Introduction
Les responsables financiers de l'entreprise sont
régulièrement confrontés aux deux grandes décisions
financières à long terme que sont les choix
d'investissement et les choix de financement. La décision
d'investissement est seule créatrice de richesse: Elle permet une
amélioration des résultats et un accroissement de la valeur de
l'entreprise. La décision de financement assure la répartition de
la richesse ainsi créée entre les différents pourvoyeurs
de capitaux que sont les prêteurs et les actionnaires.
Ce mémoire s'intéresse exclusivement à la décision
d'investissement en avenir incertain et aux différentes méthodes
et modèles de prise d'une décision.
Je vais essayer, dans cette introduction, de définir
et clarifier quelques concepts primordiaux, avant d'entamer ce mémoire.
Tout d'abord je vais définir la notion de base qui est
l'investissement:
Au sens étroit l'investissement c'est l'acquisition de
biens de production en vue de l'exploitation d'une entreprise et de
dégager un revenu ou augmentation de la capacité de production.
Au sens large l'investissement c'est l'acquisition d'un capital en vue d'en
percevoir ou d'en consommer le revenu. Dans un sens particulier et familier
l'investissement est synonyme de placement, de mise en réserve d'un bien
de consommation durable en vue de sa revente ou de sa consommation
ultérieure. Au sens de la comptabilité nationale,
l'investissement comprend le renouvellement des équipements et
l'augmentation apportée au patrimoine d'un agent ce qui correspond
à la Formation Brute du Capital Fixe (F.B.C.F). L'investissement dans
tous les cas, s'oppose à la consommation immédiate
c'est-à-dire à la satisfaction des besoins par destruction des
biens et des services.
La définition large précédente permet de
considérer comme investissement:
· L'achat d'un logement (investissement non productif
dans la comptabilité nationale),
· l'éducation (investissement intellectuel qui
permet d'avoir un revenu d'autant plus élevé que la formation est
appréciée et qu'elle exige d'importants sacrifices),
· l'acquisition de moyens de production par une
entreprise,
· les dépenses d'infrastructure de transport par
les administrations publiques (investissement collectif),
· les dépenses de Recherche et
Développement (investissement intellectuel également),
· l'acquisition d'un fonds de commerce, de brevets et de
licences (investissements incorporels).
Les principales classifications de l'investissement sont:
· Investissement productif (équipement
des entreprises) et investissement non productif (logement,
équipements sociaux et collectifs).
· Investissements matériels ou
physiques ou corporels et investissements
immatériels ou incorporels. Ces derniers comprennent
les dépenses de recherche, la publicité et les investissements en
capital humain.
· Investissements dont la dépense est
localisée en une seule époque de même que le produit de
l'investissement (point input - point output), investissement dont la
dépense est continue, mais le produit localisé en un point
(continuous input - point output), et l'investissement ponctuel avec des
produits continus (point input - continuous output).
· Investissements de remplacement,
d'expansion et stratégiques.
· Investissement privé et investissement
public.
· Investissement direct (acquisition de biens
d'équipement) et investissement indirect ou de portefeuille
(prise de participation).
· Investissement autochtone (issu du pays
même où l'investissement s'effectue) et investissement
étranger. Notons que l'investissement étranger dans les
pays en voie de développement (PVD) est appelé aide ou aide
étrangère.
· Investissement de capacité synonyme de
capacité d'expansion (croissance des capacités de production) et
investissement de substitution (ou investissement de
productivité assez proche d'investissement de modernisation).
· Investissement autonome, indépendant du
revenu national ou du chiffre d'affaire et investissement induit,
déterminé par le niveau de la demande.
Du point de vue empirique et micro-économique, la
décision d'investissement s'explique par des motifs et des contraintes
divers: La recherche du profit, la possibilité d'autofinancement, le
prestige, l'accroissement du pouvoir de l'entreprise, les possibilités
d'accès au marché financier, le caractère peu
onéreux du crédit, l'effet d'imitation etc. Mais les
modèles théoriques privilégient le seul motif de
rentabilité, en tenant compte du coût
d'opportunité (ce que rapporterait le placement du montant de
l'investissement dans une autre opération substituable) et de la
préférence pour le présent (actualisation).
Le financement des investissements peut être
direct ou indirect: Le financement direct comprend
l'autofinancement, l'augmentation de capital par émission d'actions
nouvelles et le lancement d'un emprunt obligataire. Le financement indirect se
fait par le recours au crédit bancaire ou au crédit-bail
d'institutions spécialisées. Généralement le
financement indirect d'un investissement de longue durée est de nature
non monétaire, c'est-à-dire qu'il n'entraîne pas de
création de monnaie, sauf éventuellement pour le financement des
investissements publics non couverts par l'impôt et les emprunts
obligataires et qui oblige à recourir à un financement par
endettement auprès de la Banque Centrale.
