Conclusion partielle
Le Port Autonome de San Pedro, dans sa gestion, dispose d'un
personnel vieillissant dont la moyenne d'âge est de 44 ans. Le montant
des charges est largement supérieur au chiffre d'affaires occasionnant
un déficit au niveau des résultats d'exploitation. Par ailleurs,
la faiblesse du niveau d'équipements, amène les opérateurs
économiques à délaisser le port de San Pedro plus proche
au profit de certains ports (PAA, Dakar, Accra). Face au gigantisme naval et le
volume important de trafic, la manutention au port de San Pedro est lente. On
note une étroitesse des espaces spécialisés (terminal
à conteneur, port de commerce) et l'absence d'engins performants
(portique, RTG). Le port ne possède qu'une seule grue
mobile. Cependant, il est important de souligner qu'avec le programme de
renaissance du port depuis 2003 en cours qui implique la rénovation des
infrastructures, cette entrave sera bientôt un souvenir lointain.
Deuxième Partie : DYNAMIQUE
SPATIO-ECONOMIQUE DE LA ZONE D'INFLUENCE DU PORT
Si le port dans ses diverses fonctions et qualités, est
un point de rupture et de rencontre entre le mode de transport maritime et les
modes de transport terrestre, c'est également un important centre
logistique, commercial international, un centre d'activités diverses
concourant à assurer le bon acheminement de la marchandise dans la
manipulation des tonnes dans son trafic. Ainsi, le volume des trafics
adjugés par les ports, montre l'importance, le poids et la performance
du port.
Que peut-on retenir de l'importance du port de San Pedro de par
son trafic ? Que représentent les trafics de plusieurs ordres dans la
compétitivité du port ?
Il s'agit ici de montrer les différentes évolutions
du trafic du port, ses échanges en volume de marchandises et faire
l'analyse de son hinterland.
CHAPITRE IV : DYNAMIQUE SPATIALE DE LA ZONE D'INFLUENCE
DU PORT DE SAN PEDRO
La puissance économique de l'arrière-pays d'un
port, est un facteur déterminant dans l'essor de ses activités et
son importance, car elle constitue l'une des principales
prospérités portuaires. À cet effet, quelles sont les
composantes et les caractéristiques constituant les différents
rapports d'échanges existant entre le port et sa zone d'influence qui
regroupe l'arrière-pays et l'avant-pays ?
I-EVOLUTION DE LA STRUCTURATION DE L'HINTERLAND
I.1-Découpage administratif
Tableau 10: Régions et chefs lieux de
Départements de l'hinterland PASP
Régions
|
Chefs lieux
|
Départements
|
Populations
|
Pop totale
|
Haut Sassandra
|
Daloa
|
Vavoua
|
286 182
|
1 071 977
|
Daloa
|
524 214
|
Issia
|
261 581
|
Bas Sassandra
|
San Pedro
|
San Pedro
|
422 204
|
1 395 251
|
Sassandra
|
207 378
|
Soubré
|
628 592
|
Tabou
|
137 077
|
Fromager
|
Gagnoa
|
Gagnoa
|
366 991
|
653 173
|
Oumé
|
286 182
|
Moyen Cavally
|
Guiglo
|
Guiglo
|
260 094
|
508 703
|
Duekoué
|
198 047
|
Toulepleu
|
50 592
|
Denguélé
|
Odienné
|
Odienné
|
222 446
|
222 446
|
Montagne
|
Man
|
Man
|
366 916
|
936 510
|
Bangolo
|
132 942
|
Danané
|
314 428
|
Biankouma
|
122 224
|
Bafing
|
Touba
|
Touba
|
_
|
_
|
Worodougou
|
Séguéla
|
Séguéla
|
172 358
|
378 463
|
Mankono
|
206 105
|
TOTAL
|
|
18 départements
|
5 166 553
|
5 166 553
|
Source: RGPH, 1998
L'arrière-pays national du port de San Pedro renferme
quatre zones ; le Sud Ouest, l'Ouest, le Centre Ouest et le Nord-Ouest. Ce
hinterland comptait six (06) régions selon la part relative du trafic
total manipulé (Kablan, 2000). Il regroupait les régions du Bas
Sassandra (arrière-pays fondamental), le Sud Bandama, le Haut Sassandra,
la Marahoué, les Montagnes et le Worodougou. Aujourd'hui, l'hinterland
théorique compte huit (08) régions et dix-huit (18) chefs lieux
de département comme l'indique le tableau 10. L'évolution du
nombre des régions s'explique par la politique de
décentralisation entreprise par l'Etat de Côte d'Ivoire en 2001
pour stimuler le développement sur l'ensemble du territoire national.
Cette politique vise à allouer un budget pour chacune des régions
pour les besoins économiques desdites régions. Les
différentes régions de l'hinterland précitées sont
les réserves des principaux produits agricoles et d'importantes
ressources minières. Elles constituent donc un véritable
marché de consommation avec 5 166 553 habitants. Cependant, cet
arrière- pays a été profondément affecté par
la crise du 19 septembre 2002. Les populations ont été dans
l'obligation de quitter les parties Nord et Ouest sous les affres de la guerre
pour le Sud où règne un climat d'accalmie et de
sécurité. La population a donc diminué et les missions du
port autonome de San Pedro ont été stoppées le long de la
crise dans cette zone. L'évolution dans cette desserte administrative
amorcée avec la création de nouvelles régions (Bafing,
Moyen Cavally) a été affectée par la crise de 2002.
