1.2. L'espèce
Terminalia superba Engler et Diels
1.2.1. Classification
systématique
L'espèce Terminalia superba
du nom commercial Limba appartient à la famille des
Combretaceae. Cette famille compte environ 18 genres renfermant
environ 450 espèces dont à peu près 200 sont du genre
Terminalia. Le nom latin vient du fait que les
feuilles sont groupées en touffes à l'extrémité des
rameaux (GROULEZ et WOOD, 1984).
1.2.2. Particularités
botaniques
L'espèce Terminalia superba
est un arbre qui atteint 30 à 40 m de haut, à cime
étagée et à contreforts
ailés s'élevant à 3-5 m de haut (PAUWELS,
1993). Son fût est régulier, très droit et
à faible décroissance. Le diamètre au dessus de
l'empattement varie en général de 60 cm à 120 cm, sans
dépasser 150 cm. La décroissance du diamètre du fût
est très régulière et atteint 10 à 12 mm par
mètre. Le fût, pour des arbres adultes (30-40 m de haut), peut
avoir 20 à 30 m de longueur sans branches. Ainsi, selon que le
diamètre est à 60 cm, on peut obtenir 5,6 m3 à
8,5 m3 par fût ou plus de 15 m3, voire 20
m3 par arbre si le diamètre est de 1 m et plus. La biomasse
foliacée par individus de 30 à 40 m de haut est d'environs 70 Kg
de poids frais et 25 à 30 Kg de poids sec. Planté à 104
arbres par hectare, l'apport en biomasse foliacée dans les blocs
sylvo-bananiers est donc à estimer autour de 7 tonnes par hectare.
1.2.3. Caractéristiques
écologiques et floristiques des peuplements à Terminalia superba
et leur localisation en RDC.
Selon GROULEZ et WOOD (1984), le Limba est
une espèce africaine, endémique, des forêts ombrophiles,
semi-sempervirentes appartenant à la région
phytogéographique guinéenne. Les peuplements à
Terminalia superba se développent
préférentiellement sous une pluviométrie annuelle
supérieure à 1500 mm et une saison sèche inférieure
à 4 mois. Dans la zone de distribution naturelle du Limba, la
température moyenne mensuelle est comprise entre 20 et 28°C. Le
Terminalia superba est une espèce
héliophile. On le trouve majoritairement entre 150 et 280 m d'altitude,
dans des vallées, des pentes de l'ordre de 0,5 à 50 %, des
sommets des collines et des bas des pentes. Il préfère des sols
alluvionnaires riches et frais, se ressuyant bien, aussi des sols rouges ou
rouges violacés développés sur des amphibolites et
même on le retrouve sur des sols sableux, sablo-argileux bruns ou brun
jaune, à pH acide avec un taux élevé de matières
organiques. C'est dans ces milieux qu'il atteint son de développement
maximum.
La composition floristique des peuplements des Limbas est
riche et diversifiée. Elle comporte au total, selon LUBINI (1997) 140
espèces appartenant à 46 familles dont les plus
représentées sont les familles de l'ordre
Leguminosales, les familles
Euphorbiaceae, Annonaceae,
Rubiaceae, Moraceae et
Ebenaceae.
L'espèce T.superba occupe
naturellement une aire très vaste depuis la Sierra Leone et la
Guinée jusqu'au Mayumbe en R.D.Congo et le Cabinda en Angola. L'aire
s'étend vers l'Est le long de la frontière entre la R.D.Congo et
la république centrafricaine, puis descend le long du système
fluvial Oubangui-Congo dans l'hémisphère Sud pour rejoindre le
Mayumbe en République du Congo, en R.D.Congo et au Nord ouest de
l'Angola (Figure 2). Tout au Sud, l'aire du Limba se disloque
en îlots dispersés jusqu'à une limite méridionale
qui est estimé à 12° de latitude Sud.
En R.D.Congo, les peuplements de
T.superba se répartissent en deux zones
d'importance inégale et de composition floristique
légèrement différente.
Dans la zone septentrionale,
T.superba constitue avec Triplochyton
scleroxylon des peuplements mélangés de
forêts secondaires d'étendue relativement réduite dans
l'entre Mobayi- Yakoma, le long de l'Ubangi et dans le bassin de la Ngiri
(LUBINI, 1997).
Dans la zone méridionale, les peuplements de
T.superba occupent d'importantes
étendues dans tout le Mayumbe, non seulement de la RD Congo, mais
également angolais, congolais et même gabonais.
Les associations végétales comprenant le Limba
sont variées de par l'étendue de l'aire de répartition de
cette espèce. Néanmoins, deux grands types d'association semblent
se distinguer :
· dans l'hémisphère Nord,
Terminalia superba se rencontre le plus souvent en
association avec Triplochyton scleroxylon K. Schum
(Ayous). D'autres essences sont associées (Celtis spp.,
Sterculia spp...), mais varient selon la région.
