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Analyse comparée de l'évolution de la fonction achat

( Télécharger le fichier original )
par Salem Ben Brahim
Université Paris I - DEA 1985
  

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escl;con LQA-,02-d

LtN\ ts GeA,,szk
·

t.t.` - 121 -

I. Analyse des declarations des acheteurs

Comme it a ete déjà annonce les responsables des services d'achats se plaignent de la non evolution de leur fonction dans l'entreprise, de leur role, de leur statut, de leur image dans l'entreprise... Its attribuent l'immobilisme de leur fonction au faible degre hierarchique de leur fonction par rapport aux

fonctions commerciale , de production et financiere et a l'importance exageree qu'accorde la direction generale aux techniciens et a leur point de vue. L'insuffisance des moyens alloues aux acheteurs (moyens humains, moyens organisationnels et moyens materiels) et leur faible degre d'evolution, laise la fonction achat comme une fonction secondaire, consider-6e comme "centre de coats", dont le role est essentiellement administratif. Ce role administratif est confirme dans certains cas par le rattachement de la fonction a

un "departement administratif" comme le montre l'exemple de la sac-ie.-Le C.

Les acheteurs deplorent le statu-quo (evoque ci-dessus) malgre l'evolution de leurs activites tant du point de vue qualitatif (achat de nouveaux produits, contacts de nouveaux fournisseurs, problemes nouveaux, etc) que du point de vue quantitatif
(augmentation du niveau d'activite comme le montre le tableau ci-dessous)

Evolution des activites de la fonction achats

----1 ItI

Societe A " Societe B ' Societe D.

-T1---- T-

G r a n d e u r s au 1.12 1980 1983 i ; 1980 1983 1980 1983

-4-4 -!-

Nomb re de denandes ! 17 ! 29

, 5372 6297 ! 1040 1163 (A.0.)!(A.0.)

d' achat

! !

Montant des

814275 4350 5783 4712'6833

achats (en 10004) 9Qi4~

) 1 FF

- Appel d'offres

Le tableau ci-dessus montre que les unites chargees des taches des achats Went des affaires de plus en plus impor-

tantes en valeur et en nombre. La charge de travail des acheteurs est ainsi croissante. Les moyens et outils de travail sont eux constants. Il resulterattot ou tardIde cette disproportionnalite entre les moyens de travail et la charge des effets negatifs sur / la qualite du travail des acheteurs et des performances qu'ils realisent (mauvaise preparation des dossiers, erreurs, insuffisance de traitement des affaires, retards dans l'execution des taches, surcharge de travail,...), Cette situation s'est traduite dans certaines entreprises, comme A et C, par l'augmentation des demandes d'achat urgentes. En effet, les services demandeurs, ont

tendance a surestimer l'urgence de leurs demandes en produits externes pour accelerer les procedures d'achat et eviter les retards dans leur satisfaction. Les demandes d'achat urgentes representent en moyenne entre 20 et 30 % des demandes totales annuelles. D'autre part, la disproportionnalite entre les moyens
et la charge de travail des acheteurs est en partie a l'orijine d'un grand nombre de litiges avec les fournisseurs. Notons que sur 15 commandes, en moyenne une commande fait l'objet d'un litige fournisseurs. Mais les acheteurs rejettent la responsabilite des litiges sur les techniciens et en particulier a l'insuffisance

des specifications.

Les methodes et techniques de travail utilisees par les acheteurs sont les memes depuis quelques annees. Ces methodes

sont trad-itionnelles, et peu diversifiees. Les techniques documentair-es (tenue fichiers et documentation technique) sont manuelles. La wise a jour de cette documentation nest pas systematique. Les changements dans les coordonnees d'un fournisseur ou dans la gam-me des produits qu'il fabrique ne sont pas automatiquement reproduits sur la fiche du fournisseur concerne. Nous avons observe

un manque d'interet a la documentation, a sa tenue et a son actu-

. . . .

rem-lies et ne sont pas convenablement, classees.

alisation.. Les Fiches ne sont pas tenues avec coin, re sont pas comp letement.

Les outils et methodes d'analyse et de travail, sont elles aussi classiques et n'ont pas ete modifies depuis plusieurs annees. Le depouillement des offres des fournisseurs se fait sur la base

de peu de criteres, lesquels criteres sont rigides et concernent essentiellement les aspects financiers. Les techniques d'analyse des prix et des offres sont statiques et ne permettent pas de suivre revolution de la structure des coOts chez les fournisseurs. Elles ne constituent pas une aide a la negociation avec les fournisseurs. Elles n'integrent pas des facteurs a long terme et des aspects strategiques. Les techniques d'analyse de la valeur ne

sont pas utilisees dans toutes les entreprises etudiees. Les methodes de suivi des commandes et des relations avec les fournisseurs

seurs sont rudimentaires et ne permettent pas une eva.luation permanenteet systematique des realisations. Les objectifs imposes aux acheteurs les contraignent a ne pas changer de methodes de travail et a privilegier la resolution des problemes immediats. Les achats sont ainsi geres selon une vision a court terme. On remarque l'absence d'utilisation des techniques de programmation et de planification des activites et des methodes d'analyse multicriteres... Ceci est du a l'insuffisance des qualifications professionnelles des acheteurs et a l'inexistence de centre specialises dans la formation continue pouvant permettre aux acheteurs de s'initier aux techniques modernes d'achat.

La participation des acheteurs a la prise des decisions

et a l'elaboration des plans strategiques demeure faible et non importante. Ils ne sontPssocies au management de l'entreprise et a la reflexicn sur les projets A mettre en oeuvre. Les dirigeants ne scuhaitent/leur donner un role plus actif et les intecrer dans les comites ad-hoc. Plusieurs raisons sont avancees
par les acheteurs

- Les premiers responsables ne sont pas conscients de l'importance strategique des achats qui concernent plus de 50% des depenses de 7'entreprise. Les conditions du marche interieur n'ont as favorise is prise de conscience de l'importance des
achats dans l'entreorise industrielle. Les dirigeants continuent

"depensiere", comme un "centre de touts". Cette vision est concretisee par la volonte des responsables de comprimer les coats et de choisir les fournisseurs les "moins disant". La fonction est ainsi geree comme un "mal necessaire".

- Le fonctionnement des commissions des marches ou comites d'achats marginalise le role des acheteurs. En effet, le role du comite d'achat consiste souvent a officialiser les voeux d'un membre influent,tel que le President Directeur General ou le
Directeur General Adjoint. Un acheteur nous declara que son

role consiste a justifier les choix recommandes par ses superieurs hierarchiques, choix tiennen?Ittfte de considerations non
objectives et non impersonnelles. Les criteres effectifs des decisions d'achat incorporent des aspects subjectifs et personnels et le role de l'acheteur est de les camoufler et de les maquiller. Ainsi, les decisions d'achats ne sont pas rationnel-

les et ne sont pas basees sur des criteres scientifiques visapt a ameliorer la competitivite des entreprises.

