2.5. Economie
2.5.1. Caractéristiques actuelles
Si d'autres ressources naturelles ont été
exploitées historiquement, la langouste est depuis plus de 150 ans la
ressource centrale du lieu. Elle a commencé à être
exploitée avant la dernière colonisation. Avec l'arrivée
de Alfred Von Rodt, la population croît progressivement et a les yeux
définitivement tournés vers la mer. Avec le temps, cette
spécialisation se radicalise. Si au début du XXe siècle,
la population a une petite activité agricole, d'artisanat et
d'élevage, peu à peu, ces activités vont se perdre dans
une monoproduction halieutique.
« Finalement, les agriculteurs se sont orientés
vers la pêche [...] parce qu'il se rendaient compte qu'ils pouvaient
mieux gagner leur vie en se dédiant à la pêche. Les gens
étaient de moins en moins tournés vers la terre. Pourquoi ? Parce
que la langouste était une denrée d'élite. Pour la
population, cultiver la terre était presque dénigrant, être
agriculteur no ! Je préfère être pêcheur ! » (V.
Bertullo dans Brinck, 2005)
Ainsi, les secteurs économiques prédominants
correspondent aux secteurs primaire et tertiaire. L'activité de
pêche artisanale est l'activité économique majeure, se
concentrant presque exclusivement sur une espèce de langouste
endémique (Jasus Frontalis). D'autres espèces sont
pêchées, parmi elles : la Breca, le Jurel, la
Anguila, le Pampanito et la Jerguilla principalement
utilisées pour appâter les langoustes, viennent ensuite la
Vidriola, le Cangrejo dorado et le Bacalao qui sont
destinés au commerce.
« L'artisanat est peu développé et sans
style défini ni unifié localement. Ce qui leur donne un
caractère spécifique est la matière dans laquelle les
objets sont travaillés et non le style des modèles. »
(Brinck, 2005) « L'artisanat est fait d'objets élaborés en
corail noir, en bois, en dents de loups de mer ou en peaux de poisson entre
autres. C'est une activité plus développée chez les jeunes
qui y voient une opportunité de gagner un peu d'argent. »
(Biodiversa, 2005)
Etant donné cette structure économique,
l'archipel est fortement dépendant du continent. Cependant, lorsque
l'archipel devait fonctionner en autonomie, avec des approvisionnements
très rares venant du continent, certaines zones de l'île Robinson
étaient cultivées afin de subvenir aux besoins de la population.
Aujourd'hui, l'île est ravitaillée tous les mois par
l'armée chilienne, et l'agriculture a donc été
abandonnée. Seuls certains particuliers continuent d'entretenir un
potager leur permettant occasionnellement de tirer quelques profits de leurs
produits. Une tentative de mise en place de cultures a été
réalisée lors du projet de coopération entre la CONAF et
les Pays-Bas mais sans succès (malgré qu'il y ait des endroits
adéquats pour une pratique agricole de subsistance).
Comme nous l'avons vu, la population s'est
définitivement tournée vers la mer au fur et à mesure du
développement du commerce national et international des langoustes.
Aujourd'hui, comme souligné à la fin de l'histoire de la
colonisation de l'archipel, elle se tourne aussi de plus en plus vers l'option
touristique qui creuse un peu plus cette dépendance exogène
manifeste.
59 Voir Partie 2 - Chapitre V - point 2. Faiblesses du cadre
juridique
<<Menaces et perspectives pour la
préservation de la biodiversité de l'archipel Juan
Fernández (Chili)»
Selon un rapport de la fondation Biodiversa suite
à un << autodiagnostic historico-culturel » (Biodiversa,
2005), actuellement, la population considère que la langouste sera
<< toujours la première ressource économique de l'île
» malgré certaines disparités d'opinion concernant les modes
d'exploitations et le futur des populations de langoustes. D'autre part, le
tourisme est perçu comme une alternative future prometteuse (et
spécialement les activités liées à la mer).
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