2. L'insertion, de quoi parle t-on ?
Cette notion aussi polysémique que polémique
draine avec elle une réflexion scientifique qui amène rapidement
les chercheurs sur les pas de Émile Durkheim et de son concept
d'intégration qu'il déclina comme une caractéristique
collective et non individuelle. Ainsi pour lui « un groupe ou une
société sont intégrés quand leurs membres se
sentent liés les uns aux autres par des croyances, des valeurs, des
objectifs communs, le sentiment de participer à un même ensemble
sans cesse renforcé par des interactions
régulières.1 Tandis que selon l'interprétation
qu'en fait M. Loriol l'insertion vise les individus exclus du modèle
social intégré.
Si l'idée de solidarité organique peut
prétendre à une meilleure compréhension de la vision
durkheimienne, il s'agit tout de même de situer l'insertion dans le
contexte qui lui incombe. On ne peut par exemple faire l'impasse sur le
débat politique qui concerna l'immigration de passage à une
immigration de peuplement. Car c'est bien dans ce débat qu'apparut pour
la première fois le terme d'insertion qui venait remplacer celui
d'assimilation, jugé politiquement incorrect dans ce qu'il portait de
colonialiste. On le retrouve aussi dans les tentatives de
désinstitutionnalisation des maladies mentales. Mais c'est dans un
arrêté de 1972 concernant les clubs et équipes de
prévention qu'il apparaît pour la première fois dans un
texte officiel2. On parle à l'époque d'une insertion
sociale. L'insertion est donc « essentiellement pensée comme un
dispositif s'adressant à des personnes à normaliser en vue d'une
adaptation à la vie professionnelle et sociale. »3 Puis
on retrouve la notion en 1981 dans le célèbre rapport de Bertrand
Schwartz sur l'insertion professionnelle et sociale des jeunes. En
décembre 1988 la loi « relative au revenu minimum d'insertion et
relative à la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale et
professionnelle »est votée. Depuis l'enjeu politique est de taille
puisqu'il est intégré aux programmes des candidats aux
sièges locaux ou national.
De la même façon on ne saurait traiter ce point
sans faire référence aux lectures scientifiques d'une telle
notion. Nous parlons de lectures au pluriel afin de mettre en exergue les
dimensions attachées à ce qu'il convient d'appeler une
problématique. Ainsi l'économie rend compte des changements dans
les formes d'emploi, la sociologie des
1 Marc Loriol, Qu'est ce que l'insertion ?, Proposition pour
la formalisation théorique d'une notion pratique, in Marc Loriol
(Dir.),Qu'est-ce que l'insertion ?, Entre pratiques institutionnelles et
représentations sociales , l'Harmattan, Paris, 1999, p.7
2 Arrêté du 4 juillet 1972 relatif aux clubs et
équipes de prévention, Art. 5 : Agrément
préfectoral des organismes menant une action éducative
d'insertion sociale auprès des jeunes
3 Marc Loriol, Qu'est ce que l'insertion , op. cit.,
p.11
incidences sur les rôles sociaux et encore la
psychologie ou tout du moins la psychosociologie sur la question de l'estime de
soi ou de la « dépréciation de soi »1. Bien
sûr les frontières proposées ici sont beaucoup plus floues
qu'il y paraît, et les thèmes traités le sont de plus en
plus sous un angle pluridisciplinaire. Nous ne prendrons pas ici le temps d'en
dresser l'état. Nous nous appuierons essentiellement sur des propos
inscrits dans des analyses sociologiques. Il est à ce sujet bon de noter
que les sociologues ont eut à se préoccuper de cette
problématique dans le cadre « d'évaluation de politiques
publiques ou de pratiques sociales. »2, ce qui implique de
définir cette notion.