- La faiblesse des effectifs des acheteurs est un motif

invoque pour expliquer le faible statut des responsables de la fonction achats. Comment mettre un directeur a la tete de 10 ou

a naernar 17.net. '

15 acheteurs alors qu'un directeur a sous sa responsabilite plus de 40 employes'; nous declara un autre acheteur. Puisque l'effectif des acheteurs evolue lentement et que les acheteurs

cadres superieurs sont inexistantsetil est difficile poorle responsable des acheteursd'accederrapidement au poste de directeur des achats.

- La formation des acheteurs est une autre raison qui

est invoquee par les acheteurs eux memes. Un ingenieur, venu aux achats, par pur hasardrexplique, lui, le faible degre de parti-
cipation des acheteurs ainsi que la non-evolution de leur role

par l'insuffisance des qualifications et des aptitudes des

acheteurs. Les acheteurs ont en 'general effectue quelques

annees d'etudes au secondaire (4 i f au. en moyenneif). Its n'ont recu aucune formation particuliere dux techniques d'achat, la formition continue er.a'f0: ,)ratiquenient :nte en Turisle. les

actuels responsables ichats, sont ,-;o vent des anciens ache-

- ;25-

teurs, promus a la responsabilite apres une dizaine ou une vingtaine d'annees d'experience. "Comment ces responsables peuventils faire valoir leurs arguments? de quel savoir vont-ils tirer cette argumentation ? Comment peuvent- ils constituer un contrepoids face aux techniciens ? Comment peuvent-ils negocier avec les fournisseurs ? Comment peuvent-ils participer a la definition des specifications des produits ? ...", telles sont les questions que notre interlocuteur nous a pose . D'ailleurs, notre inter-
locuteur, affirme rencontrer plusieurs difficultes pour faire

valoir son argumentation et dejouer les abus des techniciens et des

financiers. Il nous declara que sans son experience dans la pro,

duction et sans la connaissance des produits qu'il achete, it n'aurait pas pi] s'imposer a tous les autres responsables et jouer le role qui lui revient actuellement, Il estime avoir gagne la

confiance de la direction generale et affirme que rien ne peut plus etre fait sans lui. Nous avons demande a notre ingenieur - responsable des achats, s'il est en train de preparer ses acheteurs a mieux participer aux decisions d'achats.Il nous a repon-
du qu'il est en train de les former, sur le tas et par des stages a l'etranger (avec des moyens tres limites)pour les preparer a assumer

des resbonsabilites entieresochacun dans son marche. Notre interlocuteur a commande a un bureau-conseil, une etude sur l'organisation des achats et un projet d'informatisation des taches administratives. Il projette s'equiper de moyens informatiques autonomes (micro-ordinateur*. 'La fonction achats dans mon entreprise passe par une profonde mutation", nous declara-t-il. Ce qu'il faut, faire avant tout, selon lui, c'est chagner l'idee que les autres ont de la fonction achats. "Je dots les convaincre que nous pouvons faire des benefices comme le font les vendeurs. Mais ceci demande beaucoup de temps et beaucoup de patience car ce sont les

esprits et les idees qu'il faut faire evoluer. tine fois ceci est acquis, je demanderai plus de moyens 2t une plus grande participation dans les activites d'achat. 'dais, i faut travailler en

equ'ioe et collaborer avec tous les secvlce ,oncernes par les

achats". I I poursui t son di scours pour rwiner en affirrn.ant

que la tuni'tifm 81'h(0. e f n,. (if sciplinaire et

que l'acheteur doit etre un "technico-commercial" maitrisant les aspects financiers et juridiques des contrats commerciaux. En ce qui concerne, notre acheteur, it nous decalara, qu'il s'est déjà mis pour s'initier aux aspects commerciaux, financierset juridiques des achats. Il nous a montre une importante documentation touchant a ces domaines comme preuve de ce qu'il dit.

- La mauvaise organisation des procedures des achats ainsi que de leur controle constitue une autre raison evoquee par un autre acheteur. Selon cet acheteur cette mauvaise organisation

est voulue, elle est "organisee" et elle est toujours signal-6e par les auditeurs externes qui ont toujours propose une reorganisation et l'instauration,d'un systeme de controle systematique et

msorY

permanent des achats/rien n'a ete fait. La mauvaise organisation et l'absence de controle sur les achats sont "entretenues" pour faciliter les pratiques "malhonnetes" et la "compromission".

En effet, comme it a ete déjà indique plus haut, certains four-
nisseurs sont choisis sans appreciation objective et imporsonnelle des offres faites par les differents concurrents. Notre acheteur, fait allusion a certains cas ou les fournisseurs ont rempor-

-le des marches en "arrosant" des responsables de leurs entre-
prises clientes. Il nous a cite le cas de certaines personnes devenuesactionnaires dans l'entreprise du fournisseur ou dans une de ses filiales; d'autres qui ont demissionnepapres 3 ans dans

le service achats pour devenir directeur chez un des anciens fournisseurs... 11 nous a aussi cite le cas des marchandises
receptionnees depuis deux ans ( en 1982 ) mais jamais utilisees pour non confirmite aux specifications et oil l'ancien receptionniste est implique...

Il nous a enfin indique l'identite d'un ancien directeur qui s'est enrichit grace "aux pot-de-vin" qu'il a recu d'un fournisseur d'equibement. Plusieurs responsables trouvent ainsi leur compte dans is desorganisation des achats. Its cherchent a avoir

un pouvoir d' influence et a contrOler une zone d'incertitude pour l'exploiter dans leurs intere:ts, comme 1e montrent les cas cites

ci-dessus. Its placent des acheteurs peu-qualifies, redu leur role a l'administration des achats (boite aux lettres),

fixent des Brocedures d'achats peu claires et contraignantes pour les acheteurstet gardent pour eux un large pouvoir

peuvent exploiter au moment opportun comme ils le veulent. Cepen- . dant ces pratiques ne sont pas generales a toutes les entreprises dont certaines ont des procedures et regles formalisees et contra-lees (A et B par exemple). Mais meme dans ces entreprises, les methodes de travail et regles sont peu evoluees et les pratiques "malhonnetes" ne sont pas impossibles. C'est ainsi que dans les entreprises A et B, on utilise les memes procedures d'achat

depuis 1970, date a la quelle est publie le code des marches publics en TUNISIE. Ces procedures sont lourdes et depassees par les evenements. Elles doivent etre revisees et actualisees pour tenir compte des elements nouveaux, tels que 1'informatisation, l'evolution des prix , les nouvelles conditions du marche, les nouvelles structures organisationnelles,...

ressort des declarations des responsables tunisiens de la fonction achat que le role des acheteurs, leur statut, leur place dans la hierarchie des entreprises etc..sont loin d'evoluer vers une plus grande participation dans les taches de l'achat (cf. chapitre I) et une plus grande integration des acheteurs dans le processus de decision strategique. La fonction achat et sa place dans l'entreprise ont tres peu evolue depuis quelques annees. Ce statu-quo se manifeste dans les caracteristiques de

la fonction, comme nous venons de le voir s'explique par

des facteursrelatifsauxacheteurseux-memeslpar des facteurs
relatifs a la fonction, et par des facteurs relatifs a l'environnement ambiant de l'achat et a ses acteurs.

