D. PRESENTATION DE LA ZONE
Situé au centre ouest du Sénégal dans la
région naturelle du Sine Saloum, le delta du Saloum s'étend sur
environ 500.000 ha de superficie (DIA, 2003). Il combine les
caractéristiques d'une zone humide marine, estuarienne, lacustre et
palustre, et ses différents sites remplissent les fonctions classiques
d'une zone humide. Les diverses études faites sur la zone du delta du
Saloum ont mis en exergue : un écosystème de mangrove avec ses
vasières riches en matière organique, la présence d'une
multitude de chenaux servant de tampon entre la mer et l'océan et
assurant l'interaction avec le réseau hydrographique en amont, la
diversité spécifique tant animale que végétale, la
présence d'ensembles marin, amphibie et continental.
La zone du delta du Saloum est le lieu d'un important
peuplement humain dont une partie est concentrée dans de grandes
agglomérations7 comme : Niodior, Dionewar, Bassoul, Djirnda,
Palmarin et Bétenti (DIA, 2003). Cette population vit
d'une économie basée essentiellement sur la pêche, le
prélèvement des produits de la mangrove (bois, huîtres,
arches, etc.) et, dans une moindre mesure l'agriculture et l'élevage
puis, plus récemment le tourisme (écotourisme). Le degré
de dépendance de la population du delta du Saloum aux ressources
naturelles témoigne de l'importance du rôle catalyseur que joue
son cadre biophysique en termes de son développement
socioéconomique.
D.1 CADRE BIOGEOGRAPHIQUE
BAILLON (1988) a affirmé que les
caractéristiques actuelles du milieu physique du delta du Saloum ont
été imprimées par les fluctuations eustatiques et
climatiques du quaternaire. La proximité de l'océan,
l'hydrologie, la géomorphologie et la nature des sols exercent par leur
combinaison une influence considérable sur les ressources naturelles de
la zone notamment la mangrove. Ces caractéristiques constituent un
élément déterminant de la physionomie des
écosystèmes (NOUIDEMONA, 2004).
7 Cf. carte de localisation de la RBDS (fig. 4).
![](Contribution-des-reboisements-de-mangrove-du-delta-du-saloum-senegal-a-la-se8.png)
Figure 4 : Carte de localisation de la réserve de
biosphère (RBDS).
D.1.1 LE CLIMAT
C'est l'un des éléments les plus
déterminants sur les ressources BAILLON (1988)
décrit le climat de la zone du delta du Saloum comme situé entre
le climat soudanien et soudano sahélien. La présentation du
climat peut être faite suivant ses composantes que sont :
l'insolation, la température, le
vent, la pluviométrie,
l'humidité relative et
l'évaporation.
L'insolation, fait partie des
paramètres climatiques importants car étant liée aux
autres paramètres climatiques par le biais de l'activité solaire
moteur de la photosynthèse et du cycle de l'eau. Elle varie en fonction
du temps d'ensoleillement mais peut être influencée par la
saisonnalité (présence des nuages pendant la saison des pluies).
L'analyse de la variation des moyennes annuelles de l'insolation au niveau de
la station météorologique de Kaolack laisse constater une petite
tendance régressive au cours de la période 1955-2004 (cf. figure
5). Cette tendance régressive pourrait être expliquée par
les effets des variabilités climatiques que connaît le monde ces
dernières décennies ce qui se caractérisent par
l'accumulation des aérosols et gaz dans l'atmosphère. Ces gaz et
aérosols absorbent une partie de l'énergie solaire incidente ce
qui traduirait cette baisse de l'insolation. Le rôle important de
principale source d'énergie et de chaleur que joue le soleil dans le
fonctionnement de la planète terre confère à l'insolation
une certaine incidence directe sur la température et donc la
végétation.
![](Contribution-des-reboisements-de-mangrove-du-delta-du-saloum-senegal-a-la-se9.png)
1955
1991
1981
1971
1961
1999
1997
1993
1989
1987
1983
1979
1977
1973
1969
1967
1963
1959
1957
1995
1985
1975
1965
2003
2001
300
290
280
270
260
250
Insolation moyenne
240
230
220
210
Année
Figure 5 : Evolution de la tendance
générale de l'insolation moyenne (en watts/h/m2)
annuelle (Météo Kaolack, 2008).
L'analyse des données météorologiques de
Kaolack (2008) révèle que les moyennes
mensuelles de la température varient selon que l'on se
situe à l'intérieur du continent ou dans les îles. Vers
l'océan, l'effet de l'alizé maritime et l'inertie thermique de la
mer favorisent des températures beaucoup plus basses.
Cette analyse révèle aussi une très
grande variation d'amplitude thermique (température diurne deux fois
plus supérieure à la température nocturne) sur la
période 1951-2003. La température diurne mensuelle la plus
élevée de cette même période est de 42,2° C
(mois d'avril 1987) alors que les températures diurnes moyennes
annuelles ne varient qu'aux environs de 34° C à 37° C.