Le financement des investissements
Financement
Direct
Interne
Autofinancement
Augmentation
Du Capital
Externe
Emprunt obligataire
Indirect
Crédits bancaires
Crédits-bail d'institutions
spécialisées
Au plan macro-économique l'investissement en tant que
formateur du capital fixe détermine profondément les structures
et l'évolution de la conjoncture. La répartition des
activités sur le territoire, la répartition entre
investissements productifs et investissements non productifs,
la répartition entre investissements de capacité et
investissement de substitution etc. conditionnent la nature du
développement, le climat social et la conjoncture économique d'un
pays. À long terme il semblerait que l'effet de l'investissement en
équipement matériel soit moins important que celui de
l'éducation ou du progrès technique. Mais si l'on admet que les
deux facteurs constituent les résultats d'investissements intellectuels,
on retrouve l'idée que l'investissement est capital ce qui explique
pourquoi il joue un rôle important dans la politique
économique des États.
Suite à la définition de la notion
d'investissement je vais, à présent, définir la notion
d'entrepreneur vu l'importance de cette dernière dans
l'introduction de ce mémoire. En effet l'entrepreneur
désigne une personne ou un groupe de personnes qui assume les risques de
créer et de gérer une entreprise en mettant en oeuvre les divers
facteurs de production - ressources naturelles, ressources humaines ou travail,
capital - en vue de produire et de vendre sur un marché des biens et des
services. L'assomption des risques conduit à distinguer dans certains
cas l'entrepreneur du chef d'entreprise, qui peut être un salarié,
et du capitaliste qui n'est qu'un bailleur de fonds.
Les risques de la fonction d'entreprise sont nombreux:
Apparition de nouveaux concurrents, demande plus faible que prévue,
rupture d'approvisionnement, coûts des facteurs plus
élevés, changement de la politique économique et d'autres
variables de l'environnement. Si certains de ces risques peuvent être
couverts par des assurances, d'autres demeurent attachés à la
fonction d'entreprise. Pour la théorie économique classique et
néo-classique, l'assomption du risque est la justification du profit
conçue comme la rémunération de l'entrepreneur,
c'est-à-dire de sa fonction d'entreprise. Pour ces mêmes courants,
l'entrepreneur ou plus généralement la tendance à
entreprendre constitue l'agent principal du dynamisme
économique.
Troisièmement c'est la notion du risque que
je vais définir. Le risque est un phénomène
aléatoire correspondant à une situation où le futur n'est
prévisible qu'avec des probabilités par opposition à
l'incertitude qui correspond à un futur totalement imprévisible
(échappant au calcul) et à la certitude qui permet une
prédiction c'est-à-dire une prévision affectée
d'une probabilité égale à 1. Dans la théorie
classique et néo-classique, l'assomption du risque est
présentée comme la justification du profit de l'entrepreneur et
de l'intérêt du capitaliste. Les risques économiques
des entreprises peuvent faire l'objet d'une assurance: Assurance pour risques
de change, assurance pour risque politique, etc. La décision d'investir
est rationnelle lorsque les profits attendus varient dans le même sens
que les risques. Plus les risques sont élevés plus les profits
doivent être importants.
Quatrièmement c'est la notion d'incertitude
qu'on va définir. L'incertitude c'est la situation
caractéristique d'un futur non prévisible. Elle se distingue du
risque qui concerne une connaissance du futur représentable par une
distribution de probabilités.
L'incertitude rend difficile la décision dans le
présent. La théorie de la décision en avenir incertain a
cependant progressé, grâce à la théorie des jeux,
pour faciliter la prise de la meilleure décision. Issue du
développement des mathématiques appliquées, la
théorie des jeux due à J. Von Neumann et O.
Morgenstern, est un instrument de recherche qui permet l'analyse des
décisions (stratégies) et des comportements des joueurs ou agents
économiques, dont les intérêts peuvent être
divergents, mais des jeux coopératifs peuvent être
envisagés. Dans la version la plus simple, un jeu à deux joueurs
est représenté par une matrice des gains. Celle-ci comporte, en
lignes, les décisions possibles pour un joueur A et, en
colonnes, les décisions possibles pour un joueur B.
L'intersection d'une ligne et d'une colonne donne la somme positive ou
négative du gain de A ou de la perte de
B. La décision, qu'il convient de prendre,
dépendra du critère de choix retenu. S'il est possible
d'énumérer ou de recenser tous les avenirs possibles
c'est-à-dire les différents états de la nature
susceptibles de se produire à la suite de la décision, mais sans
qu'on puisse attribuer une probabilité à ces situations futures,
la théorie des jeux indique alors qu'on peut employer l'un des cinq
critères de choix suivants pour faciliter la prise de
décision:
· Le critère de Laplace: Pour chaque
décision on calcule la moyenne arithmétique des gains
envisagés et on retient la décision qui présente la plus
forte moyenne. Ceci revient à la maximisation de l'espérance
mathématique avec une probabilité égale pour tous les
états de la nature.
