3.2. Les "services rendus par les
écosystèmes"
La notion de "services rendus par les
écosystèmes" ou "services écologiques" suppose une
évaluation écologique, économique, sociale et
éthique de la biodiversité. Cette notion, philosophiquement
discutable car empreinte d'anthropocentrisme (elle repose en effet sur la
dualité historique homme/nature et laisse entendre que la nature fournit
des services à l'homme alors qu'il s'agit par essence de sa
mécanique intrinsèque), permet de situer un deuxième
niveau d'association entre l'homme et son environnement.
Les "services rendus par les écosystèmes"
représentent l'ensemble des facteurs naturels qui créent les
conditions nécessaires à l'existence de l'humanité.
On distingue 4 catégories (selon la classification du
<< Millenium Ecosystems Assesment ») :
1) Les services d'approvisionnement
La nourriture, l'eau propre, le bois, les fibres (coton,
chanvre, soie), les ressources génétiques (produits
pharmaceutiques et biochimiques) et les ressources
énergétiques.
2) les services de régulation
La régulation du climat, de la qualité de l'air et
de l'eau, des maladies, des parasites.
3) Les services culturels (non
matériels)
Les services récréatifs (loisirs, tourisme,
relaxation), les valeurs spirituelles et religieuses ou encore les valeurs
esthétiques (créations artistiques,...).
4) Les services de soutien (indispensables aux
autres services)
Le cycle de l'eau, la photosynthèse, la production
d'oxygène, la formation et la protection des sols, le cycle des
éléments nutritifs, la pollinisation,...
<< La biodiversité influence les processus
clés liés aux écosystèmes, tels que la production
de matière vivante, les cycles des éléments nutritifs et
de l'eau, ainsi que la formation et la rétention des sols. Tous ces
processus régissent et assurent les services de soutien qui sont
nécessaires à tous les autres services fournis par les
écosystèmes. [...] Bien que des pertes de biodiversité
pourraient n'avoir, à court terme, que de faibles impacts sur un
écosystème, elles pourraient réduire sa capacité
à s'adapter à des environnements changeants dans le futur. »
(Greenfacts, 2006)
CHAPITRE II - La PERTE DE BIODIVERSITÉ 1.
Qu'est-ce que la perte de biodiversité ?
Du gène à l'écosystème, la
biodiversité est capitale pour l'humanité. Au niveau micro, la
variation génétique est cruciale car elle influence les
capacités d'adaptation. Plus une espèce est diversifiée
sur le plan génétique mieux elle pourra s'accommoder à des
changements survenant dans son environnement (et inversement). Au niveau macro,
la relation entre la biodiversité et le fonctionnement des
écosystèmes fait écho au niveau micro au travers de la
notion de résilience des écosystèmes, c'est-à-dire
la capacité d'un écosystème à retrouver un
état d'équilibre après une perturbation. La perte de
biodiversité, quant à elle, risque d'engendrer des perturbations
écologiques qui affecteront les différents mécanismes
liés aux écosystèmes.
Dans l'histoire évolutive de la Terre, les extinctions
comme les apparitions de nouvelles espèces sont des processus qui ont
toujours existé. Le processus d'évolution produit en permanence,
à l'échelle des temps géologiques, de nouvelles
espèces. Parallèlement, d'autres s'éteignent. L'extinction
est un phénomène normal de l'histoire des espèces.
Néanmoins, l'histoire de la Terre est marquée de vagues
d'extinctions massives. La particularité de ces extinctions est qu'elles
ont provoqué une baisse extraordinaire de la biodiversité non pas
de manière graduelle mais abrupte sur de courtes périodes de
temps. Les tendances des extinctions observées actuellement montrent des
signes d'intensification inquiétants. Selon la liste rouge 2008 de
l'UICN, actuellement 16.928 sur 44.838 (soit 38% des espèces) sont
menacées d'extinction. Parmi ces dernières, 3 246 se trouvent
dans la catégorie la plus menacée, << en danger critique
d'extinction », 4 770 sont << en danger» et 8 912 <<
vulnérables » à l'extinction.
Ainsi, près de 12 % de toutes les espèces
d'oiseaux, 23 % des mammifères, 25 % des conifères, 32 % des
amphibiens et 52 % des cycadales sont actuellement menacés de
disparition (Baillie, Hilton-Taylor et Stuart, 2003). A lui seul, le climat
pourrait causer une augmentation supplémentaire de 15 à 37 % des
chiffres de l'extinction prématurée des espèces existantes
au cours des 50 prochaines années (Levrel, 2007).
Figure 02. L'indice planète vivante
Source: Greenfacts, 2005. 2. Les facteurs de perte de
biodiversité
<< Un facteur de changement désigne tout facteur,
naturel ou induit par l'homme, qui entraîne un changement dans la
biodiversité, directement ou indirectement. Les facteurs de changement
directs qui influencent de manière non équivoque les processus
des écosystèmes comprennent les changements dans l'affectation
des sols, le changement climatique, les espèces envahissantes, la
surexploitation et la pollution. Les facteurs de changement indirects, comme
les changements dans la démographie humaine, les revenus ou le mode de
vie, agissent de façon plus diffuse en modifiant un ou plusieurs
facteurs de changement directs. Les changements dans la biodiversité
sont déterminés par des combinaisons de facteurs de changement
qui opèrent avec le temps, à différentes échelles,
et qui ont tendance à s'amplifier les uns les autres. Par exemple, la
croissance de la population et des revenus conjuguée à certaines
avancées technologiques peut conduire au changement climatique. »
(Greenfacts, 2006)
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