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Caractéristiques socio-culturelles et démographiques d'une communauté rurale: cas du village Mbih ii à  Bafou (ouest-Cameroun)

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par Roméo KITIO Ngouadjio
Univ. de Dschang, Fac d'Agronomie (FASA) -  2005
  

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CHAPITRE 2.

HISTOIRE ET CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES.

2.4. Histoire du village.

Le groupement BAFOU gouverné par le chef Fo'o Ndong, était autrefois un vaste territoire conquis à la suite de nombreuses guerres tribales. Le chef Bafou exerçait un pouvoir sans partage sur ses sujets, ses décisions étaient sans appel.

Lorsque Wamba Sop (fils aîné du chef supérieur Bafou) eu l'âge de se marier, son père lui donna des femmes et l'envoya s'installer à `Teou khoti' (village voisin de l'actuel MBIH II) pour y fonder une famille. Cependant, ses femmes et ses enfants mourraient mystérieusement, de plus ses nuits étaient hantées. Il alla donc demander conseil aux anciens du village, ceux-ci lui conseillère de venir s'installer auprès d'eux, au lieu qui correspond aujourd'hui à MBIH. Une fois installé, Wamba trouva la paix et la tranquillité car ses femmes et ses enfants ne mourraient plus.

Lorsqu'il fut âgé, il ne se permit pas, en tant que fils du chef supérieur, de voir des gens sans importance vivre autour de lui. C'est ainsi qu'il chassât les anciens qui l'avaient hébergés et conseillés, pour étendre ses terres. Ces derniers ne pouvaient se rebeller de peur d'attirer sur eux la colère du chef Bafou. Si tel était le cas, le chef de famille serait enterré vivant, ses femmes et ses enfants seraient vendus comme esclaves.

Le chef Bafou vit que son fils était à l'aise à MBIH et lui donna ce territoire pour qu'il y règne comme chef. Fier de l'honneur que lui avait fait son père, Wamba Sop chassa tous ceux qui avaient de bonnes terres et y installa ses fils et ses amis, c'est ainsi que se créa le village MBIH.

2.4.1. Origine de la population.

La population de MBIH II est constituée des Bafous de la zone Bassessa. Cependant, l'histoire de MBIH ne révèle aucune connaissance précise concernant l'origine de sa population. Il convient toutefois d'accepter que cette population serait issue des Semi-Bantous de race Bamiléké.

2.4.2. Origine du nom MBIH.

Ce nom avait été donné par le chef Bafou. En fait, ce nom `MBIH' signifie `SEMER' en langue locale (Yemba).En effet, puisque les enfants de Wamba sop, fils aîné de chef Bafou, ne mourrait plus dans leur nouveau territoire, il se mit à semer des graines (maïs, haricot, soja...) pour nourrir sa famille qui grandissait de plus en plus.

2.1.3. Histoire coloniale

L'arrivée des colons européens diminua considérablement l'autorité du chef. Ce dernier pouvait ainsi être traduit en justice et être jugé. L'esclavage fut aboli et le chef fut chargé de collecter les impôts dans son village. Le chef pouvait avoir recours à l'administration coloniale pour résoudre certains problèmes dans le village.

2.1.4. Vestige de l'histoire coloniale

Plusieurs caractéristiques et innovations marquent le passage de la colonisation au village Mbih II. Nous pouvons noter entre autre :

- l'introduction des cultures de rente telles que le café et le quinquina.

- La lutte contre l'analphabétisme par la construction d'école.

- L'introduction de nouvelles techniques culturales telles que l'assolement, la jachère, la fertilisation des sols par la fumure animale et les engrais chimiques.

- L'introduction de la vaccination pour lutter contre les épidémies et améliorer ainsi l'état de santé des populations.

2.1.5. Histoire contemporaine

Kitio Gaston était l'un des fils du chef Wamba sop. Il demanda à son père de lui donner un terrain très convoité et au milieu du quel se dressait un énorme arbre appelé « Lefoh ». Cependant, Sah Ngang, un homme influent du village, convoitait le même terrain. Sa jalousie le poussa à voler des chèvres en passant par la concession de Kitio Gaston pour le faire accuser de vol. Il alla ensuite attacher les chèvres à la rivière et rentra chez lui.

