L'AVENIR DU BWAFOUYE SELON LES CHAUFFEURS
Avec ce sous-titre nous abordons l'étude de terrain qui
consiste à interroger dans un court entretien des chauffeurs de
transport en commun à Carrefour, sur le devenir du minibus bwafouye eu
égard à la concurrence des autres types de moyens de transports
en commun dans une Port-au-Prince où la demande de mobilité ne
trouve pas une réponse adéquate. La majeure partie de
l'enquête a été menée entre 6 et 9heures du soir.
Et, elle s'est déroulée durant une semaine.
L'aire de Mariani fut pendant toute la durée de
l'enquête l'espace d'observation et d'expérimentation
approprié à l'ensemble de notre démarche. Les chauffeurs
de toutes catégories de tap-tap sont venus en nombre important le soir
faire le plein d'essence et/ou faire le lavage de leur tap-tap. Dans cette aire
trois (3) importants points de repère qui facilitent l'entretien avec
les chauffeurs ont été retenus:
· La station d'essence de Shell du Pont de Mariani
· Le courant d'eau "Tisous" voisin de la station
d'essence de Shell du Pont de Mariani
· La station d'essence ESSO connue sous le nom de Paloma
située à proximité de l'Ecole des " Frères
Juvenat".
L'entretien n'a pas été facile à "Tisous"
vu les problèmes d'éclairage dus à l'absence
d'électricité en général et en particulier au
non-aménagement de l'espace en question à des fins
appropriées. Par contre, dans les stations d'essence le
déroulement de l'enquête ne posait pas de problème
d'éclairage. Dans cette aire, 39.58% de chauffeurs ont été
entretenus. Les autres points de repères très importants sont les
stations d'essence Shell et Texaco situées à Brochette 97,
là, 25 % de chauffeurs sont entretenus. Vient ensuite la station
d'essence Shell située à Thorland 67 ou 16.67% de chauffeurs de
tap-tap ont répondu à nos questions.
Le déroulement de l'enquête à Diquini 63
où 10.42% de chauffeurs sont retenus dans notre échantillon
d'enquêtés est comparable à celui de "Tisous ".
Là, dans ces « car wash »
improvisés n'était-ce la lumière des véhicules de
certains chauffeurs qui, après le lavage, s'apprêtèrent
à partir les enquêteurs auraient eu vraiment du mal à
remplir les questionnaires. Tout compte fait, leur habilité leurs a
permis de surmonter les difficultés imposées par la
réalité du milieu.
A Martissant et à Bizoton les chauffeurs entretenus ne
représentaient que 8.33% de notre échantillon.
180 minutes en moyenne par jour furent consacrées
à l'enquête. Chaque questionnaire à proprement parler n'est
administré au chauffeur pendant environ cinq (5) minutes ce qui donne en
moyenne trente cinq (35) minutes pour sept (7) enquêtés par
jour.
Les enquêteurs ont été surpris de
constater que les enquêtés n'éprouvèrent aucune
gêne à répondre aux questions. Tout au contraire, la
franchise de la plupart des chauffeurs nous a suggéré des
modifications dans certaines questions. Par exemple: à la
première question on aurait dû ajouter: eske wout la twò
piti eske chofè yo pa endisipline, eske machann pa reskonsab. A la
deuxième question on pouvait omettre : kilès ki pote mwens moun
et, la cinquième question devrait être une question ouverte. Une
synthèse des différentes réponses peut en dire beaucoup
plus sur les failles du questionnaire. (Voir Annexe I)
7.4.- DIVERGENCES DE VUE
Le questionnaire auto-administré, soumis à notre
échantillon de chauffeurs de transport collectif, nous a permis de
récolter des réponses qui, en termes de données, vont
être analysées à la lumière des objectifs et
hypothèses du travail. Mais, soit dit en passant, certaines
réponses ont démasqué nos préjugés qui nous
faisaient croire à la perfection de notre observation. En effet dans
notre questionnaire, nous avons négligé des paramètres qui
au cours du déroulement de l'enquête se sont
révélés très pertinents. De l'avis des chauffeurs,
l'embouteillage de la circulation qui handicape le bon fonctionnement de
l'activité tap-tap, ne serait pas seulement une question de
déséquilibre entre la demande de mobilité et
le nombre de véhicule, ce serait aussi le résultat
de l'exiguité de la route, l'indiscipline des chauffeurs et la
volonté des marchandes à étaler leurs marchandises sur
l'axe routier... Quant au type de véhicule pouvant répondre le
mieux à la situation actuelle de la circulation ils sont quasi unanimes
à reconnaitre que seuls les véhicules à grande
capacité d'accueil peuvent équilibrer le rapport:
«taux de mobilité et taux de
tap-tap.» Voilà en résumé le point de
vue des enquêtés que nous tenons à expliciter à
partir du dépouillement de l'enquête. Nous entendons par
là présenter la tendance des réponses des chauffeurs en
ce qui concerne les problèmes de circulation et leur position par
rapport à la concurrence des différents types de tap-tap.
