2. Les cultures :
Sur les cultures on constate une productivité accrue
à la récolte. Dans une parcelle de noyers et blés d'hiver
la production augmente de 50 %. Et de façon générale on
constate une augmentation allant de 30 % à 60 %. Les revenus sont alors
plus importants pour l'agriculteur. Ce revenu peut légèrement
diminuer lorsque les arbres sont proches de la maturité. Mais il ressort
des expériences que les densités doivent tourner autour de 50
arbres/ha, et là l'impact est infime sur la production agricole,
d'autant plus qu'il est compensé par les services produits par la
présence des arbres. Ces services touchant un aspect qualitatif rarement
pris en compteÉ
Le devenir agricole au regard des exigences
environnementales : une voie dans l'agroforesterie.
L'agroforesterie offre des perspectives dans le cadre de
recherche d'une agriculture soutenable, permettant de produire autant, voire
plus, sans atteindre l'environnement et le dégrader, provoquer des
effets néfastes à long terme.
La présence des arbres apporte une richesse
écologique. On la trouve dans la biodiversité, lorsque l'on
constate le retour de tout un ensemble d'animaux qui peuvent lutter contre des
prédateurs des cultures, on relance des écosystèmes en
favorisant le retour d'oiseaux, chauves souris, insectes en tout genre,
arachnides, rongeurs, etc. Ces cha»nes alimentaires
26 C. Dupraz, Terre à terre, France Culture.
reconstituées permettent par ailleurs de soulager les
champs d'utilisations d'intrants en quantité.
De plus, quand bien même il faudrait utiliser des
intrants, les arbres jouent un rTMle de barrage dans l'infiltration des
nitrates en profondeur. Leur système racinaire permettent un
assèchement du sol en été, lorsque les pluies d'automne
arrivent elles descendent moins en profondeur ce qui empêche
l'infiltration en nappes, ensuite le nitrate est repris par les arbres, etc. Il
y a la création d'un cercle vertueux.
Toujours concernant les pluies les arbres peuvent jouer leurs
rTMles de fixateurs du sol et l'empêcher d'être lessivé. Ce
rTMle tenant essentiellement à la façon de planter les arbres et
de former des buttes, de jouer avec des courbes de niveaux et des talus, plus
qu'à la présence intrinsèque des arbres. Mais les arbres
contribuent pleinement au cycle de l'eau et peuvent Ç limiter la force
érosive des courants dans les lits majeurs È, ils stockent l'eau
en cas de pluies importantes et ils provoquent
l'alluvionnement27.
Un aspect supplémentaire tient au carbone que les
arbres fixent, en plus grande quantité que les simples champs ou
prairies. Ils en fixent dans leur partie aérienne mais aussi dans les
racines. Une partie de ces racines est annuelle, les plus fines, elles se
décomposent et enrichissent alors le sol, les cultures peuvent
récupérer ce carbone. Le cycle reste clos et le carbone
capté.
Au final, pour l'agriculteur l'avantage premier de toute
installation agroforestière est financier car il peut multiplier ses
revenus et s'assurer un capital bois. Il trouve ensuite une motivation
éthique par l'aspect environnemental de son action et voit même sa
production augmenter. Il développe une certaine image faste de son
exploitation et découvre de nouvelles manières de cultiver, il
peut repenser son activité.
Il est même possible d'ajouter un troisième
niveau de culture, dans la bande enherbée disponible entre les arbres.
On peut envisager toute sorte de combinaisons qui allient les arbres, les
cultures et la bande en fonction des intérêts et des
priorités du propriétaire. Il peut y être planté des
essences servant à produire du bois de feu ou des buissons qui peuvent
accueillir d'autres type d'animaux, du gibier ou encore des essences
destinées à produire du bois raméal fragmenté, bien
que ce ne soit pas une orientation particulièrement
agroforestière28.
27 C. Dupraz, Une agroforesterie à la française.
28 Il n'y a pas de trace d'une quelconque expérience,
simplement des suggestions.
Figure 4 : Tine coupe type d'une parcelle
agroforestière.
La parcelle agroforestière peut permettre toute sorte
de bienfaits si elle est correctement pensée et gérée.
Mais il faut d'abord franchir un certain nombre de dédales politiques et
administratifs qui, faute d'être tranchés, empêche une
véritable considération et un développement prometteur.
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