La tendance généralement croissante des
températures moyennes annuelles et de leurs anomalies des années
1951 à 2003 comme en témoignent les figures N°6 et N°7
traduit une nette augmentation de la température (donc des effets des
changements climatiques) sur la zone du delta du Saloum. La température
des masses d'air caractérise les types de vents qui déterminent
les différents types de précipitations car contenant de la vapeur
d'eau libérée par évaporation à partir des
océans et des continents.
![](Contribution-des-reboisements-de-mangrove-du-delta-du-saloum-senegal-a-la-se10.png)
1953
1991
1981
1971
1961
1951
1999
1997
1995
1993
1989
1987
1985
1983
1979
1977
1975
1973
1969
1967
1965
1963
1959
1957
1955
2003
2001
30
29,8
29,6
29,4
29,2
29
28,8
28,6
28,4
28,2
T'moyenne annuelle
28
27,8
27,6
27,4
27,2
Année
Figure 6 : Evolution de la tendance des
températures moyennes annuelles (Météo Kaolack,
2008).
Anomalie de T°
-0,2
-0,4
-0,6
-0,8
-1,2
-1,4
-1,6
-1,8
0,8
0,6
0,4
0,2
1,8
1,6
1,4
1,2
-1
-2
0
1
![](Contribution-des-reboisements-de-mangrove-du-delta-du-saloum-senegal-a-la-se11.png)
1 PRI
i 96A
1 PRF,
1 P87
196c.
961
1963
19,37
1969
i 971
1'173
i 975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
Année
Figure 7 : Evolution de la tendance des
anomalies8 des températures moyennes annuelles
(Météo Kaolack, 2008).
La zone du delta du Saloum est soumise aux trois types de
vents tels que : L'alizé maritime, l'alizé
continental appelé harmattan et la mousson.
L'alizé maritime est relativement frais.
Il balaie la côte basse et sableuse avec une direction NNW et avec un
pouvoir hygrométrique très faible au début de
l'hivernage.
L'alizé continental (harmattan) est un
vent chaud et sec. Il souffle en saison sèche, son long parcours
continental explique sa charge poussiéreuse et son pouvoir
hygrométrique quasi nul.
La mousson est de direction WSW. Après
avoir effectué un long parcours océanique elle arrive sur le
continent avec une humidité élevée de l'air qui apporte
des pluies de juillet à octobre. Le vent joue un rôle non
négligeable sur la température et la pluviométrie de la
zone du delta du Saloum à travers son rôle de vecteur de
transmission d'humidité et de chaleurs.
La pluviogénèse de la
région du Sine Saloum est située entre les isohyètes 700
mm et 900 mm entre la période de 1918 à 2006 avec une saison
des pluies qui va de juin à octobre alternant avec une saison
sèche de sept (07) mois allant de novembre à mai
(Météo Kaolack
8 Anomalie de température : (Xi-X)/ó. Avec Xi :
température de l'année considérée, X :
température moyenne de la période et ó : l'écart
type des température de la période.
et Toubacouta, 2008). La pluviométrie
annuelle et interannuelle est très variable. La tendance
généralement décroissante de la pluviométrie et de
ses indices standardisés (voir les figures N° 8 et N° 9) selon
les données des Stations Météorologiques de Kaolack et de
Toubacouta (2008) pour la période de 1918 à 2006
(Kaolack) et de 1957 à 2006 (Toubacouta), témoigne d'une baisse
sensible de la pluviométrie par rapport aux moyennes annuelles
interannuelles de la zone du delta du Saloum pour ces mêmes
périodes. Cette évolution régressive influence
négativement la composition et la dynamique des ressources de la
mangrove.
1918 1920 1922 1924 1926 1928 1930 1932 1934 1936 1938 1940
1942 1944 1946 1948 1950 1952 1954 1956 1958 1960 1962 1964 1966 1968 1970 1972
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004
2006
![](Contribution-des-reboisements-de-mangrove-du-delta-du-saloum-senegal-a-la-se12.png)
1300
1250
1200
1150
1100
1050
1000
950
Pluviometrie (mm)
900
850
800
750
700
650
600
550
500
450
400
350
300
Année
Figure 8 : Evolution de la tendance de la
pluviométrie (Météo Kaolack, 2008).
![](Contribution-des-reboisements-de-mangrove-du-delta-du-saloum-senegal-a-la-se13.png)
Indice standardis6
-0,1
-0,2
-0,3
-0,4
-0,5
-0,6
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
191S
1920
1922 1924 1926 1928 1930 1932 1934 1936
1938 1949
1942 1944
1 948 1950 1952 1954 1956 1958
1969 1962 1964
1966 19E4: 1973
11, 74
.47^
I 960
1952
1954
1956
1955
C....17
1=414
1995 2000
?nn:
2994 2006
Année
Figure 9 : Evolution de la tendance des indices
standardisés9 de la pluviométrie (Météo
Kaolack, 2008).
