C. MATERIEL ET METHODE
Le matériel utilisé pour cette étude est
constitué d'instruments de mesure, d'outils pour la coupe rase et la
pesée des biomasses de la mangrove, de pirogue etc. La
méthodologie de l'étude part de la recherche bibliographique qui
a permise l'élaboration du protocole de recherche, au choix de la
méthode de collecte des informations pour finir par le choix des outils
et méthodes de traitement et d'interprétation des
données.
C.1 MATERIEL ET EQUIPE DU TERRAIN
o 1 GPS (global positioning system) qui a permis
de relever les coordonnées géographiques des reboisements ;
o Des cordes pour matérialiser les
limites des parcelles et des transects ;
o Jalons utilisés pour délimiter
les axes de transect. Ils sont fixés aux deux extrémités
des axes de transect ;
o 1 décamètre pour la mesure de
l'écart inter placettes de cinq (05) à dix (10) mètres
selon la taille de la plantation ;
o 1 sécateur pour la coupe rase des
sujets retenus pour la mesure de biomasses ; o Des piquets en
bois nécessaires pour la délimitation des placettes de 1m×1m
; o 1 appareil photo pour illustrer les observations faites
sur le terrain ;
o 1 pied à coulis nécessaire pour
la mesure des diamètres des plants rencontrés dans les placettes
;
o 1 bâton gradué pour mesurer la
hauteur des plants rencontrés dans les placettes ;
o 1 balance électronique de
précision pour la pesée des biomasses issues des feuilles, des
branches et des tiges ;
o Des sachets pour le prélèvement
et la conservation des échantillons de biomasses ;
o 1 étuve pour le séchage des
échantillons de biomasses en vue de la déduction des taux
d'humidité et des coefficients de pondération ;
o (01) manoeuvre pour aider aux tracés
des transects et la réalisation des différentes mesures.
C.2 METHODOLOGIE
La méthodologie de recherche utilisée dans cette
étude part d'une recherche bibliographique qui consiste à
rassembler les documentations possibles traitant des techniques
d'inventaire forestier, de la mangrove, de la séquestration de
carbone atmosphérique par les plantes, des
caractéristiques biophysiques et climatiques du delta
du Saloum, des reboisements de mangrove et de leurs acteurs dans le bassin du
Saloum. Cette recherche a permis l'élaboration du protocole de recherche
qui définit le plan de sondage, les différentes méthodes
de collectes de données et les méthodes et outils de traitement.
Cette recherche bibliographique qui précède les travaux de
terrain est poursuivie sur le terrain jusqu'à la phase de
rédaction du document final en vue d'éventuels compléments
d'informations.
Le nombre important des villages ayant accueilli des
reboisements de mangrove dans le delta du Saloum a fait que le choix des sites
de l'étude est basé sur un certain nombre de critères de
sélection. L'échantillonnage consiste à choisir deux
villages (sites) se trouvant respectivement l'un sur la partie continentale et
l'autre sur la partie insulaire du delta dans lesquels l'UICN a initié
des reboisements de mangrove. Pour ce faire quatre villages ont
été présélectionnés
(Sanghako, Médina Sanghako,
Baout et Djirnda) en raison de leur situation
géographique dans la RBDS (partie insulaire et continentale) ainsi que
de leur proximité, mais après la visite de terrain les sites de
Sanghako1 et de Djirnda2 ont été finalement
retenus pour diverses raisons. Le choix de Djirnda à la place de Baout
est motivé par le nombre de plantations réalisées (six
à Djirnda contre trois à Baout), l'engouement des populations et
la réussite des plantations. Quant au choix de Sanghako au lieu de
Médina Sanghako, il est motivé principalement par le fait que les
plantations de Sanghako remontent de la première campagne de reboisement
que l'UICN a réalisé dans le delta du Saloum.
Sur le terrain, les plantations sont localisées
à l'aide d'un GPS et des relevées de coordonnées
géographiques ont été faites en fonction de leur forme
géométrique en vue de la détermination de leurs
superficies. L'inventaire au niveau de chaque plantation est fait à
l'aide d'un transect réalisé suivant son plus grand axe. La
collecte des données consiste à faire des mesures
dendrométriques (diamètre à la base DB,
diamètre à mi hauteur DmH et hauteur totale
HT) et de biomasses (pesée des feuilles, fûts et
branches) dans des placettes de 1m×1m disposées alternativement le
long des transects. Ces placettes sont disposées suivant un
écartement de cinq (05) à dix (10) mètres selon la taille
des plantations considérées.
1 Cf. carte de localisation des plantations de Sanghako (fig.
3).
2 Cf. carte de localisation des plantations de Djirnda (fig.
2).
![](Contribution-des-reboisements-de-mangrove-du-delta-du-saloum-senegal-a-la-se5.png)
13
Plantation
Transect
Placette d'inventair
Figure 1: Schéma du dispositif
d'inventaire.
