publics et par la banque centrale ou tout autre
organisme habilité. En effet, les divers changements de taux
d'intérêt peuvent entraîner des pertes financières
sur les rémunérations des divers prêts ou crédits
accordés. Il en est de même du taux de change sur les devises
détenues par les banques. Ces instabilités de taux peuvent
être préjudiciables ou entraîner des faillites pour les
banques ayant pris trop de risque dans leur gestion. Le risque de taux peut
entraîner également une dévalorisation de l'actif des
banques.
Le risque opérationnel est lié au
fonctionnement interne des banques. Il résulte du manque de dissociation
nette entre les diverses fonctions d'une banque et fait ressortir les
problèmes des systèmes de gestion interne des informations de la
banque. Ce manque de dissociation n'est que le résultat d'une mauvaise
organisation des activités des banques.
Le risque systémique concerne toute la
sphère bancaire. Il s'agit d'un défaut d'une banque qui provoque
la défaillance d'autres banques. Ce risque est matérialisé
par une réaction en chaîne ou un effet de contagion (Fouda, 1999),
aussi appelé effet domino, entraînant une faillite
généralisée du système bancaire. Le risque
systémique est un risque de diffusion de défaut aux
contreparties. En fait, il pousse les banques à s'observer ou/et
à accepter une structure de surveillance des activités bancaires
(Aglietta, 1996). Cette surveillance mutuelle ou ce contrôle exige une
certaine transparence dans la gestion et le fonctionnement des banques. La
crise du secteur bancaire camerounais des années 80 présentait
cet effet de contagion entre les diverses banques accentué par la
concentration de toutes les banques dans les grandes villes. Le risque
systémique est responsable en grande partie de la création de la
Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC).
Les risques internes sont liés au
fonctionnement du système bancaire actuel et des produits bancaires.
Certains produits, bien que se soient des modèles de produits
européens ou américains, ne sont pas adaptés. On essaie
parfois de les adapter et parfois de les mettre sur le marché bancaire
sans aucune modification en prétextant des problèmes de
coût d'étude ou d'autres coûts. L'adaptation se
résume parfois juste au changement du nom du produit bancaire.
Les risques externes sont liés à
l'environnement économique national et international et au
système financier national. L'information joue également un grand
rôle au niveau des échanges entre les diverses banques, mais ces
échanges nécessitent une certaine réglementation
garantissant une certaine transparence des diverses opérations. Il faut
également prévoir une structure de contrôle pour ces
échanges d'informations entre les diverses banques. Les échanges
d'informations interbancaires ne sont pas assez développés au
Cameroun car le marché bancaire camerounais semble encore être le
« chacun pour soi » pour la gestion des informations et des
risques bancaires. Les dernières faillites bancaires (Crédit
Agricole, Banque Unie du Crédit, FONADER, etc...) plaident pour une
réglementation bancaire tenant compte de la mesure des risques
bancaires.
Diverses stratégies peuvent être prises par
les banques pour réduire les divers risques. Pour les risques de
dévalorisation, on peut utiliser la stratégie de couverture du
risque à savoir la réalisation des contrats fixes ou
opérationnels et/ou l'agrégation d'un grand nombre de petits
risques indépendants. Le risque de rentabilité peut être
réduit avec le mécanisme de l'assurance-dépôt car
les conséquences de la crise de rentabilité s'apparentent
à des bulles spéculatives. L'assurance-dépôt permet
d'éviter la course aux guichets dans la mesure où les divers
avoirs ne sont pas menacés par une éventuelle faillite. Si la
faillite de la banque présente un effet de contagion ou domino assez
important, alors l'Etat peut intervenir dans la sphère bancaire pour
éviter d'autres faillites (Aglietta et Moutot, 1993) qui pourraient
déstabiliser tout le système bancaire. Il existe certes des
stratégies pour diminuer les risques de faillites bancaires, de
surcroît la probabilité de faillite bancaire mais on ne saurait
l'annuler car le risque est endogène à l'activité
bancaire. Pour remédier à cette crise, des règles et lois
régissant l'activité bancaire sont adoptées. De nombreuses
attentes sont placées en elles.
SECTION II- PERSPECTIVES DE LA REGLEMENTATION
PRUDENTIELLE AU CAMEROUN
La réglementation bancaire du Cameroun avait pour
objectif primaire l'assainissement financier du système bancaire. Cet
assainissement devrait se faire au travers d'une nouvelle structure bancaire
rationnelle. La réglementation prudentielle a été
complétée par une réforme du dispositif informationnel qui
contient une définition de la comptabilisation des opérations en
fonction des acteurs. Dans cette section, il est question d'une part de
présenter les sources et les objectifs de la réglementation et
d'exposer les attentes de cette mesure d'autre part.
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