SECTION II- DES RESULTATS
DETERMINANTS POUR LE DEVELOPPEMENT FINANCIER
Malgré une situation satisfaisante du
système financier, celui-ci est peu à même de financer le
développement. Face à la bonne santé du système
financier, la question se pose de savoir quels sont les facteurs explicatifs du
faible niveau de financement du développement (Hugon, 2007). Trois
principaux résultats peuvent être présentés en guise
d'illustration : l'assainissement du système bancaire, l'expansion
du secteur de la microfinance et l'émergence des marchés
financiers et monétaire. Avant d'examiner ces résultats, il
importe de rappeler que le développement financier est à notre
sens un processus de transformation du système financier garantissant
une utilisation rationnelle des ressources. C'est à ce titre que
l'assainissement des systèmes bancaires constitue un résultat
important, car la viabilité des banques et leur stabilité sont
des conditions indispensables au développement de
l'intermédiation financière (Anderson et Tarp, 2003). Il en est
de même de l'expansion de la microfinance, ainsi que l'émergence
des marchés des capitaux. Il s'agit d'innovations financières qui
participent à la diversification des modalités de financement,
ainsi que du développement des institutions et des instruments
financiers.
I - UN SYSTEME BANCAIRE
ASSAINI
Aujourd'hui, le système bancaire et financier
est globalement assaini au Cameroun. Il bénéficie d'une plus
grande crédibilité, en particulier vis-à-vis des
épargnants, qui sont par nature très sensibles aux
problèmes d'illiquidité et d'insolvabilité. Le
système financier est composé des banques commerciales, des
établissements financiers, des compagnies d'assurance, des
marchés boursiers embryonnaires, et des établissements de
microfinance.
1- Un secteur bancaire
surliquide et rentable
En 2006 et 2007, le secteur bancaire au Cameroun,
globalement rentable, était en situation de surliquidité du fait
notamment des dépôts à vue et des revenus liés aux
cours du pétrole. Les taux de profit du secteur sont estimés
entre 15% et 20%. Les banques réalisent leurs marges grâce aux
commissions prélevées sur les services et moins sur les
crédits, exception faite du crédit documentaire. De ce fait, on
observe des comportements de collusion entre les opérateurs.
Mais comme le système bancaire détient
l'essentiel des actifs financiers, la bonne santé du système
financier peut être illustrée à partir de la situation des
banques. En raison du problème de disponibilité des
données, nous considérons uniquement les dix banques commerciales
en activités au Cameroun en 2004. Durant la période
d'étude 2001 à 2008, le réseau des banques en
activité au Cameroun se répartit de façon inégale
comme le montre le tableau 9 suivant introduisant le nombre de personnes par
guichet.
Tableau 9 : Réseau bancaire et
population du Cameroun de 2001 à 2008
Années
|
Nombre de
banques
|
Nombre de
guichets
|
Capital social
(en millions CFA)
|
Population
(en millions)
|
Nombre de
personnes par guichet
|
2001
|
10
|
86
|
36218
|
12,7
|
109151
|
2002
|
10
|
88
|
46918
|
13,4
|
118145
|
2003
|
10
|
90
|
47180
|
14,8
|
121348
|
2004
|
10
|
96
|
48413
|
15,3
|
121832
|
2005
|
10
|
103
|
53633
|
16,5
|
138146
|
2006
|
11
|
118
|
62320
|
17,6
|
149153
|
2007
|
12
|
128
|
62320
|
18,2
|
155913
|
2008
|
12
|
128
|
84651
|
19,1
|
169167
|
(Source : construit à partir des données de
la COBAC, rapports annuels 2001 à 2008, et de la
BEAC, service de la programmation
monétaire)
Le nombre de banques agréées et en
activité au Cameroun s'élève en moyenne à 10 et le
nombre de guichets bancaires en moyenne à 105. On constate une
amélioration chaque année du nombre de personnes par guichets. Le
système bancaire s'adapte à l'évolution des populations
pour une satisfaction totale de la clientèle. Au cours de cette
période d'étude, le capital social du système va croissant
du fait simplement de la reprise de confiance faite par la population à
leur banque.
De plus, on constate que pour un système
bancaire performant, une solution pourrait ainsi consister pour les
autorités monétaires camerounaises non seulement à
créer les conditions d'une limitation du nombre de banques et une
augmentation de leur taille, mais encore celle d'une insertion des tontines,
principale composante du secteur financier informel. Celles-ci joueraient alors
le rôle de relais entre les banques et les agents économiques
à faible revenu qui sont pour le moment exclus des circuits formels de
financement (Ezé-Ezé, 2001). La structure de l'actionnariat est
largement dominée par le secteur privé (tableau 10).
Tableau 10 : Répartition du
capital des banques au Cameroun de 2001, 2002, 2003 et 2005
Années
|
Capital social (millions de CFA)
|
Part du secteur public (%)
Etat Parapublic Total public
|
Part du secteur privé (%)
Nationaux Etrangers Total privé
|
2001
2002
2003
2005
|
36218
46918
47180
53633
|
10,51 0,77 11,28
10,51 0,77 11,28
10,51 0,00 10,51
9,8 0,0 9,8
|
34,16 54,56 88,72
36,23 52,49 88,72
34,47 55,02 89,49
33,30 56,90 90,20
|
(Source : construit à partir des données
de la COBAC, Rapport annuel 2001, 2002, 2003, 2005)
La part du capital des banques détenue par le
secteur privé entre 2001 et 2005 est passée de 88,72% à
90,20%. Le désengagement de l'Etat du secteur financier est bien
illustré au 31 décembre 2005 passant de 11,28% à 9,8%. A
cette date, les pouvoirs publics détiennent seulement 10,51% du capital
social cumulé des banques et ne sont plus l'actionnaire principal que de
3 banques sur les 10 en activités. Par ailleurs, on constate que d'une
manière générale, les banques présentent
aujourd'hui une bonne structure financière. En effet, d'après le
système de cotation développé par la COBAC (système
SYSCO) en vue d'apprécier la situation financière des banques, 2
banques présentent une situation financière solide (cote 1)
à fin 2008, contre 0 en 2001 ; 7 ont une situation
financière bonne (cote 2) contre 6 en 2001. Il n'existe que 2 banques
qui ont une situation financière fragile (cote 3) et 1 autre une
situation financière critique (cote 4). En bref, à la fin de 2008
tout au moins, plus de 75% des banques en activités n'inspirent pas de
confiance.
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