Chapitre I :
Investissement direct étranger
Introduction
Les IDE apparaissent la plus part de temps comme des vecteurs
de transferts de richesse, de connaissance... d'un pays à un autre et
stimulent ainsi la croissance dans les pays d'accueil, qui voient souvent leur
niveau de développement s'accroitre du fait des biens faits des IDE.
Toute fois il convient de faire une distinction entre les IDE et les autres
formes d'investissement qui entrent également de façon
considérable dans le processus de croissance des pays. Depuis quelques
décennies, les IDE ne sont plus vue du mauvais oeil par les PVD qui
considéraient jadis ces derniers comme une forme de domination des
puissances étrangère sur leur économie. Aujourd'hui, nous
assistons à une vraie chasse et à une concurrence entre les PVD
qui se ruent de façon acharnée dans la diversification de leur
économie en vue de mettre en valeur les déterminants susceptibles
d'attirer le plus d'investisseurs direct étrangers et
bénéficier ainsi de tous les avantages que véhicule l'IDE.
Car les dirigeants des PVD sont conscients aujourd'hui que les IDE sont un
véritable vecteurs de croissance et partant contribuent au
développement économique du pays.
Ce chapitre est reparti en quatre sections. La
première donne une définition des IDE dans leur cadre
général, la seconde liste certains déterminants des IDE
dans les pays en particulier les pays en voie de développement, la
troisième section traite de quelques revues d'études ayant
travaillé sur la relation IDE et croissance enfin la section quatre
présente quelques études théoriques et empiriques ayant
traité de la relation IDE- croissance.
Section I :
Définition et distinction
L'investissement est l'opération qui vise soit à
maintenir, soit à accroître le stock de capital d'un agent
économique. Par exemple, les ménages investissent lorsqu'ils
achètent un logement, l'État investit lorsqu'il construit une
route et les entreprises investissent lorsqu'elles achètent une
machine.... Toutefois, selon leur importance et leur nature, les
investissements ne sont pas vus de la même façon au sein de
l'entreprise qui accueil ces derniers. Ainsi, les flux de capitaux entrant dans
une entreprise ou dans un Etat peuvent être classés en trois
grandes catégories à savoir :
· Les flux financiers (principalement les prêts
bancaires) ;
· Les placements de portefeuille (Investissement
Indirect) ;
· Les Investissements direct.
Les prêts bancaires : ils
désignent un ensemble de capitaux prêtés à des
conditions commerciales, ils sont généralement instables et
imprévisibles d'une année à une autre aux grés de
la préférence ou de la défaveur manifestées par les
banques d'affaires pour un pays ou une région donnée.
Les investissements de
portefeuille : consistent entre autre à investir dans
les actions ou les obligations d'une entreprise donnée. Ils n'ont pas
pour but de prendre le contrôle de la firme en question. Il s'agit
souvent d'investir à court terme en quête de rendement plus
élevés.
Nous remarquons que les deux formes d'investissements
précédents sont assez volatils et instables car ne
possédant pas un caractère d'implantation leur permettant d'agir
forcément dans la firme d'accueil. C'est pourquoi Hausmann et
Fernandez-Arias(2000), tentant d'expliquer pourquoi maints pays hôtes
même quand ils sont favorables aux entrées de capitaux,
considèrent les flux de dette internationaux, en particulier à
court terme, comme du « mauvais cholestérol », et
avance ainsi que :
Les prêts à court terme de l'étranger
sont motivés par des considérations spéculatives
fondées sur les différentiels de taux d'intérêt et
les anticipations en matière de taux de change, et non par des
considérations à long terme. Leurs mouvements résultent
souvent des distorsions relevant de l'aléa moral comme les garanties
implicite du taux de change ou le fait que les gouvernements sont prêts
à renflouer le système bancaire. Ils sont les premiers à
se précipiter vers la sortie en cas de difficultés et ont
été responsables des cycles expansion-récession des
années 90.
Les Investissements Directs
Etrangers : ils se définissent comme toutes
opérations se traduisant par une création d'entreprise à
l'étranger ou une prise de participation dans les firmes
étrangères. Autrement dit, les IDE désigneraient les
investissements qu'une entité résidente d'une économie
(investisseur direct) effectue dans le but d'acquérir un
intérêt durable dans une entreprise résidente d'une autre
économie (l'entreprise d'investissement direct). Par
intérêt durable, il faut entendre par là qu'il existe une
relation à long terme entre l'investisseur direct et l'entreprise et que
l'investisseur exerce une influence significative sur la gestion de
l'entreprise.