La superficie, le taux de recrus naturels et la densité
sont retenus comme paramètres d'appréciation de la dynamique des
plantations. La superficie de chaque plantation est déterminée
par traitement des coordonnées des points caractéristiques de sa
figure géométrique par utilisation du logiciel de cartographie
Arc View. Ces coordonnées géographiques
sont relevées par le moyen d'un GPS Garmin pour
traitement à l'ordinateur. La collecte des données (voir les
fiches d'inventaire en annexes) relatives au taux de recrus naturels se fait
par décompte des nouvelles pousses (recrus naturels) dans chaque
placette. Le nombre total des nouvelles plantules est rapporté à
la surface totale des placettes pour donner le taux de recrus naturels
exprimé en nombre de recrus par hectare (recrus/ha). Enfin, les
données nécessaires à la détermination de la
densité de chaque plantation sont collectées par décompte
de tous les sujets vivants (recrus naturels et plants réussis confondus)
se trouvant dans les placettes disposées le long de la ligne de
transect. Le nombre total des sujets dénombrés est
rapporté à la surface totale des placettes puis extrapolé
à l'hectare pour donner la densité exprimée en nombre
d'individus par hectare.
Les mesures dendrométriques sont utilisées pour
élaborer des régressions allométriques. Le diamètre
à la base (DB) est mesuré sur tous les sujets se
trouvant dans les placettes à la limite supérieure des racines
échasses ou bien au dessus de l'hypocotyle des jeunes sujets à
l'aide d'un pied à coulisse. Le diamètre à mi hauteur
(DmH) est mesuré sur les mêmes sujets et toujours
à l'aide du pied à coulisse mais cette fois à mi hauteur.
La hauteur totale (HT) est pour sa part mesurée sur les
plants (sujets) des placettes à l'aide d'un bâton gradué.
Toutes ces
données sont ensuite traitées en vue de la
recherche des équations allométriques correspondantes au moyen
des logiciels Excel (2003/2007) et XLSTAT par
régression simple et multiple méthode progressive (step by step).
Cette méthode laisse au logiciel la possibilité de
sélectionner les équations les plus représentatives de la
distribution des données expérimentales. Les critères de
validation des régresseurs se résument par leur contribution en
termes de probabilité associée à la variable de Student
(t) et de Fischer (F).
L'estimation de la biomasse se situe dans la perspective de
tirer une bonne connaissance de la productivité végétale
des arbres voire des écosystèmes forestiers afin de mieux
comprendre leur mode de fonctionnement en vue de leur meilleure gestion
[Rondeux, 1999]. En foresterie il existe deux principales
méthodes de mesure de biomasse : la méthode directe ou de
pesée et la méthode indirecte ou de multiplication qui consiste
à multiplier le volume des arbres par leur masse volumique. La
méthode directe très pratiquée aux USA dans le but de
rationaliser la détermination de la quantité de bois ronds et
empilés, présente plusieurs avantages entre autres son
procédé simple et rapide menant à une mesure objective de
la quantité de matière, sa possibilité d'automatisation
des mesures par le moyens des régressions allométriques et enfin,
sa détermination directe, contrairement au volume toujours sujet aux
irrégularités de forme mais nécessite cependant, un plan
de sondage statistiquement acceptable.
Cependant, la méthode indirecte bien que pouvant
être rapide si le volume et la masse volumique des bois sont connus
d'avance peut devenir fastidieux au cas où il faut estimer le volume des
bois et déduire leur masse volumique. Dans le delta du Saloum, des
auteurs comme Doyen (1985), Ndour (2005) et
JICA/JAFTA (2006) ont eu à faire recours aux techniques
de mesure de biomasse pour étudier divers aspects de
l'écosystème mangrove. Doyen a utilisé la méthode
directe pour déduire la quantité de matière
nécessaire pour la production de charbon de bois, de bois de chauffe et
de bois d'oeuvre en termes d'impact socioéconomique des massifs de
mangrove de la RBDS. Ndour (2005) a quant à lui fait
usage de cette même méthode de pesée pour calculer les taux
d'humidité et les coefficients de pondération des bois de
mangrove du delta du Saloum. Cependant, JICA/JAFTA (2006) a
fait usage de la méthode indirecte ou de multiplication pour estimer la
productivité de la mangrove de la RBDS mais aussi leur impact en termes
de séquestration au plan d'impact économique. En dépit des
nombreuses mesures de biomasse que la mangrove du delta du Saloum a fait objet,
les reboisements de mangrove n'ont jamais fait objet ni de mesure de
biomasse ni d'étude d'impact en termes de
séquestration de carbone atmosphérique et d'adaptation aux effets
des changements climatiques.