· Dans l'hémisphère Sud, dans la partie de
l'aire naturelle couvrant le Sud de la république populaire du Congo,
l'extrême Nord-Ouest de la R.D.Congo et l'Angola, il n'y a pas de
Triplochyton. Le limba se trouve là en
compagnie de Ricinodendron heudelotii,
Staudtia stipitata, Petersianthus
macrocarpus, Xanthoxylum macrophylla,
Fagara heitzii, Celtis
spp., Gambeya spp., Desbordesia
glaucescen, Oxystigma oxyphyllum,
Entandrophragma angolense,
Dacryodes pubescens et D.
heterotrycha, Gossweilerodendron
balsamiferum, Scorodophloeus
zenkeri, Xylopia spp.
Bien entendu, en raison de son tempérament, le Limba se
trouve très souvent associé à d'autres espèces de
lumière colonisatrices telles que
Pycnanthus angolensis ou
encore Musanga cecropioides. D'une façon
générale, l'abondance locale de peuplements de Limba adultes est
l'indice d'un remaniement ancien de la forêt et la caractéristique
d'une forêt secondaire vieille.
Sur la figure 2 nous retraçons la distribution de
T.superba.
Figure 2 : Distribution du Terminalia
superba et T.ivorensis (source : GROULEZ et WOOD,
1984).
Les peuplements de Terminalia
abritent vraisemblablement une faune riche et diversifiée. Dans le
peuplement de la réserve de Luki, ANGOBOY (2006) et PENDJET et al
(1992) rapportent :
· 38 espèces de mammifères dont huit
espèces de rongeur, excepté les Muridae
(rats), parmi lesquelles Cricetomys
emini (cricetomes de forêt), Tryonomys
swinderianus (grand aulacode), Atherurus africana
(athérure), six
Chiroptères, un
Hyracoide (Dendrohyrax arboreus),
deux pholidotes, des pangolins
(Manis spp et Uromanis
tetractyla), sept artiodactyles dont
le Cephalophus spp (cephalophes), Tragelopus
spekei et T.scriptus, Potamochoerus porcus
(potamochère), sept carnivores (Genetta spp,
Civetticus civetta, Nandinia binotata,
Mangouste, etc.) et six primates (Peridictus potto, Galago
demidovi et Cercopithecus spp, etc.). Dans ces
mêmes travaux certaines espèces d'oiseaux appartenant aux familles
de Psittacida (Psitacus erithacus
et Poicephalus cristata) et des
Phasianidae (Gallus gallus
et Numida meleagris) ;
· Plusieurs espèces ichtyologiques notamment les
Cyprinidae (Barbus holotaenia,
B. chrystyi, Garra ornata, Opsariduim christyi, etc.),
claridae (Clarias sp) et
Cichlidae (Oreochromis
niloticus) ;
· 7 espèces herpétologiques dont
Python reguis, Bitis gabonica
et B. nasicornis, Varanus exanthematicus,
et Kinixys spp.
Le Limba demeure l'une des plus importantes sources de bois
d'oeuvre commercial. Dans les années 1950, le bois de Limba avait
représenté près de70 % de bois exporté. Entre 1983
et 1986, le Limba a été la 8ème essence
exploitée en RDC. Il est fort apprécié en menuiserie, en
charpenterie et pour la production de charbon de bois surtout dans le Mayumbe
où cette activité prend de plus en plus d'ampleur et contribue
intensément à l'extermination de cette essence. On peut soutenir
que la plantation des limbas en sylvo-bananier peut favoriser cette production
de charbon, importante opportunité de recettes pour la population, sans
que l'espèce soit menacée.
Sur le plan agroforestier, le Limba est une espèce de
reboisement par excellence. Il régénère abondamment dans
les zones d'anciennes cultures. Sa croissance est généralement
très rapide : 0,5 à 3 cm par an d'accroissement en
diamètre, à hauteur d'homme, et 0,5 et 3 m par an d'accroissement
en hauteur selon les conditions écologiques.
Dans le système sylvo-bananier qui fait l'objet de
notre étude, on reconnaît un certain nombre d'avantages que
T.superba apporte au bananier. Selon
REVERSAT et TSHIBINDA (1988) et DAGBA (1994), la litière du
Limba apporte annuellement au bananier 6 à 7 tonnes de matière
organique par hectare. Comme le turn-over des éléments
minéraux est rapide, selon les mêmes auteurs, le bananier sous
Limba bénéficie d'un apport plus important que le bananier
à ciel ouvert. De même le Limba entretient un taux
d'humidité atmosphérique et d'humidité du sol qui
favorisent l'alimentation hydrique du bananier et ainsi son
développement et sa productivité.
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