Les facteurs relatifs aux acheteurs peuvent etre resumes comme suit :

- 'insuffisance de la formatio des acheteurs qui sont

tres peu qualifies a l'exercice des activites de la fonction,

- L'incapacite des acheteurs a faire valoir leurs arguments et a les developper pour convaincre les responsables du bien fonde des choix qu'ils recommandent,

- L'absence d'une attitude proactive et d'une volonte pour mieux faire et ameliorer "leur image", leur efficacite,-et leur image "d'acheteurs achetes",,

- Le Recours aux pratiques malhonnetes et l'acceptation des cadeaux des fournisseurs et des pots-de-vin et l'utilisation de criteres subjectifs et personnels,

- Le fait de se cantonner dans un travail purement administratif et d'accepter parfois de jouer le jeu des responsables "corrompus" en validant des decisions et des choix "arroses" par les fournisseurs qui cherchent a arracher les marches par
des moyens detournes. Certains acheteurs,et it est vrai qu'ils ne sont pas nombreux,n'ont pas les mains propres et ont ainsi "sali et deshonore toute la profession.

Quant aux facteurs relatifs a la fonction elle meme, it convient de noter que sa dimension administrative est preeminente.

Les taches administratives de la fonction achat mtlaisse les se

acheteurs/preoccuper des operations administratives et donc peut

dispose; a se consacrer aux autres taches. Ainsi la fonction

achat est assimilee a sa seule dimension administrative et elle est classee parmi les fonctions administratives de l'entreprise. C'est une fonction qui est souvent mal organiseqlvoire meme desorganiseefqui pose beaucoup de problemes dans l'entreprise.

Les facteurs relatifs a l'environnement ambiant et a ses

acteurs peuvent etre resumes dans les aspects suivants :

- Le jeune age des entreprises tunisiennes et leur faible experience font qu'elles ne se sont interessees jusque la qu'aux fonctions de fabrication et de commercialisation. La fonction achat nest pas encore consideree, a tort comme primordiale
etant donnee LurqcnLe des problemes de production et de distri-

- 12 9 -

puisque le marche est demandeur. En effet le coat de production n'est pas important dans la mesure o0 la concurrence est inexistante et l'entreprise peut ecouler toute sa production a n'importe quel prix. Les responsables des entreprises n'ont pas ainsi accorde l'importance qu'il faut a la fonction achat et n'ont pas la volonte de le faire.

- L'importance accordee aux aspects techniques a consti-

un handicap au developpement du role des acheteurs. Les "aspects techniques" etant une Chasse gardee aux techniciens qui menent la barque, les acheteurs ne peuvent participer a sa conduite. Ce sont les choix des techniciens qui priment les activites des acheteurs. Ces choix constituent ainsi des contraintes et des variables exogenes pour les acheteurs puisqu'ils ne peuvent pas les influencer, ni les modifier. Dans d'autres casoten particulier dans certaines entreprises etatiques, ce sont les aspects financiers qui dominent les choix et les acheteurs ne peuvent mettre en oeuvre aucune politique a moyen et a long terme.

Enfin dans certains cas, ce sont les aspects subjectifs qui dictent les choix et determinent les decisions en matiere d'achat.

- La volonte des premiers responsables des entreprises de tout decider eux memes et de ne rien deleguer a leurs subordonnes, constitue un autre frein a 11-evolution de la fonction achat. Plusieurs responsables, croient en effet que les decisions

d'achat sont de leur ressort et c'est a eux de choisir les fournisseurs, de signer les contrats et les bons de commande.

Its pensent que leurs subordonnes "ne sont pas capables d'apprecier les fournisseurs et leurs offres")"n'ont pas le sens des affaires" et "ne peuvent faire profiter l'entreprise" comme ils le font eux_ ils considerent que les achats font partie de leur competence comme les ventes. Its sous-estiment ainsi les cadres charges de serer les services achats et leur reprochent leur" manque de competence' etsoupconnent ainsi leur "honnetetelleur integrite et leur incorruptibilite". D'autre part, les dirigeants

considerent l'achat comme une fonction depensiere qui engage l'entreprise avec ses partenaires; or l'engagement des depenses et de l'entreprise sont du ressort de la direction generale. C'est ainsi que tous les marches et commandes doivent etre signes par les membres de la direction generale (P.D.G et D.G.A.).

- La volonte des techniciens d'avoir un pouvoir d'influence croissant et de maintenir sous leur contrOle une large zone d'incertitude. En effet les techniciens specifient souvent la marque des produits dont ils ont besoin et indiquent meme le nom du fournisseur auquel it faut s'adresser. Les criteres sur lesquels ils se basent sont mono-dimensionnels et ne coincidedepas avec ceux pris en compte par les acheteurs. Les conflits entre techniciens et acheteurs sont devenus monnaie courante. Its constituent dans certains cas une source de blocage du fonctionnement de l'organisation et necessitent souvent l'arbitrage de la direction generale,

- L'absence d'un code de conduite et d'honneur auquel s'attache le personnel des entreprises. Les employes n' hesitent plus a profiter des offres . de cadeaux ou d'argent qu'ils
recoivent de certains fournisseurs. Les fournisseurs eux memes tendent a utiliser systematiquement les pratiques pour arracher
les marches, Ces pratiques malhonnetes sont utilisees en particulier par les fournisseurs strangers et on enseigne dans les cours de commerce international qu'il faut "arroser" les marches
dans les pays en vie de developpement tell que l'Egypte et la TUNI1E, Les personnel qui acceptent ces pratiques sont heurausement peu nombreu ses..

- Les caracteristiques de la gestion des affaires dans les

entreprises tunisiennes constituent un autre facteur qui handicape l'evolution de la fonction achat. En effet, les techniques et mithodes de gestion sont peu developpees. Les affaires sont gerees jour le jour" et "a courtevue Les decisions sont

131'

prises sur peu de criteres objectifs et sont tres peu suivies par la suite.

La productivite des employes est tres faible et l'efficacite de leurs actions est douteuse.

Les realisations sont contrOlees " a vue" sur la base d'un faible . nombre de criteres... En un mot, on peut qualifier la gestion

des entreprises tunisiennes, a l'exception des grandes entreprises ayant une armee de cadres, comme etant frappee par une certaine myopie : "business myopia". Notons que meme les grandes entreprises ne sont pas toujours gerees d'une maniere, scientifique, rationnelle et saine : pas de definition des strategies et de leurs composantes, absence d'une planification a long terme, pas de definition d'objectifs clairs etc...

