Conclusion: Quelle méthode ou critère
choisir?
Un nouveau problème s'impose; quelle méthode
choisir? Et à partir de là, quelle stratégie on doit
suivre? Surtout que les différentes méthodes connues ont
donné chacune une réponse différente.
La réponse dépend largement de la personne
qui décide, de ses connaissances à propos du problème
et du dossier sur lequel le décideur travail, de son intuition, de son
comportement psychologique et en fin de compte de l'évolution
socio-économico-politique du pays concerné.
2.1. Le contexte hostile
Dans ce genre de contexte, la décision est
contrariée par la présence de deux ou de plusieurs adversaires
c'est-à-dire plusieurs personnes et facteurs interviennent pour former
un conflit d'intérêt. Les deux principales formes de
décision dans un contexte hostile sont:
· Le cas des deux joueurs à somme nulle
c'est-à-dire si quelqu'un gagne l'autre perd la même valeur
gagnée par le premier en fin de compte le solde de l'opération
est nul. Par exemple, les négociations salariales entre patrons et
salariés sont une forme de jeux à somme nulle, le gain des
premiers représente la perte des seconds et vice versa et donc le
résultat est nul.
· Le cas de plusieurs joueurs à somme non
nulle, dans ce cas il y a un gagnant et un perdant; il s'agit surtout de
la détermination d'un prix (d'un bien) par une entreprise sur un
marché concurrentiel.
Dans le cas de deux joueurs à somme nulle il y a des
règles que les deux joueurs ne doivent pas oublier:
· Il faut que chacun des deux joueurs connaisse
parfaitement les règles du jeu,
· Il faut que chaque joueur ait une notion exacte de la
valeur qu'il attache aux gains ou aux pertes,
· Il faut que chaque joueur pense ou bien croit que son
adversaire est très intelligent même s'il ne l'est pas,
· Il faut que chaque joueur se comporte toujours d'une
façon rationnelle.
Notons que dans tous les jeux à deux joueurs les soldes
sont presque toujours nuls.
Soient les deux entreprises A et
B qui se partagent deux marchés I et
II (Beyrouth et Tripoli). Chaque entreprise cherche à
maximiser ses ventes et à partir de là ses gains à travers
une bonne distribution du budget de publicité sur les deux
marchés. En d'autres termes chaque entreprise cherche à minimiser
les ventes et par suite les gains de son adversaire. Le marché est
supposé inélastique c'est-à-dire pour chaque augmentation
des ventes de A on aboutit à une diminution des ventes
de B.
Il y a trois groupes de stratégies pour chaque
entreprise, le tableau de stratégies se présente comme tel:
B
A
|
B1: Allouer* 1/3 au
marché I et 2/3 au marché II
|
B2: Allouer ½ à chaque
marché
|
B3: Allouer 1/3 au marché II et
2/3 au marché I
|
A1: Allouer 1/3 au marché I et 2/3
au marché II
|
14 000
|
6 000
|
- 4 000
|
A2: Allouer ½ à chaque
marché
|
3 000
|
1 000
|
- 2 000
|
A3: Allouer 1/3 au marché II et 2/3
au marché I
|
- 5 000
|
4 000
|
- 3 000
|
*Allouer des dépenses publicitaires du budget de
l'entreprise.
À noter que les 14 000, à titre d'exemple,
signifient que les ventes de l'entreprise A ont
augmenté de 14 000 et celles de l'entreprise B ont
diminué de 14 000. Alors que le résultat - 4 000 signifie que les
ventes de l'entreprise A ont diminué de 4 000 et celles
de l'entreprise B ont augmenté de 4 000. En d'autres
termes les signes positifs sont positifs pour A et
négatifs pour B. Par contre les signes négatifs
sont négatifs pour A et positifs pour
B. Essayons de trouver le meilleur choix pour chacune des deux
entreprises A et B:
· Considérons l'entreprise A:
1. Si A choisit la stratégie
A1, la meilleure stratégie pour
B serait B3 car cette
dernière implique une perte de 4000 pour A et un gain
de 4 000 pour B.
2. Si A choisit la stratégie
A2, la meilleure stratégie pour
B serait B3 car cette
dernière implique une perte de 2000 pour A et un gain
de 2 000 pour B.
3. Si A choisit la stratégie
A3, la meilleure stratégie pour
B serait B1 car cette
dernière implique une perte de 5000 pour A et un gain
de 5 000 pour B.
Restons dans le cadre de la logique de l'entreprise
A ; la meilleure solution pour A est de
choisir A2 car cette dernière
stratégie implique une perte minimale pour A et qui est
de 2 000.
· Considérons l'entreprise B:
1. Si B choisit la stratégie
B1, la meilleure stratégie pour
A serait A1 car cette
dernière implique une perte de 14 000 pour B et un gain
de 14 000 pour A.
2. Si B choisit la
stratégie B2, la meilleure
stratégie pour A serait
A1 car cette dernière implique
une perte de 6 000 pour B et un gain de 6 000 pour
A.