Il est convenu que « la notion d'insertion est venue se
substituer à celle d'intégration dans le champs politique quand
on a commencé à parler du chômage d'exclusion. »3
Effectivement qu'on parle de transformation, de déclin ou encore de
crise; sans prendre parti dans ce débat nous pouvons affirmer qu'il y
eut bien avec la fin des trente glorieuses un effet de rupture fortement
marqué au niveau socio-économique. On assista à une
véritable mutation du marché du travail, la notion de
compétence fît son apparition reléguant à
l'obsolescence le modèle taylorien-fordien, le contrat de travail
classique dans lequel le salarié n'a qu'un seul employeur à
durée indéterminée, à plein temps et ouvrant droit
aux droits et protections sociales fît place à l'emploi
fragilisé, aux licenciements, aux CDI à temps partiel, à
la flexibilité. L'insertion devint alors l'action individuelle
évoquée plus haut. Il s'agit dorénavant de distinguer la
portée de la politique, l'une est globale s'adresse à toutes et
tous : l'école, la culture, les loisirs, le travail pour tout le monde;
l'autre est ciblée s'adresse à ceux et celles qui sont «
inintégrables »4. Cette distinction n'est pas sans
rappeler l'idée d'une construction de l'action publique quasiment
bipolaire : assurance versus solidarité.
C'est de cette même endémie du chômage,
touchant par ailleurs de plus en plus de jeunes, qui, à l'issue du
rapport B. Schwartz, institue en 1982 les Missions Locales tournées vers
les jeunes de 16 à 25 ans Ce rapport préconisait une politique
d'ensemble concernant « la qualification des jeunes, le
développement de l'alternance et du tutorat en entreprise et la
mobilisation de toutes les ressources pour offrir des réponses
adaptées dans tous les domaines : formation et emploi, loisirs,
santé, logement, culture »5. Cette action globale
basée sur l'individu et l'ensemble des acteurs et partenaires locaux,
est une
1 Ginette Herman (al.), Regards psychologiques, in Georges
liénard (éd.), L'insertion : défi pour l'analyse,
enjeu pour l'action, op. cit., p. 52
2 Christine Jaminon, Regards sociologiques, in Georges
liénard (éd.), L'insertion : défi pour l'analyse,
enjeu pour l'action, 2001, Mardaga, Liège, pp. 22-34, p. 23
3 Chantal Nicole-Drancourt, laurence Roulleau-Berger, L'insertion
des juens en France, PUF, Paris, 1995, p. 19
4 Robert Castel, Les métamorphoses de la question
sociale, op. cit., p. 677
5 Yves Auton, 25 ans d'action commune de l'Etat et des
collectivités, Vite Diij n°39 juillet 2002
politique d'insertion qui délimite une catégorie
de personnes à insérer dans une société qui ne
semble être en mesure de les intégrer, en agissant directement sur
les usagers, ou encore un « traitement individuel à
caractère thérapeutique »1 visant à
guérir des malades « imaginés » Les dispositifs
d'insertion « travaillent à les mettre en quelque sorte aux normes
de l'employabilité : on travaille sur les CV, on prépare aux
entretiens, on remet à niveau, etc. »2 . On comprend
ainsi la guerre des CV avec ou sans photo, et encore certains conseils
d'abandon du patronyme ou de l'adresse stigmatisante.
La loi sur le RMI revue et corrigée à diverses
reprises, signe, pour l'insertion, « son couplage à la notion
d'exclusion. Ces deux termes, dans leur usage courant, semblent donc
adossés à une société clivée,
traversée par une fracture séparant les in et les
out... »3 Les in n'étant pas toujours les
salariés, ils peuvent être simplement allocataires du
chômage. Là aussi on retrouve les deux régimes qui
s'opposent, de la même façon que pour les exclus, ceux et celle
qui ne peuvent s'adapter aux changements socio-économiques sont le coeur
de l'action publique avec cependant une particularité grandissante
qu'est celle du contrat qui lie l'individu à l'État.