2. Analyse de documents

Seront presentes dans ce paragraphe les resultats de l'analyse documentaire menee aupres des entreprises tunisiennes ayant introduit recemment des changements dans l'organisation de l'unite chargee de la fonction achat. Nous analyserons pour chacune de ces entreprises la nature et l'ampldeur, des modifications adoptees, leur portee, les raisons qui ont amene ces entreprises a reorganiser les organes responsables des achats ainsi que le degre d'application et de mise en oeuvre de ces modifications. Ce dernier point se justifie par la constatation d'ecarts organisationnels entre ce qui est stipule dans les documents de l'entreprise et le fonctionnement reel tel qu'il

a ete observe ek decrit par les responsables de la fonction. Etudions maintenant, les cas des entreprises qui ont modifie,

au cours des dernieres annees, l'organisation de l'organe charge

des achats. Nous presenterons dans un premier temps le cas de

11 11

l'entreprise A, dans un deuxieme temps celui de l'entreprise C

et enfin le cas de l'entreprise"D"(*)
·

2.1. Cas de lentrepriseo A.

U u

Les responsables de l'entreprise A ont introduit des changements organisationnels concernant la fonction achat en deux moments : en Avril 1982 et en octobre 1983.

Ces changements concernent en particulier le statut du responsable et son rattachement hierarchique, le statut des unites internes a l'organe d'achats ainsi que les regles et mecanismes de division du travail au sein de l'organ6 et sous-organes.

En avril 1982, les modifications apportees a l'organisation du service achat, cf Annexe IV organigramme 2-A, ont consiste a :

- promotion du service achat en Velevant dans la hierarchie : passage du statut de service au statut superieur de division; cependant la division demeure rattachee au departement developpement et n'est donc pas rattachee directement a la direction generale.

- adoption d'une nouvelle division du travail au sein de l'unite - achats : avant 1982, chaque groupe d'acheteurs (quatre groupe$ etait chargé d'une famille de produitS(pieces detachees diesel, pieces electriques, quicaillerie'boulonnerie metaux,
etc...). Chaque groupe effectuait l'ensemble des tAches relatives a l'achat des produits dont it est responsable : specialisation par produits (cf chapitre I). Apres Aril 1982, une nouvelle division de travail entre les acheteurs a ete mise en place :

- On a distingue entre "achats locaux et achats a l'etranger" et deux bureaux ont ete a cet effet cr.-6es : ces bureaux recueillent les demandes d'achat et etablissent les commandes fournisseurs,

- On a cree un bureau "suivi et execution des commandes" qui centralise toutes les commandes etablies par les bureau achati les regroupe par fournisseurs, les la-nce et assure leur suivie,

- un quatrieme bureau a ete cree a savoir"le bureau transit notons que l'activite transit etait en grande partie sous-traitee a des bureauxexternes. La note de service n° 18,de Mars 1982, stipule que la division des achats doit, dorenavant, assurer elle meme toutes les formalites du commerce exterieur. La division achat a ete appelee a se doter des moyens necessaires (documentation, hommes, ...) pour mener a bien cette tAche. Ainsi la note de service de Mars 1982 marque un regain d'interet, de la part de la direction generale, pour la fonction achats qui s'est traduit par :

- l'elevation de la hierarchie de la fonction de dividion a direction, et de la sous-fonction de service a division

- la restructuration interne des mecanismes de fonctionnement de la fonction et l'adoption de nouvelles regles de division du travail entre les acheteurs,

- l'integration d'une activite qui etait sous-traitee dans le souci d'une meilleure maitrise des procedures et formalites d'achats a l'etranger.

Notons que la division du travail au sein des bureaux d'achats continue a se faire par produits : chaque acheteur

est chargé de l'achat d'une famille de produits. Le bureau suivi et execution assure la consolidation des commandes par fournisseur et par famille de produits.

depoter

convient d'autre part/que les bureaux achats n'interviennement pas dans l'expression des besoins qui est faitesoit par les services utilisateurs (pour le materiel non stocke)

soit par le magasin general Nord. En ce qui concerne le reseau Sud, it dispose de son propre service reapprovisionnement pour le materiel specifique etant donnees les particularites du son reseau. Pour les besoins en materiels communs avec le reseau Nord, le bureau achats-Sud doit s'adresser aux services du siege.

La note de service n° 30.d'octobre 1983, introduit d'autres modifications a l'organisation de la direction des approvisionnements de l'entreprise4A;comme le montre l'organigramme 3-A de l'annexe IV;5euvent etre resumees ainsi:

- Rattachement a la direction generale

- Promotion des bureaux en services,

- Revision des mecanismes de division du travail au sein des nouveaux services,

- creation de nouvelles unites au sein de la division des achats : bureau administratif et bureau d'organisation du travail et des etudes.

La reorganisation de la division des achats a ete entamee parallelement a la reorganisation de l'unite des approvisionnements (promue au statut de division et restructuree par l'adoption d'une nouvelle division du travail).

Analysons les nouveautes apportees a l'organisation de la division des achats en octobre 1933.

- Rattachement a la direction generale : Dans le souci d'une meilleure maitrise des coats de l'achat, la direction generale cherchait a exercer un plus grand controle sur les marches conclus avec les furnisseurs en plagant la direction des approvisionnement sous sa tutuelle directe. Ce controle direct s'averait necessaire devant l'evolution croissante du chiffre d'affaires a l'achat (10.056.124 D.T en 1982 contre 26.275 865 DT) (*). Cette action entrait dans le cadre de la strategie de reduction des coats adopt-6e en 1983. C'est aussi,

dans ce cadre, que de nouvelles regles d'achats ont ete etablies: appel a la concurrence la plus large possible, appel d'offres

par voie de presse et interdiction de la formule de "gre a gre", obligation di-etude du march-6 a l'achat et de constitution d'une documentation suffisante; fichier fournisseurs et entrepreneurs, institution d'une procedure de de-charge pour reception des offres, l'adoption d'une politique de fractionnement des marches pour s'adb,pter aux capacites des fournisseurs, briser les monopoles, permettre la creation de conditions concurrentielles entre les fournisseurs et lutter contre les ententes, etc...(**) Ces regles visent a limiter la derive des coats a l'achat et

reduire les incertitudes afferentes aux activites de la directior des approvisionnements.

- Promotion des bureaux d'achat au statut de services : Pour mieux mettre en oeuvre la nouvelle politique d'achat et les nouvelles procedures, des cadres chefs de service ont ete nommes a la tet des nouveaux services. Ces cadres sont dans la moitie des cas, des anciens chefs de bureau promus au grade de chef de services, dans l'autre moitie des cadres nouvellement recrutes et nommes chefs de service a la direction des approvisionnements. Les nouveaux cadres, qui sont des licencies en economie-option : gestion - , sont appeles a donner un nouveau

souffle a la gestion des achats et a mettre en oeuvre la nouvelle politique adoptee par la direction generale.