Les investissements direct comprennent non seulement la
transaction initiale, qui établit la relation entre l'investisseur et
l'entreprise, mais aussi toutes les transactions ultérieurs entre eux et
entre les entreprises apparentées, qu'elles soient ou non dotées
d'une société et dont d'une personnalité morale.
De ce fait, Kojima (Kojima, 1986, P : 59-60)
considère l'IDE comme un mouvement de capitaux impliquant des droits
managériaux et/ou un contrôle managérial sur la compagnie,
ce qui implique une propriété partielle ou totale de la
firme :
· L'obtention des stocks (10% ou plus du capital social)
d'une compagnie étrangère existant déjà avec
l'objectif de participer à la gestion de la dite firme, ou l'achat d'une
firme existante.
· L'établissement d'une filiale à
propriété totale (cas d'un contrôle de capital à
100%) ou un joint-venture dans un pays étranger.
· L'acquisition des avoirs physiques d'une compagnie avec
l'objectif d'entreprendre des activités commerciales comme
l'établissement d'une nouvelle filiale, un office commercial ou une
unité de production.
D'une manière générale, le Fonds
Monétaire International (FMI) définit les Investissements Directs
Etrangers (IDE) à travers son manuel de la balance de paiements, qui
considère les IDE comme différentes opérations
financières destinées à agir sur la marche et la gestion
d'entreprises implantées dans un pays différent de celui de la
maison mère. Ainsi, sous le terme d'IDE se regroupe essentiellement deux
types d'opérations.
D'une part, celles réalisées à partir
d'une croissance interne au sein d'une même firme transnationale entre la
maison mère et ses différents établissements
implantés à l'étranger (filiales, bureaux de
représentation, etc.) : création ex nihilo de nouvelles
unités, extension des capacités de production des unités
déjà existantes, flux financiers entre établissements
(augmentation de capital, prêt et avance de trésorerie par la
maison mère, etc.) ; réinvestissement local des
bénéfices.
D'autre part, celles réalisées par croissance
externe, à condition d'atteindre au moins 10% du capital de
l'entreprise étrangère convoitée. Ce seuil est
désormais retenu internationalement pour distinguer les IDE des
« investissements de portefeuilles », par définition
beaucoup plus volatils et correspondants aux prises de participations
inférieurs à 10% du capital d'une entreprise. Dans ce cas
précis, l'investissement est considéré par l'entreprise
comme une forme de diversification internationale de son portefeuille.
En résumé, on peut avancer que l'investissement
direct étranger désigne l'opération effectuée par
un investisseur résident d'une économie, afin d'acquérir
ou d'accroître un intérêt durable dans une entité
résidente d'une autre économie et de détenir une influence
dans sa gestion. Il met en relation des entreprises apparentées,
c'est-à dire : une entreprise investisseur direct maison
mère et une entreprise investie qu'il s'agisse d'une filiale ou d'une
succursale ; des entreprises détenant des participations
croisées ou des entreprises affiliées à une même
maison mère, sociétés soeurs.
Par convention, une relation d'investissement direct est
établie dès lors qu'un investisseur acquiert au moins 10% du
capital social de l'entreprise investie.
Cela étant, la question que nous nous posons ici est de
savoir ce qui motive les investisseurs étranger à investir dans
un pays A et non dans le pays B autrement dit, quels sont les
déterminants que les pays doivent mètrent en place pour attirer
assez d'IDE.
Section II : Les IDE et
leurs déterminants théoriques
Les déterminants des IDE dans les pays en
développement font de plus en plus l'objet de nombreuses études.
Il existe aujourd'hui un nombre important de travaux ayant travaillé
spécifiquement sur les déterminants des IDE entrants dans les
pays en voie de développement. Ainsi les auteurs comme Assiedu (2001),
stiglitz (2002), Dupuch (2004), mold (2004), Catin et Van Huffel (2004) et
surtout Dunning (2001) ont largement contribué au développement
de ces études.
Loewendahl et Ertugal-Loewendahl [2001] ou Kamaly [2003]
recensent ainsi plus de vingt déterminants de la localisation qu'ils
classent en déterminants économiques, politiques, institutionnels
et d'incitation. Lim [2001] et Levasseur [2002] ne proposent pas de
classification mais tirent de la même littérature empirique un
ensemble convergents de facteurs décisifs dans l'explication des IDE
reçus : la taille du marché domestique, la distance et les
coûts de transport, les effets d'agglomération, les coûts
factoriels, les incitations fiscales, le climat des affaires et l'environnement
de l'investissement et le degré d'ouverture du pays comme étant
des variables particulièrement importantes.
