Chapitre 2
2.1 -Revue de la littérature
empirique
Orisma L. (2007), a porté l'attention
sur les effets de politiques monétaires et des incertitudes politiques
sur l'inflation en Haïti où les incertitudes politiques et
l'émission de monnaie constitueraient deux grandes sources d'inflation
dans l'économie haïtienne et que les politiques monétaires
qui tenteraient de réduire l'inflation ne faisaient que ralentir son
rythme d'accroissement. Pour réaliser l'étude l'auteur a
utilisé plusieurs variables qu'il a divisées en deux groupes,
d'une part les instruments de politique monétaire comprenant le taux de
réserves obligatoire des banques privées (TRBP)
et le taux de réserve de la banque centrale (TRBC) et
d'autre part les variables économiques et autres qui sont l'inflation
(DPIB)15, la masse monétaire
(M1), une variable dummy (D)16, et
choc politique (CP). Avec toutes ces variables l'auteur a fait
des analyses économétriques en mettant en évidence les
changements structurels, en procédant à des analyses uni
variées des séries de base, faire la détection
d'éventuelles cointégrations des séries et faire le test
de causalité au sens de Granger.
Dans le cadre empirique, l'auteur est arrivé à
la conclusion que durant la période considérée les
politiques monétaires de la banque centrale (BRH) sont
caractérisées par des changements structurels qui ont eu lieu
à des moments importants de la vie économique du pays. A partir
des analyses de causalité, il a conclu que les autorités
monétaires utilisaient le TRBC tout au long de la
période considérée et que les résultats
escomptés ne sont obtenus qu'au courant et à la fin du
deuxième trimestre qui suit l'application des mesures de la politique
monétaire et l'effet de ces mesures est très peu significatif. Ce
qui est différent lorsque l'instrument considérer est le
TRBP puisque dès le premier trimestre, l'inflation
diminue brusquement en glissement annuel. Les analyses de causalité, en
incluant les incertitudes politiques dans le modèle ont permis de voir
que l'inflation augmente suite à un choc politique pour devenir stable
sur une période relativement longue. Il conclut pour dire que les
incertitudes politiques font augmenter l'inflation d'une moyenne de 160 % alors
que les instruments de politique monétaire ne la font baisser que de
10%.
Dans cette étude les facteurs influençant sur
l'inflation sont la croissance de la masse monétaire et les chocs
politiques, mais ces deux variables à elles seules ne peuvent pas
expliquer l'inflation, c'est ainsi une variable comme le taux de change a
été omis au niveau de l'étude. Contrairement à
l'auteur, dans
15 Déflateur du PIB
16 La variable D prend la valeur de 1 sur tout le
segment ou le changement structurel est observé et 0 dans le cas
contraire.
notre étude il sera question de faire une analyse de
l'évolution du taux de change au cours de la période de
l'étude et de vérifier sa contribution à l'inflation et
les impacts des politiques monétaires sur le taux de change via les
instruments.
Cheng K. C. (2006) examine les impacts de la
politique monétaire sur la production, les prix et le taux de change au
Kenya durant la période de 1997 à 2005. Son travail a
utilisé les techniques économétriques des vecteurs
autorégressifs.
Le principal résultat qu'il a trouvé est que
dans le court terme une augmentation des taux d'intérêt fait
suivre toujours une baisse au niveau des prix et une appréciation du
taux de change a un impact insignifiant sur la production. Dans l'étude
l'auteur a proposé le modèle qui suit : G(L)Yt = C(L)Xt +
åt où Xt contient les variables comme
l'indice de prix des marchandises (comm) calculé sur la
base des exportations de Kenya , l'indice des prix du petroil
(oil) et le taux de réserve fédéral des
états unis (Fed) et Yt contient des
variables comme le PIB ( GDPt) , l'indice des prix à la
consommation (CPIt) et la masse monétaire
(Mt) , le taux d'intérêt de court terme
(St ) et le taux de change ( NEERt) .
