Les caractéristiques de mobilité,
d'indivisibilité des ressources interdisent une gestion rationnelle au
niveau individuel.
Les fuels fossiles, les minerais par exemple n'ont pas d'autre
vocation.
Certaines ressources dites d'aménité livrent
directement des services aux individus, mais simultanément elles peuvent
être utilisées à des fins productives.
Les droits de propriété peuvent être
appréhendés comme des caractéristiques qui
définissent les droits et les impôts pour l'usage d'une ressource
ou d'actif particulier. Selon Bromley (1986), les ressources naturelles peuvent
être utilisées sous les régimes de droits de
propriété suivants :
Sous un régime de propriété d'Etat, sous un
régime de propriété privée, sous un régime
de propriété en commun et sous un régime d'accès
libre.
· sous un régime de propriété
d'Etat, la ressource appartient à l'Etat qui contrôle son
utilisation. Les individus devraient être autorisés à
utiliser la ressource, mais seulement selon les règles imposées
par l'Etat.
Exemples : les forêts nationales, les parcs
nationaux, les mines et les gisements de gaz naturel (le cas de notre
étude) appartenant à l'Etat.
· sous un régime de propriété
privée, le droit d'usage de la ressource, tout comme l'achat et la vente
de la ressource sont contrôlés par les individus.
Exemples : les forêts privées, les prairies
etc...
· sous un régime de propriété en
commun, un groupe d'individus peut contrôler
l'usage de la ressource et empêcher son usage aux non
propriétaires. Les membres
de cette propriété ont spécifié les
droits et impôts relatifs à la ressource. Exemples : les
régions ou les domaines communs.
· sous un régime d'accès libre ; chaque
utilisateur potentiel de la ressource a l'autonomie totale d'utiliser la
ressource dans la mesure où personne n'a le droit légal
d'empêcher un autre utilisateur potentiel de la ressource. Personne ne
peut parler de propriété car il n'y a aucun droit de
propriété.
Un stock de ressource naturelle spécifique crée
des surplus économiques, qui est la différence entre le prix du
marché de la ressource et les coûts engendrés quand la
ressource a été extraite ou épuisée. Cette
différence représente la valeur d'une unité de ressource
naturelle particulière et est appelée "rente de
rareté économique". Quand cette rente est
perçue par un propriétaire particulier d'une ressource, et quand
il peut être certain que cette situation durera dans le temps (comme dans
le cas de régime de propriété privée ou de
propriété en commun), c'est dans l'intérêt des
utilisateurs de gérer et exploiter la ressource avec une plus grande
attention. Sous un régime d'accès libre la situation est tout
à faire différente ; il n'y a aucun propriétaire de la
ressource et ceux qui l'utilisent n'ont aucune intention de la gérer
prudemment ou de la conserver. Ce qui est absent est une convention liant les
parties (binding agreement), laquelle convention assure à chaque
utilisateur que s'il empêche la surexploitation, les autres utilisateurs
se comporteront de la même façon.
Fort de qui précède l'on peut dire qu'il est
évident de dire que les droits de propriété ou leurs
absences jouent un rôle central dans l'économie des ressources
naturelles.
1. Accès à la ressource et absence de
régulation
Selon Desaigues et al (1993), l'accès libre à
certaines ressources du patrimoine naturel conduit à une totale
disparition de la rente. En effet, toute perspective de profit attire de
nouveaux exploitants, ceci accentue la surexploitation de la ressource.
L'abaissement de la productivité de la ressource réduit alors les
profits qui tendent ainsi à se maintenir en permanence à un
niveau proche de zéro. Cette situation est assez caractéristique
des pêcheries de par le monde. D'un point de vue économique, on
caractérise ce genre de gestion en observant que pour les producteurs
l'équilibre est atteint lorsque le prix égalise le coût
moyen. En effet, ceci conduit bien à un profit nul.
Ainsi, pour un accès régulé6
l'équilibre est assuré lorsque le prix est égal au
coût marginal alors que dans le cas d'accès libre,
l'équilibre est atteint lorsque le prix s'égalise avec le
coût moyen. Ceci n'est pas sans conséquence sur
l'évaluation de la variation de bien- être social associée
à une variation d'une composante du patrimoine naturel.
6 On conviendra d'appeler ici accès
régulé celui qui résulterait d'une gestion assurée
par un exploitant propriétaire cherchant à rendre maximum son
profit dans un contexte de concurrence.
2. Les outils mis en oeuvre dans la gestion des actifs
naturels
L'efficacité des outils est ici confrontée
à la résolution de différents problèmes
caractérisant la gestion des actifs naturels. En effet, la puissance
publique est souvent intervenue pour régler la gestion intertemporelle
des ressources, et les conditions de leur usage optimal. La gestion des actifs
en commun soulève des problèmes particuliers. Enfin la puissance
publique ne peut ignorer les effets redistributifs de son intervention.