· Le critère de Wald ou du Maximin:
Solution de prudence maximum. Pour chaque décision, on retient
l'état de la nature qui donne le gain le plus petit (minimum). Puis
devant ces minima, le joueur choisit la décision pour laquelle le
minimum est le plus élevé. Il maximise le minimum d'où le
nom maximin.
· Le critère du Minimax s'applique au
payeur: Il s'agit dans les états de la nature, de retenir pour
chaque décision, ceux qui entraînent un paiement maximum. Puis de
choisir la décision pour laquelle le maximum à payer est le
minimum le joueur minimise le maximum de ses pertes.
· Le critère de Savage, dit encore minimax
regret: Il consiste à établir un tableau des manques
à gagner attachés à chaque décision par rapport
à la décision la plus favorable pour chaque état de la
nature. La décision à prendre est celle qui minimise le regret
maximum.
· Le critère de Hurwicz: À chaque
décision correspond une moyenne pondérée des
conséquences extrêmes. La décision avantageuse est celle
qui maximise cette moyenne.
Lorsque l'estimation de probabilités est
réalisable, la meilleure décision est celle pour laquelle
l'espérance mathématique du gain est la plus
élevée. C'est la solution ou principe de Bernouilli. Cependant
Daniel Bernouilli indique qu'il n'y a pas de symétrie entre les
évaluations en termes monétaires et les évaluations en
termes d'utilité. C'est le paradoxe de Bernouilli appelé encore
paradoxe se saint-Petersbourg: Un billet qui a une chance sur deux de
gagner 20 mille ducats (ancienne monnaie d'or) et une chance sur deux de ne
rien gagner, a une valeur mathématique de 10 mille ducats, mais il sera
cédé pour 9 mille ducats ou encore moins si son
propriétaire redoute au plus haut point de ne rien gagner. Neuf mille
ducats certains ont une plus grande utilité que 20 mille ducats
aléatoires. Cet exemple illustre le veux proverbe: Un
«tiens» vaut mieux que deux «tu l'aura».
Enfin c'est la notion de la politique
économique pratiquée par le pays, où la
décision d'investissement va être prise, qui doit
intéresser les investisseurs ou bien les responsables financiers qui
désirent prendre une décision concernant tout investissement, que
se soit un investissement lié à l'activité d'une
entreprise ou bien un investissement financier. En effet la politique
économique c'est l'action consciente de la puissance publique se
traduisant par la définition d'objectifs économiques et
sociaux et la mise en oeuvre des moyens nécessaires pour les
atteindre.
Les différents objectifs et les différents
moyens utilisés permettent de définir un grand nombre de
politiques économiques. On distingue trois grandes classifications:
· Selon l'objectif: Politiques conjoncturelles
et politiques de développement,
· Selon les moyens: Politiques
budgétaires, politiques monétaires,
· Selon l'idéologie: Politiques
libérales, politiques interventionnistes.
Il existe plusieurs types de politiques
économiques:
· Politique de régulation: Au sens
restreint, la politique de régulation concerne le maintien des
équilibres: Réduction de l'inflation, maintien de
l'équilibre de la balance des paiements, stabilité de la monnaie,
recherche du plein emploi, etc. Au sens large, la politique de
régulation désigne l'ensemble des actions visant à
conserver le système économique en place (limitation des tensions
sociales, politique anti-crise, etc.).
· Politique de déflation (ou refroidissement
ou stabilisation): La politique de stabilisation est une politique
économique visant à limiter la hausse des prix par des moyens
classiques tels les prélèvements fiscaux, une limitation de la
progression des salaires, un contrôle de la masse monétaire, etc.
Ce qui aboutit souvent à une réduction de l'activité
économique.
· Politique de relance: La relance vise à
stimuler la production et à réduire le chômage; elle
utilise le déficit budgétaire, stimule l'investissement, les
salaires et la consommation, facilite le crédit. On distingue la
relance par la consommation et la relance par
l'investissement.
· Politique de restructuration de l'appareil
industriel: La politique industrielle désigne une politique
économique visant à soutenir l'activité industrielle. La
politique de restructuration cherche à adapter l'appareil industriel. La
politique des créneaux cherche à concentrer les moyens
disponibles sur les secteurs ou sous-secteurs pour lesquels le pays est plus
compétitif. Une filière est une chaîne d'activités
complémentaires liées par des opérations d'achat et de
vente. La politique de filière consiste à choisir une ou des
filières prioritaires et à favoriser la maîtrise par les
firmes nationales de toutes les étapes de ces filières.
· Politique du «stop and go»»:
Politique classique en Grande-Bretagne dans les années 1950-1970, elle
est caractérisée par une suite de politiques de relance puis de
déflation qui s'enchaînent selon un mécanisme classique
reflétant la structure de l'appareil de production.
|