De la mise en réseau à la mise en service, la
zone d'activités économiques bouleverse le réseau de
transport et les mobilités de personnes. La ZAE s'intègre d'abord
dans une infrastructure routière préexistante, en particulier sur
un noeud de communication. Elles nécessitent de l'espace pour stocker
les moyens de transports routiers pour les clients
comme pour les employés de la ZAE. Les zones
d'activités génèrent un trafic important de camions et
voitures et les politiques de flux tendus20 imposent la mise en
place de solutions logistiques complexes. Les contraintes d'aménagement
sont également liées au trafic de camions. Il faut par exemple
concevoir des voiries capables de supporter ce trafic là, réviser
les rayons de braquage dans les rond points ou aux entrées/sorties pour
les rendre capables de répondre aux contraintes de ces
véhicules...
Une fois créée, la ZAE draine une partie de la
population pour ses emplois mais peut, dans le cas des zones d'activités
commerciales, drainer un flux très important de population. Elle
génère donc une attraction de population (particulièrement
dans la journée en règle générale) et peut
influencer sur la répartition des mobilités à
l'échelle d'une aire urbaine21. A Montpellier, le
développement de la ZAE d'Odysséum liée à la
connexion à la ligne 1 du tram va bouleverser les mobilités de
personnes et probablement redistribuer certaines parts de marchés entre
notamment les commerces du centre ville et ceux d'Odysséum.
Le transport est un sujet sensible pour les entreprises. En
effet, le développement des ZAE est basé sur le mode de transport
actuel. De nombreuses ZAE sont localisées proches des grands axes
routiers, afin de drainer une clientèle issue des principaux flux de
population actuels. Les politiques de transports aujourd'hui sont en
contradiction entre la dispersion de l'habitat et de la mobilité d'une
part, et la volonté de limiter la pollution, la congestion, les
émissions de gaz à effet de serre d'autre part. Limiter
l'utilisation de la voiture irait donc à l'encontre des logiques de
développement actuelles des ZAE. D'un autre coté, beaucoup de ZAE
n'ont pas un aménagement suffisamment pensé «
véhicule ». Certaines ZAE se situant sur des carrefours de
communication sont embouteillées, d'autres ne sont pas suffisamment
équipées pour le stationnement et voient les trottoirs se
transformer en parkings anarchiques et la circulation peut devenir dangereuse.
La signalétique souvent inexistante dans ces ZAE accentue ces
problèmes.
20 Flux tendus : Acheminement régulier, en
temps utile, de produits destinés à être vendus
immédiatement, sans stockage
21 Une aire urbaine est définie par l'INSEE
comme «un ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave,
constitué par un pôle urbain, et par des communes rurales ou
unités urbaines (couronne périurbaine) dont au moins 40 % de la
population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou
dans des communes attirées par celui-ci ».
2. Les ZAE au coeur des problématiques
liées à la mixité des espaces.
Alors que le fait que les zones d'habitat, zones
industrielles, centre ville, centres commerciaux, zones de loisirs, (etc..),
sont critiquées parce qu'elles se juxtaposent sans jamais se
pénétrer, nous pouvons constater une certaine forme de
mixité sur les ZAE. Certes, il ne s'agit pas de la même
mixité que celle recherchée par la loi Solidarité
Renouvellement Urbain de 200022. La mixité de la loi SRU
était pensée comme l'anti-zoning des années 60 qui avait
favorisé la multiplication des déplacements automobiles. La
mixité des ZAE, elle, est relative aux caractères
hétéroclites des activités que l'on peut y trouver alors
que la mixité prônée par la loi SRU cherche à
regrouper activités, lieu de vie et lieu de loisirs dans un même
espace, dans un même zonage.
En outre, on peut remarquer que certains espaces ne sont pas
propices à la mixité entre le lieu de vie et le lieu de
production. Avec les nuisances par exemple liées aux bruits ou aux
odeurs dans certaines zones d'activités industrielles il y a clairement
incompatibilité avec l'espace de vie.
Certaines zones d'activités (particulièrement
les zones d'activités à vocation artisanales) ont la
particularité d'intégrer un espace consacré au
résidentiel par parcelle. En effet, l'artisan a le droit de
développer sa résidence sur son lieu de travail, dans les normes
imposées par le droit de l'urbanisme et le Plan Local d'Urbanisme de la
commune concernée. Malheureusement, ce droit amène à des
dérives très peu contrôlées par les petites
communes. Ainsi on voit apparaître souvent de belles résidences
(car le coût du foncier en zone artisanale est plus faible qu'en zone
résidentielle) au coeur des zones d'activités. Cela crée
certes une mixité dans l'espace mais crée surtout des conflits
d'usages
22 La Loi du 13 décembre 2000 relative
à la solidarité et au renouvellement urbains couramment
appelée loi SRU, est un texte qui a modifié en
profondeur le droit de l'urbanisme et du logement. Adoptée sous le
gouvernement de Lionel Jospin, elle a été publiée au
Journal officiel du 14 décembre 2000.
entre les entreprises et le voisinage. Le bruit, la
fumée, le trafic ou les odeurs industrielles peuvent engendrer de fortes
tensions...
Il faut donc relativiser cette mixité en fonction des
différentes vocations des ZAE. Cela dit, certaines zones pourraient
effectivement développer une certaine mixité des
activités, afin de rendre plus « vivable » la ZAE. Des
personnes y travaillent, y passent leur temps et parfois y habitent (en
fonction de la vocation de la zone). Cette mixité permettrait par
exemple le développement de restaurants ou de salles de sport au coeur
de tout type de zone. En effet, le cadre de travail dans les ZAE est
concentré sur l'activité, et peu sur l'intégration
paysagère, l'aspect extérieur des bâtiments et les services
à la personne...
Ce qui rend l'environnement de travail particulièrement
sinistre.