Section IV : Revues des
travaux empiriques traitant de la relation IDE-croissance
La contribution des IDE dans la croissance est un sujet qui a
été traité d'une façon abondante et controverse
dans la littérature. Plusieurs auteurs ont ainsi soutenu l'argument
traditionnel selon lequel l'arrivé des IDE dans un pays augmente la
croissance économique car elle augmente le stock de capital et donc les
IDE sont bénéfiques au pays d'accueil. Cette thèse est
refoulée par certains qui pensent que les IDE agissent de façon
négative sur la croissance de certains pays.
Ainsi, une étude menée par la Banque mondiale en
1999 dans le but de trouver une relation entre les IDE et la croissance des
pays en développement montre que les flux d'IDE augmentent
l'investissement total et partant, la croissance des PVD. Borensztein, de
Gregorio et Lee (1998) utilisant un modèle de croissance endogène
vont dans le même sens : les IDE facilitent le transfert de
technologie, élèvent le niveau de qualification des travailleurs
et tendent à augmenter les exportations et la
compétitivité dans les PVD. Leur étude de panel sur 69
pays en développement montre qu'une augmentation d'un point de
pourcentage du ratio des IDE sur le PIB accroît le taux de croissance du
PIB par tête du pays hôte de 0,8 pour cent. Pour Wacziarg (1998)
à chaque point de pourcentage de ratio des IDE sur le PIB est
associée une élévation du taux de croissance du PIB par
tête de 0,3 à 0,4 pour cent. Ces résultats sont identiques
à ceux de Blomstrom, Lipsey et Zejan (1992) dont l'étude porte
sur des pays en développement à revenu élevé.
De même, Findlay (1978) avance que l'IDE augmente les
progrès techniques dans les pays hôtes par un effet de contagion
qui facilite l'adoption de procédures managériales
avancées par les firmes locales. De Gregorio, 1992 analyse un panel de
12 pays de l'Amérique Latine pour la période de
1950-1985. Ses résultats font ressortir un impact
positif et significatif de l'IDE sur la croissance économique. En plus,
il trouve que la productivité des IDE est plus grande que celle des
investissements domestiques.
Blomström, Lypsey et Zejan, 1992 par une analyse de
données en coupes transversales pour un échantillon de 78 pays
développés, relatent que l'impact des IDE sur la croissance est
plus grand dans des pays de plus haut niveau de revenu par capital. Certaines
études récentes ont avancé que la contribution des IDE
à la croissance économique est extrêmement liée aux
circonstances dans lesquelles les pays hôtes les reçoivent.
Balassubramanyan et al, 1996 trouvent en fait que l'effet sur la croissance est
plus fort dans des pays qui appliquent une politique de promotion des
exportations que dans les pays qui poursuivent une politique de substitution
aux importations.
Au vue de ces résultats, nous pouvons opter dans la
logique selon laquelle l'IDE conduit à la croissance via des
retombées technologiques qui augmentent les facteurs de
productivité. Mais certaines conditions sont nécessaires aux pays
hôtes pour s'assurer des effets positifs de ces retombées.
Sanchez-Robles, (1998) examine la corrélation entre les infrastructures
publiques et la croissance économique en Amérique latine pour la
période 1970-1985. Elle trouve aussi un impact positif et significatif
de l'IDE sur la croissance économique des pays de cette
région.
Toutefois, une étude menée sur les effets des
IDE dans 73 pays en développement par Singh (1988) ne fait pas
apparaître d'effet significatif. Hein (1992) de son côté ne
trouve pas d'effet significatif entre l'IDE et la croissance du PIB par
habitant dans un échantillon de 40 pays en développement. Dans le
même ordre d'idées, une étude économétrique
menée par Nair-Reichert et Weinhold (2001) utilisant le test de
causalité de Holtz-Eakin sur un panel de 24 pays en développement
entre 1971 et 1995 ne trouvent aucune relation causale entre les IDE et la
croissance. Aussi, et en utilisant une fonction de production
néoclassique, Saltz (1992) trouve une corrélation négative
entre l'IDE et la croissance économique. Selon lui, l'IDE augmente le
niveau global de l'investissement, améliore la productivité dans
certains cas, mais a tendance dans beaucoup d'autres à réduire le
taux de croissance. Pour confirmer ses conclusions, l'auteur étudie la
relation IDE-croissance dans un échantillon de pays divisé en
deux groupes distincts, selon qu'ils reçoivent plus ou moins d'IDE.
L'auteur trouve que dans les pays en développement qui acceptent le
rapatriement des profits sans aucune contrainte, l'IDE n'a pas d'effet positif
sur la croissance. En particulier, l'auteur soutient que si l'IDE se traduit
par une levée des capitaux sur le marché du pays hôte, il
en résulte une redistribution des industries intensives en travail vers
les industries intensives en capital, créant ainsi une perte d'emploi
nette et par la suite une baisse de la demande de consommation.
Un autre effet négatif peut résulter de
l'extraction excessive de minerais ou de la spécialisation excessive de
la production sur un bien particulier qui engendrerait une baisse des prix
à l'exportation et une détérioration des termes de
l'échange du pays hôte.
De même, Carkovic et Levine (2002) ne trouvent aucun
lien entre l'IDE et la croissance dans un échantillon de pays de la
Banque mondiale (BM). Abondant dans le même sens, Chowdhury et Mavrotas
(2003) trouvent que « l'IDE ne cause pas la croissance » au sens de
Granger au Chili, alors que cette relation de causalité est
bidirectionnelle dans le cas de la Malaisie et de la Thaïlande.
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