Après les estimations, l'auteur est arrivé
à la conclusion que les effets de la politique monétaire sont
insignifiants pour la production globale, plus particulièrement l'impact
n'est pas statistiquement différent de zéro, d'un autre
coté il montre que la politique monétaire a un impact durable et
significatif sur les prix; une augmentation dans le court terme du taux
d'intérêt est suivi par une diminution au niveau des prix; l'effet
apparaît entre 9 à 12 mois après l'impact.
Au niveau de ce travail on a pu constater que l'inflation dans
son ensemble est combattue avec les instruments que sont le taux de
réserve et l'opération d'open market; ce dernier permet de
contrôler la liquidité au niveau des banques commerciales. Mais le
problème qui se pose avec l'étude est que le nombre de retard au
niveau du modèle n'a pas été clairement bien défini
pour étudier l'impact de la politique monétaire sur
l'inflation.
Minella A. (2001) examine la politique
monétaire et les relations des bases macroéconomiques comme le
PIB, le taux d'inflation, le taux d'intérêt et la monnaie au
Brésil. Basé sur un modèle de vecteur autorégressif
(VAR), il compare trois périodes différentes : la période
d'une croissance modérée de l'inflation (1975-1985), forte
inflation (1985-1994), et inflation faible (1994-2000). Les principaux
résultats qu'il a trouvés montrent que la politique
monétaire a un effet significatif sur la production. La politique
monétaire n'incite pas une réduction de l'inflation dans les deux
premières périodes, en d'autres
termes la politique monétaire ne répond pas
vraiment rapidement ou activement au taux d'inflation, dans les périodes
assez récentes le taux d'intérêt répond
intensément aux crises financières.
p
L'auteur a utilisé le modèle par VAR structurel
suivant : A0Zt = k -
Ai Z - - ì
t i t
i=1
Ou Zt est le vecteur de dimension (n x 1), A0
et Ai sont les matrices des coefficients de dimensions (n
x n) , k est le vecteur des constantes , P
est le nombre de retard et Ut est le vecteur des bruits blancs
non corrélés , (E(UtU0t) est
considéré comme une matrice diagonale . En multipliant le
modèle par la matrice
p
inverse de A0 il obtint le modèle VAR
réduit suivant : t i t
Z t = c - B i Z -+
å
i=1
Rappelons qu'il a pris comme variable dans l'estimation du
VAR, l'output (Y) mesuré par l'indice de la production
industrielle, le taux d'inflation (INF) ou le niveau des prix
(P), le taux d'intérêt (INT),
l'agrégat monétaire (M1). L'estimation utilise
des données mensuelles. La problématique fut traitée en
utilisant les fonctions de réponses aux chocs, qui décrivent le
comportement d'une variable par rapport à une autre. Il a ordonné
les variables comme suit : l'output, le taux d'inflation, le taux
d'intérêt et M1. A cause de la présence de retards dans la
disponibilité des données sur l'output et le taux d'inflation,
l'auteur assume que les impacts sur l'output, le taux d'inflation et le taux
d'intérêt sont transmis rapidement aux agrégats
monétaires. Dans la récente période il est évident
que la politique monétaire a considérablement agi sur le niveau
des prix, puisqu'il a observé une réduction au niveau de la
persistance de l'inflation.
Crhistiano. L. J, Eichenbaum M, Evans C (1993)
montrent que le niveau des réserves permet d'évaluer
l'impact de la politique monétaire dans les activités de
prêt et d'emprunt dans les différents secteurs de
l'économie. Ils identifiaient deux types de variables ; les
premières variables sont celles qui sont directement affectées
par les actions de la politique monétaire. En gros ils trouvent
l'évidence d'un puissant effet de liquidité, c'est-à-dire
une contraction de la masse monétaire est associée avec une
hausse au niveau du taux de réserve fédéral et une
diminution au niveau des différents agrégats monétaires.