A la question de savoir les causes de l'embouteillage qui,
selon notre enquête, s'orientaient vers «l'augmentation
déréglée» de la population de Port-au-Prince ou de
celle des véhicules, des réponses à plusieurs volets ont
été données à cette première question.
Simultanément 77,08% soit 37 chauffeurs sur 48 accusent la carence en
infrastructure routière d'être responsable de cet état de
fait. De ce pourcentage, 48.65% soit 18 chauffeurs sur 37 croient que
l'indiscipline des chauffeurs contribue aussi à l'embouteillage et
16.21% soit 6 chauffeurs sur 37 imputent la responsabilité à des
marchandes dont leur étalage occupe une bonne partie de la
chaussée. Quant aux paramètres fixés par le questionnaire
à savoir: trop de personnes ou trop d'automobiles dans l'aire
métropolitaine seulement 14.58% croient à l'augmentation de la
population et 8.34% pensent de préférence aux véhicules
qui sont trop nombreuses. (Voir histogramme #1)
Hist #1
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(Hist. #1)
TV : Trop de véhicules AP : Augmentation de
population
ECIC: Etalage des marchands - Indiscipline des chauffeurs et
Carence en infrastructures routières
Voulant trouver le type de tap-tap qui serait approprié
à l'augmentation de la demande de mobilité des usagers dans une
Port-au-Prince où la population s'agrandit d'année en
année, nous avons formulé la question numéro deux (2) qui
met en rapport la capacité d'acceuil et les types de
tap-tap: 77.08% des enquêtés révèlent
que le «tap-tap kazèn» (Batiman) est le type qui a la
capacité d'accueillir le plus grand nombre de passagers et 10,42 pensent
que c'est le "Kanntè", 6.25% disent que cela dépend, 4.16%
croient que c'est le « tap-tap yole » et 2.09% pensent
que c'est le "kokorat". (Voir histogramme #2)
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(Hist.#2)
Ko:
Kokorat CD: Cela Dépend Ka: Kazèn
Yo: Yole Kan: Kanntè
Voulant confirmer les réponses à la
deuxième question, les questions numéros 3 et 4 sont
élaborées en faisant appel une fois de plus aux types
de tap-tap, à la rentabilité, à l'embouteillage et au
confort, les réponses à la troisième
question dégagent les pourcentages suivants: 61.41% affirment que le
tap-tap kazèn est le seul à pouvoir garantir aux chauffeurs le
gain financier de la journée de travail en dépit des
difficultés d'ordre socio-infrastructurel, 14.59% pensent que cela
dépend, 6.25% croient qu'avec le "Bwafouye" le chauffeur peut tirer
beaucoup plus de profit, 6.25% choisissent au contraire le "Yole", 6.25%
s'abstiennent, 4.16% pensent qu'avec le Kanntè les choses vont mieux et
2.09% voient le taxi comme le plus sûr moyen de tirer du profit.
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(Voir histogramme #3)
(Hist. #3)
Ta: Taxi Kan: Kanntè Yo: Yole
Bwa: Bwafouye CD: Cela Dépend Ka: Kazèn
Néanmoins, la quatrième question axée sur
le pourquoi des préférences, nous a amené à
considérer les réponses majoritaires spécifiques de chaque
catégorie de chauffeurs. Ceci est pour pouvoir tirer au clair
l'élément explicatif de la tendance qui laisse apparaître
le "Kazèn" comme le tap-tap avec la plus grande capacité
d'accueil et le plus rentable. 38.46% des chauffeurs "Yole" interrogés
pensent que l'embouteillage ne constitue pas un obstacle au profit que le
conducteur "Kazèn" devait en tirer pendant la journée de travail,
7.69% croient que le "Yole" est le "tap-tap" qui se comporte le mieux face
à l'embouteillage, contrairement à 7.69% qui voient dans le
"Bwafouye" le meilleur tap-tap qui puisse permettre aux chauffeurs de
résister à l'embouteillage, 23.07% s'abstiennent, 23.07%
déclarent que cela dépend.
