CHAPITRE 2.
HISTOIRE ET CARACTERISTIQUES
DEMOGRAPHIQUES.
2.4. Histoire du village.
Le groupement BAFOU gouverné par le chef Fo'o Ndong,
était autrefois un vaste territoire conquis à la suite de
nombreuses guerres tribales. Le chef Bafou exerçait un pouvoir sans
partage sur ses sujets, ses décisions étaient sans appel.
Lorsque Wamba Sop (fils aîné du chef
supérieur Bafou) eu l'âge de se marier, son père lui donna
des femmes et l'envoya s'installer à `Teou khoti' (village voisin de
l'actuel MBIH II) pour y fonder une famille. Cependant, ses femmes et ses
enfants mourraient mystérieusement, de plus ses nuits étaient
hantées. Il alla donc demander conseil aux anciens du village, ceux-ci
lui conseillère de venir s'installer auprès d'eux, au lieu qui
correspond aujourd'hui à MBIH. Une fois installé, Wamba trouva la
paix et la tranquillité car ses femmes et ses enfants ne mourraient
plus.
Lorsqu'il fut âgé, il ne se permit pas, en
tant que fils du chef supérieur, de voir des gens sans importance vivre
autour de lui. C'est ainsi qu'il chassât les anciens qui l'avaient
hébergés et conseillés, pour étendre ses terres.
Ces derniers ne pouvaient se rebeller de peur d'attirer sur eux la
colère du chef Bafou. Si tel était le cas, le chef de famille
serait enterré vivant, ses femmes et ses enfants seraient vendus comme
esclaves.
Le chef Bafou vit que son fils était à
l'aise à MBIH et lui donna ce territoire pour qu'il y règne comme
chef. Fier de l'honneur que lui avait fait son père, Wamba Sop chassa
tous ceux qui avaient de bonnes terres et y installa ses fils et ses amis,
c'est ainsi que se créa le village MBIH.
2.4.1. Origine de la population.
La population de MBIH II est constituée des Bafous
de la zone Bassessa. Cependant, l'histoire de MBIH ne révèle
aucune connaissance précise concernant l'origine de sa population. Il
convient toutefois d'accepter que cette population serait issue des
Semi-Bantous de race Bamiléké.
2.4.2. Origine du nom MBIH.
Ce nom avait été
donné par le chef Bafou. En fait, ce nom `MBIH' signifie `SEMER' en
langue locale (Yemba).En effet, puisque les enfants de Wamba sop, fils
aîné de chef Bafou, ne mourrait plus dans leur nouveau territoire,
il se mit à semer des graines (maïs, haricot, soja...) pour nourrir
sa famille qui grandissait de plus en plus.
2.1.3. Histoire coloniale
L'arrivée des colons européens diminua
considérablement l'autorité du chef. Ce dernier pouvait ainsi
être traduit en justice et être jugé. L'esclavage fut aboli
et le chef fut chargé de collecter les impôts dans son village. Le
chef pouvait avoir recours à l'administration coloniale pour
résoudre certains problèmes dans le village.
2.1.4. Vestige de l'histoire coloniale
Plusieurs caractéristiques et innovations marquent
le passage de la colonisation au village Mbih II. Nous pouvons noter entre
autre :
- l'introduction des cultures de rente telles que le
café et le quinquina.
- La lutte contre l'analphabétisme par la construction
d'école.
- L'introduction de nouvelles techniques culturales telles que
l'assolement, la jachère, la fertilisation des sols par la fumure
animale et les engrais chimiques.
- L'introduction de la vaccination pour lutter contre les
épidémies et améliorer ainsi l'état de santé
des populations.
2.1.5. Histoire contemporaine
Kitio Gaston était l'un des fils du chef Wamba sop.
Il demanda à son père de lui donner un terrain très
convoité et au milieu du quel se dressait un énorme arbre
appelé « Lefoh ». Cependant, Sah Ngang, un homme
influent du village, convoitait le même terrain. Sa jalousie le poussa
à voler des chèvres en passant par la concession de Kitio Gaston
pour le faire accuser de vol. Il alla ensuite attacher les chèvres
à la rivière et rentra chez lui.