Ainsi, afin d'éviter les mesures de volume et de masse
volumique trop fastidieuses et parfois incertaines, dans cette étude la
méthode directe a été préférée
à la méthode indirecte et se structure comme suit :
o La mesure des paramètres dendrométriques
consiste premièrement à marquer sur chaque plants des placettes
et à l'aide d'un marqueur indélébile les
numéros3 de placette et d'observation de chaque individu
inventorié puis à mesurer sa hauteur totale
(HT), son diamètre à mi hauteur
(DmH) et son diamètre à la base
(DB) et ce à l'aide d'un bâton gradué et
d'un pied à coulisse.
o La coupe rase consiste à couper le tronc et les
racines échasses (si elles existent) des plants ainsi mesurés
à la limite du sol. Ils sont ensuite sectionnés en branche
feuillage et tronc (fût et racines échasses) en vue d'être
peser.
o La pesée des biomasses s'est faite à l'aide
d'une balance électronique de précision (#177;1g) et consiste
à peser chaque individu inventorié partie par partie dans l'ordre
de feuillage, branche puis tronc.
o Enfin le prélèvement des échantillons
consiste pour sa part à prendre dans un sac quelques quantités
des parties (feuillage, branche et tronc) des plants déjà
pesés. Ces échantillons sont ensuite pesés afin de
connaître leur masse à l'état humide, ce qui allait
permettre la déduction du taux d'humidité et du coefficient de
pondération.
En outre, toutes ces mesures ainsi décrites sont
notées sur les fiches d'inventaire en vue des calculs et manipulations
au cours du traitement des données. Au niveau du laboratoire les
échantillons des troncs, branches et feuillages ont été
séchés à l'étuve à 60°C pendant 72
heures (pour les feuilles), 96 heures pour les branches et 120 heures pour les
troncs (fûts et racines échasses). Le choix de ces
différents temps de séchage est fait par expérimentation
qui consiste à peser quelques échantillons deux fois par jour
jusqu'à l'obtention de masse stable. Les échantillons ont permis
le calcul des coefficients de pondération4
(Ro) des taux d'humidité
(Ho) et le carbone séquestré
(C) selon les équations suivantes :
3 Le numéro 1.1 correspond à la
placette numéro 1 individu numéro 1 ; le 2.5
correspond à la placette numéro 2 individu numéro
5 etc.
4 C'est le rapport entre la biomasse sèche
M0 et la biomasse saturée M5 de
l'échantillon.
Équation 1 : Coefficient de pondération
(Ro).
Ro=Mo/Ms ;
Équation5 2 : Taux d'humidité
(Ho).
Ho(%)=[(Ms-Mo)/Mo]×100
; Équation6 3 : Stock de carbone (C).
C=mo×0,5 avec
mo=ms× Ro.
L'élaboration d'une régression
allométrique vise à modéliser la productivité
végétale (capacité de production de matières
végétales) d'un peuplement donné de manière
à éviter les mêmes mesures nécessaires à sa
détermination afin qu'elle soit directement déterminée
à partir des facteurs ou paramètres (dendrométriques et/ou
environnementaux) qui sont facilement mesurables. Rondeux
(1999) distingue trois principales méthodes quantitatives mettant en
oeuvre ces indices à savoir :
o Les méthodes dendrométriques directes dont le
critère de productivité est la production totale de
matières ligneuses ;
o Les méthodes dendrométriques indirectes dont
le critère de productivité est défini par une
caractéristique dendrométrique étroitement liée
à la production totale (en termes de volume ou de biomasse) ;
o Les méthodes combinées dont le critère
de productivité résulte de l'association de
caractéristiques dendrométriques et de diverses variables du
milieu (sol, flore, topographie, climat etc.).
Les deux premières méthodes sont essentiellement
de nature dendrométrique et s'adressent spécifiquement au
matériel ligneux, elles font intervenir des indices (paramètres)
dendrométriques alors que la troisième méthode permet, par
contre, d'associer les indices dendrométriques et les facteurs de
l'environnement sous la forme d'indices combinés. Ainsi donc, la
recherche de régressions allométriques conduit pour la plupart
des cas à l'élaboration
5 Certains auteurs comme Rondeux (1999) ont signalé des
taux allant jusqu'à 200% notamment au niveau des feuilles.
6 Dans ces équations m0 correspond
à la biomasse sèche totale de la plantation exprimée en
tonne de matière par hectare le ms
correspond à l biomasse fraîche totale exprimée tonne de
matière fraîche par hectare alors que le coefficient
0,5 correspond à la proportion de carbone contenu dans
une quantité de biomasse sèche donnée (GIEC, 2008).
des tables de productivité (tarif de cubage ou de biomasse
selon qu'on s'intéresse au volume ou à la quantité de
matière).
Dans le cadre de ce mémoire, contrairement aux
études de foresterie où la productivité se limite aux bois
d'oeuvre (fûts et grosses branches), l'analyse de la productivité
s'étant sur toute la partie pied de l'arbre du peuplement afin d'estimer
la quantité de carbone atmosphérique qui y est
séquestré. La connaissance de la productivité des
peuplements des plantations de mangrove de la RBDS faisant partie
intégrante de tout l'écosystème mangrove du delta du
Saloum nécessite une bonne connaissance de sa biogéographie, sa
morphopédologie et de sa population d'où l'importance de la
présentation de la zone d'étude.
![](Contribution-des-reboisements-de-mangrove-du-delta-du-saloum-senegal-a-la-se6.png)
Figure 2 : Carte de localisation des plantations de
Djirnda.
![](Contribution-des-reboisements-de-mangrove-du-delta-du-saloum-senegal-a-la-se7.png)
Figure 3 : Carte de localisation des plantations de
Sanghako.
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