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(Voir histogramme #4)
(Hist. #4)
ENOY: L'Embouteillage N'est pas un Obstacle pour le Yole
ENOB: L'Embouteillage n'est pas un Obstacle pour leBwafouye
Abs : Abstention CD: Cela Dépend
ENOKA: L'Embouteillage N'est pas un Obstacle pour le
Kazèn
Quant aux chauffeurs "Kazèn" (Batiman) 66.66% sont
modestes à penser que cela dépend; c'est-a-dire il y a d'autres
paramètres qui peuvent intervenir pour rendre profitable n'importe quel
type de "tap-tap" en dépit de son inconfort et de l'embouteillage de la
circulation, 11.11% pensent qu'avec le "Yole" le profit est redoutable en
raison de la confiance que les usagers placent dans son confort et 22.23%
s'abstiennent d'attribuer la raison pour laquelle ils ont répondu d'une
façon ou d'une autre à la troisième question.
(Voir histogramme #5)
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(Hist.#5)
CoYo: Confort du Yole Abs: Abstention CD: Cela
Dépend
Pour les chauffeurs "Bwafouye", 40% pensent que le
"Kazèn" est un défi à l'embouteillage quand on le compare
au profit tiré durant la journée de travail, 20% pensent qu'il
est rentable à cause de son confort et 40% s'abstiennent de
répondre. (Voir histogramme #6)
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(Hist.#6)
CoKa: Confort du Kazèn Abs: Abstention
ENOKa: l'Embouteillage N'est pas un Obstacle pour le
Kazèn
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Les chauffeurs de "Rachepwèl" à 75% pensent que
le "Kazèn" est le plus rentable, mais ils sont seulement 25% à
dire que sa rentabilité découle du fait que l'embouteillage ne
constitue pas pour lui un obstacle, 50% s'abstiennent de donner la vraie raison
et 25% croient que le "Yole" est le meilleur et ceci à cause de son
confort. (Voir histogramme #7)
(Hist.#7)
CoYo: Confort du Yole
ENOKA: l'Embouteillage N'est pas un Obstacle pour le
Kazèn
Abs: Abstention
Pour leur part, les chauffeurs de "Kokorat" à 33.33%
pensent que le "Kazèn" permet aux chauffeurs de tirer du profit à
cause de son confort, 33.33% se réfèrent de
préférence au "Bwafouye" et ceci c'est parce qu'il peut
affronter l'embouteillage et les autres 33.33% s'abstiennent. (Voir histogramme
#8)
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(Hist.#8) CoKa: Confort du Kazèn
ENOBwa; L'embouteillage n'est pas un Obstacle pour le Bwafouye
Abs: Abstention
Enfin, les chauffeurs de tap-tap n'ayant pas encore un nom
venant de la culture populaire (TSNP) sont à 92.85% unanime à
penser que le "Kazèn" est le tap-tap le plus rentable. Cependant, 21.43%
préfèrent le «tap-tap kazèn » parce que,
selon eux, quand on est conducteur d'un kazèn l'embouteillage de la
circulation n'est pas un obstacle au profit qu'on peut tirer pour la
journée de travail; 64.28% le préfèrent à cause de
son confort et le dernier soit 7.15% s'abstiennent de dévoiler les
raisons de leur préférence et 7.14% croient que dans l'enceinte
du "bwafouye" les usagers se sentent plus à l'aise. (Voir histogramme
#9)
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(Hist.#9)
CoBwa: Confort du Bwafouye Abs: Abstention
ENOKa: L'Embouteillage N'est pas un Obstacle pour le
Kazèn
CoKa: Confort du Kazèn
La cinquième et dernière question conçue
pour déceler le sort réservé au «tap-tap
bwafouye» nous conduit à mettre en relation la
conviction des chauffeurs quant à leur choix et le
type de «tap-tap approprié.» 64.58%
ont eux-mêmes choisi d'acheter, à la place du bwafouye, un autre
type, 22.91% déclarent que s'ils ont de l'argent pour se procurer un
véhicule destiné au transport en commun ils achèteront un
bwafouye et 12.50% s'abstiennent de répondre directement à notre
directive en disant: «cela dépend». (Voir histogramme #10)
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(Hist.#10)
YL: Yon lòt Bwa: Bwafouye Abs: Abstention
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