3. Si B choisit la
stratégie B3, la meilleure
stratégie pour A serait
A2 car cette dernière implique
une perte de 2 000 pour A et un gain de 2 000 pour
B.
Alors le choix le plus rationnel pour B
serait aussi de choisir B3. Un point d'intersection
se présente alors, c'est le point de rencontre des deux axes
A2 et B3
c'est-à-dire l'axe qui correspond au résultat - 2 000.
Pratiquement les choses peuvent se présenter sous une
autre forme et sans aucun point d'intersection, le jeu devient dans ce cas
très dangereux pour les deux entreprises en même temps et aucune
solution sûre ne se présente.
2.2. La décision
séquentielle
Parfois il y a un manque d'information, le contexte n'est pas
nécessairement hostile mais plutôt confus. On doit
décider dans une première étape si on a
intérêt à acheter de nouvelles informations ou non, la
décision finale devient ainsi double ou triple, c'est-à-dire on
est en présence d'un arbre de décision ou bien d'une
décision séquentielle dans laquelle la décision finale
dépend d'une ou de plusieurs décisions primaires.
Soit une compagnie pétrolière qui prospecte une
région déterminée pour décider de forer un puits.
Alors deux décisions se présentent pour cette compagnie:
1. Faire ou non une étude sismologique du terrain.
2. Forer ou non le puits.
Chaque réponse peut donner un résultat positif
ou négatif. Le forage coûte d'ailleurs 900 000 USD et
d'après les statistiques déjà établies sur la
région on a:
· 42 % de chance de trouver un puits sec, donc perte
totale,
· 41 % de chance de trouver un bon puits, donc un
rendement moyen égal à 1 200 000 USD,
· 17% de chance de trouver un puits excellent, donc un
rendement moyen égal à 2 500 000 USD.
L'espérance mathématique du profit brut sera:
E=(42%×0)+(41%×1 200 000)+(17%×2 500
000)=917 000 USD.
Soit un profit espéré de 17 000 USD (917 000
USD-900 000 USD) par puits foré, autrement dit la société
pétrolière peut espérer gagner sans aucune étude
sismologique 17 000 USD par puits. Si l'étude coûte 80 000 USD la
question qui se pose de nouveau est la suivante: Est-ce qu'on a
intérêt à faire l'étude, oui ou nom?
D'après les expériences passées dans la
région 200 études sismologiques ont été
effectuées mais 140 (70%) seulement ont donné des
résultats vrais et 60 (30%) ont donné des résultats faux.
Sur les 140 résultats justes il y a 42 puits secs, 70 puits bons et 28
excellents. Pour les 60 études négatives il y a eu 42 puits secs,
12 puits bons et 6 puits excellents. Les résultats portés sur un
tableau deviennent ainsi:
|
Profit brut par puits
(en USD)
|
Résultats positifs S1
|
Résultats négatifs
S2
|
Nombre observé
|
P(Pi/S1)
|
Nombre observé
|
P(Pi/S2)
|
Puits sec (P1)
|
0
|
42
|
30%
|
42
|
70%
|
Puits bon (P2)
|
1 200 000
|
70
|
50%
|
12
|
20%
|
Puits excellent (P2)
|
2 500 000
|
28
|
20%
|
6
|
10%
|
Total
|
140
|
100%
|
60
|
100%
|
· Si une étude sismologique est faite et au cas
où le résultat est positif:
o Si on ne fore pas on ne gagne rien et on ne perd rien
à part bien sûr le prix de l'étude qui est de 80 000
USD,
o Si on fore on peut espérer gagner (ou perdre):
(30%×0)+(50%×1 200
000)+(20%×2 500 000) - 900 000 = 200 000 USD.
· Si une étude sismologique est faite et au cas
où le résultat est négatif:
o Si on ne fore pas on ne gagne rien mais on ne perd rien sauf
bien sûr le prix de l'étude qui s'élève à 80
000 USD.
o Si on fore on peut espérer gagner (ou perdre):
(70%×0)+(20%×1 200
000)+(10%×2 500 00) = - 410 000 USD; donc une perte de
410 000 dollars. Dans ce cas on préfère ne pas forer dans le cas
où le résultat de l'étude serait totalement
négatif.
Encore plus, on a vu que la probabilité que
l'étude soit juste est de 70 % et qu'elle soit fausse 30 %. Le profit
espéré de chaque étude sera dans ce cas
(70%×200 000) + (30%×0) - 80 000 =
60 000 USD.
Si on fait l'étude sismologique et on fore, dans le
seul cas où le résultat de l'étude est positif le profit
net sera de: 200 000 - 60 000 = 140 000 USD.
Enfin la valeur de l'information obtenue à travers
l'étude sismologique est égale à 140 000 - 17 000 =
123 000 USD. Alors on a plein intérêt à
faire l'étude sismologique et payer 80 000 USD (largement
inférieurs que le profit espéré) pour être sûr
de gagner une somme plus importante.
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