II - LES LIMITES ET LES
PARADOXES DU DEVELEPPEMENT FINANCIER AU CAMEROUN
Les changements survenus dans le système
financier camerounais après les réformes réglementaires
n'apportent pas un véritable développement financier, car ils
sont loin d'avoir résolu l'épineux problème de financement
du développement. D'une part, la réglementation n'a pas pu
éradiquer certains dysfonctionnements des systèmes financiers,
lesquels constituent de véritables obstacles au financement de
l'économie. D'autre part, on observe après l'instauration de la
réglementation des phénomènes aberrants sur le plan
économique, comme la surliquidité bancaire et le type
d'innovations financières introduites. En premier lieu, nous
présenterons les dysfonctionnements du système financier
notamment. En second lieu des recommandations de politique économique
seront exposées.
1- Les dysfonctionnements du
système financier camerounais
Nous verrons pourquoi le financement du
développement reste un problème non résolu, et nous
montrerons que la surliquidité bancaire et les innovations
financières introduites dans le système financier constituent des
paradoxes.
1.1- Le financement du
développement : un problème non résolu
La réglementation n'a apporté de
changements perceptibles ni par rapport au problème de l'accès
aux services financiers ni par rapport à celui du climat des
affaires.
En ce qui concerne le maintien de l'exclusion de
l'accès aux services financiers, l'offre de service de financement en
particulier n'a pas enregistré de progrès significatif, en raison
du durcissement des conditions de la collecte de l'épargne et de
l'accès au crédit. On constate que le dispositif de collecte de
ressources a gardé tous ses principaux handicaps : à
l'instar de la concentration du réseau bancaire, du niveau
élevé des coûts de transaction, etc. Le rationnement du
crédit demeure une des caractéristiques majeures du
marché. Certains clients des banques ne peuvent pas obtenir des
crédits autant qu'ils le souhaitent, alors même qu'ils sont
disposés à supporter des taux d'intérêt
élevés. Cette exclusion se fait à travers plusieurs
obstacles, dont les plus visibles sont les conditions qui leur sont
imposées. Les banques exigent par exemple la possession d'un compte
bancaire, ce qui n'est pas le cas de certaine catégorie d'agents.
Les banques se trouvent ainsi au centre d'un conflit, que
l'on peut définir par l'incompatibilité qui existe d'une part
entre le souci de solvabilité et de rentabilité de la
clientèle, et d'autre part l'intérêt économique
général, censé être déterminé par le
financement des investissements. L'exclusion de l'accès au crédit
est plus accentuée pour les crédits d'investissement ou de
financement du développement. En effet, la part des crédits
à court terme est plus forte que celles des crédits
d'investissement (moyen et long terme). Les banques prélèvent au
titre des services d'intermédiation une marge permettant de couvrir
leurs coûts opératoires (frais généraux,
amortissements et provisions) et dégager un profit destiner à la
rémunération des capitaux propres.
En ce qui concerne le mauvais climat des affaires, il
importe de relever que la réglementation n'a pas changé
l'environnement institutionnel. Il en est ainsi par exemple de la politique
monétaire et financière. Le climat des affaires s'est fortement
dégradé. Cela résulte du fait que les lois et
réglementations sont peu favorables au développement de
l'accès au crédit, et en particulier les systèmes
judiciaires.
Le maintien de l'exclusion de l'accès aux services
financiers et l'existence d'un mauvais climat des affaires au Cameroun
constituent deux limites importantes de la réglementation prudentielle.
A cela s'ajoutent les paradoxes qui caractérisent actuellement les
systèmes financiers.
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