N 0

(*) d'apres documents internes de l'entreprise A.

(**)Selon document interne a l'entreprisene, intitule : "procedures et regles de passation des marches".

- Revision des mecanismes de division du travail et creation
de nouvelles unites au sein de la division des achats
:

La revision des mecanismes de division du travail a consiste a l'adoption d'une division de travail plus poussee face a l'accroissement du v6lume d'activite des services acheteurs (6328 commandes et 4984 appel-d'offres en 1982 avec pros

de 40.000 articles references et plus de 2000 fournisseurs). Le bureau organisation et methodes de travail, a ete cree pour coordonner les activites des differents services, etablir le rapport d'activite de la division, conseiller les autres services et les assister pour resoudre les difficultes qu'ils rencontrent. Les responsablesde ce burecw s'attachenia mettre en place un systeme d'information achats et a elaborer un tableau de bord permettant de suivre et de controler les activites des differents services. Il nous

a revele son intention de s'equiper en materiel informatique (micro-ordinateur connectable avec l'ordinateur central) pour mieux remplir sa mission de coordinateur-conseiller.

En paralleleldes actions de rationalisation ont ete misesen place au sein de la division approvisonnement : stantardisation des formulaires de demandes d'achats, assainissement et apuration des stocks, determination des stocks minima, des stocks maximum et des seuils de reapprovisionnement, automatisation des demandes de reapprovisionnement. Il convient d'indiquer dans ce sens que le systeme automatique de gestion des stocks fonctionne en meme temps que le systeme manuel, un gaspillage dans l'utilisation
des moyens. Notons cependant que la division des achats ne dispose pas d'un terminal a sa disposition et ne peut donc disposer a tout moment d'informations sur 1'et4 des stocks. Pour pallier a cette situation, et comme it a/indique cidessus, les responsables de la fonction achats de l'entrepri
· seuepensent s'equiper dans un premier temps en materiel autonome, puis dans un deux-16'1e temps de le relier au system central.

- 1.37-

En guise de conclusion, retenons que l'evolution de l'organisation de la fonction achat dans l'entreprise"A" est caracterisee par :

- II-elevation de son statut et du niveau hierarchique de son pilote,

- son rattachement a la direction generale,

- une division du travail plus poussee,

- la recherche de la maitrise dela derive des prix et de la reduction des couts a l'achat,

- l'instauration de regles et procedures plus precises visant a reduire les incertitudes entourant les activite! d'achats,

- le souci de doter les organess acheteurs de moyens humains et materiels adequats.

2.2. CAS DE L'ENTREPRISE "C"

L'entreprise "C" est dominee par les aspects technique (securite, maintenance, travaux, exploitation de production....) et administratif de son activite.

En effet, chez l'entreprise "C", activites techniques consti-

tuent le coeur de la production, c'est ainsi que l'ensemble des activites de securite, de maintenance, de geologie, de forage, d'exploitation, d'etudes techniques.... sont regroupees au sein d'un seul departement a savoir le departement technique.

Toutes les autres activites sont regorupees au sein du departement administratif qui comporte la gestion, la formation du personnel, les finances et les achats.

La fonction achat est ainsi apparement consideree comme une fonction administrative .

-- 138 --

1. L'ancienne organisation des achats.

Avant de decrire l'organisation actuelle et les raisons qui ont conduit a son implantation, analysons les specificites de l'ancienne structure abandonnee debut 1982; it s'agissait d'une organisation oil les activites de l'achat etaient eparpillees entre deux directions parfaitement independantes comme le montre la figure de l'annexe IV-2-C. La direction des etudes, comportait deux services a savoir "le service des approvisionnements" et "le service etudes et marches". Le "service des approvisionnements" se composait de deux bureaux, : le bureau des achats et le bureau de facturation.

1.1. Le service des a22rovisionnements

1.1.1. Le bureau des achats etait compose de quatre sections specialisees. Deux d'entre elles sont specialisees dans les commandes selon l'origine des produits (locaux-importes.). Elles 0-rent le portefeuille des fournisseurs et les relations avec eux.

Elles centralisent les demandes d'achat, lancent les appels d'offres, regoivoient les offres des fournisseurs et les depouillent, puis lancent les commandes. La section transit effectue toutes les formalites a l'importation jusqu'a l'obtention de l'autorisation d'enlevement des marchandises en provenance de l'etranger. La section suivi, est chargee de suivre Pexecution des commandes, lancees par les sections achats, et d'effectuer les relances et rappels aupres des fournisseurs. Elle suit la realisation des commandes et ordonne le reglement des fournisseur

- 139 -

1.1.2. En marge de ces sections, le bureau de facturation suit les marches conclus avec les fournisseurs et determine le prix de revient reel des marchandises achetees de l'etranger. Ce bureau travaille en etroite collaboration avec le bureau suivi, les services etudes et marche et le service comptable.

1.2. le service etudes et marches

Ce service comporte deux sections : la section etudes generales et la section contrats fournisseurs . La section etudes generales effectue toutes les etudes avant achat : etude de marche etude sur letfournisseurs, etude sur les produits... Elle a pour but de pre-parer les dossiers et les informations necessaires

avant la consultation des fournisseurs. Elle participe a la defini
· tion des specifications des produits et services a acquerir. Elle mere des etudes economiques et financieres sur les produits, les plus importants, que la firme se procure sur le marche des fournis. seurs.

La section contrats participe a l'elaboration des contrats, aux negociations avec les partenaires de l'entreprise, contrOle leur execution et veuille au respect des clauses contractuelles. Elle centralise tous les contrats conclus avec les acteurs du marche amont.

Cette section travaille en etroite collaboration avec le service achats et le service juridique.

1.3. La gestion des stocks.

Dans l'ancienne organisation de l'entreprise C, la gestion des stocks etait confiee a la direction technique. En effet, selon la figure, de l'annexe IV.2.C, la direction technique 0-raft le magasin general (gestion physique des stocks) et assurait la gestion economique des stocks. Elle etait chargeedu declenchement des commandes de reapprovisionnement; et elle etait la seule direction habiletee a etablir les demandes d'achat pour les matieres et produits detenus en stocks.

- 1 40 -

2- L'or2anisation actuelle.

L'organisation actuelle, telle qu'elle est presentee a la figure 1, de l'annexe IV-C, remonte au ler janvier 1982. Dans cette organisation, l'ensemble des tdches de l'achat est confie a la direction des approvisionnements . Le directeur des approvisionnements de l'entreprise "C"est seconds par un sousdirecteur qui coiffe les services suivants :

- service achats

- service gestion des stocks/

- service economat : chargé de l'achat des fournitures de bureau et de l'habillement pour le personnel,

- magasin general d'EL BORMA : actuellement et depuis le ler juin 1983, ce magasin est rattache a la direction technique qui est basee sur le lieu de production (EL BORMA).

Analysons l'organisation actuelle du service achats et du service gestion des stocks.

