Selon la définition proposée en 1987 par la
Commission mondiale sur l'environnement et le développement
dans le Rapport Brundtland23, le développement durable
est « un développement qui répond aux besoins des
générations du présent sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre
aux leurs ». Le concept de « développement durable » peut
alors être remis en question pour les ZAE.
Les ZAE sont tout d'abord particulièrement
concernées par les problèmes environnementaux. La pollution
générée par le flux automobile combinée aux
émissions des entreprises même impactent sur l'environnement.
Les transports routiers, qui sont les premiers responsables
des émissions de CO2 (24 % des émissions de CO2 en France en 2004
contre 2 % pour les autres modes de transport24) sont, rappelons le,
au coeur du système de développement de la majorité des
ZAE.
23 Du nom de Gro Harlem Brundtland, ministre
norvégienne de l'environnement présidant la Commission
mondiale sur l'environnement et le développement, ce rapport
intitulé Notre avenir à tous est soumis à
l'Assemblée nationale des Nations unies en 1986.
24 Sources des données du paragraphe : Citepa,
fichier Coralie, format Secten, février 2003 et Insee.
On peut aussi citer les pollutions
générées par les entreprises elles-mêmes (rejets
liés aux polluants, aux transports...). Elles concernent surtout les
petites entreprises qui connaissent mal les risques ou s'en
désintéressent lorsqu'il y a un problème de coût.
Les grandes zones industrielles sont évidemment les zones dans
lesquelles les activités sont particulièrement consommatrices de
ressources naturelles et génèrent un certain nombre de pertes
comme les déchets ou les rejets liquides. Mais ce sont celles qui sont
en général le plus contrôlées et qui mesurent et
assument les risques par des investissements adaptés.
Autre problématique environnementale notable dans les
ZAE, elles ne favorisent que rarement la réutilisation ou le recyclage
interne des énergies consommées. Cela entraîne un
gaspillage conséquent des ressources utilisées. Il existe
d'autres pertes qui sont plus rarement étudiées comme la chaleur,
l'eau ou la vapeur.
Enfin, sur certaines zones industrielles en difficulté
à cause de problèmes de compétitivité, si les
collectivités locales ou l'Etat ne prennent pas en charge les moyens
importants nécessaires à une reconversion du site, ces ZI sont
parfois abandonnées en l'état et deviennent des «
cimetières industriels ». Là encore, ces friches peuvent
être la cause de pollutions. De plus, la gestion du risque industriel est
un facteur important de sécurité. La dangerosité de
l'activité et la proximité des populations sont des
éléments qui entre dans l'évaluation de ce risque. En
mémoire de la catastrophe industrielle de Seveso25, en
Europe, les sites industriels les plus dangereux sont maintenant classés
« Seveso ». Malgré cela, le risque est toujours
présent, comme l'a prouvée l'usine AZF26 de Toulouse
pourtant certifiée ISO 1400127 et 900228.
25 La catastrophe de Seveso intervient le 10
juillet 1976. Un nuage contenant de la dioxine s'échappe d'un
réacteur de l'usine chimique Icmesa, située dans la commune de
Meda, et se répand sur la plaine lombarde en Italie. Quatre communes,
dont Seveso, sont touchées.
26 L'usine AZF de Toulouse était une usine
chimique (AZote Fertilisants) certifiée ISO 14001 et 9002, et
classée Seveso. L'usine est connue principalement en raison de la
catastrophe du 21 septembre 2001, lorsqu'un important stock d'ammonitrates a
explosé vers 10 heures 17, ravageant l'usine et les alentours, et
causant d'importants dégâts humains (30 morts, plusieurs milliers
de blessés) et matériels à Toulouse.
27 La norme ISO 14001 prescrit les exigences
relatives à un système de management environnemental (S.M.E.)
permettant à un organisme de formuler une politique et des objectifs
prenant en compte les exigences législatives et les informations
relatives aux impacts environnementaux significatifs.
La durabilité de l'activité est
également problématique. Certaines sont basées sur une
exploitation d'un gisement particulier. Une fois la ressource
épuisée, l'activité s'estompe et les emplois
disparaissent. Cela peut avoir des répercussions sur l'ensemble du
dynamisme local s'il s'est construit autour de cette ressource. Le
lodévois par exemple subit aujourd'hui encore les répercussions
de l'arrêt de l'exploitation d'uranium par Aréva sur le site du
Technoparc dans la commune du Bosc. Environ 800 personnes ont été
licenciées. La commune tente actuellement de réagir en cherchant
à développer de nouvelles activités industrielles sur le
site mais ne parvient cependant pas à combler la demande ouvrière
locale qui ne trouve aucune activité adaptée à
proximité29.
B) Comment développer durablement les ZAE ?