2) La société civile à vocation de
développement
Il importe de noter à titre préliminaire que la
société civile a désormais un rôle édifiant
dans les initiatives de développement international, rôle
emblématique d'une transformation règlementaire. Les solutions
aux problématiques de développement étaient auparavant
établies dans le cadre d'un modèle vertical (<<
top-down ») ou, en d'autres termes, bureaucratique. Ce
modèle a démontré son inefficacité, l'adoption
d'une approche alternative s'imposait15. Selon un ex-haut
responsable du US-AID: «The twenty-first century will see more social
entrepreneurship, private philanthropy, public-private partnerships, and
grass-roots linkages16».
De ce fait, l'intervention de la société civile
apparaît de plus en plus comme un pilier essentiel dans le
développement international. Basée directement auprès de
communautés, la société civile assure une
représentativité parfois plus importante que celle des
institutions nationales. Étant plus proche des intérêts des
parties prenantes, elle est donc apte à répondre à
diverses problématiques de façon plus efficace17. Les
organes de développement international et l'ONU ont ainsi longtemps
appelé à la
15 Pour un exposé élaboré sur
l'évolution des modèles de développement, voir D.
EBERLY, op. cit., note 1, p.74 - Chapitre 4 : << From Aid
Bureaucracy to Civil Society Participation and Partnership ».
16 Id., note 1, p.VIII.
17 Stefanie EDLER-WOLLSTEIN et Beate KOHLER-KOCH,
«It's about participation, stupid. Is it? Civil society concepts in
comparative perspective», dans Bruno JOBERT et Beate KOHLER-KOCH (ed.),
Changing Images of Civil Society: From protest to governance, Londres,
Routledge, 2008, p.199.
participation active de la société civile, et
d'ailleurs des multinationales, dans le processus de
développement18.
Par ailleurs, cette transformation règlementaire
évoquée plus haut se traduit de la manière suivante : la
démocratie serait d'autant mieux servie que la participation citoyenne
s'accroît. À travers la formation d'associations et
d'organisations, les citoyens s'engagent progressivement dans le
développement et la croissance de leurs communautés. La
société civile bénéficie ainsi d'une connotation
positive; plus elle est engagée de manière active, plus la
démocratie semble être assurée. Ce bénéfice
démocratique se concrétise à travers une plus ample
ouverture au discours public qui entraînerait notamment la mise en place
de structures de communications permettant l'échange réciproque
d'idées et d'arguments19. L'ouverture à la
participation de la société civile accorderait ainsi aux citoyens
l'opportunité de susciter un impact sur les processus de prise de
décisions. Un tel impact serait d'autant plus ressenti grâce
à l'expertise de nombreux acteurs de la société civile. On
parle alors de l'apparition d'un modèle de démocratie
participative-délibérative20. Tel que nous
l'examinerons plus en avant dans notre recherche, les caractéristiques
de ce modèle se transposent aux niveaux de la gouvernance
économique mondiale. Grâce à la globalisation des
marchés, l'impact de la société civile dépasse
ainsi les frontières nationales et se profile sur la scène
internationale21.
18 Voir Partie III- Quelles symétries entre
société civile et multinationals?- Section 1 -
Intérêts pour les soucis non marchands.
19 Id., note 17, p.198.
20 M. DELMAS-MARTY, op. cit., note 7, p.
168.
21 Voir Partie II - Pourquoi l'accès de la
société civile ? - Section 1- La société civile
à l'heure de la globalisation des marchés.
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