4°- Impacts des projets d'extraction sur la
santé et la culture
Yanez et al. (1997) notent que la santé des
peuples autochtones vivant dans la région d'exploitation
pétrolière est directement liée à la
présence de cette activité. Ils estiment que l'état de
santé de ces derniers est en général mauvais que celui des
non riverains. La pollution de l'eau et de l'air par les métaux lourds
expose les riverains des zones d'exploitation pétrolière aux
maladies telles que l'asthme, les troubles intestinaux, les cancers, les
troubles de vue. Wiwa (1998) a observé des hauts taux de maladies
respiratoires (Asthme, bronchite, tuberculose) maladies de la peau et les
cancers à Ogoni Land plus que dans les autres régions du Nigeria.
Il déclare que même les cultures (plantes) en souffrent. En
Californie du Nord, Schavior (1997) signale que les habitants de Richemond
exposés aux émissions de fumée toxique souffrent plus des
cancers des poumons (33%). Les émigrants du secteur pétrolier
emportent avec eux des maladies qui se transforment en épidémie
(Typhoïde, rougeole, cholera, hépatite, tuberculose). La malaria
augmente d'intensité dans la zone pétrolière à
cause de la stagnation des eaux. Le Comité National de Lutte contre le
Sida (CNLS, 2004) cité par Djeuda (2006) note que la prévalence
du sida est plus élevée le long du corridor du pipeline (19,8%)
que dans les autres régions du Cameroun.
Les projets d'extraction ont fait disparaître certaines
communautés. En Equateur par exemple, la communauté TETETE a
disparu avec le début des opérations d'exploitation
pétrolière dans la ville de Lago Agrio. Au Pérou, les
Nahua furent décimés par les maladies virales telles que la
coqueluche après avoir été en contact avec les
travailleurs des compagnies pétrolières (Yanez et al.,
1997).
5°- Impacts environnementaux des projets
d'extraction
L'activité pétrolière engendre une
série d'impacts de grande importance qui portent atteinte à la
pérennité des populations humaines habitant la région,
à la biodiversité et à l'environnement en
général.
Ø La déforestation
En 2005, Awe a constaté que le projet pipeline
Tchad-Cameroun a détruit en terre camerounaise le couvert
végétal sur une superficie de 2.867,87 hectares dont 1.127,37 Ha
pour la savane boisée ; 954,74 Ha pour la forêt semi
décidue ; 245,22 Ha pour la forêt mixte et 549,66 Ha pour la
forêt du littoral atlantique. En Equateur par exemple, 54.000 Ha de
forêt ont été ouverts durant la phase de prospection
sismique (Yanez et al., 1997). Les photos 1 et 2 montrent la
déforestation ; respectivement au Sud du Tchad et à l'Est du
Cameroun.
![](Impacts-socioeconomiques-du-projet-de-pipeline-Tchad-Cameroun-le-long-du-corridor-dans-la-province-d4.png)
Photo 1 : Emprise du corridor
déforesté au Sud du Tchad
(Photo : Petry, 2004).
![](Impacts-socioeconomiques-du-projet-de-pipeline-Tchad-Cameroun-le-long-du-corridor-dans-la-province-d5.png)
Photo 2 : Corridor de 30m de largeur
déforesté par le projet pipeline à l'Est du Cameroun
(Photo : FOCARFE, 2001)
Les forêts constituent une richesse inestimable pour la
plupart des pays qui les possèdent (Awe, 2005). Pour l'humanité,
elles jouent le rôle de poumons d'oxygène et de réserves
floristiques et fauniques. Tuten et al. (2001) ont constaté que
la forêt fournit aux hommes les fruits, les graines, les écorces,
la viande, les matériaux de construction et le bois de chauffage. La
forêt détruite par le projet pipeline cause un manque à
gagner pour les populations riveraines et pour l'Etat dont l'exploitation
rapporte les devises. Bitondo (2003) signale que la forêt
représente 25% des exportations du Cameroun et qu'elle contribue
à 7,1% au PIB.
Ø La biodiversité
La déforestation entraîne la perte de la
biodiversité. Les grands animaux et les oiseaux fuient l'endroit ayant
perdu ses arbres et lianes et cette situation a pour conséquence de
compromettre la sécurité alimentaire des peuples autochtones. En
Amazonie équatorienne par exemple, Yanez et al. (1997)
déclarent que le nombre de grands primates a diminué. Les causes
de cette baisse sont la réduction de l'aire de reproduction et
d'alimentation de ces primates, la pollution acoustique et la chasse intensive
pratiquée par les travailleurs des entreprises d'exploitation
pétrolière et sous traitantes.
En 1989, le Tanker EXXON Valdez a échoué aux
côtes à Prince William Sound en Alaska. Cette catastrophe provoqua
une grande pollution le long de la côte de l'Etat d'Alaska (Carton, 2000)
à tel point que les pâturages marins furent détruits (Yanez
et al., 1997). Les pêcheurs et les habitants de cet Etat
portèrent plainte contre EXXON. L'eau était de mauvaise
qualité, de nombreuses espèces marines trouvèrent la mort
et les prises de poissons étaient devenues mauvaises. Au Nigeria, dans
la région d'Ogoni Land les eaux sont polluées et certaines
espèces de poissons et de plantes aquatiques ne se reproduisent plus
(Wiwa, 1998).
Ø Le sol
Yanez et al. (1997) déclarent que les
répercussions classiques générées par l'industrie
pétrolière sur le sol incluent sa compaction, la destruction de
sa partie superficielle, l'érosion due à l'absence de la
végétation, la pollution par les composés inorganiques
(Sulfates et sels) et organiques (Hydrocarbures).
Awe (2005) signale la dégradation du sol le long du
corridor du pipeline suite à l'érosion. Il a recensé
quarante huit (48) zones sujettes à l'érosion dont 91% dans la
zone de savane boisée. Catholic Relief Service (2003) note que les sols
remis en culture par COTCO se sont révélés improductifs et
ont été abandonnés par les propriétaires. Il ajoute
que 76,38 Ha de terres agricoles ont été ainsi perdues.
Ø L'eau
Dans le village de Luawill à Ogoni Land, le niveau des
hydrocarbures de pétrole dans la rivière atteint 18 ppm (Project
underground, 1997). Les eaux du Delta du Niger contiennent des niveaux
d'hydrocarbures allant de 8 à 60 ppm. Or les déchets de
pétrole contiennent du benzène, le xylène et les
hydrocarbures polycycliques qui sont des substances cancérigènes
(Greenspeace, 1993). Sur la côte camerounaise, les tankers utilisent
l'eau de l'océan Atlantique pour rincer les fonds de cuve. Cette eau
qu'ils évacuent avant un nouveau remplissage de pétrole, est
chargée des impuretés de la cuve; ces déchets
rejetés dans l'océan sont dispersés par les courants tout
le long de la côte (Ngueda, 2007). La photo 3 présente une source
polluée par les travaux du projet pipeline au village Nkolngok 2 dans la
province du Centre (Cameroun).
![](Impacts-socioeconomiques-du-projet-de-pipeline-Tchad-Cameroun-le-long-du-corridor-dans-la-province-d6.png)
Photo 3 : Source polluée par les
travaux du projet pipeline dans le village Nkolngok 2 (Cameroun)
(Photo : FOCARFE, 2001)
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