Toute fois, pour mieux cerner ces déterminants, il
convient de les regrouper en deux grandes classes selon les liens qu'ils
entretiennent avec l'action publiques ou économiques. Ainsi nous
distinguerons dans la suite : les déterminants d'ordres
institutionnels et les déterminants d'ordre économiques qui
regroupent entre autre les déterminants industriels et commerciaux.
2.1. Les déterminants d'ordre
institutionnels
Les pays en développement ont entrepris, depuis une
décennie environ, de libéraliser leurs politiques nationales afin
de créer un cadre réglementaire accueillant pour l'IDE en
assouplissant le régime applicable à l'entrée sur le
marché et aux participations étrangères, et en
améliorant le traitement accordé aux firmes
étrangères ainsi que le fonctionnement des marchés. Ces
mesures «fondamentales» sont essentielles, car, s'il est interdit ou
fortement entravé, l'IDE ne se produit pas.
Toutefois, les changements de politique ont un effet
asymétrique sur l'implantation de l'IDE. Ceux qui visent une plus grande
ouverture permettent aux entreprises de s'établir en un endroit
donné, mais ne garantissent pas leur venue. En revanche, ceux qui
tendent à réduire l'ouverture (nationalisations ou fermeture du
marché, par exemple) réduisent à coup sûr l'IDE. De
ce fait, nous pouvons cités les déterminants suivants comme
agissant de façon considérable dans l'attraction des IDE.
Cadre de politique économique.
Les pays en développement doivent se lancer dans des
politiques de libéralisation de leurs politiques nationales afin de
créer un cadre réglementaire accueillant pour l'IDE en
assouplissant le régime applicable à l'entrée sur le
marché et aux participations étrangères, et en
améliorant le traitement accordé aux firmes
étrangères ainsi que le fonctionnement des marchés. Ces
mesures «fondamentales» sont essentielles, car, s'il est interdit ou
fortement entravé, l'IDE n'aura pas lieu et se déplacera vers un
autre pays qui impose moins de restriction.
La stabilité politique et
sociale : cette dernière constitue le plus souvent un
des déterminants visé par les investisseurs, ces derniers se
sentent rassurer d'investir dans des environnements économiques stables
et promoteurs. Étant toute fois donnée les situations
d'instabilités politiques et sociales qui prônent dans les PVD, la
situation est loin d'être satisfaisante en matière d'attraction
d'IDE. Car investir dans un pays instable avec un risque pays
élevé n'est pas assez rassurant d'où une forte
nécessité d'amélioration des cadres politique et sociaux
est nécessaire dans les PVD.
Lucas (1993) pense que l'instabilité politique est une
préoccupation des investisseurs étrangers dans les pays en
développement. Cette instabilité se manifeste souvent par la
confiscation des biens, la dislocation des structures de production, le
changement dans la gestion macroéconomique et surtout l'environnement
réglementaire.
Le degré d'ouverture commerciale du pays
d'accueil ; beaucoup d'IDE cherchant à
exploiter l'avantage de localisation - en termes de coût de production
bas, qualité de la main-d'oeuvre, développement des
infrastructures, ... - en produisant dans un pays d'accueil en vue de
l'exportation des biens produits vers des pays étrangers. Pour cela, il
convient que le pays d'accueil soit ouvert au commerce international.
Dès lors, le niveau d'ouverture commerciale du pays a un effet positif
sur l'afflux des IDE.
Certains auteurs ont menés des études sur les
déterminants d'ordre institutionnels des IDE dans les pays en voie de
développement. D'aucun mettent l'accent sur le risque pays dans la
décision d'implantation des FMN dans les PVD. Ainsi, Cecchini (2002) ou
Hassane et Zatla (2001) tentent d'expliquer la répartition
inégale des IDE dans les PVD par le risque pays. Michalet (1997)
soutient quant à lui que lorsque l'environnement légal et
réglementaire est constamment modifié de manière
arbitraire, et qu'il n'existe pas de juridictions capables d'assurer le respect
des règles, les firmes sont amenées à limiter voire
à suspendre leurs engagements financiers.
Les auteurs comme J. Morisset et O. Lumenga Neso (2002) se
sont penchés plutôt sur la corruption et la mauvaise gouvernance.
Les auteurs soutiennent que la corruption augmente les coûts
administratifs et par conséquent découragent l'entrée des
IDE. D'autres études confirment la robustesse des facteurs politiques et
institutionnels comme des déterminants importants de la localisation des
IDE à destination des pays en développement [Stein et Daude
(2001)] ou en Amérique Latine [Stevens (2000)].
2.2. Les déterminants d'ordre
économiques
Les déterminants les plus importants pour
l'implantation de l'IDE sont les considérations économiques, qui
se manifestent de façon considérable dès qu'un cadre
propice à l'IDE est en place. Ainsi distingue-t-on les
déterminants qui ont trait aux ressources ou actifs disponibles sur
place ; ceux qui sont liées à la taille des marchés
de biens et de services ; et ceux liées aux avantages de coût
de production.
Les déterminants ayant traits aux ressources
disponibles dans les pays d'accueil concernent principalement les facteurs
directement liés à la production tels que : la recherche des
matières premières, une main-d'oeuvre non qualifiée
abondante et bon marché ; main-d'oeuvre qualifiée, actifs
technologiques, innovants et autres actifs créés...
La recherche de matière
première : les PVD étant relativement
plus doté en matière première que les pays
développés, ces derniers se déplacent donc vers les PVD
à recherche des inputs pour leurs firmes. Les pays en
développements doivent donc mettre en valeur leur stock de
matière première disponible en vue d'attirer les
investisseurs.
Le coût et la qualité de la
main-d'oeuvre ; le coût de la main-d'oeuvre
est un déterminant important des IDE dans la mesure où beaucoup
d'entreprises se délocalisent pour tirer profit de la
disponibilité des facteurs de production, notamment du coût faible
du facteur travail dans les PVD. Le faible coût de la main-d'oeuvre
constitue donc un facteur clef d'attraction des IDE.
Cependant, les entreprises ne tiennent pas seulement compte
du coût des facteurs de production mais également de leur
qualité. En effet, les multinationales recherchent de plus en plus de la
main d'oeuvre de très bonne qualité dans la mesure où ces
entreprises s'intéressent davantage à la production de biens
intensifs en capital et en technologie (Noorbakhsh et Paloni, 2001,
pp.1594-1595). Ainsi, une main-d'oeuvre à coût bas et de bonne
qualité permet d'accroître à la fois la
productivité et le rendement des IDE.
Le développement des
infrastructures : Lorsque, sur un territoire,
l'infrastructure de base est développée, le coût de
l'investissement est faible ainsi que son coût d'exploitation ; ce
qui augmente le rendement de l'investissement et donc stimule l'IDE. Là
où cette infrastructure manque, l'entreprise est obligée par
exemple de construire elle-même les routes pour acheminer son
produit ; ce qui augmente le coût de l'investissement. Le manque
d'infrastructures de base ne permet pas aussi souvent à l'entreprise
d'utiliser des techniques modernes de production, par exemple celles qui sont
grandes consommatrices d'électricité dans un pays où
celle-ci est rare.
La recherche de
marchés : elle constitue également un
important déterminant des IDE du fait que les FMN (firmes
multinationales) se délocalisent le plus souvent vers des pays offrant
une forte demande par exemple la taille du marché, le revenu par
habitant qui sont des paramètres importants pour la demande car un
revenu par habitant élevé contribue à une demande
potentielle forte les PVD doivent donc s'efforcer à améliorer les
niveaux de revenu moyen et à pratiquer des politiques de restructuration
visant à améliorer la demande. De même la croissance des
marchés, l'accès aux marchés régionaux et mondiaux,
les préférences des consommateurs locaux ainsi que la structure
des marchés constituent également d'autres déterminants
importants entrant dans les incitations des investisseurs à la recherche
des marchés potentiels.
En résumé, les IDE peuvent avoir pour objet de
réduire les coûts de production globaux des entreprises parentes,
en segmentant leur processus de production, les tâches
standardisées les plus intensives en main d'oeuvre pouvant être
menées à bien là où le travail le moins
qualifié est le plus abondant et le moins coûteux. Ils peuvent
également avoir pour objectif la conquête de nouveaux
marchés, en rapprochant les sites de production des lieux de
consommation. D'un point de vue microéconomique, le modèle OLI
(Ownership, Location and Internalisation advantage), développé
par Dunning, permet de résumer les conditions qui doivent être
satisfaites pour qu'une entreprise s'engage dans un IDE. D'abord, l'entreprise
doit avoir un « avantage lié à la propriété
», pour un produit ou une technologie de production auquel les autres
entreprises n'ont pas accès (brevet par exemple). Ensuite, le pays
d'accueil doit présenter un avantage de localisation. Enfin,
l'entreprise doit bénéficier d'un avantage à internaliser
la production plutôt qu'à la sous-traiter à un partenaire
étranger. Cela sera d'autant plus vrai que des économies
d'échelle peuvent être réalisées sur les coûts
de management, ou de développement des processus.
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