2.1. Le service achats

Le service achats de l'entreprise C, base a Tunis, est chargé d'effectuer l'ensemble des operations relatives a l'achat de produits et materiels necessaires aux activites de productionei d'exploitation. La structure de ce service comporte les bureaux suivants :

- Le bureau des achats locaux qui effectue les achats aupres des fournisseurs et distributeurs tunisiens,

- Le bureau des achats a l'etranger qui consulte les fournisseurs strangers, en selectionne celui (ou ceux) qui est (ou sont) le (s) plus competitif (s) et lance les commander pour satisfaire les besoins exprimes par les utilisateurs ou par les gestionnaires,

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- Le bureau de transit qui veuille a ce que toutes les formalites douanieres soient accomplies par le transitaire. Ce bureau assure, en fait, le lien entre le bureau des achats a l'etranger et le transitaire a qui on a impartit toutes les operations et formalites douanieres. Notons que ce bureau est charge de l'ouverture des credits bancaires, pour le reglement des fournisseurs strangers et, est responsable de l'obtention des titres d'importation confdrmement a la reglementation en vigueur.

- Le bureau de suivi des commandes,

- Le bureau de coordination : ce bureau a pour mission d'assurer toutes les activites de coordination au sein du service achats d'une part, c'est a dire entre les differents bureaux du service achats, entre le service achats et les autres unites de la direction des approvisionnements d'autre part, et enfin entre le service achat et des autres unites organisationnelles de l'entreprise. Le role de ce bureau est important dans la mesure oO it vise a eviter les conflits inter- unites et a assurer une meilleure collaboration entre les differents organes de l'entreprise.

Le bureau de coordination intervient d'autre part dans

les "marches ou interviennent plusieurs fournisseurs, pour les amener a mieux planifier et synchroniser leurs travaux. C'est en particulier dans les cas des "marches" a plusieurs lots et des marches fractionnes que le bureau de coordination intervient pour s'assurer que les differents fournisseurs coordonnent leurs activites.

- Le magasin de Tunis : toutes les marchandises et matieres receptionnees a Tunis transitent par ce magasin avant d'être acheminees vers le magasin general base sur les lieux de production.

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2.2. Le service gestion des stocks

Le service gestion des stocks a pour mission d'assurer la gestion economique des materiels et produits detenus par l'entreprise. Il centralise toutes les factures fournisseurs, ordonne leur reglement, recoit tous les documents relatifs

aux mouvements sur stocks (entrée, sortie, transfert, cession,...) etablit les demandes d'achat, Ore la nomenclature des produits, etc... Ce service est aussi chargé de la correspondance informatique et de la mise en place de la chaine automatique de gestion des stocks qui est en cours d'essai. Notons qu'a la periode de l'enquete (ete 1984),-- la chaine automatique de gestion des stocks fonctinnait en parallele avec le systeme manuel depuis

une annee.

Le service gestion des stocks regroupe les trois sections suivatnes :

- section gestion des stocks,

- section facturation et ordonnancement,

- section correspondance informatique.

3. Les innovations introduites par l'organisation de 1982.

La comparaison de l'organisation actuelle a l'ancienne organisation (avant 1982)) nous a permis de detecter les innovations majeurs que nous citerons dans ce qui suit :

3.1. regroupement des differentes taches d'achats au sein d'une meme direction denommee dorenavant "direction des approvi-, sionnement" en rattachant la gestion economique des stocks a

la direction des approvisionnements.

La gestion des stocks etait dans l'ancienne organisation confiee a la direction technique. L'intitule de l'ancienne unite chargee des taches d'achat etait" direction des etudes".

3.2. Rattachement de la direction des approvisionnements au departement administratif suite a la creation du deux departements, le departement administratif et le departement technique.

Le chef du departement administratif est place entre le directeur des approvisionnements et le president directeur general. La direction des approvisionnements est ainsi devenue une unite de deuxieme niveau hierarchique.

3.3. Creation d'un bureau de coordination

au sein du service achats pour mieux coordinar les activites du service, tant au sein du service, qu'avec les autres unites organisationnelles. Le but dessigne a ce bureau est d'ameliorer le climat de travail entre les differents organes de l'entre prise et d'assurer une meilleure collaboration entre les differents bureaux d'achat d'une part, et entre ces bureaux et les autres fonctions de l'entreprise en vue d'eliminer les conflits interfonctionnels et de rationaliser les differentes decisions d'achats.

3.4. Rattachement du magasin general a la direction des approvisionnements jusqu'au 1-06-1983. Ce rattachement a ete remis en cause par l°eloignement geographique de la direction des approvisionnement (situe au siege) du magasin general.

3.5. Creation du paste de sous-directeur des approvisionnements pour coiffer les differents services de la direction,

3.6. Rattachement des activites de l'ancien bureau de facturation au service gestion des stocks.

La section facturation est aussi habilite a donner l'ordre de regler des fournisseurs apres verification des factures et con-6bntation avec les rapports de reception des marchandises et des commandes.

-- 144--

- I1 convient de noter que ces innovations n'ont pas touché certains aspects de la fonction achat. En effet les methodes techniques et les procedures de travail sont restees les memes, excepte l'introduction de l'informatique. Les unites d'achats ne sont pas astreintes a des objectifs ecrits, clairs

et précis. Les responsables des unites d'achat etaient incapables de nous indiquer avec precision les objectifs qu'ils poursuivent.

Nous deplorons aussi la non elaboration d'un budget

annuel des achats et l'inexistence d'un programme d'approvisionnement annuel ou mensuel. Les activites sont tres peu programmees

et la gestion se fait au jour le jour. Ainsi les activites de la fonction achat ne peuvent etre contra-lees et c'est pourquoi un systeme de controle budgetaire n'a pas ete mis en place.

Les innovations organisationnelles introduites a partir

de 1982 n'ont pas conduit a une deleguation effective des pouvoirs et a une meilleure integration des acheteurs dans le processus de decision d'achat. Les decisions restent la chasse gardee des superieurs hierarchiques : homologuation de nouveaux fournisseurs, fixation de la politique d'achat, choix des fournisseurs, discussion avec les fournisseurs etc... Ces innovations n'ont donc pas touché a l'essentieldesactivites d'achat,c'est a dire)aux taches commerciales et strategiques telles qu'elles ont ete presentees aux chapitre I (pp. 38-44) et III (pp.86-108).

D'autre part, les qualifications du personnel employe a la direction des approvisionnements demeurent insuffisantes pour permettre une rationalisation des decisions d'achat (cf raisons du changement de l'organisation) et une amelioration de l'efficacite de leur travail. Les acheteurs sont toujours consideres comme des executifs peu competents et jouent un role secondaire par rapport aux techniciens et producteurs. Notons aussi que ces innovations ne sont pas dues a la necessite d'adopter l'organisation aux nouvelles exigences issues de l'environnement , mais a d'autres raisons

4. Les raisons des chan2ements organisationnels

Les raisons ayant pousse les responsables de l'entreprise

$

C a adopter la nouvelle organisation et a introduire les nouveautes citees ci-dessus peuvent etre classees en trois categories de raisons:

1. Raisons liees aux personnes : La creation du poste
de sous-directeur des approvisionnements a ete dictee par la necessite de promotion de l'ancien chef du service achats. D'ailleurs, le poste de chef du service achats est rest-6 vacant, et sans titulaire, apres que l'ancien chef de service a ete promu au poste de "sous-directeur".