La seconde classe des variables se compose des agrégats
macroéconomiques standard. Ainsi une contraction des mesures de la
politique monétaire implique un déclin persistant au niveau du
PIB réel, l'emploi et les prix des commodités. Ils remarquaient
que les mesures de la politique monétaire n'ont d'effet que sur la
variation du déflateur du PIB (inflation) qu'approximativement
après 12 mois, après quoi il y a un
déclin17. Ils identifient une mesure de la
politique monétaire en utilisant l'équation de régression
de la
forme suivante : St =ø (
Ù t ) + óåst
Ou St est l'instrument de la politique, ø est une
fonction linéaire, Ù est l'information disponible des
autorités monétaire lorsque St est en marche, ó
est un nombre positif, et åst est la série non
corrélée
d'innovation. En accord avec cette spécification,
l'impact de la politique monétaire sur une variable peut être
mesuré par les coefficients de la régression des variables
actuelles et les valeurs retardées des résidus de
l'équation. A ce propos ils présentent le modèle qui suit
:
Ou ì t = Cå t où
C est une matrice triangulaire inférieur et åt
est la matrice variance covariance
équivalent à la matrice identité. Avec
toutes ses considérations le vecteur Zt contient les variables
suivantes, le log du PIB réel (Y), le log du
déflateur du PIB (P), le log de l'index des prix des
commodités (PCOM), le log des réserves non
empruntées (NBRD), le taux de réserves
fédérales (FF) et le log des réserves
totales (TR). Ils ont estimé dans l'ordre les variables
suivantes Zt : (Yt, Pt, PCOM, FF, NBRD, TR) en utilisant des
données trimestrielles allant de 1960 à 1992 avec 4 retards pour
les variables dans le système.
En termes de résultats ils ont trouvé que
l'impact de FF est de 0,79 % en rythme annuel, tandis que pour
le NBRD il est de l'ordre de 1,61%, entre ces deux variables,
il y a une corrélation de 0,49 %. Le déflateur du PIB (inflation)
est affecté par les mesures de politique monétaire
qu'après approximativement 12 mois.
Sims C. A. et Zha T. (1996) montrent comment
manipuler les erreurs bayesiennes pour les réponses aux chocs
estimées à partir des modèles de vecteurs
autorégressifs réduits afin d'éviter les problèmes
comme la multicollinearité, ils mettent aussi l'accent sur le fait qu'il
faut bien identifier un VAR, puisque cela peut générer des
erreurs de prévision au niveau des réponses aux chocs. Ils
considèrent ce modèle linéaire multi variée
A(L) y(t) +
C = e(t), (1)
Ou y(t) est un vecteur avec
m×1 observations,
A(L) est la matrice polynomiale de
l'opérateur de retard (L) de dimension
m× m,
avec p retard, et C un vecteur
de constante.
Selon eux l'inflation répond brutalement dès le
premier trimestre aux chocs de la politique monétaire. Les analyses
empiriques prouvent qu'une contraction de la masse monétaire cause une
baisse persistante dans le taux de croissance de M2 et une hausse continue du
taux d'intérêt, un déclin persistant de
17 Contrairement aux travaux de Sims qui a
observé une période de 24 mois
l'inflation et après un certain délai, un
déclin persistant dans le PIB réel. L'apport majeur de ce
document se résume dans le fait que Sims et
Zha trouve la meilleure spécification qu'est la
variation du temps dans la variance des chocs, non pas dans les
coefficients.
Dans le cas de notre étude nous allons nous inspirer du
travail fournit par André Minella dans le choix des
variables, mais on ne tiendra pas compte de l'output puisqu'il n'existe pas de
données mensuelles pour celui-ci, on fera l'ajout du taux de change, car
d'une part nous ne pouvions pas introduire toutes les variables possibles dans
l'analyse du modèle vu la quantité des variables et les retards
de chacune de ces variables. Cependant le travail de Lonege
Orisma aura une attention soutenue puisqu'il traite d'Haïti, on
tentera de comparer nos résultats avec ses travaux même s'il n'a
pas orienté sa recherche à partir d'un VAR.
2.2 L'utilisation du VAR dans le cadre de la politique
monétaire
Sims C. (1980) présentait la
première analyse de la politique monétaire dans le cadre d'un
modèle à vecteur autorégressif. Sims fait sentir la
nécessité d'augmenter le champ des variables ayant rapport
à la politique monétaire dans un VAR et d'améliorer les
méthodes pour manier de grande quantité de paramètre dans
un modèle développé. Par la suite des recherches
importantes ont été faites. D'ou l'on peut citer récemment
Strongin (1995), Christianno, Eichenbaum et Evans
(1996); Bernanke et Mihov
(1995), mettant l'emphase sur l'importance de tenir compte des
différents régimes de politique monétaire.
Sims d'un autre coté montre l'importance d'inclure des
variables dans le VAR tel que les prix de commodité que la banque
centrale devrait utiliser dans la prévision de l'inflation. Pour
Sims les variations des instruments de la politique
monétaire sont les conséquences des réponses de la
politique et de l'état de l'économie, non pas par les changements
aléatoires du comportement de la politique; les impacts de la politique
monétaire sur des variables réelles sont estimées de
façon modeste, dépendant de son spécification.
Robert Litterman un pionnier dans la démonstration de
la valeur du VAR dans la prévision, a aussi développé des
méthodes pour les utiliser dans les prévisions des choix de
politique monétaire18.
A cet effet la méthodologie VAR non restreint exige :
d'identifier les innovations de la politique monétaire en imposant des
restrictions dans la matrice des impacts, comparer la représentation
théorique et estimée du model VAR, en utilisant des statistiques
comme : l'impact des coefficients, la fonction des réponses aux chocs,
la décomposition de la variance et le chemin temporel des impacts
structurels. Pour
18 Voir par exemple Litterman 1982 ,1984
beaucoup de chercheurs l'estimation des coefficients de court
terme est souvent mauvaise. Le signe et la significativité des
réponses aux chocs différent à travers les règles
de la politique, mais il y a une tendance très répandue de mal
représenter la vraie dynamique. De même la décomposition de
la variance sous estime l'importance des impacts de la politique
monétaire. La structure du VAR dans un certain sens est mauvaise dans
l'explication de la politique monétaire. C'est tout au moins ce que
pense des auteurs comme Rubebusch en 1998 qui fournit un
certain nombre de raisons qui montrent pourquoi le modèle VAR est
inadéquat pour l'analyse de la politique monétaire.
En guise de réponse Sims (1998) nous
fait croire que la critique de Rudebusch n'est pas une
critique constructive19. C'est plus une attaque qu'une critique
toujours selon Sims. En réponse il lui fait un bref
résumé de ces études sur l'identification du VAR. La
question de la variation du temps, linéarité et la
sélection des variables est universelle pour les modèles en
macroéconomie. La modélisation du VAR a été
déjà pensée en conséquence. Pour faire une critique
selon Sims, le document de Rudebusch devrait montrer une façon
particulière d'introduire la non linéarité, en accord avec
la variation du temps.
Vu cet état de fait, dans notre analyse nous assumons
que Sims a raison, puisque la modélisation du VAR est jusqu'à
date l'outil économétrique le mieux approprié pour
étudier le comportement de différentes variables d'une
manière simultanée et que la modélisation du VAR permet
d'étudier les impacts de la politique dans l'objectif d'une
réduction de l'inflation dans l'économie. Mais dans notre analyse
on ne tiendra pas compte du prix des commodités dans la prévision
de l'inflation.
19 Comment on Glenn Rudebusch's «Do Measures of Monetary
Policy in a VAR Make Sense?» de Christopher A. Sims
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