2.1. La gestion intertemporelle
Les politiques développées à propos de
l'utilisation des ressources épuisables font souvent appel aux taxes,
subventions et encadrement des prix. Pour des raisons d'équité et
d'efficacité, la puissance publique est amenée à
réguler une exploitation essentiellement privée. En effet, d'une
part, on considère souvent que ces ressources relèvent du domaine
public et que les rentes dégagées doivent revenir à la
collectivité. Il faut donc introduire un système de taxe. D'autre
part pour corriger ces distorsions on met en place des systèmes
d'allègements fiscaux destinés à encourager une
exploitation plus complète, ou bien des dispositifs de taxe pour
prévenir un comportement trop myope dans le rythme d'utilisation de
ressources stratégiques.
2.2. L'usage optimal des ressources
Ce dont il est question ici est clairement de mettre en place
un mécanisme susceptible d'orienter les ressources vers les emplois
où elles dégagent le plus grand bénéfice social. Il
existe un certain nombre de ressources naturelles (notamment l'eau), dont les
droits d'usages sont attachés soit à des propriétés
foncières, soit à des individus7. Ces droits assurent
une relative exclusivité dans l'usage de la ressource, mais ils ne sont
pas mobilisables et transférables. Dans ce cas, les utilisateurs tirant
un mauvais parti de leur ressource ne peuvent pas la vendre à des
utilisateurs plus performants. Ceci bloque une amélioration de la
situation pour l'ensemble des utilisateurs, car l'une des
caractéristiques d'une allocation efficiente des ressources est qu'elle
égalisera les bénéfices marginaux nets de tous les usages.
Une solution consiste à créer un marché de droits
négociables.
7 On pensera aux droits de pêche
attribués à certaines tribus d'indien au Canada ou aux «
viagers » pour la pêche en estuaire en France par exemple.
2.3. La gestion des actifs en commun
Une gestion en accès libre pur se traduit par une
double inefficience : inefficience instantanée et inefficience
intertemporelle. La première prend la forme d'un effort et donc un
coût de prélèvement trop élevé. La
deuxième résulte d'un niveau de stock maintenu trop bas et ainsi
d'une productivité naturelle réduite, ce qui affecte les profits
futurs.
Comment éviter que les exploitants
prélèvent jusqu'au niveau où leur profit s'annule ?
Comment les inciter à prendre en compte la valeur de l'actif naturel ?
Une taxe sur l'effort peut conduire au bon résultat ; pour la rendre
acceptable on propose en général de la combiner avec un programme
de rachat d'une partie du capital technique engagé dans l'exploitation
(Munro et al, 1985). Une autre solution est de délivrer des droits
d'accès à la ressource, avec possibilité d'échanger
ces droits. Ce système peut conduire à intensifier les
prélèvements (remplacement de petits bateaux de pêche par
des plus gros). Enfin, on peut concevoir des droits de
prélèvement ou quotas.
2.4. L'équité redistributive dans l'affectation
des ressources
La puissance publique dans son intervention
régulatrice peut créer des situations à fort impact
redistributif. C'est le cas en matière de planification foncière
lorsque l'on fixe les zones constructibles et celles qui ne le sont pas. Cet
arbitrage de type préservation/développement est
réalisé sur la base d'informations biologiques, physiques et
économiques. Une des faiblesses de cette procédure est qu'elle
ampute le droit de propriété de certains agents sans
compensation, alors que d'autres bénéficient de rentes de
situation très rémunératrices. Les victimes potentielles
ont tout intérêt à obtenir une modification du zonage.
Lorsqu'elles s'y emploient, l'efficacité de la planification peut s'en
trouver largement affectée.
Pour redonner une certaine efficacité à la
planification foncière à travers la restauration d'une relative
équité, on a suggéré (Costonis, 1973) la mise en
place de droits de développements transférables. Dans un tel
système on identifie les zones protégées (activité
agricole ou zones naturelles) et des zones à développement
possibles (urbanisation, industrialisation). Les propriétaires de
terrains dans les zones classées hors développement
reçoivent des droits à développement. Ils doivent donc se
porter acquéreurs des droits de développement remis aux
propriétaires de terrains dans en zone protégée ce qui
compense la perte de valeur de leurs terres inconstructibles.
Un programme de droits de développement
transférables isole la composante droit à bâtir. En
théorie, un marché de droits de développement
transférables redistribuera les rentes générées par
le processus d'industrialisation et d'urbanisation. Le fonctionnement d'un tel
marché pose de délicats problèmes théoriques et de
mise en oeuvre. Des variations apparemment mineures dans les institutions et
dans les règles de transfert gouvernant ce type de programme peuvent
avoir des conséquences significatives sur la distribution des
coûts et des bénéfices pour la collectivité (Field
et al, 1975)