2.2- Estimation et
interprétation des résultats
L'estimation des paramètres par la
méthode des moindres carrés ordinaires donne les résultats
suivants. Si le total du bilan augmente de 1% alors le niveau de
développement financier diminue de 0,485% parce que les banques
hésitent de financer les investissements. Quand le produit net bancaire
augmente de 1% alors le niveau de développement financier diminue de
6,283% car les banques fixent des taux très élevés ne
permettant pas aux investisseurs de faire des prêts. On assiste à
une augmentation du financement de l'économie de 0,58% lorsque les
banques constatent un accroissement de leurs agios ceci du fait de la
différence entre les taux d'intérêt. Les banques constatent
un intérêt de financer l'économie de 838309,2% quand elles
peuvent se prendre en charges.
Le respect du ratio de liquidité par les banques
augmente de 158,261% le niveau de développement financier du pays;
à ce niveau, le respect du ratio de liquidité sécurise
mieux le financement de l'économie. Le respect du ratio de couverture
des risques augmente de 53255,01% le niveau de développement financier
du pays ; ici le respect du ratio de couverture des risques protège
le système bancaire dans leur tache d'octroie de crédits à
l'économie. A la lumière des résultats obtenus, nous
remarquons que le modèle retenu est significatif à 10%. Ceci
explique que malgré la rude concurrence, et l'évolution sans
relâche de l'environnement économique, le système bancaire
camerounais reste performant. Le respect des normes prudentielles est un
secteur susceptible d'exercer une influence positive sur le
développement du secteur financier, en encourageant les innovations
financières et en facilitant la finalisation des transactions
financières aussi bien à l'intérieur qu'à
l'extérieur des frontières d'un pays.
Pour les coefficients de la variable de la
régulation bancaire, nous pouvons constater qu'ils sont
significativement positifs, bien qu'à des seuils de confiance
différents, pour l'équation estimée. Ceci nous enseigne
qu'une politique de contrôle et de réglementation de
l'activité bancaire, qualifiée par le concept de « rigueur
bancaire », peut être bénéfique et favorable au
développement bancaire au cameroun. Ce résultat ne va pas de
pair avec les affirmations des théories «
libéralisationnistes » de l'activité financière,
puisque selon les adeptes de ces théories, une ouverture à la
concurrence dans le secteur bancaire ne pourra être que
bénéfique pour ce secteur, y compris dans les pays en
développement. Or, l'épisode des crises financières
vécues par un bon nombre de pays en développement durant les
années qui ont juste suivi leur adoption de politiques d'ouverture
à la libéralisation aussi bien interne qu'externe, montre le
contraire. La récente crise financière que connaît la
totalité des pays développés est aussi due, en partie, au
relâchement de la rigueur bancaire et au laxisme du contrôle et de
la régulation.
En effet, ces politiques ont déclenché une
instabilité financière et une fragilisation du système
bancaire, en raison d'un manque de supervision et de rigueur bancaire produit,
entre autres, par l'ouverture à la concurrence bancaire sans filets de
sécurité, pour mieux faciliter ce passage. Ces turbulences
financières ont provoqué, à leur tour, une série de
crises systémiques qui ont touché d'autres places
financières dans d'autres pays émergents. Rappelons aussi que
pour la construction de l'indicateur de la régulation bancaire, nous
pouvons utilisé d'autres variables. Il s'agit du degré d'exigence
d'entrée de nouvelles banques sur le marché bancaire, de l'indice
du capital réglementaire, du degré de restrictions sur
l'activité bancaire, de l'indice de surveillance autonome des banques et
du pouvoir officiel de supervision bancaire. Cela signifie qu'aujourd'hui, le
suivi d'une politique de restrictions à l'entrée de nouvelles
banques étrangères et l'imposition de restrictions sur
l'activité bancaire seraient favorables au développement
bancaire.
Ceci corrobore les affirmations théoriques de
Patrick (1966), qui considère que la réglementation prudentielle
exerce un effet positif sur le développement financier, ne serait-ce
qu'en raison du fait que l'augmentation du revenu s'accompagne d'une
augmentation de l'épargne et donc d'acquisitions d'actifs financiers.
Les travaux de la théorie endogène ont appuyé cette
idée de double causalité. Le partage des risques que permet
l'intermédiation financière, et qui favorise l'investissement
dans de nouvelles technologies, comporte des coûts et implique
lui-même un certain niveau de produit par tête. Nous pouvons aussi
expliquer les coefficients significativement positifs du PIB par tête par
le fait que le secteur bancaire bénéficie, au même titre
que les autres secteurs, du développement économique.
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