« Toute personne résidant en France dont les
ressources, au sens des articles 9 et 10, n'atteignent pas le montant du revenu
minimum défini à l'article 3, qui est âgée de plus
de vingt-cinq ans ou assume la charge d'un ou plusieurs enfants et qui
s'engage à participer aux actions ou activités
définies avec elle, nécessaires à son insertion
sociale ou professionnelle, a droit, dans les conditions prévues par la
présente loi, à un revenu minimum d'insertion. »4
Cet engagement du bénéficiaire qui tend à
convoler vers la sommation est au coeur des pratiques d'insertion desquelles
découlent une dichotomie forte qui traverse pratiques, politiques et
sciences. D'un côté une logique d'insertion par le travail, de
l'autre par la citoyenneté. Ce débat n'est toujours pas
clôt. D'ailleurs D. Castra nous en livre une anecdote fort
intéressante. Il note que le rapport de B. Schwartz s'intitulait «
l'insertion professionnelle et sociale » des jeunes et non l'inverse comme
l'emploient beaucoup d'auteurs ou de praticiens. Il voit en cette inversion une
modification de la nature de l'insertion, en inversant l'ordre des mots , on
inverse l'ordre des priorités. Pour lui c'est bien à travers
l'insertion économique que se réalise l'insertion sociale. Il
s'appuie sur l'idée de R. Castel d'une insertion qui, n'étant
tournée que vers le social, impliquerait une
1 Marc Loriol, Qu'est ce que l'insertion , op. cit.,
p.20
2 Nicole Carlier, Qui veut l'insertion, in Bernard Charlot (al),
Les jeunes, l'insertion, l'emploi, 1998, PUF, Paris, pp. 69-74, p.
73
3 Denis Castra, l'insertion professionnelle des publics
précaires, op. cit, p. 11
4 Loi n°88-1088 du 1 décembre 1988 relative au revenu
minimum d'insertion. Art. 2
« condamnation à l'insertion perpétuelle
»1. De leur côté J. Ballet et S. Adjerad plaident
davantage pour une insertion au primat social. Pour mieux comprendre la
complexité du débat, nous nous appuierons sur les travaux de C.
Jaminon qui propose un examen de l'insertion à travers l'analyse du
concept sociologique originel qu'est l'intégration. Elle se rapporte
pour cela à trois paradigmes sociologiques : le fonctionnalisme qui dans
sa forme simplifiée emprunte aux sciences de la nature les concepts qui
décrivent la société moderne (en opposition à
traditionnelle - mécanique) « comme un tout (l'organisme) dont
chaque partie ne peut être comprise que si elle rapportée à
cette totalité »2 ici ce sont les actions
coordonnées qui assure la vie en société, la
cohésion sociale ; la sociologie marxiste ou devrions nous plutôt
parler d'une sociologie du conflit social qui renvoie aux mouvements sociaux,
à la classe ouvrière puisqu'il n'existe pas de sociologie
marxiste mais des principes régis par « des antagonismes et des
tensions qui trouvent leur expression dans des luttes ouvertes.
»3; et enfin le constructivisme qui envisage la
réalité comme une construction permanente, c'est-à-dire
des processus sans cesse en action.
