C'est à partir des missions qui m'ont
été confiées par le service Aménagement que j'ai pu
observer sur le terrain et comprendre par mes recherches et par les entretiens
avec les acteurs locaux les logiques de développement des ZAE.
Certaines problématiques apparaissaient directement.
Beaucoup de zones ont un problème de délimitation,
d'aménagement, de gestion. Des zones d'activités apparaissent non
pas comme des vitrines, mais comme des endroits sinistres, dépourvus
d'organisation et d'espaces de vie. Au vu, par exemple sur certaines zones
d'activités commerciales, du flot d'informations et d'enseignes ou
encore du manque d'organisation au niveau des places de parking sur certaines
ZAE, nous pouvons nous demander si la liberté laissée au
développement des entreprises ne nuit pas à l'entreprenariat
lui-même.
Plusieurs services d'urbanisme contactés pendant ce
stage n'ont pas été capables de fournir des informations
relatives aux entreprises implantées sur leur ZAE. Le rôle de la
commune est d'assurer l'aménagement de base de la ZAE et les
nécessités techniques de la vie des activités
économiques : les infrastructures de communication, le réseau
d'eau, d'égouts, d'électricité, de gaz,.... Mais personne
ne référence quelle entreprise est présente sur la ZAE,
combien il y a d'entreprises au total ou combien d'emplois cela
représente sur la zone. Cela dénote le manque de suivi des zones
et peut expliquer certaines dérives.
Pour l'image et l'harmonie des entreprises présentes
sur une ZAE, nous pourrions imaginer la recherche d'une cohésion
d'ensemble, tant au niveau du paysage ou même de l'architecture. Sur le
terrain, c'est rarement le cas. On constate, bien au contraire, que de
nombreuses zones d'activités sont des zones « fourre-tout »,
c'est-à-dire qui mélangent disgracieusement tous types
d'activités différentes. La ZAE « du Grec » à
Palavas sur laquelle un crématorium côtoie un vendeur de moto, ou
la petite ZAE « St Hubert » à Lattes où cohabite
industrie et hôtellerie ou encore la grande ZAE « Vallée de
l'Hérault » à Clermont l'Hérault sur laquelle le
boucher et le garagiste spécialisé dans la vente de pneus sont
voisins.
De nombreuses ZAE sont localisées autour d'axes
routiers fréquentés. Certaines sont localisées sur des
axes sur-fréquentés aux heures de pointe. Sur la ZAE du «
Mas de Grille» par exemple à St Jean de Védas, l'axe routier
qui lie Saint Jean de Védas à Montpellier Sud est très
fortement fréquenté, ce qui nuit au flux de transport et à
la zone d'activités (bouchons, pollution, énervement,
problèmes de livraison et perte de clientèle).
Le problème de gestion des enseignes est aussi un
phénomène courant. La réglementation liée aux
enseignes est plus ou moins appliquée en fonction de la politique de la
ville. Du coup, il y a une incompréhension entre l'entrepreneur qui a
toujours dépassé le cadre règlementaire avec ses enseignes
et la commune qui soudainement fait appliquer la loi (le rôle de la CCI
peut alors être celui de médiateur entre les problématiques
de l'entrepreneur et celles de la commune).
Chaque entreprise rivalise donc avec sa voisine pour attirer
au mieux l'oeil du client avec ses enseignes. Ajoutez à cela le
caractère hétéroclite des entreprises de beaucoup de ZAE
et le client ne voit plus qu'une masse d'informations et a toutes les peines du
monde à distinguer la bonne. Ce problème de lisibilité est
par exemple visible sur la ZAE Vallée de l'Hérault à
Clermont l'Hérault ou sur la ZAE Fréjorgues Ouest à
Mauguio.
Figure 23 : Le flot d'enseignes hétéroclites
sur la ZAE « Fréjorgues Quest» à Mauguio. Photo:
J-F
BIHAN-PQUDEC
D'autres ZAE sont mal entretenues et ternissent
indéniablement l'image de la commune si la zone se situe à un
carrefour ou le long d'un axe fréquenté. C'est le cas par exemple
de la zone du Mijoulan à Saint Georges d'Orques, ou à moindre
mesure, de celle de Fréjorgues Est à Mauguio.
Figure 24 : Un exemple de manque de gestion et
d'aménagement sur la ZAE de Fréjorgues Est
à Mauguio.
Réalisation photo : J-F BIHAN-POUDEC.
On peut remarquer un autre problème relatif à
la gestion des ZAE. Certains espaces réservés au
développement économique se transforment progressivement en un
espace complètement résidentialisé. C'est un
phénomène qui s'est développé, puisque le
coût du foncier en zone artisanale est bien plus faible que le coût
en zone résidentielle. Du coup l'activité prend progressivement
un second rôle, derrière la construction de grandes villas. Ce
détournement de la vocation de la zone d'aménagement est
lié à une mauvaise
réglementation de zone à la base et à un
manque de suivi. Aujourd'hui les communes apprennent à utiliser leur
règlement de PLU pour contrôler le devenir des zones. Des exemples
de résidentialisation sont visibles dans les ZAE des petites communes
rurales comme la ZAE de « la Crouzette )) à Saint Aunès ou
pire, de la ZAE de « la Providence)) à Candillargues aujourd'hui
totalement résidentialisée.
Figure 25 : Image satellite et cartographie de la ZAE de la
Crouzette à St Aunès.
Grâce à cette image Gmaps, on peut s'apercevoir, au
vu du nombre de piscines, du phénomène de
résidentialisation de la Zone d'Activités de la Crouzette
à St Aunès.
Figure 26 : Image satellite de la ZAE
(déclassée par la CCI) de la Providence à
Candillargues.
Cette image représente la zone d'activités
« de la providence» à Candillargues. La zone étant
maintenant totalement résidentialisée, nous avons convenu avec le
service Aménagement de supprimer cette zone du listing des ZAE.
Parallèlement à la mise en place des zones
« fourre-tout » (la majorité cependant), un certain nombre de
zones se sont spécialisées pour répondre à des
problèmes techniques particuliers et qui ont intégré la
notion de « Parc » qui améliore la qualité de
l'entreprise par la qualité de la ZAE dans laquelle elle se situe. On
peut citer pour les ZAE de la circonscription de la CCIM l'exemple du «
Parc de l'aéroport » à Pérols, le « Parc de
Camalcé » à Gignac ou le « Domaine des 3 fontaines
» au Pouget.
Figure 27 : Le « PAE de l'aéroport »,
à Pérols. Photo : J-F BIHAN-POUDEC.
L'idée de l'image de l'entreprise est elle aussi
relative. Cela dépend de la vocation de l'entreprise et des attentes de
sa clientèle. Si certaines entreprises tertiaires voudront s'implanter
dans un cadre agréable particulièrement bien
aménagé et géré pour valoriser le soin porté
à ses employés ou à sa clientèle, ce n'est pas la
même image de marque que va chercher une entreprise industrielle. L'image
de qualité que se forgera l'industrie sera, elle, plus basée sur
son système de sécurité à cause des risques de
catastrophes.