Les propriétaires des chèvres allèrent voire un sorcier qui les fit suivre une abeille magique qui devait retracer l'itinéraire du voleur. C'est ainsi que l'abeille les conduisit chez Kitio Gaston, ils envoyèrent alors trois personnes avertir le chef Wamba sop. Par la suite, l'abeille remonta la rivière jusqu'au domicile de Sah ngang où elle entra par un trou. Ce dernier fut arrêté et jeté en prison. Il n'avait plus le droit de passer au village avant une certaine période. Ses terres furent saisies et données à Kitio Gaston comme dédommagement.

Le chef Wamba sop mourut en septembre 1956, un an avant le début du maquis dans la zone. Il laissa derrière lui 70 femmes et 110 enfants. Lors des obsèques de son père, Kitio Gaston fit bonne impression aux chefs Bafou et Fokamezo qui étaient à la cérémonie. C'est ainsi que son frère qui avait succédé à leur père Wamba sop, décida de le faire chef d'un territoire qui constitue aujourd'hui le village Mbih. La rivière Ndou-menguem sépare le village en deux, Mbih I et Mbih II.

Kitio Gaston qui avait, dès lors, prit le nom de Foloh Kitio Gaston, mourut le 4 mars 1976 après deux ans de règne. Une statut à son image fut bâti à l'entrée de la chefferie. Il fut succédé par son fils Foloh Kitio Raymond qui est chef de Mbih II jusqu'à notre jour.

2.5. Caractéristiques démographiques.

2.5.1. Données générales sur la population.

D'après les investigations du chef de poste agricole de Bassessa-Djiomock en 2004, la population de Mbih II est estimée à 1626 habitants répartis comme l'indique le tableau N°4 ci-dessous.

Tableau N°4 : Répartition de la population de Mbih II par sexe et par classe d'âge.

Classe

d'âge

0-4

5-9

10-19

20-29

30-39

40-49

50-59

60-69

70-

totaux

hommes

212

185

150

93

61

43

25

10

4

783

Femmes

207

195

180

102

67

52

22

11

7

843

Totaux

419

380

330

195

128

95

47

21

11

1626

Source : Poste agricole de Bassessa.

D'après ce tableau, nous trouvons :

Ø Pourcentage d'hommes =

Ø Pourcentage de femmes =843

On note que le nombre de femmes est légèrement supérieur au nombre d'hommes. En outre, le pourcentage de la population de moins de 20 ans est de :

1129 100/ 1626 = 69,43%

Ce pourcentage témoigne de la jeunesse de la population de Mbih II. Ces jeunes sont pour la plupart des élèves. L'agriculture est ainsi délaissée à la frange de la population de plus de 20 ans. Les femmes sont beaucoup plus consacrées à la culture de la terre, tandis que les hommes pratiquent l'élevage des porcs, chèvres et volailles. Certains exploitants réussissent néanmoins à concilier l'agriculture et l'élevage, le plus souvent à des fins commerciales.

Les données du tableau N°4 nous ont permis de dresser la pyramide des âges de la population de Mbih II en annexe.

2.5.2. Etude de quelques processus démographiques.

Cette étude a été rendue possible grâce aux données recueillies auprès de la Mairie Rurale de Nkong-Zem et du centre de santé VISADE (Vieillard- Santé- Développement) de Mbih II.

a)la natalité.

Tableau N°5 : Naissances au cours des années 2003-2004.

 
 

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

Totaux

2003

Garçons

1

1

2

/

2

2

2

1

/

1

3

5

20

 

Filles

/

1

2

/

4

2

2

1

1

/

3

/

16

2004

Garçons

1

2

/

/

1

2

1

1

/

/

/

2

10

 

Filles

1

/

/

/

/

1

2

/

/

3

2

2

11

D'après ces valeurs nous avons :

Ø Taux de nat. (2003) =361000/1626=22,14

Ø Taux de nat. (2004) =21

Ce taux de natalité est faible et peux s'expliquer :

Ø Certaines jeunes filles en âge de procréer préfèrent poursuivre leurs études.

