8°- Projets d'extraction et droits de l'homme
De nombreux droits fondamentaux sont violés au cours
des activités d'exploitation pétrolière. Yanez et
al. (1997) notent :
- le droit à la vie ;
- le droit à la sécurité
alimentaire ;
- le droit à la conservation de l'environnement et des
ressources naturelles ;
- le droit à la propriété
privée ;
- le droit à ne pas être
déplacé ;
- le droit au développement culturel ;
- le droit à la liberté de religion ;
- le droit à la résistance ;
- le droit à l'information, à la participation
et à la prise de décision ;
- le droit de présenter une dénonciation ou une
pétition et d'intenter une action en justice.
Carton (2000) fait également le même constat
quand il déclare que les économies pétrolières
riment avec la censure de presse, la liberté d'association, la violation
des droits syndicaux et les atteintes à la liberté
d'expression.
Au Tchad, Petry et Naygotimti (2005) déclarent que la
chaîne de radio FM Liberté a été fermée en
2003. Ceci parce qu'elle avait dénoncé la situation
d'insécurité dans la zone pétrolière et
diffusé un article qualifiant le président de la
république du Tchad d'un «Messie» qui a déçu.
Ils ajoutent que la peine de mort est utilisée pour réprimander
la criminalité dans la zone pétrolière. Or la peine de
mort va à l'encontre de l'article 3 de la déclaration universelle
des droits de l'homme. Cet article stipule que tout Homme a droit à la
vie, à la liberté et à la sécurité (United
Nations, 1988). Au Nigeria, l'écrivain écologiste Ken Saro-Wiwa a
été exécuté en 1995 avec huit (08) de ses
collaborateurs parce qu'ils défendaient la cause des peuples d'Ogoni
Land et la destruction de l'environnement (Yanez et al., 1997) . En
2004, Petry déclare que Maître Joseph Behidi, vice
président de la ligue tchadienne des droits de l'homme (LTDH), fut
assassiné dans des circonstances encore inconnues parce qu'il
dénonçait les mauvais traitements dont étaient victimes
les riverains de la région de Doba (Région d'exploitation
pétrolière du Tchad). Il ajoute qu'en 1998, on a assisté
à de nombreux massacres à Moundou (Tchad). Abilogo (2002) note
que soixante onze (71) ouvriers du pipeline à Nkolntara (Cameroun) ont
passé une nuit en cellule et que six (6) parmi eux ont perdu leurs
emplois parce qu'ils réclamaient de meilleures conditions de travail. Il
ajoute que ces ouvriers ont été déshabillés de
leurs tenues de travail en public et humiliés sous l'oeil de
l'autorité administrative. En 1990, quatre vingt villageois de la
communauté Umuechen (Nigeria) ont été tués ;
leurs maisons incendiées et les récoltes détruites parce
qu'ils revendiquaient pacifiquement leurs droits (Wiwa, 1998). En 1980, la
société pétrolière SHELL a offert 107 pistolets
Beretta et autres armes à feu à la police nigériane
(Carton, 2000). La photo 4 présente une manifestation pour
l'exploitation du pétrole et la gestion des revenus pétroliers
sans violence au Tchad.
![](Impacts-socioeconomiques-du-projet-de-pipeline-Tchad-Cameroun-le-long-du-corridor-dans-la-province-d7.png)
Photo 4 : Revendication pour la non
violence au Tchad par les populations de Doba
(Photo : Petry, 2004)
Avec les projets d'extraction, on assiste à de nombreux
cas de violation des droits de l'homme. Les cas de violation les plus courants
concernent les articles 3, 5 et 19 de la Déclaration Universelle des
Droits de l'Homme. Ces articles parlent du respect du droit à la vie,
à la sécurité, à la liberté d'expression et
à la non soumission à la torture et aux traitements inhumains
d'une tierce personne.
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