III-1. Les démarches d'intervention
La mobilisation sociale des acteurs locaux autour des actions
de coopération décentralisée a été assez
forte dans les trois communes. Sur la base de l'approche participative et du
développement local, les populations sont associées aux choix,
à l'exécution et à la gestion des réalisations.
Cette implication s'est effectuée à TanghinDassouri à
travers les CVD, les CDS et les CD. A Ouahigouya, ce sont les CDS et le
comité de pilotage qui constituent les cadres de mobilisation. Dans ces
deux communes, les projets individuels sont acceptés et financés.
Dans la commune de Ziniaré, c'est le forum départemental qui a
permis d'impliquer les différentes couches socio-économiques
aux
choix et à la mise en oeuvre des actions. Ces
démarches adoptées par ces expériences de
coopération décentralisée amènent les acteurs
locaux à établir eux-mêmes les contraintes à
l'évolution sociale et économique de leurs localités et
proposer des solutions. Elles font des citoyens d'une commune, les acteurs de
leur développement. De nombreuses capacités
d'auto-développement existent aujourd'hui dans chacune des trois
communes étudiées.
La volonté de transparence a conduit à associer
les populations à la mobilisation, à la gestion et au
contrôle des fonds. Partout, le principe de cofinancement a
été retenu et devrait être réuni par tous les
porteurs d'idées dont les projets étaient
sélectionnés avant le versement d'une quelconque contribution. De
plus, ceux-ci devraient avoir obligatoirement un compte pour recevoir les
subventions. A Tanghin-Dassouri, la gestion des fonds était
rigoureusement suivie par l'opérateur (l'AFVP), l'EAC et l'AF. Leur avis
était primordial pour le versement de la contribution totale promise
dans le cadre des conventions. L'AF qui était conduit par un agent
comptable suivait l'utilisation des fonds des bénéficiaires. Dans
la commune de Ziniaré, la gestion des ressources financières est
suivie par le CPCC et le forum départemental. La transparence est
entachée du fait que le CPCC est à la fois juge et partie.
L'opérateur n'a pas un droit de regard dans la gestion
financière. Néanmoins le principe de cofinancement permet une
meilleure responsabilisation des porteurs de projets. S'agissant de
l'expérience de coopération décentralisée entre les
communes de Chambéry et de Ouahigouya, la signature de convention, le
remplissage des fiches d'engagement et le contrôle technique et financier
d'un opérateur permet une gestion assez rigoureuse des fonds.
La gestion des ressources financières, au coeur de
nombreuses difficultés que traversent beaucoup de partenariats de
coopération décentralisée, apparaît assez
transparente à travers ces trois expériences. Cependant, des
efforts doivent être fais pour établir des
systèmes comptables fiables permettant à tous les acteurs de
mieux comprendre les procédures à suivre. Cela permettrait aux
bénéficiaires de capitaliser un savoir-faire en gestion
comptable. La contribution des trois expériences de
coopération décentralisée au renforcement des
capacités des acteurs locaux et au processus de développement
local s'apprécie différemment en fonction des
spécificités de chacune des trois communes. Ce faisant,
cette contribution est assez remarquable à Ouahigouya. Un projet
intitulé « structuration de la mairie de Ouahigouya» y a
été consacré. Il s'est traduit par le financement de
postes de travail, des formations au profit des conseillers municipaux et
des agents de la mairie, et l'équipement de la mairie en
matériels informatiques. Ce projet a profondément
amélioré la fonctionnalité de l'institution communale.
Le centre hospitalier régional de Ouahigouya a
bénéficié de dotations en
matériels et de formations au profit de ses agents et est
accompagné par l'hôpital de Chambéry. De même, des
associations reçoivent du soutien technique dans la mise en oeuvre de
leurs activités. Concernant Tanghin-Dassouri, la coopération
décentralisée avec le Conseil Général du Territoire
de Belfort soutient faiblement l'institution communale. Les agents de la mairie
ont reçu une formation en matière de gestion de l'état
civil. De plus, la mairie a été électrifiée et
équipée en ordinateurs. Ce faible appui découle du fait
que ce n'est qu'en 2006 que Tanghin Dassouri a été
érigée en commune rurale avec un exécutif élu.
S'agissant de la coopération décentralisée entre la
province de l'Oubritenga et le Conseil Régional du Limousin, il apporte
un soutien très faible aux renforcements des capacités du conseil
municipal. Et pourtant, la commune de Ziniaré a été la
seule de la province jusqu'en 2006. Cet appui aurait permis d'améliorer
sa fonctionnalité et cette expérience d'appui institutionnel
pourrait être un modèle pour les nouvelles communes rurales.
Dans le contexte institutionnel actuel, les conseils
municipaux sont les interlocuteurs privilégiés des partenaires de
coopération. Toutes les interventions doivent avoir la caution des
exécutifs élus avant d'être effectuées.
Néanmoins, il est souhaitable de s'appuyer sur les comités de
jumelage qui ont été pendant longtemps le fer de lance de la mise
en oeuvre de plusieurs initiatives et réalisations. C'est une grosse
interrogation de l'heure, dans la mesure où leur place dans le paysage
institutionnel actuel est progressivement mise en cause.
Il s'avère aussi important pour ces expériences
de coopération décentralisée de travailler en synergie
avec les autres partenaires au développement qui interviennent dans ces
communes (services déconcentrés, ONG, associations, groupements,
etc.). En effet, les interventions sont le plus souvent dirigées vers
les mêmes populations cibles; par conséquent, une concertation
rendrait les aides plus efficaces.
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