Les propriétaires des chèvres
allèrent voire un sorcier qui les fit suivre une abeille magique qui
devait retracer l'itinéraire du voleur. C'est ainsi que l'abeille les
conduisit chez Kitio Gaston, ils envoyèrent alors trois personnes
avertir le chef Wamba sop. Par la suite, l'abeille remonta la rivière
jusqu'au domicile de Sah ngang où elle entra par un trou. Ce dernier fut
arrêté et jeté en prison. Il n'avait plus le droit de
passer au village avant une certaine période. Ses terres furent saisies
et données à Kitio Gaston comme dédommagement.
Le chef Wamba sop mourut en septembre 1956, un an avant le
début du maquis dans la zone. Il laissa derrière lui 70 femmes et
110 enfants. Lors des obsèques de son père, Kitio Gaston fit
bonne impression aux chefs Bafou et Fokamezo qui étaient à la
cérémonie. C'est ainsi que son frère qui avait
succédé à leur père Wamba sop, décida de le
faire chef d'un territoire qui constitue aujourd'hui le village Mbih. La
rivière Ndou-menguem sépare le village en deux, Mbih I et Mbih
II.
Kitio Gaston qui avait, dès lors, prit le nom de
Foloh Kitio Gaston, mourut le 4 mars 1976 après deux ans de
règne. Une statut à son image fut bâti à
l'entrée de la chefferie. Il fut succédé par son fils
Foloh Kitio Raymond qui est chef de Mbih II jusqu'à notre jour.
2.5. Caractéristiques
démographiques.
2.5.1. Données générales sur la
population.
D'après les investigations du chef de poste
agricole de Bassessa-Djiomock en 2004, la population de Mbih II est
estimée à 1626 habitants répartis comme l'indique le
tableau N°4 ci-dessous.
Tableau N°4 :
Répartition de la population de Mbih II par sexe et par classe
d'âge.
Classe
d'âge
|
0-4
|
5-9
|
10-19
|
20-29
|
30-39
|
40-49
|
50-59
|
60-69
|
70-
|
totaux
|
hommes
|
212
|
185
|
150
|
93
|
61
|
43
|
25
|
10
|
4
|
783
|
Femmes
|
207
|
195
|
180
|
102
|
67
|
52
|
22
|
11
|
7
|
843
|
Totaux
|
419
|
380
|
330
|
195
|
128
|
95
|
47
|
21
|
11
|
1626
|
Source : Poste agricole de Bassessa.
D'après ce tableau, nous trouvons :
Ø Pourcentage d'hommes =
Ø Pourcentage de femmes =843
On note que le nombre de femmes est légèrement
supérieur au nombre d'hommes. En outre, le pourcentage de la population
de moins de 20 ans est de :
1129 100/ 1626 = 69,43%
Ce pourcentage témoigne de la jeunesse de la
population de Mbih II. Ces jeunes sont pour la plupart des
élèves. L'agriculture est ainsi délaissée à
la frange de la population de plus de 20 ans. Les femmes sont beaucoup plus
consacrées à la culture de la terre, tandis que les hommes
pratiquent l'élevage des porcs, chèvres et volailles. Certains
exploitants réussissent néanmoins à concilier
l'agriculture et l'élevage, le plus souvent à des fins
commerciales.
Les données du tableau N°4 nous ont permis de
dresser la pyramide des âges de la population de Mbih II en annexe.
2.5.2. Etude de quelques processus
démographiques.
Cette étude a été
rendue possible grâce aux données recueillies auprès de la
Mairie Rurale de Nkong-Zem et du centre de santé VISADE (Vieillard-
Santé- Développement) de Mbih II.
a)la natalité.
Tableau N°5 : Naissances au cours des
années 2003-2004.
|
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Totaux
|
2003
|
Garçons
|
1
|
1
|
2
|
/
|
2
|
2
|
2
|
1
|
/
|
1
|
3
|
5
|
20
|
|
Filles
|
/
|
1
|
2
|
/
|
4
|
2
|
2
|
1
|
1
|
/
|
3
|
/
|
16
|
2004
|
Garçons
|
1
|
2
|
/
|
/
|
1
|
2
|
1
|
1
|
/
|
/
|
/
|
2
|
10
|
|
Filles
|
1
|
/
|
/
|
/
|
/
|
1
|
2
|
/
|
/
|
3
|
2
|
2
|
11
|
D'après ces valeurs nous avons :
Ø Taux de nat. (2003) =361000/1626=22,14
Ø Taux de nat. (2004) =21
Ce taux de natalité est faible et peux
s'expliquer :
Ø Certaines jeunes filles en âge de
procréer préfèrent poursuivre leurs études.
