2.1. Introduction d'espèces
Les premières introductions arrivent avec les bateaux
de Juan Fernández Sotomayor et leur impact augmentera avec le temps. Les
nouvelles conditions (compétition, prédation, surpâturage,
etc.) se révèleront dramatiques. Depuis le 22 novembre 1574, les
introductions d'espèces exogènes ne feront que grandir et les
conséquences négatives aussi (Danton, 2004).
La mosaïque d'espèces introduites par l'homme au
cours des 435 dernières années est large : elle concerne autant
les plantes, les mammifères que les oiseaux ou encore les insectes. Les
effets de ces introductions sont multiples : modification des habitats naturels
(via l'installation et le remplacement des espèces endogènes mais
aussi via des processus érosifs), déplacement voire
élimination des espèces indigènes. Les
écosystèmes insulaires sont particulièrement fragiles aux
introductions d'espèces exogènes.39 Elles
représentent donc toutes potentiellement un danger plus ou moins
grand.
Curieusement, si les introductions ont été
signalées depuis les écrits de Diego de Rosales au
XVIIe siècle et si les investigations scientifiques de la fin du XIXe
s. et du début du XXe s. ont clairement mis en évidence
l'intérêt de l'archipel, les mesures de conservation pour enrayer
le problème et pour
39 Voir Partie 1 - Chapitre III - point 3. Fragilité
éviter de futurs introductions sont absentes avant les
premiers travaux du SAG et surtout l'arrivée de la CONAF en 1972
(malgré le statut de parc national depuis 1935). Aujourd'hui encore,
l'absence de contrôle permanent de type phytosanitaire et zoosanitaire
par le SAG aux points d'entrée de l'archipel (soit l'embarcadère
et le terrain d'atterrissage) donne lieu à des apparitions de pestes et
de maladies qui peuvent potentiellement affecter la flore et la faune locales.
(CONAF, 2004)
En 2001, Greimler, Stuessy, Lopez et Dirnböck montrent la
distribution spatiale de la végétation sur l'île Robinson
Crusoe.
Figure 16 : Carte de la répartition
géographique des espèces autochtones et allochtones
Source: Greimler, Lopez, Stuessy, Dirnböck,
2001.
<< La carte montre clairement que la
végétation endémique et native est en danger, au moins
potentiellement, partout sur l'île excepté aux très hautes
altitudes. Les invasives les plus dangereuses parmi les espèces
ligneuses sont Aristotelia chilensis, Rubus ulmifolius et
Ugni molinae (Sanders et al. 1982, Swenson et al.
1997, Stuessy et al. 1998), toutes donnent des fruits qui sont
dispersés par les oiseaux. [...] Si ces fléaux ne sont pas
contrôlés, le futur de la forêt et des arbustes
endémiques sur l'île Robinson Crusoe est incertain. [...] Le
régénérescence des arbres et plantes natives
apparaît plus lente que celle des plantes introduites et des arbres
cultivés. [...] Parmi les herbes, Acaena Argentea est la peste
la plus sérieuse. Elle se multiplie prodigieusement grâce à
ses fruits qui sont facilement dispersés par les animaux (et les hommes
!) et par reproduction végétative grâce à ses longs
stolons. » (Greimler et al., 2002) Seulement, c'est aussi un
magnifique couvre-sol qui fixe le sol et empêche son érosion
!40
Les espèces introduites sur l'île Robinson Crusoe
représentent environ 70 % des espèces présentes sur
l'île ! (Danton et Perrier, 2006)
40 Christophe Perrier (commentaire personnel)
«Menaces et perspectives pour la
préservation de la biodiversité de l'archipel Juan
Fernández (Chili)» Parmi les espèces
introduites, il convient de distinguer différents groupes (Hallé,
Danton et Perrier, 2007) :
- Les espèces animales introduites
- Les arbres exotiques plantés après 1930
(cyprès, pins, eucalyptus, acacias) - Les autres espèces
végétales introduites.
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