2. raisons liees a l'accroissement de la taille de l'entre-

-rise :

La creation des departements, administratifs et technique, est mile par l'augmentation de l'activite de l'entreprise et par la necessite de dechaAger le President Directeur General de certaines activites. La creation de ces departements a en effet permis a la direction generale de deleguer certaines

responsabilites et certaines prerogatives aux chefs de departement.

3. raison lides au souci de rationaliser les decisions

d'achat et de maitriser les coots des produits et services externes :

Cette categoile de raisons a ete invoquee pour justifier les decisions suivantes :

- le regroupement des taches d'achat et de gestion des stocks au sein de la direction des approvisionnements,

- le rattachement de la direction des approvisionnements au departement administratif pour constituer un contrepoids face au departement technique, - la creation de certains bureaux specialises tels que le bureau de coordination et le bureau de correspondance informatique,

- l'introduction de l'informatique

- l'essainissement des stocks,...

2.3. Cas de l'entreerise D.

La societe D est une entreprise industrielle de

moyenne dimension (k). Le chiffre d'affaires des achats est de l'ordre de 6 millions de Dinars (xx) en 1983. Les princi-

paux produits et materiels ache-Les sont : petrole, gaz, huiles pour lubrifiants, materiel de distribution, materiel pour depots et stockage, bouteilles et accessoirs, pneumatique, pieces detachees.... L'achat de tous les produits "externes" est effectuee par le service achat cree depuis 1981 (cf organigramme de l'annexe IV-D).

Avant d'analyser la mission et les taches de ce service, it convient de presenter l'organisation de la fonction achatsapprovisionnement avant 1981

1. L'orpnisation de la fonction achat avant 1981.

Avant 1981, date de la creation du service achats, les activites inherentes a la fonction achats, etaient reparties entre les differents services utilisateurs. En effet, au cours de cette periode, chaque service utilisateur effectuait selon ses besoins propres, toutes les operations d'achat. C'est ainsi qu'il consultait les fournisseurs, choisissait celui on ceux qui lui paraissent les plus competitifs, lancai les commandes, se chargeait de la reception et du stockage

(x) Elle emploie en 1983, 650 personnes (My) un Dinar vaut

La procedure de consultation la plus utilisee etait le contrat

de gre a gre. Le controle des achats, des contrats et des clauses contractuelles etait effectue par le "staff". Ce contrOle etait effectue a priori, avant l'angagement de l'entreprise. I1 n'y avait aucun controle a posteriori.

Ce type d'organisation, orients vers la satisfaction des besoins des utilisateurs, ne se souciait pas du pouvoir de negociation de l'entreprise avec ses fournisseurs et des economies de coats qui peuvent en resulter. I1 convient d'indiquer que dans cette

entreprise, la direction financiere etait chargee de l'accomplissement des formalites relatives aux achats a l'etranger (ouverture de credits, obtension d'autorisations d'importation, d'enlevement, de paiement, etc...). Seuls ces achats, a l'etranger, faisaient l'objet d'une prevision annuelle pour obtenir les autorisations administratives necessaires et obtenir les produits et materiels au moment voulu. I1 convient de remarquer que ces achats necessitent des dela-is tres longs : entre trois et six mois et meme plus.

L'organisation adopt-6e par l'entreprise D avant 1981 , pour effectuer les achats externes, presentait plusieurs lacunes :

- multiplication des stocks de produits et matieres et augmentation des immobilisation en stocks dues a la non standardisation des produits achetes et aux differences dans les specifications exigees par chaque utilisateur,

- accroissement des coats des achats du fait du non regroupement des achats d'un meme produit, de l'absence d'une planification globale des achats aussi bien locaux qui strangers,

- augmentation de la frequence des ruptures des stocks d'une part et des stocks rossignoles d'autre part,

Ces constats ont amen-6 les responsables a modifier l'organisation qui etait en vigueur avant 1981. C'est ainsi qu'une nouvelle structure organisationnelle fOt mise en place a partir de cette date. Nous analyserons dans ce qui suit les caracteristiques de cette nouvelle structure.

-- 148 --

2. La nouvelle organisation : a partir de 1981.

L'organisation adoptee par la fonction achat, a partir de 1981 est caracterise par la creation d'une nouvelle unite

appelee "service achats" qui a ete chargee des -Caches inherentes a la fonction achats. Le nouveau "service achats" regroupe toutes les activites administratives et commerciales qui etaient auparavant eperpillees entre les differentes services utilisateurs.

Un magasin central, rattache a la direction logistique,

a ete cree au depot de TUNIS. D'autres magasins, secondaires, ont aussi ete crees dans les autres depots.

De nouvelles procedures d'achat ont ete instituees pour permettre a ce service de mener a bien sa mission et de realiser les objectifs qui lui sont fixes.

a) taches et missions du service :

Le service achats de l'entreprise D est charge des taches suivantes :

- centraliser toutes les demandes d'achat emanant des services utilisateurs concernes,

- consulter tous les fournisseurs potentiels par consultation du fichier fournisseurs qui sera constitue par le "comite fournisseurs potentils" de l'entreprise,

- effectuer les comparaisons des offres commerciales selon un modele unique qui sera retenu au terme des travaux de re-flexion du "comite depouillement commercial".

- elaborer et preparer les dossier d'appel d'offres presenter a la commission des marches creee a partir de 1981,

- Executer les decisions prises par la dite commission : lancement des commandes, suivi et relance des fournisseurs,

- Suivre les livraisons effectuees par les fournisseurs et
s'assurer du respect et de l'application des clauses contractuelles

b) Procedures d'achat introduites en 1981

L'analyse du contenu des notes de services revele la volonte d'introduire des nouvelles methodes et procedures d'achat :

- institution de la procedure d'appel d'offres pour tout achat dont la valeur de-passe 20.000 dinars (idinar

- regroupement des achats d'un meme produit et institution d'un marche unique annuel pour tous les produits. Le fractionnement des marches n'est justifie que pour faire beneficier l'entreprise d'avantages certains ou pour favoriser la concurrence entre fournisseurs locaux. Dans tous les cas le fractionnement d'un marche ne peut etre effectue pour echapper a la procedure d'appel d'offres et a la presentation du marche a la commissions des marches,

