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Menaces et perspectives pour la préservation de la biodiversité de l'archipel Juan Fernà¡ndez (Chili)

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par Julien Vanhulst
Université Libre de Bruxelles - Master en sciences et gestion de l'environnement 2009
  

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2.5.2. L'option touristique

Vers la fin du XXe siècle, l'activité touristique et les services y associés (lieux d'accueil, guides touristiques, promenades en milieu naturel, etc.) s'est développée de façon constante.

Dans le plan de gestion municipale officiel, le 11e objectif est la << gestion et le développement du parc et le développement d'activités récréatives et touristiques ». (PLADECO, 2005) Dans le même temps, ce document considère la faible activité touristique comme un aspect positif dans le cadre de la gestion du parc.

Actuellement, l'offre touristique se concentre exclusivement dans le village de San Juan Bautista sur l'île Robinson Crusoe. Cependant, les autorités considèrent l'île Santa Clara et l'île Alejandro Selkirk comme des lieux potentiels d'accueil touristique à développer, dont la difficulté d'accès est le frein principal (PLADECO, 2005).

Figure 28 : Nombre de visiteurs du parc Juan Fernández entre 1990 et 2002

Source : CONAF, 2004.

La municipalité a mis en évidence le potentiel touristique de l'île dans son <<plan de développement communal », identifiant différents <<foyers d'attractions touristiques » dont environ 70 % correspondent à des lieux naturels. Elle propose, d'autre part, certains types d'activités (habilement désignés comme << écotouristiques ») qui pourraient se développer à l'intérieur du parc, soit : du trekking, de la recherche scientifique, de l'observation floristique et faunistique, des promenades (à pied, à vélo ou à cheval), la chasse sportive, le camping est également proposé dans des zones préétablies. D'autres activités sont proposées dans le milieu aquatique, soit : la plongée sous-marine, le snorkeling, la chasse sous-marine, la pêche, des promenades en bateau, la baignade aux abords des plages,...

Actuellement, le village de San Juan Bautista compte 18 unités d'accueil touristique de tout type qui totalisent 127 lits, correspondants à 168 places. Il y a deux hôtels importants (qui comptent respectivement 17 et 13 chambres pour une capacité d'accueil de 33 et 26 places), 4 résidences plus modestes (entre 4 et 6 chambres pour une capacité d'accueil de 10 à 12 places) et 12 unités périphériques (soit des cabañas, soit chez l'habitant).

Dans un contexte d'intérêt croissant de la demande mondiale pour un tourisme « écologique », cette option est perçue comme une opportunité à saisir dans le cadre du développement de l'archipel Juan Fernández.

Curieusement cette alternative est développée sans considération des impacts qu'elle peut avoir et principalement avant d'avoir défini les limites de la capacité d'accueil écologiquement soutenable dans le contexte actuel. Rappelons que l'énergie est générée à partir d'un moteur diesel très polluant, qu'il n'existe pas de contrôle sanitaire ni de cadre légal à propos des entrées de personnes, d'animaux et de produits sur le territoire de l'archipel, mentionnons qu'il n'existe pas de système de traitement des eaux usées adéquat, que le traitement des déchets est très rudimentaire et que la décharge se situe en amont du village (qu'elle affecte directement60) et enfin que le contrôle du respect des limites et des règles du Parc est négligeable.

Le recours au tourisme en tant qu'option de développement est légitime. Simplement, dans le contexte particulier de l'archipel, il convient de bien penser son mode de fonctionnement (pour qu'il représente un réel bénéfice pour les populations locales) et de considérer ses impacts environnementaux, sans quoi les objectifs de conservation ne pourront pas être rencontrés et l'activité touristique risque de scier la branche sur laquelle elle est assise (voir figure 29).

Il serait intéressant de partir de la détermination de la capacité de charge en tant que notion tridimensionnelle pour bien identifier les limites tolérables du tourisme. Cette notion de "capacité de charge" considère la dimension physique du lieu (biotope et biocénose), la dimension socioculturelle de la population locale (taille, bien-être, culture) et la dimension psychologique des visiteurs (limites de confort, de l'agrément). La détermination de la capacité de charge permettrait donc de considérer ces différentes dimensions et d'équilibrer au mieux l'activité touristique, l'environnement et les besoins de la population.

Le schéma ci-dessous permet de visualiser les risques du tourisme (directs et à long terme) en rapport avec la biodiversité :

Figure 29 : Les risques du tourisme

Source : Vanhulst et Kunsch, 2009.

60 Voir Partie 2 - Chapitre VI - point 4. Gestion des déchets

«Menaces et perspectives pour la préservation de la biodiversité de l'archipel Juan Fernández (Chili)» CHAPITRE V - PERSPECTIVE POLITICO-JURIDIQUE

L'analyse politico-juridique ne sera pas aussi détaillée que les chapitres précédents mais son évocation est importante dans la compréhension du problème de perte de biodiversité sur l'archipel. Elle a pour objectif d'amener des éléments de réflexions à approfondir (idéalement sur place par une analyse sociologique) surtout basés sur la législation, le rapport de l'OCDE sur les performances environnementales du Chili (2005) et un document du programme MaB de l'UNESCO pour la partie concernant les priorités.

D'abord propriété des Espagnols qui en firent une position militaire dès 1749, l'archipel, au cours des temps, servit de pénitencier et de point de chute pour les baleiniers et les phoquiers. En 1810 ; l'archipel devient chilien avec l'indépendance du pays et une population irrégulière s'installe sur l'île Robinson Crusoe dans le village de San Juan Bautista. Dans un premier temps, l'archipel sera soumis à un régime de concession dont le locataire était le gouverneur sans réelle implication du gouvernement national. Par la suite, l'archipel sera rattaché à la Région de Valparaiso (Ve Région du Chili) et, peu à peu, intégré aux politiques nationales.

Comme le précise la Constitution, le Chili est un Etat unitaire dont le territoire est divisé en 15 régions. Le système politique du Chili est la démocratie républicaine. La nation possède la souveraineté du pouvoir conféré au Président et un parlement bicaméral est élu démocratiquement par suffrage universel.

Le territoire chilien est divisé en régions et provinces elles-mêmes subdivisées en communes. Politiquement, l'archipel Juan Fernández est une commune de la Région de Valparaiso depuis 1979, et depuis 199061 les autorités sont élues démocratiquement et non plus désignées. L'administration de l'archipel est divisée en 3 entités : la municipalité, la CONAF et la Capitanía de Puerto, contrôlant chacune une partie du territoire divisé respectivement comme suit: Commune, Parc National et Territoire maritime.

Une réforme constitutionnelle effectuée en 2007 institue l'archipel comme un « territoire spécial ». Son gouvernement et son administration seront régis par un statut spécial dicté dans une nouvelle loi organique constitutionnelle qui est en cours de réalisation. Cette question du statut décentralisé de l'archipel qui pourtant répond à une législation nationale devrait être mieux creusée. Le rôle du CIDEZE et les dernières dispositions en négociations pour la création d'un territoire spécial devraient être mieux étudiés dans le cadre d'une analyse globale mais ne seront pas traités ici par manque de temps et parce que ce sont des questions qui seraient mieux traitées sur place.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery