Réglementation prudentielle et performances du système bancaire au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Rodrigue NANA KUINDJA Université de Yaoundé II SOA - Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) 2009 |
2- L'encadrement bancaire de la Banque des Etats d'Afrique Centrale etde la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale
La Banque de Etats d'Afrique Centrale (BEAC) joue un rôle central dans l'encadrement bancaire au Cameroun. Elle définie la politique monétaire dans un objectif de lutte contre l'inflation et de respect des fondamentaux garantissant la valeur du Franc CFA. La question pour la BEAC est d'éviter une surabondance des liquidités qu'il faudrait rémunérer. La Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) a joué un rôle essentiel dans l'assainissement du secteur bancaire au Cameroun. Elle exerce également un rôle important de réglementation et de régulation de la microfinance. A cette fin, une série de normes prudentielles ont été édictées et un plan comptable commun est en cours de définition. La bonne santé des banques est illustrée par le respect des normes prudentielles imposées par la COBAC. Le ratio de solvabilité de base du réseau bancaire est de l'ordre de 267% en moyenne en 2008. Les fonds propres nets corrigés du réseau s'élève à 232 milliards contre 183 milliards en 2001, soit un ratio de solvabilité de 16,43%. Les fonds propres comptables de l'ensemble des banques, estimés à partir des éléments des bilans s'élèvent à 375 milliards en 2008 et à 309 milliards en 2001, soit un taux de progression de 18,67%. En outre, le ratio moyen de couverture des risques par les fonds propres est au-dessus du minimum réglementaire de 8%. Sur les 10 banques que compte le Cameroun en 2006, 2 seulement présentent un ratio de couverture des risques par les fonds propres inférieur au minimum réglementaire de 8%, et 4 banques ont un ratio compris entre 8% et 15%. En revanche, 3 présentent un ratio supérieur à 20%. Dans le même ordre d'idées, le ratio de liquidité16(*) moyen de l'ensemble des banques s'élève à 293,5%. Une seule banque a présenté pour cette année un coefficient de liquidité inférieur au minimum requis. De plus, le coefficient de fonds propres et de ressources permanentes s'élève en moyenne à 92,64% au 31 décembre 2008. Il est largement supérieur au minimum de 50% imposé par la COBAC. En outre, le risque de crédit est faible traduisant ainsi une qualité suffisante de la réglementation. Le poids de l'ensemble des actifs douteux bruts connaît une baisse régulière, il passe de 7,46% à 5,58% entre 2001 et 2008. Dans le même temps, le taux de provision des banques17(*) passe de 91,43% à 95,13%. Cette évolution traduit sans aucun doute une amélioration de la qualité apparente des actifs bancaires. Au respect des normes s'ajoute le fait que l'activité des banques, est elle aussi en expansion (tableau 11), avec des taux variables pour chacune.
Tableau 11 : Activité et performances microéconomiques des banques au Cameroun (millions)
(Source : Rapports annuels COBAC de 2001 à 2008) En l'absence d'un marché financier développé, les banques commerciales sont les principaux vecteurs de la mobilisation de l'épargne, d'abord à cause de leur réseau assez étendu, ensuite parce qu'à travers leurs opérations normales de crédits, elles peuvent activer l'épargne oisive où elle se trouve, enfin parce que les actifs bancaires qui constituent les éléments de l'offre de monnaie sont hautement liquides et sont ainsi attractifs pour les épargnants. Plusieurs facteurs expliquent cette performance. Les banques ont diversifié leur offre de services et ont adopté des pratiques visant à accroître les commissions qu'elles perçoivent. Elles ont accru leur marge sur opérations diverses, à travers par exemple l'augmentation sans préavis des frais de tenue de compte, l'imposition d'agios sur les comptes créditeurs (ces agios sont officiellement annulés depuis 2008/2009), le prélèvement des frais divers sans contrepartie en termes de service effectif, etc. En outre, les produits de trésorerie se sont accrus, notamment sous l'effet de la surliquidité, de l'amélioration de la gestion de la trésorerie bancaire et des conditions souvent favorables de placement des excédents de trésorerie auprès des correspondants étrangers. Le rationnement du crédit sera appliqué par les banques. Le tableau 12 nous présente l'évolution du crédit à l'économie camerounaise durant la période 2001-2008. Tableau 12 : Evolution du crédit à l'économie et charges bancaires (millions) et de la marge d'intermédiation bancaire financière en % au Cameroun de 2001 à 2008
(Source : Rapports annuels des activités BEAC 2001 à 2008) De façon générale, on assiste au Cameroun à une prépondérance des financements courts, la marge sur les opérations de trésorerie a augmenté. En clair, il apparaît que le système bancaire a retrouvé la solvabilité et la rentabilité, c'est-à-dire une situation financière nécessaire au développement financier. Nous allons voir qu'il a également enregistré une diversification de l'offre de services financiers avec l'expansion du secteur de la microfinance et en dehors de tout cela la création des marchés financier et monétaire en fonctionnement de façon embryonnaire. * 16 Le minimum requis est de 100%, cela signifie que les disponibilités à vue ou à moins d'un mois d'une banque doivent pouvoir couvrir en totalité ses exigences de même terme. * 17 Celui-ci est égal à l'encours des provisions pour dépréciation des comptes de la clientèle rapporté à l'encours bruts des créances douteuses. |
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