Section III. Théorie
de la croissance endogène : un cadre approprié pour
l'étude de l'effet de l'IDE sur la croissance économique
Le terme « croissance »
désigne l'augmentation du volume de la production de biens et de
services d'une année sur l'autre. Les chroniqueurs économiques
parlent ainsi d'accélération ou de ralentissement de la
croissance pour caractériser une année particulière.
Toutefois, les économistes préfèrent réserver le
terme de croissance à une augmentation tendancielle de la production par
tête, qui entraîne sur une longue période une multiplication
du volume de biens et de services disponibles en moyenne pour un habitant d'un
pays.
Vue de cet angle, la croissance économique
désignerait donc une interrelation entre des facteurs
économiques, sociaux et politiques. Le phénomène de
croissance date du 18ième Siècle avec les
économistes comme Adam Smith, 1776 ; Thomas Robert Malthus,
1798 ; David Ricardo, 1817 qui ont ainsi mis l'accent sur l'importance de
l'expansion quantitative des facteurs de base de la production à
savoir : le capital, le travail et la terre, le rôle de la
croissance des marchés dans l'amélioration de l'efficience et de
la productivité d'une économie, et le rôle de la demande et
des effets multiplicateurs de l'augmentation de l'investissement et les
exportations.
Avec l'arrivée des modèles néoclassiques
dans la deuxième moitié du 20 siècle, tel que celui de
Solow (1957), le domaine de la recherche a changé, en accordant une
grande importance au changement technique et du rôle que peuvent jouer
des éléments tel que l'amélioration de l'organisation de
la production dans la croissance économique.
Le modèle de Solow, avec l'hypothèse des
rendements d'échelle décroissants du capital, stipule que les
économies qui ont un niveau initial du stock de capital par tête
plus faible, tendent à avoir des rendements d'échelle et des taux
de croissance plus élevés. Ce qui va leur permettre de converger
à long terme vers les pays riches.
Le principal défaut de ce modèle, est
l'hypothèse des rendements décroissants du capital, qui signifie
que la croissance de l'output pourrait ne pas dépendre de la croissance
des inputs. L'existence des rendements décroissants, fait que,
l'accumulation du capital ne peut rendre compte d'une croissance soutenue.
Ainsi, une croissance de long terme, ne peut avoir lieu, que si l'on prend en
compte les améliorations technologiques liées au progrès
des qualifications et liées à l'innovation. Donc, l'apparition
d'un facteur résiduel qui est attribué au progrès
technique, est considéré comme exogène. Ce constat, a
incité les spécialistes à chercher de savoir comment le
taux de croissance peut être déterminé par un facteur
exogène. Des modèles ont ainsi été
développés, dans lesquels, les déterminants clés de
la croissance de long terme sont endogènes.
La nouvelle théorie de la croissance ou la
théorie de la croissance endogène a vu le jour avec des
économistes tel que Romer(1986) ; Lucas(1988), Barro(1991), Barro
et Sala-i-Martin(1995) et Grossman et Helpman(1991). Ces modèles ont mis
l'accent, sur le rôle central de l'accumulation et de la diffusion de la
technologie dans la croissance économique. L'existence des
externalités technologiques et de connaissance viennent contrebalancer
les effets des rendements décroissants de l'accumulation du capital et
donc maintiennent l'économie à une croissance soutenue à
long terme.
L'IDE peut contribuer significativement à
l'accroissement du stock des connaissances dans le pays d'accueil, non
seulement en fournissant des nouveaux biens d'équipement et des nouveaux
procédés de production (changement technique incorporé),
mais davantage, en offrant un nouveau savoir-faire en management et en
améliorant le niveau des qualifications pouvant être
diffusées aux firmes locales (changement technique incorporé).
L'amélioration des qualifications peut avoir lieu par une formation
formelle des travailleurs ou Learning-by-doing au sein des filiales
étrangères. L'IDE en améliorant le stock des connaissances
du pays hôte, aura aussi bien un effet à court terme qu'à
long terme sur l'économie d'accueil, et augmente le taux de croissance
à long terme (OCDE, 2001). Romer (1993), stipule que les firmes
multinationales en fournissant des nouvelles connaissances aux PVD,
réduisent les écarts technologiques entre ces pays et les pays
avancés, ce qui peut constituer un facteur important de croissance et de
convergence économique.
Plusieurs facteurs économiques (capital humain,
l'accumulation du capital, le commerce international et la politique
gouvernementale), qui selon la théorie de la croissance endogène
expliquent la croissance à long terme, peuvent être
véhiculés par l'IDE. L'IDE, est supposé, stimuler la
croissance, par la création d'avantages comparatifs dynamiques
conduisant au transfert de technologie, l'accumulation du capital humain et
l'intensification du commerce international (Bende et al. 2000 ; et OECD,
2002). Ces avantages dynamiques, souvent connus sous le nom des spillovers,
sont liés les uns aux autres, complémentaires, et ne doivent pas
être étudiés séparément. En effet le gain
engendré par l'IDE sur un facteur de la croissance est susceptible de
stimuler le développement des autres facteurs, formant ainsi, une sorte
de synergie (Bende et al. 2000).
|