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Analyse comparée de l'évolution de la fonction achat

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par Salem Ben Brahim
Université Paris I - DEA 1985
  

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Conclusion sur l'analyse des documents de "D"

L'organisation de la fonction achats dans l'entreprise "D" a tres peu evolue, excepte la creation du service achats. La place de la fonction est secondaire, ses activites sont essen-

tiellement administratives, son role est de lancer les commandes a aupres des fournisseurs designes par les utilisateurs. Le "service achats" ne dispose pas des moyens necessaires pour revaloriser sa place dans l'entreprise et faire evoluer son role.

L'intention de la direction generale de mettre en place des nouvelles procedures d'achat et une nouvelle organisation a ete bloquee pour le refus des utilisateurs qui tiennent a conserver le role et le pouvoir qu'ils detinnent. Ces responsables doivent etre sensibilises et amenes a reflechir aux nouveautes organisa-

tionnelles et procedurables a adopter pour ameliorer le fonctionne
· ment des activites d'achat. Notons que les remarques qui precedent confirment les souhaits des acheteurs concernant les moyens,

le pouvoir et les contraintes qui constituent un handicap a l'evolution de leur fonction.

Conclusion sur l'analyse documentaire:s1q7HesE

L'analyse que nous venons de mener sur les trois entreprises "A", "C" et "D", nous a montre l'existence d'ecarts organisationnels entre ce qui est prescrit dans les documents internes

aux entreprises et ce qui a ete observe. La fonction a fres peu evolue, voire meme stagne. Cette relative stagnation de la fonction achat semble etre dOe a deux principaux facteurs : la faible pression exercee par un environnement relativement stable et poussant au maintien du statu-quo et la resistance aux changements manifestee par les responsables, en particulier des techniciens,

pour maintenir le pouvoir de decision et de contrale qu'ils exercent actuellement sur les activites d'achat. Nous pouvons affirmes sans risque d'erreur que la plus part des facteur poussent au maintien de la situation heritee du pass-6e et qu'il y a absence de facteurs agissant pour faire -valuer la fonction achat. Les facteurs internes a l'entreprise ont ete longuement

analyses dans les paragraphes precedentes. Nous avons choisi de ne pas les reprendre pour eviter les repitions. Nous detaillerons par contre dans ce qui suit les principaux facteurs, externes aux entreprises, constituant un handicap a l'evolution de la fonction achat dans les entreprises tunisiennes :

- la protection de la production nationale contre les importations concurrentes ; Elle se fait par le contingentement ou l'interdiction d'importations(t).Cette protection a engendre deux effets : une faible stimulation du producteur a rechercher une compression des coats et une amelioration de la qualite du produit protégé et la reduction du champ de prospection et des possibilites d'achat et de choix pour les acheteurs. Ainsi les contraintes l'achat ont tendance a augmenter et la zone de prospection et

de rechercher des fournisseurs a tendance a se retrecir pour se reduire progressivement au seul march-6 local. Le produit offert localement, generalement par un seul fournisseur local, est le seul disponible sur le march@ et l'acheteur n'a aucun choix a faire . Il est condamne a s'edapter et a s'accomoder a un fournisseur unique, offrant un seul produit et imposant toutes ses conditions techniques, commerciales et financieres.

- Le systeme de calcul des marges beneficiaires, systeme advolorem, incite les entreprise a gonfler les coats pour accroitre les marges beneficiaires (x) I1 n'incite pas a la maitrise des coats des inputs et des flux des produits entrant et ne motive par consequent a la reduction de la rerive des prix. Ce systeme

a gener6 une attitude d'acceptation passive des conditions

(t) VIemePlan de developpement economique et social de la republique Tunisienne (T.1, p.258)

(x) VIeme Plan , op. cite.

imposees par les fournisseurs locaux. Cette attitude est d'autant plus passive et permissive pour les entreprises exclusivement orient-6es vers le marche local. Les entreprises exportatrices recourent a un systeme de "subvention des produits exportes par les produits distines au marche interieur pour repercuter et repartir les coats excessifs des matieres et produits achetes localement. C'est le cas d'une entreprise metallurgique qui commercialise un meme produit a deux prix differents (500D la tonne a l'exportation et 950D la tonne pour le march-6 local) pour amortir la difference de prix sur la matiere premiere qu'elle ne peut acheter de l'etranger (environ 3000 la tonne sur le marche international contre 500D la tonne en TUNISIE). Ainsi le regime des prix et la marge ad-valorem n'incitent pas a la maitrise des coats, puisque la marge beneficiaire de l'industriel est d'autant plus importante que ses coats sont plus "Cleves,

et a une gestion rigoureuse des achats.

- Le faible degre de concurrence auquel sont soumises

les entreprises tunisiennes : La grande majorite des entreprises distinant leurs produits au marche local benefice d'une protection exageree soit par la politique d'agrement (tout projet industriel doit au prealable etre agree par l'A.P.I. pour etre realise) soit par le contingentement des importations. Elle se trouvent souvent en situation de monopole de fait. Seules quelques entreprises, sont confrontees a une concurrence, tress limitee sur le marche local et importante sur les marches strangers. Les entreprises subissent la concurrence sur le marche local finissent

soit par se partager le marche, soit par s'entendre sur une coexistence pacifique(1). Les lois du march-6 concurrentiel ne jouent pas, ainsi, pleinement. Quant, aux entreprises exportatrices, elles sont soit des filiales d'entreprises etrangeres ayant une large experience dans le jeu concurrentiel, soit des entreprises tunisenneslprivees ou nationales, beneficiant de l'aide

(1) La coexistence pacifique et le partage du marche sont souvent les resultats d'une concertation inter-entrenrises pour s'assurer une coexistence harmo-

nieuse. On se retrouve ainsi dans des marches concertos on domestiques fonctionnant selon une procedure centralisee exante des'activites economique P. Joffre et G. Koenig ont fait le pAipt dans un article recent, des diffErentes formes de cooperation et d'alliance inter-entreprise:"strategies de cooperation et d'alliance inter-entreprises", Enseignement et gestion,

nouvelle serie n° 31 - Automne 1984 - pp. 67-73i20-

et du soutien des pouvoirs publics (1). Ces dernieres arrivent difficilement a surmonter la concurrence des entreprises etrangeres malgre l'importance de l'appui que leur apportent les pouvoirs publics tunisiens : subventions, exhonerations traitements preferenciels, soutien financier,... Le faible degre concurrentiel sur le march-6 interieur s'explique d'autre part par son exiguite et sa faible capacite d'absorption et par le faible nombre et la modestie de la taille et de la capacite de production des entreprises offrant des produits identiques.

- L'inhexistence de cycles de formation, specialises, destines a de futurs acheteurs ou aux acheteurs en activite : aucune institution de formatique (x) ne prevoit des programmes specifiques a la formation d'acheteurs. Aucun cours n'est consacre exclusivement a la fonction achat contrairement aux autres fonctions de l'entreprise telles que le marketing, la finance

et la comptabilite. Seuls des aspects techniques et financiers de la gestion des stocks sont generalement abordes dans les cours de gestion de la dproduction.

(1) VIeme Plan de developpement economique et social de la Tunisie.

( x) Quatre institutions d'enseignement superieure ont chacune une section d'enseignement et de formation a la gestion des entreprises (il s'agit de l'I.S.G. de Tunis, de l'I.H.E.C. de Tunis, de la F.S.E.G. de Sfax et de la F.D.S.P.E. de Tunis) mais aucune n'offre des programmes specialises portant sur la fonction achat.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry