CHAPITRE 3
STRUTURE ET ORGANISATIONS SOCIALES.
3.3. Institutions familiales.
La famille est la plus petite unité sociale. Au
village Mbih II, la famille n'est pas seulement constituée du
père, de la mère et des enfants, mais aussi, des oncles, des
tantes, des petits-fils et même du voisin le plus proche.
3.3.1. Genèse du mariage.
De nos jours, un garçon adulte est libre de
choisir sa fiancée ; de même, une fille a la liberté
de choix de son futur époux. Autrefois, tel n'était pas le cas,
en effet, l'avis de la fille importait peu, car c'est le père qui
décidait à qui marier sa fille.
Le garçon et la fille doivent d'abords
être en accord. Alors la famille du garçon va rencontrer les
parents de la fille pour dire leurs intentions. Si les parents de la fille sont
d'accord, après quelques rites traditionnels, c'est le début des
fiançailles. Les parents du garçon offrent de la boisson (vin de
raphia, bière ...) une chèvre et une somme de 30000 Fr.
appelée « Knock door » qui représente une
sorte de garantie mais ne remplace pas la dote. La famille de la fille quant
à elle offre des noix de kola et des arachides pour symboliser
l'union.
La dote qui est un acte du mariage coutumier, vient
rompre les fiançailles. Cette dote est matérialisée par le
versement d'une somme d'argent variant selon les exigences de la
belle-famille.
En plus de la dote, la famille du garçon donne
une tine d'huile, une chèvre, un régime de plantain et un sac de
sel pour des cérémonies au cours desquelles on nourrit la
famille, les voisins et les amis. Les ancêtres reçoivent leur part
du festin à travers leurs successeurs.
On peut cependant observer des cas où la
belle-famille s'oppose catégoriquement au mariage de leur fille. Dans
ces cas, souvent la fille quitte clandestinement sa famille pour rejoindre son
amoureux avec les risques d'être renié par sa famille. Ces
mariages avec des femmes non dotées ou sans la bénédiction
de l'une ou des deux familles s'apparentent parfois au concubinage et ont peu
de chances de succès.
3.1.2 Les types de ménages.
Ø La monogamie.
C'est le lot des jeunes couples et des maris qui ont une bonne
morale religieuse. Certains attendent d'avoir assez de moyens pour prendre une
autre femme. L'habitation est constituée d'une seule maison.
Ø La polygamie.
C'est le type de ménage le plus rencontré dans
le village. Elle constitue une source d'honneur et de prestige pour ces vieux
qui ont en moyenne trois femmes. La case du mari est plus grande que les autres
et placée en face de l'entrée principale de la concession. Les
cases des épouses sont construites autour de celle de leur mari.
Ø La polyandrie.
On parle de polyandrie lorsqu'une femme est mariée
à plusieurs hommes. Elle n'existe pas dans le village, car chaque femme
n'a officiellement qu'un seul mari.
Ø L'endogamie.
Elle consiste à l'union conjugale d'un homme et d'une
femme de même village mais de familles différentes. C'est le type
de mariage le plus rencontré à Mbih II. En effet, deux familles
qui se connaissent et se font confiance sont fières de donner leurs
enfants en mariage.
Ø L'exogamie.
L'exogamie désigne l'union maritale entre un homme et
une femme de village ou de tribu différente. Auparavant ce type de
mariage était rare et même interdit mais de nos jours elle est de
plus en plus tolérée à Mbih II. En effet, un garçon
ou une fille qui fait ses études ou travaille en ville peut revenir au
village avec un conjoint de tribu différente.
Dans le foyer, c'est le père qui est le chef. A
sa mort, l'un de ses fils lui succède et hérite de la
majorité de ses biens. La succession de la mère a un
caractère beaucoup plus symbolique.
3.4. Les institutions politiques.
Les institutions politiques sont incarnées par le chef
supérieur du groupement BAFOU, ensuite viennent les chefs de
2ème et de 3ème degré, et enfin les
notables.
3.4.1. La chefferie.
La chefferie de Mbih II est de 3ème
degré. Le chef du village est sa majesté FOLOH KITIO Raymond. Le
chef du village set assisté de notables qui sont
généralement constitués des plus anciens du village. Ils
détiennent les pouvoirs spirituels de la chefferie et donnent leurs avis
sur les décisions importantes à prendre.
Le chef désigne son successeur par un testament
écrit ou oral détenu par les notables. C'est toujours un
garçon issu de la famille royale et généralement un des
fils du chef.
La désignation du nouveau chef se fait juste
après la mort de son père. Les notables l'envoient ensuite dans
un lieu sacré appelé "Lah Kam". Il y passera plusieurs semaines
où il sera initié et recevra les pouvoirs traditionnels et la
bénédiction des notables.
3.4.2. Autres personnalités
influentes.
Ø Les notables
Ils détiennent les pouvoirs
spirituels de la chefferie et sont les principaux conseillers du chef.
Ø Les jumeaux.
La naissance des jumeaux impose beaucoup de
cérémonies rituelles à la famille concernée. En
effet, selon les croyances locales, les jumeaux sont capables d'apporter soit
le bonheur soit le malheur dans la famille. Ils peuvent aussi mourir à
volonté s'ils ne sont pas bien traités.
Ø Les sorciers.
Ce sont des gens doués de pouvoirs surnaturels. La
population leur impute la responsabilité de nombreux cas de
décès et de malheurs dans le village.
Ø Les élites intérieures et
extérieures.
Ce sont les notables et les riches qui
vivent au village, en ville ou à l'extérieur du pays. Ils sont
capables d'influencer les décisions dans le village grâce au poids
que leur donnent leurs richesses matérielles et financières, ils
jouent aussi un rôle déterminant dans le développement du
village (tracé des routes, électrification, bornes fontaines,
établissements scolaires, etc.)
3.4.3. Les partis politiques.
Ceux qui existent au village sont le RDPC (Rassemblement
Démocratique du Peuple Camerounais) et le SDF (Social Démocratic
Front).
3.4.4. Les systèmes d'entraide.
Les systèmes d'entraide (associations, GICs,
Cooperatives, etc) se situent à plusieurs niveaux de la societe et se
caractérisent par un regroupement d'individus selon leur âge,
sexe, affinité et objectifs.
Ø Au niveau familial.
Tous les enfants d'une même famille (concession) se
réunissent chaque année (congrès familial) pour discuter
et résoudre les problèmes qui existent au sein de la famille.
C'est aussi une occasion de retrouvailles pour les membres de la famille qui
vivent généralement dispersés dans les différentes
villes du pays.
Ø Au niveau du village
- Les tontines au sein des réunions d'agriculteurs
d'enseignants et élites du village
-Les associations des jeunes ressortissants du village
-Les visites de soutien aux femmes qui viennent d'accoucher
"Njioh-mooh".
-Le regroupement des jeunes pour des travaux de
réfection des pistes, de construction des ponts, etc....
3.3 Les institutions éducatives
Les institutions éducatives sont constituées
d'une école primaire et d'un centre de formation professionnel (INFOP)
issu du dispensaire de MBIH II.
3.3.1 Ecole publique de Bassessa-Djiomock
Elle a été crée en 1977 et est construite
à la limite des villages MBIH I et Ndjiomock. C'est une école
à cycle complet (sil au cours moyen deux). Cette école rencontre
cependant plusieurs difficultés :
- les salles de classes sont dans état
délabrées.
- un personnel enseignant non qualifié et non
motivé à cause des maigres salaires.
- les effectifs sont pléthoriques car c'est la seule
école primaire publique du village.
3.4 Les institutions religieuses
3.4.1 Religions chrétiennes
Le catholicisme est le seul représentant des religions
chrétiennes à MBIH II. Environ 30% de la population le pratique,
majoritairement les jeunes. La chapelle de Fombet est leur lieu de culte.
3.4.2 Autres croyances
La majeure partie de la population de MBIH II est animiste.
Cet animiste est basé sur la croyance au dieu des crânes, des
arbres, des pierres et des eaux.
A côté de la croyance au dieu des crânes,
il existe aussi les dieux de familles qu'on appelle localement
« Dem-Dou » ou « dem-mbah. Ils sont nourris dans
des petites cases situées généralement à
côté des marigots.
3.5 Institutions économiques
Les activités économiques sont très
diversifiées à MBIH II.
3.5.1 Les principales activités
économiques
Les activités lucratives les plus pratiquées
sont l'agriculture et le commerce. Cependant, on trouve quelques personnes qui
pratiquent l'élevage et d'autres petits métiers comme
l'artisanat, la vigne, la menuiserie, la maçonnerie, la couture et la
coiffure.
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