![](Contribution-des-reboisements-de-mangrove-du-delta-du-saloum-senegal-a-la-se14.png)
1957
1991
1981
1971
1961
1999
1997
1995
1993
1989
1987
1985
1983
1979
1977
1975
1973
1969
1967
1965
1963
1959
2003
2001
2005
1500
1450
1400
1350
1300
1250
1200
1150
1100
1050
1000
950
900
850
800
Pluviometrie (mm)
750
700
650
600
550
500
450
400
350
Année
Figure 10 : Evolution de la tendance de la
pluviométrie (Météo Toubacouta, 2008).
9 Indices standardisés : (Xi-X)/X. Xi :
pluviométrie de l'année considérée et X :
pluviométrie moyenne de la période.
Indice standardis6
-0,1
-0,2
-0,3
-0,4
-0,5
-0,6
0,9
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
1
![](Contribution-des-reboisements-de-mangrove-du-delta-du-saloum-senegal-a-la-se15.png)
1957
1959
19131
1963
1965
1967
1969
1971
1973
1975
1977
1979
lggi
Pri3
1485
.1987
1989
ggi
ggg
1995
1997
1999
2001
2003
2005
Année
Figure 11 : Evolution de la tendance des indices
standardisés de la pluviométrie (Météo Toubacouta,
2008).
L'humidité relative et l'évaporation fortement
tributaires de l'activité solaire et de la pluviométrie
constituent un des maillons importants du cycle de l'eau dans le delta du
Saloum.
L'humidité relative dépend
principalement de l'insolation et du vent mais aussi de la saisonnalité
climatique. Les valeurs les plus élevées sont enregistrées
pendant la saison des pluies à la faveur des masses d'air humides de
mousson et pouvant avoisiner 100% le jour (99,81% en octobre 2003) alors
qu'elles ne dépassent pas 70% la nuit (70,87% en septembre 2003)
(Météo Kaolack, 2008). L'analyse tendancielle de
l'humidité relative moyenne diurne et nocturne au cours de cette
période (1951-2003) laisse apercevoir une régression de
l'humidité relative diurne alors que l'humidité relative nocturne
augmente (voir les figures N° 12 et N° 13). Cependant, la tendance
quasi constante de l'humidité relative moyenne obtenue en faisant la
moyenne de l'humidité (diurne et nocturne) de chaque année,
explique qu'au cours de la période 1951-2003 les pertes de
l'humidité diurne égalent les gains de l'humidité
nocturne.
1951
|
1953
|
1955
|
1957
|
1959
|
1961
|
1963
|
1965
|
1967
|
1969
|
1971
|
1973
|
1975
|
1977 Année
|
1979
|
1981
|
1983
|
1985
|
1987
|
1989
|
1991
|
1993
|
1995
|
1997
|
1999
|
2001
|
2003
|
![](Contribution-des-reboisements-de-mangrove-du-delta-du-saloum-senegal-a-la-se16.png)
Humidit6 diume
85
84
83
82
81
80
79
78
77
76
75
74
73
72
71
70
Figure 12 : Evolution de la tendance de l'humidité
diurne moyenne annuelle (Météo Kaolack, 2008).
![](Contribution-des-reboisements-de-mangrove-du-delta-du-saloum-senegal-a-la-se17.png)
1953
1991
1981
1971
1961
1951
1999
1997
1995
1993
1989
1987
1985
1983
1979
1977
1975
1973
1969
1967
1965
1963
1959
1957
1955
2003
2001
41
40
39
38
37
36
35
34
Humidit6 nocturne
33
32
31
30
29
Année
Figure 13 : Evolution de la tendance de l'humidité
nocturne moyenne annuelle (Météo Kaolack, 2008).
1951
|
1953
|
1955
|
1957
|
1959
|
1961
|
1963
|
1965
|
1967
|
1969
|
1971
|
1973
|
1975
|
1977 Année
|
1979
|
1981
|
1983
|
1985
|
1987
|
1989
|
1991
|
1993
|
1995
|
1997
|
1999
|
2001
|
2003
|
![](Contribution-des-reboisements-de-mangrove-du-delta-du-saloum-senegal-a-la-se18.png)
Humidito moyenne
65
64
63
62
61
60
59
58
57
56
55
54
53
52
51
50
Figure 14 : Evolution de la tendance de l'humidité
moyenne annuelle (Météo Kaolack, 2008).
L'évaporation est cependant fonction
de la température de l'air, de son pouvoir hygrométrique et de la
vitesse du vent. Elle joue un rôle important dans le cycle de l'eau en
ravitaillant l'atmosphère en vapeur d'eau qui se condense afin de
précipiter sous forme de pluie, brouillard, rosée, neige etc. Les
valeurs les plus élevées sont enregistrées pendant la
saison sèche (Evaporation Potentielle supérieure à 200
mm), mais en saison des pluies elles ne dépassent pas 100 mm au niveau
de la station météorologique de KAOLACK (DRAME
et al. 2003). L'importance du climat se mesure pour la plupart des cas par son
influence sur l'hydrographie et donc par conséquent sur la
végétation, l'homme et les animaux.
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