Les ressources non renouvelables constituent-elles une limite
à la croissance ? De la fin de la dernière guerre jusqu'au
début des années 1970, le point de vue dominant livrait sur la
question une réponse négative. Il s'appuyait notamment sur les
travaux empiriques parmi lesquels ceux de Barnett et al (1963) et de Johnson et
al (1980). Ces travaux montraient une croissance régulière du
coût réel des produits d'extraction. L'exploitation
associée aux résultats empiriques fait appel au progrès
technique qui se traduit par une réduction des coûts
d'exploitation et par la découverte de nouveaux gisements.
Récemment, et certainement sous l'influence de la
crise de l'énergie, des études ont contesté les
résultats de Barnett et al. Examinant non les coûts, mais les prix
(qui incorporent aussi la rente) des ressources minérales ; Smith
(1979), par exemple, montre que, s'il y a une baisse des prix, celle-ci se
produit à taux décroissant. D'autres tels que Slade (1982)
concluent que l'on est passé par un minimum et que le prix relatif est
maintenant croissant pour les principaux minerais et combustibles. Dans un tel
contexte, il est passionnant, pour Robinson (1985), de réexaminer
à travers l'oeuvre de Jevons (1865) sur la question charbonnière,
les analyses, les craintes et les solutions envisagées pour
résoudre le problème de l'épuisement d'une ressource qui
jouait un rôle considérable dans le développement
économique de l'Angleterre
Beaucoup de travaux ont été consacrés,
ces trente dernières années, à la question de l'allocation
intertemporelle optimale des ressources épuisables et au rôle et
au fonctionnement du marché dans ce domaine (Dasgupta et al (1979),
Hartwick (1977)). Le modèle de base en la matière consiste
à rechercher le maximum de la valeur nette actualisée d'un
bénéfice social résultant de l'exploitation d'un gisement
(bénéfice social défini comme la somme du surplus du
consommateur et du producteur). Le caractère épuisable de la
ressource s'introduit par une
contrainte de stock. Dans ce cadre, les conditions
nécessaires pour un maximum sont doubles. La première condition
implique que le prix de la ressource n'est pas égal au coût
marginal d'extraction, mais au coût marginal plus une variable auxiliaire
attachée à la contrainte de stock qui s'interprète comme
le prix fictif d'une unité de la ressource in situ. Ce prix fictif est
aussi nommé royalty ou rente de rareté.
Cette condition illustre que : prix =coût
marginal d'exploitation + rente de rareté P = CmE
+ ë
C'est cette rente qui constitue le véritable
indicateur de raréfaction de la ressource. La deuxième condition
due à Hotelling (1931), nous dit que la rente de rareté doit
progresser à un taux égal à celui du taux
d'intérêt. La valeur non actualisée de la rente de
rareté doit croître au rythme du taux d'actualisation, ou encore,
la valeur actualisée de la rente de rareté doit être
identique pour chaque période.
Attention, ce denier résultat n'est vrai que dans
l'hypothèse de coûts d'exploitation
indépendants du niveau de stock encore exploitable ( 0
? =
? x
C
t ).
L'optimalité intertemporelle impose qu'il n'y ait pas
de gain possible en modifiant la date de prélèvement d'une
unité de ressource. Le produit de la vente d'une unité peut
être investi avec un taux de rendement égal au taux
d'intérêt. Alternativement, une unité maintenue in situ
doit voir sa valeur croître à un taux égal au taux
d'intérêt.
La section suivante sera consacrée au
développement des différentes approches relatives à
l'utilisation optimale des ressources naturelles épuisables car notre
étude concerne essentiellement l'exploitation d'une telle ressource.
SECTION 2 : DES APPROCHES RELATIVES A L'EXPLOITATION
OPTIMALE D'UNE RESSOURCE NON RENOUVELABLE.