Cependant, le processus de la réconciliation et du climat de paix
enclenché depuis l'accord d'Ouagadougou en 2007 pourrait permettre la
stabilité de l'hinterland Ouest, Nord Ouest et Centre Ouest du port.
I.2-Corrélation entre le port et les régions
de son hinterland
Selon Kablan 2000, la distance et la disponibilité des
voies de dessertes par rapport au port, sont un handicap au
développement spatial de son arrière-pays. Ainsi,
l'approvisionnement du port pour son trafic global ne couvre pas toutes les
régions géographiques situées dans son hinterland
théorique (tableau 11).
Tableau 11: Part du trafic manipulé par
région en 2000 et en 2006
Régions
|
2000
|
%
|
2006
|
%
|
Bas Sassandra
|
879
|
76,43
|
614 546
|
61,87
|
Haut Sassandra
|
165
|
14,35
|
157 406
|
15,84
|
Montagnes
|
78
|
6,78
|
8 102
|
0,81
|
Marahoué
|
11
|
0,96
|
00
|
00
|
Sud Bandama
|
14
|
1,22
|
00
|
00
|
Worodougou
|
3
|
0,26
|
00
|
00
|
Fromager
|
0
|
0
|
131 940
|
13,28
|
Moyen Cavally
|
0
|
0
|
81 200
|
8,17
|
Source : Kablan, 2000, PASP, 2006
L'on peut donc supposer que les marchandises de ces
régions transitent par d'autres voies de communication et ports en
particulier le port d'Abidjan. Cela est d'autant plus vrai que les exportateurs
de Daloa, de Soubré et de Man acheminent respectivement 85%, 50% et 71%
de leurs exportations vers le port d'Abidjan (ecoloc, 1998). Ce
délaissement du port de San Pedro au profit des autres s'explique par la
mauvaise desserte terrestre et la crise du 19 Septembre 2002.
Vu le tableau, seul le Bas Sassandra a une domination
importante du marché qui est en régression sur les deux
périodes par rapport aux autres régions de l'hinterland. On a
ainsi, 76, 4% en 2000 et 61,87% en 2006 soit une baisse considérable de
14,56% contrairement à la région de Haut Sassandra qui
présente une évolution positive avec 14,35% en 2000 et 15,84% en
2006, soit une progression nette de 1,49%. Concernant les autres
régions, on a l'apparition de nouvelles régions comme le Fromager
et le Moyen Cavally qui ont respectivement 13,28% et 8,17% des parts du
marché au détriment du Sud Bandama et la Marahoué qui
enregistrent 0% des parts du marché. Tous ces changements sont relatifs
à la crise et les différentes mutations de la politique de
décentralisation. Aujourd'hui, les facteurs comme la ligne
d'isocoût et la part relative des principaux produits d'exportation
(café et cacao) du trafic par région, a modifier
considérablement la typologie des régions et la marge d'influence
des activités du port dans son l'hinterland (Figure 10).
La marge d'influence des activités du port par
région, à travers la figure montre que la Marahoué et le
Sud Bandama ne font plus partie de l'hinterland théorique nationale du
port de San Pedro. Par ailleurs, l'influence des activités
s'étendait sur toutes les régions de l'hinterland du port en 2000
excepté la région de Denguélé. En 2009, l'influence
des activités du port dans son hinterland se limite à cinq (5)
régions (figure 10). A cet effet, le Denguélé, le
Worodougou et le Bafing ne sont pas concernés par l'influence des
activités du port par le simple fait que le trafic de ces régions
ne parvient pas au port de San Pedro. La crise est la principale raison de
cette régression. A cause de la crise ces régions sont
inaccessibles malgré leur appartenance à l'arrière-pays
théorique du port de San Pedro. Les frets sont détournés
vers le Burkina à cause de son port sec. Les régions dont
bénéficie le port peuvent être subdivisées en trois
groupes sur la base du trafic des marchandises qui proviennent de ces
régions. Par ordre d'importance, le premier groupe est constitué
de la seule région de Bas Sassandra qui est l'hinterland fondamental du
port de San Pedro qui génère plus de 50% du trafic du port.
Ensuite, viennent les régions de Haut Sassandra et le Fromager dont la
production du trafic port se situe entre 10% et 20%. Enfin, suivent les
régions du Moyen Cavally et les Montagnes qui produisent en dessous de
10%. La raison explicative de la part importante du trafic provenant du Bas
Sassandra est que cette région est l'arrière-pays immédiat
du port. A cet effet, les activités agroindustrielles sont
concentrées dans cette périphérie du port et le
déplacement progressif de la boucle du cacao dans la partie Ouest de la
Côte d'Ivoire grâce aux importantes potentialités
forestières qu'elle possède.
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