Donc selon l'auteur dans une vision fonctionnaliste de notre
notion, il apparaît que la socialisation présente toutes les
conditions de l'intégration en ce qu'elle est le vecteur essentiel de ce
qui relie les individus à un tout social. Ce processus en oeuvre est
avancé comme un élément d'équilibre social dans
lequel chacun à sa place, donc la structure sociale intègre de
fait, responsabilisant ainsi les non-intégrés. La socialisation
est aussi l'anti-chambre du deuxième paradigme. Cependant l'état
final est pour le marxisme déterminé par la place des agents
socialisateurs qui sont divisés en deux catégories, les
détenteurs de ce que P. Bourdieu appelait les capitaux et les autres
détenteurs de la force de travail, les premiers s'assurant par la
socialisation de la reproduction des places et les seconds assurant
l'incorporation de la place tenue au travers de ce que le même auteur
appelait l'habitus. Enfin dans une vision constructiviste, le
dépassement des dualités des deux premières permet
d'inscrire les processus à l'oeuvre dans une temporalité plus
vaste qui renvoient à des « réalités sociales tout
à la fois objectivées et intériorisées
»4. Objectivées au sens premier, c'est-à-dire du
langage à l'institution, intériorisées de la même
façon de la perception à la représentation,
c'est-à-dire un processus sans cesse en action qui n'est pas
défini par la reproduction mais par la transformation
perpétuelle. Ainsi pour C. Dubar :« l'identité sociale n'est
pas transmise par une génération à la suivante, elle
est
1 Robert Castel, Les métamorphoses de la question
sociale, op. cit., p. 431
2 Jean-Pierre Durand, Le fonctionnalisme, in Jean Pierre Durand,
Robert Weil, Sociologie contemporaine, Paris, Vigot, 2006, p. 125
3 Patrice Mann, in André Akoun, Pierre Ansart,
Dictionnaire de la sociologie, Le Robert, Seuil, Paris, 1999, p. 102
4 Christine Jaminon, Regards sociologiques, in Georges
liénard (éd.), L'insertion : défi pour l'analyse,
enjeu pour l'action, op. cit, p. 30
construite par chaque génération sur la base des
catégories et des positions héritées de la
génération précédente mais aussi à travers
des stratégies identitaires développées dans les
institutions que traversent les individus et qu'ils contribuent à
transformer réellement. »1 B. Charlot et D. Glassman offrent une
métaphore qui convient fort bien à la synthèse du propos.
Pour eux « dans une telle figure de l'accès au travail
[conquête d'un travail, adaptation au monde du travail,
nécessité d'expérience professionnelle], le
problème posé par l'insertion n'est plus d'articuler des espaces
dissociés ni de trouver sa place dans un puzzle mais de se construire
comme sujet dans un espace fluide et dans un temps précaire. »2
Nous retiendrons pour notre part l'insertion comme un
processus complexe, mais aussi comme son résultat. Un processus complexe
parce qu'il s'agit d'une transformation inscrite dans l'espace et dans le
temps, c'est-à-dire une transition entre deux états que
considèrent l'inactivité et l'activité dans une biographie
socio-culturelle inscrite dans un territoire aux réalités
socio-économiques plurielles. Mais aussi son résultat, parce
qu'une politique d'insertion vise des objectifs opérationnels,
c'est-à-dire à un état final qui « évoque une
participation normale à la vie de la cité et tout
particulièrement au plan des rôles économiques (production
et consommation) et sociaux, voire médico-sociaux (habitat,
santé, citoyenneté). »3 Nous conserverons
à l'esprit que c'est « une forme d'intervention correctrice voulue
par la collectivité et qui ne vise que des publics bien particuliers,
même si l'adhésion de l'individu est recherchée, notamment
par une prise en compte de son projet personnel. »4 En effet en
rapportant cela au public qui nous occupe, le jeune est « apparemment
libre, à travers le projet qu'il se voit incité à
élaborer, de s'inventer comme sujet au travail ; il est en fait
obligé de se construire une subjectivité qui le rend employable.
»5 ce que G . Mauger appelle autrement « l'inculcation
d'habitus flexibles. »6
Pour conclure sur le sujet, nous avons vu qu'en près
d'un demi-siècle l'insertion avait subi ce que le même auteur
appelle « deux âges »7, un premier visant
l'incapacité à travailler de différents publics
(handicapés, délinquants, inadaptés,etc.), une insertion
éducative ; un second âge qui fait prévaloir la mise au
travail au sens d'une insertion par l'économique. Mais ce passage est
aussi l'occasion de réunir sous une même appellation
1 Claude Dubar, La socialisation, A. Collin, Paris, 2005, p.
122
2 Bernard Charlot (al), Les jeunes, l'insertion, l'emploi,
op. cit., p. 23
3 Denis Castra, l'insertion professionnelle des publics
précaires, op. cit, p. 10
4 Jacques Donzelot, cité in Marc Loriol, Qu'est ce que
l'insertion , op. cit., p.31
5 Bernard Charlot (al), Les jeunes, l'insertion, l'emploi,
op. cit., p. 25
6 Gérard Mauger, Les politiques d'insertion, Actes de
la recherche en sciences sociales, Année 2001, vol 136, pp. 5-14,
p. 13
7 Ibid. p. 5
deux types de publics, les personnes souffrant de handicaps
moteurs et celles relevant de ce qu'il est courant d'appeler handicap social.