- instauration de la programmation des achats et de la prevision des besoins au niveau des unites utilisatrises et au niveau global. Chaque unite est tenu d'exprimer ses besoins annuels en produits et services externes. Le service achat centralise l'ensemble des besoins prevus exprimes et les traduit en un programme annuel des achats en tenant compte des quantites en stocks et des consommations passees. Les services utilisateurs sont tenus de justifier les besoins exprimes,

- Creation du fichiers Ores manuellement par le services achats : fichiers des produits achetes et fichiers des fournisseurs. Les instructions de la direction generale insistent sur la tenue des fichiers et leur mise a jour,

- adoption d'une nomenclature des produits detenus en stocks par les magasins de l'entreprise,

- institution de nouvelles formes contractuelle : contracts cadres, contrats ouverts, contrats de longue duree et la generalisation de l'utilisation des contrats avec les fournisseurs. Les commandes, hors contrats, sont devenues exceptionnelles et doivent etre justifiees : depannage par exemple. Dans tous les cas, le "service achats" doit etre le seul vis-a-vis des fournisseurs. Aucun service utilisateur n'est autorise a entrer directeme-nt en constat avec les fournisseurs sans passer par "le service des achats". Quand au systeme de prix pratique avec les fournisseurs, l'entreprise D a opts pour le systeme de prix fixes pour limiter la derive des prix. Seuls les marches a long terme peuvent faire l'objet de prix revisables selon une formule qui doit etre precisee et determinee a l'avance.

- Enfin, notons que d'autres methodes et pratiques ont ete instaurees depuis 1981, Nous en citons les suivantes :

. prelevement d'une retenu de garantie,

. reglement des factures, un mois Ypres fin de mois de reception,

. delai de garantie selon normes professionnelles pour se premunir contre toute malfagon ou tout defaut,

. obligation du fournisseur a fournir l'assistance technique necessaire; documentation,formation du personnel, entretien,...

. utilisation des modes de transport les moins chers : transport maritime pour les importations et moyens des fournisseurs pour les achats locaux

. incitation des fournisseurs strangers a faire travailler des tunisiens et a sous-traiter le maximum de produits ou de lots aupres des entreprises locales,

- 151 -

. Controle des consommations des services demandeurs et justification des ecarts par rapport aux besoins exprimes (sous-consommation, sur consommation, ruptures,,..)

. Calcul de prix objectify a l'achat en tenant compte de la conjoncture, des soumissions anterieures et des anciens prix d'ach
·t, et justification des ecarts a posteriori,

. institution du visa a posteriori, en plus du visa a priori,

Les nouvelles procedures, methodes et techniques d'achat instituees depuis 1981, et teller qu'elles emanent des notes de service et lettres d'instruction emises par la direction generale, traduisent plusieurs soucis :

- augmentation du pouvoir de negociation de l'entreprise et regroupement des activites d'achat,

- prevision des besoins, programmation des achats et controle des realisations,

- rationalisation des activites d'achat,

- maitrise des coats a l'achat et reduction de la derive des prix.

Mais ces procedures et techniques n'ont pas ete toutes mises en application. En effet, certaines procedures et methodes preconisees par la direction generale n'ont jamais

vu le jour dans l'entreprise "D". L'ecart organisationnel ainsi constate entre ce qui est stipule par les documents et ce que nous avons observe peut etre explique par les faits suivants :

- insuffisance des moyens humains mis a la disposition du "service achats"; L'effectif actuel des employes du service abhat est de six acheteurs, le chef du service compris.

Le niveau de qualification des actuels acheteurs est tres faible; tous les acheteurs ont un niveau di-eduction inferieure au diplome de fin die-Ludes secondaires-Lectuel chef de service,

en poste depuis 1981, ne maitrise parfaitement que les procedures et techniques d'importation, du fait de son ancienne profession en tant que douanier,

La non utilisation de moyens materiels elabores : fichiers tenus manuellement bien que l'entreprise dispose d'un puissent materiel informatique,

- resistance des responsables des services utilisateurs a se decharger des activites et taches inherentes a l'achat des

produits et materiels dont ils ont besoins. "Ces responsables ont toujours bloque la mice en place des procedures et methodes de travail preconisees par l'ancien directeur general", nous confia le chef du "service achats". Le directeur des etudes nous declara, quant a lui, que les procedures et techniques stipulees par les differentes notes de la direction generale ne peuvent etre mises

en pratique que si certains prealables sont satisfaits : nomination a la tete du service achats d'un responsable competent et habile, affectation de plusieurs cadres maitrisant les techniques et les procedures d'achat (ingenieurs et gestionnaires), informatisation des taches administratives et integration de la gestion des achats et des stocks dans le cadre du systeme informatique et sensibilisation de l'ensemble des cadres de l'entreprise a l'importance de la fonction dans l'entreprise et aux ameliorations qui seront obtenues par la nouvelle organisation.

3. Analyse _de a situation actuelle

La situation actuelle est caracterisee par les faits saillants que voici :

- concentration des pouvoirsde decision au sein du staff de l'entreprise,

- preeminence des taches administratives et de la gestion a courte vue des activtes de l'achat au detriment des activites commerciales et strategiques;

- non integration des acheteurs.qui sont de faible niveau hierarchique, dans les decisions d'achat qui sont du ressort des hauts responsables,

- faiblesse de la qualification professionnelle de la famille des acheteurs et absence d'acheteurs specialises : les acheteurs font tout et sont polyvalents,

- l'inexistence d'objectifs ecrits specifiques aux activites d'achat,

- non maitrise de la derive des prix et incapacite des acheteurs a faire valoir le pouvoir de negociation de l'entreprise,

- recart entre l'intention exprimee par la direction generale pour revaloriser la fonction achat et les moyens mis en oeuvre qui sont tres en delta de ce qui est necessaire pour assurer cette revalorisation,

Ainsi le role et la place de la fonction achat, au sein de l'entreprise "D" demeurent secondaires. Le chef du service achats a decrit le role de l'unite dont it est responsable comme une simple "boite aux lettres". I1 estime que "pour revaloriser le service, dont it est chargé, it est necessaire de le doter en personnel competent et en moyens satisfaisants (information, organisation, decision_.). d'obtenir. voire meme de Gagner. la confiance des utilisateurs et de la direction Generale et d'instituer des procedures rationnelles et acceptables par tous". Il nous a d'autre part confie aue "cette revalorisation ne peut au'etre profitable pour l'entreprise" Duisqu'elle "doit permettre une meilleure maitrise des relations avec les

fournisseurs et des flux de produits externes destines a l'entreprise"

apparait ainsi que la volonte de la direction generale n'est pas suffisante et qu'il faut , en plus, obtenir l'adhesion de l'ensemble des cadres-responsables pour reduire les freins a l'introduction d'une nouvelle organisation et, s'assurer de la disponibilite desmoyens humains, materiels et immateriels necessaires a la mise

en place d'une nouvelle organisation . Si ces deux conditions ne sont

pas verifiees, une nouvelle organisation peut difficilement entrer en vigueur et etre raise en place.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon