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Réglementation prudentielle et performances du système bancaire au Cameroun

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par Rodrigue NANA KUINDJA
Université de Yaoundé II SOA - Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) 2009
  

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2- Les risques de faillites bancaires au Cameroun

Les risques de faillites bancaires font partie du paysage quotidien des activités de tout système bancaire. Le risque bancaire présente un caractère endogène c'est-à-dire l'exercice de la banque est une activité risquée dans laquelle les catastrophes sont possibles avec des conséquences graves potentielles (Chiappori et Yanelle, 1996). Aucune banque n'est exempte du risque dans son fonctionnement car toute décision de crédit est fonction de la rentabilité ex-anté (ou prévisionnelle) de l'opération. Cette rentabilité ex-anté est souvent différente de la rentabilité ex-post à cause des problèmes d'asymétrie des informations. En d'autres termes, l'activité bancaire a un rôle risqué d'intermédiation à cause des asymétries d'informations (informations incomplètes et/ou imparfaites) caractérisant le marché du crédit.

Les risques bancaires sont multiples (Allen et Gale, 1994) ; ainsi dans la théorie, il est difficile de faire une typologie précise. Nous pouvons distinguer comme risques pour l'activité bancaire : le risque de dévalorisation, le risque de solvabilité, le risque de liquidité, le risque de taux d'intérêt, le risque systémique, etc.

L'insolvabilité d'une banque peut venir aussi mettre en péril la solvabilité de ses contreparties dans les divers échanges. Une banque est non solvable quand elle n'arrive plus à faire face à ses engagements. Le risque de solvabilité d'une banque relève plus de sa mauvaise gestion et de suivi d'une politique hasardeuse et non adaptée à l'environnement économique. En d'autres termes, il est lié au fonctionnement interne de la banque. Le taux d'intérêt peut être fixé par les pouvoirs publics et par la banque centrale ou tout autre organisme habilité. En effet, les divers changements de taux d'intérêt peuvent entraîner des pertes financières sur les rémunérations des divers prêts ou crédits accordés. Il en est de même du taux de change sur les devises détenues par les banques. Ces instabilités de taux peuvent être préjudiciables ou entraîner des faillites pour les banques ayant pris trop de risque dans leur gestion. Le risque de taux peut entraîner également une dévalorisation de l'actif des banques.

Le risque opérationnel est lié au fonctionnement interne des banques. Il résulte du manque de dissociation nette entre les diverses fonctions d'une banque et fait ressortir les problèmes des systèmes de gestion interne des informations de la banque. Ce manque de dissociation n'est que le résultat d'une mauvaise organisation des activités des banques.

Le risque systémique concerne toute la sphère bancaire. Il s'agit d'un défaut d'une banque qui provoque la défaillance d'autres banques. Ce risque est matérialisé par une réaction en chaîne ou un effet de contagion (Fouda, 1999), aussi appelé effet domino, entraînant une faillite généralisée du système bancaire. Le risque systémique est un risque de diffusion de défaut aux contreparties. En fait, il pousse les banques à s'observer ou/et à accepter une structure de surveillance des activités bancaires (Aglietta, 1996). Cette surveillance mutuelle ou ce contrôle exige une certaine transparence dans la gestion et le fonctionnement des banques. La crise du secteur bancaire camerounais des années 80 présentait cet effet de contagion entre les diverses banques accentué par la concentration de toutes les banques dans les grandes villes. Le risque systémique est responsable en grande partie de la création de la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC).

Les risques internes sont liés au fonctionnement du système bancaire actuel et des produits bancaires. Certains produits, bien que se soient des modèles de produits européens ou américains, ne sont pas adaptés. On essaie parfois de les adapter et parfois de les mettre sur le marché bancaire sans aucune modification en prétextant des problèmes de coût d'étude ou d'autres coûts. L'adaptation se résume parfois juste au changement du nom du produit bancaire.

Les risques externes sont liés à l'environnement économique national et international et au système financier national. L'information joue également un grand rôle au niveau des échanges entre les diverses banques, mais ces échanges nécessitent une certaine réglementation garantissant une certaine transparence des diverses opérations. Il faut également prévoir une structure de contrôle pour ces échanges d'informations entre les diverses banques. Les échanges d'informations interbancaires ne sont pas assez développés au Cameroun car le marché bancaire camerounais semble encore être le « chacun pour soi » pour la gestion des informations et des risques bancaires. Les dernières faillites bancaires (Crédit Agricole, Banque Unie du Crédit, FONADER, etc...) plaident pour une réglementation bancaire tenant compte de la mesure des risques bancaires.

Diverses stratégies peuvent être prises par les banques pour réduire les divers risques. Pour les risques de dévalorisation, on peut utiliser la stratégie de couverture du risque à savoir la réalisation des contrats fixes ou opérationnels et/ou l'agrégation d'un grand nombre de petits risques indépendants. Le risque de rentabilité peut être réduit avec le mécanisme de l'assurance-dépôt car les conséquences de la crise de rentabilité s'apparentent à des bulles spéculatives. L'assurance-dépôt permet d'éviter la course aux guichets dans la mesure où les divers avoirs ne sont pas menacés par une éventuelle faillite. Si la faillite de la banque présente un effet de contagion ou domino assez important, alors l'Etat peut intervenir dans la sphère bancaire pour éviter d'autres faillites (Aglietta et Moutot, 1993) qui pourraient déstabiliser tout le système bancaire. Il existe certes des stratégies pour diminuer les risques de faillites bancaires, de surcroît la probabilité de faillite bancaire mais on ne saurait l'annuler car le risque est endogène à l'activité bancaire. Pour remédier à cette crise, des règles et lois régissant l'activité bancaire sont adoptées. De nombreuses attentes sont placées en elles.

SECTION II- PERSPECTIVES DE LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE AU CAMEROUN

La réglementation bancaire du Cameroun avait pour objectif primaire l'assainissement financier du système bancaire. Cet assainissement devrait se faire au travers d'une nouvelle structure bancaire rationnelle. La réglementation prudentielle a été complétée par une réforme du dispositif informationnel qui contient une définition de la comptabilisation des opérations en fonction des acteurs. Dans cette section, il est question d'une part de présenter les sources et les objectifs de la réglementation et d'exposer les attentes de cette mesure d'autre part.

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