6°- Terre, Hommes et Pauvreté
La terre est le principal facteur de production des paysans
agriculteurs. Les paysans sans terre sont appelés à se livrer au
métayage, à la location des terres agricoles ou à se faire
employer par les propriétaires terriens qui peuvent investir. Cette
situation fragilise un bon nombre de personnes sans terre en zone rurale.
Cependant, elle permet aux propriétaires de terre de s'enrichir au
détriment de ceux qui n'en ont pas.
Soixante dix pourcent (70%) de personnes sous
alimentées vivent en zone rurale (FAO, 2006). Au sommet du monde de
l'alimentation en 1996, les chefs d'Etats et de gouvernements ont pris la
résolution de réduire de moitié le nombre de personnes
sous alimentées à travers le financement de l'agriculture d'ici
2015. Le premier objectif du millénaire le réitère. En
2003 les chefs d'Etat et de gouvernement dans la déclaration de Maputo
(Mozambique) ont promis allouer 10% du budget de leurs Etats à
l'agriculture et au développement rural. Cependant on constate que
l'aide pour l'agriculture est en déclin. La FAO, en 2006 note que l'aide
pour l'agriculture est passée de 9 millions de dollars USA en 1980
à 5 millions de dollars USA en 1990. Elle ajoute que 854 millions de
personnes sont malnutries dans le monde et que la majorité réside
en zone rurale.
La Direction des Enquêtes et des Statistiques Agricoles
du MINADER (DESA, 2004) estime que, malgré son importance relativement
petite, le secteur rural conserve une place de choix et un rôle moteur
dans l'économie camerounaise. Ceci à travers sa contribution
à la croissance et son rôle de fournisseur des matières
premières au secteur industriel. De nombreuses études ont
montré que la croissance agricole réduit la pauvreté et la
famine davantage que la croissance industrielle. L'évolution des revenus
des ruraux est étroitement liée aux comportements des produits de
rente et de l'augmentation de l'offre des produits vivriers. Ceux qui
s'investissent plus dans l'agriculture sont les petits paysans. Ces petits
paysans font face au manque de crédit, à
l'insécurité foncière, au manque de moyens de transport et
à la méconnaissance du marché. A cela s'ajoutent les
aléas tels que le climat, les maladies et les pestes. La
réduction de la pauvreté passe par une augmentation de la
production et une organisation de la commercialisation. L'investissement dans
les infrastructures en zone rurale en particulier dans le domaine de l'eau, des
routes, l'électricité et des communications a un rôle
crucial pour stimuler la croissance agricole.
Salim & al. (2003) notent que les ressources
extractives ne peuvent pas promouvoir un développement économique
durable et partant la réduction de la pauvreté. Ceci parce que
les ressources extractives ne sont pas renouvelables. Ils ajoutent que les pays
qui ont basé leurs économies sur les ressources extractives n'ont
pas réduit la pauvreté au sein de leurs populations. Au contraire
le niveau de pauvreté a augmenté et la mauvaise gouvernance et la
corruption ont gagné du terrain. Les industries extractives
génèrent les revenus mais ces revenus ne sont pas
équitablement distribués. Extractive Industries Review (2003)
relève qu'au Kazakhstan en 1993, l'exploitation du pétrole et du
gaz a généré un faible revenu au sein de la population
locale et un fort taux de corruption. Il ajoute qu'en Azerbaïdjan et en
Georgie, malgré l'exploitation du pétrole, plusieurs personnes
vivent en dessous du seuil de pauvreté. Au Tchad, le boom de la
production de pétrole a fait reculer la production des produits
alimentaires ; cette situation a provoqué la famine au sein de la
population (Petry, 2004). Le phénomène risque de s'accentuer car
c'est la région agricole du Tchad qui est touchée (Yanez et
al., 1997). Au Nigeria, la situation n'est guère
satisfaisante ; de nombreuses familles vivent avec moins d'un dollar par
jour (ANEEJ, 2004).
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