Doit-on y voir une avancée en ce que ceux et celles qui jadis
étaient relégués dans les hospices gagnent aujourd'hui le
droit à travailler1 inscrit dans la constitution depuis 1958
, ou un nouveau mode de traitement de l'anormalité de ces inutiles au
monde, ou encore avec G. Mauger, une délimitation « des population
d'exclus du travail vouées à l'insertion et des populations
exclues de l'insertion vouées à une sous-insertion, etc.
»2 Cette dernière hypothèse est largement
corroborée par les politiques et dispositifs engagés par les
divers gouvernement. Nous conviendrons que le Contrat Emploi Solidarité
ne touche pas le même public que les Emplois Jeunes ou les Emplois
Protégés. Peut-on pour autant les hiérarchiser ?
Pour notre recherche cette hiérarchisation
n'apparaît pas nécessaire. Aussi nous préférerons
tenter une approche par l'état visé, c'est-à-dire l'avenir
ou plus modérément l'après insertion.
A la lecture des textes de loi qui visent l'insertion, aucune
n'échappe à la projection nécessaire du
bénéficiaire. Cette injonction à la projection suppose de
telles capacités. D. Castra relève que souvent pour les
professionnels de l'insertion, « c'est justement parce que les individus,
du fait de la situation où ils se trouvent éprouvent
d'importantes difficultés à se projeter dans le futur qu'il faut
d'autant plus les aider à le faire. »3 Mais pour lui il
ne fait pas de doutes que le futur est affaire d'horizon cognitif et qu'en ce
sens l'injonction à la projection ne peut être l'outil universel
de l'insertion. Pourtant la question du futur est centrale dans tous les
dispositifs, et même l'orientation qui se veut être une phase
préparatoire de l'insertion repose sur la capacité individuelle
de projection. Et bien que ce ne soit pas l'outil pédagogique le plus
adapté, il reste le plus utilisé. D'ailleurs J.P. Boutinet nous
livre dans son ouvrage sur le projet un point de vue fort intéressant
:
« (...) le concept de projet permet aux individus
parvenus à un certain stade de leur existence d'anticiper la
séquence suivante face à un affaiblissement voire à une
disparition des rites traditionnels de passage. Il sert donc à
définir les conditions de choix et d'orientation qui se posent aux
étapes clé de l'existence (...) Le projet suit alors les
âges de la vie en s'efforçant de préformer l'âge
subséquent. »4
1 Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour
l'égalité des droits et des chances, la participation et la
citoyenneté des personnes handicapées
2 Gérard Mauger, Les politiques d'insertion, op.
cit., p. 12
3 Denis Castra, l'insertion professionnelle des publics
précaires, PUF, Paris, 2006, p. 90
4 Jean-Pierre Boutinet, Anthropologie du Projet, op. cit., p.
80
Nous laisserons le soin aux psychologues d'en étudier
le pan qui leur est propre et nous appliquerons à en étudier les
enjeux du point de vue sociologique sur le champ imprécis de la
jeunesse.
L'insertion est ce processus inscrit entre deux statuts
sociaux dévoués à deux situations, que sont le travail et
le chômage ou plus précisément dans le cas de jeunes la
scolarité et le travail. L'insertion renvoie à la fois à
la fonction sociale de l'État par le biais de politiques visant à
permettre à chacun de trouver sa place dans une société
salariale. Ce qui suggère que le travail reste la valeur centrale de la
société. Mais l'insertion renvoie aussi à un segment de
vie plus ou moins long qui nécessite, l'identification d'un avenir
à court ou à long terme, et la construction des
éléments d'employabilité, le tout présupposant les
conditions sociales d'existence d'un tel rapport au temps.
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