Ø Plusieurs pratiquent la contraception et le planning
familial.
En outre, nous ne pouvons écarter l'hypothèse
selon laquelle certaines femmes enceintes préfèrent aller
accoucher en ville.
b) La mortalité.
16 cas de décès ont été
enregistrés en 2004 à Mbih II contre 18 cas en 2003, ce qui donne
un taux de mortalité(TM) de :
Ø TM (2003) =18
Ø TM (2004) =16
Nous pouvons attribuer ce faible taux de mortalité
à l'amélioration des conditions sanitaires des paysans
grâce à la présence d'un centre de santé au sein du
village.
c) Les migrations.
L'émigration (exode rural) est
marquée au village par le départ des jeunes vers les centres
urbains. La tranche d'âge la plus touchée est de 16 à 30
ans et les principales destinations sont Douala et Yaoundé. En 2003, On
a enregistré 31 cas d'émigrés, soit un taux
d'émigration (TE) de :
TE (2003) =
Les garçons migrent beaucoup plus que les filles.
En effet, ils vont en ville continuer leurs études ou apprendre un
métier. Les filles quant à elles vont beaucoup plus en ville
lorsqu'elles se marient.
L'émigration pendant les vacances est moins
marquée à cause du besoin de la main d'oeuvre pour les travaux
champêtres.
L'immigration quant à elle est
marquée par le nombre de personnes qui viennent s'installer au village
pour des raisons diverses :
Ø Les fonctionnaires affectés dans les
écoles et autres organismes (Mairie, Sous-préfecture, centre de
santé...).
Ø Le retour au village de ceux qui ont
échoué en ville.
Ø La retraite, etc.
En 2003, 21 cas d'immigration ont été
enregistrés à Mbih II. Le taux d'immigration (TI) est donc
de :
TI (2003)= 21%o.
Ces immigrants se convertissent généralement
à l'agriculture. Cependant, l'immigration saisonnière est plus
marquée dans le village, car les jeunes viennent de la ville pour passer
les vacances et repartent à la rentrée scolaire.
d) La nuptialité
Tableau N°6 : Répartition
des mariages à Mbih II en 2004
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
JU
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Total
|
2004
|
1
|
/
|
/
|
1
|
/
|
/
|
2
|
2
|
/
|
2
|
/
|
2
|
10
|
Source : Mairie rurale de Nkong-zem.
Ces données nous permettent de calculer le taux de
nuptialité (TNu) qui est de :
TNu= %o.
Les filles se marient plus vite, entre 16 et 25 ans, tandis
que les garçons se marient entre 28 et 35 ans car ils doivent d'abord
être capables d'assumer les responsabilités d'un foyer.
e) Accroissement naturel de la population.
Le taux d'accroissement naturel (TAN) est la
différence entre le taux de natalité et le taux de
mortalité au cours d'une année donnée.
Ø TAN(2003)= %o.
Ø TAN(2004)= %o.
TAN (2003-2004)= %o.
Ce taux signifie que la population de Mbih II a conu une
augmentation de 12 nouveaux habitants au cours de
l'année 2004.
2.3 Conclusion
Mbih II est l'un des villages les plus
privilégiés du groupement Bafou. En effet, il est situé
à coté de la mairie rurale de Nkong-zem, de la
sous-préfecture et de la gendarmerie de Nkong-ni. Cela dénote un
rapprochement des services administratifs et de sécurité
publique. De plus, il est traversé par un tronçon de route bien
praticable qui le relie directement à l'axe routier bitumé
Dschang-Bafoussam.
L'histoire de Mbih II est récente et, sa
population presque stable, serait entièrement de race
Bamiléké. La présence en son sein d'un centre de
santé a largement contribué à l'amélioration des
conditions sanitaires de sa population.
La fertilité de son sol, la douceur de son
climat, l'esprit de paix et de fraternité sont des atouts que Mbih II
préserve jalousement.
|