Ø Plusieurs pratiquent la contraception et le planning familial.

En outre, nous ne pouvons écarter l'hypothèse selon laquelle certaines femmes enceintes préfèrent aller accoucher en ville.

b) La mortalité.

16 cas de décès ont été enregistrés en 2004 à Mbih II contre 18 cas en 2003, ce qui donne un taux de mortalité(TM) de :

Ø TM (2003) =18

Ø TM (2004) =16

Nous pouvons attribuer ce faible taux de mortalité à l'amélioration des conditions sanitaires des paysans grâce à la présence d'un centre de santé au sein du village.

c) Les migrations.

L'émigration (exode rural) est marquée au village par le départ des jeunes vers les centres urbains. La tranche d'âge la plus touchée est de 16 à 30 ans et les principales destinations sont Douala et Yaoundé. En 2003, On a enregistré 31 cas d'émigrés, soit un taux d'émigration (TE) de :

TE (2003) =

Les garçons migrent beaucoup plus que les filles. En effet, ils vont en ville continuer leurs études ou apprendre un métier. Les filles quant à elles vont beaucoup plus en ville lorsqu'elles se marient.

L'émigration pendant les vacances est moins marquée à cause du besoin de la main d'oeuvre pour les travaux champêtres.

L'immigration quant à elle est marquée par le nombre de personnes qui viennent s'installer au village pour des raisons diverses :

Ø Les fonctionnaires affectés dans les écoles et autres organismes (Mairie, Sous-préfecture, centre de santé...).

Ø Le retour au village de ceux qui ont échoué en ville.

Ø La retraite, etc.

En 2003, 21 cas d'immigration ont été enregistrés à Mbih II. Le taux d'immigration (TI) est donc de :

TI (2003)= 21%o.

Ces immigrants se convertissent généralement à l'agriculture. Cependant, l'immigration saisonnière est plus marquée dans le village, car les jeunes viennent de la ville pour passer les vacances et repartent à la rentrée scolaire.

d) La nuptialité

Tableau N°6 : Répartition des mariages à Mbih II en 2004

 

J

F

M

A

M

J

JU

A

S

O

N

D

Total

2004

1

/

/

1

/

/

2

2

/

2

/

2

10

Source : Mairie rurale de Nkong-zem.

Ces données nous permettent de calculer le taux de nuptialité (TNu) qui est de :

TNu= %o.

Les filles se marient plus vite, entre 16 et 25 ans, tandis que les garçons se marient entre 28 et 35 ans car ils doivent d'abord être capables d'assumer les responsabilités d'un foyer.

e) Accroissement naturel de la population.

Le taux d'accroissement naturel (TAN) est la différence entre le taux de natalité et le taux de mortalité au cours d'une année donnée.

Ø TAN(2003)= %o.

Ø TAN(2004)= %o.

TAN (2003-2004)= %o.

Ce taux signifie que la population de Mbih II a conu une augmentation de 12 nouveaux habitants au cours de l'année 2004.

2.3 Conclusion

Mbih II est l'un des villages les plus privilégiés du groupement Bafou. En effet, il est situé à coté de la mairie rurale de Nkong-zem, de la sous-préfecture et de la gendarmerie de Nkong-ni. Cela dénote un rapprochement des services administratifs et de sécurité publique. De plus, il est traversé par un tronçon de route bien praticable qui le relie directement à l'axe routier bitumé Dschang-Bafoussam.

L'histoire de Mbih II est récente et, sa population presque stable, serait entièrement de race Bamiléké. La présence en son sein d'un centre de santé a largement contribué à l'amélioration des conditions sanitaires de sa population.

La fertilité de son sol, la douceur de son climat, l'esprit de paix et de fraternité sont des atouts que Mbih II préserve jalousement.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo