II-3. La définition burkinabé
La conception burkinabé de la coopération
décentralisée est une synthèse de celles de la France et
de l'Union européenne. Ce sont les écrits du Comité
National de Jumelage (CNJ) et la loi N°041/98/AN du 6 août portant
organisation de l'administration du territoire du Burkina Faso qui ont permis
d'inférer sur la conception de la coopération
décentralisée.
Aussi, la CONACOD (2001) la définit-elle comme :
«l'ensemble des relations non gouvernementales qui unissent les
collectivités, les communautés, les associations, les
institutions et les structures non gouvernementales du Nord et du Sud dans des
actions Nord/Sud ou Sud/Sud».
Cette coopération décentralisée met
l'accent sur la participation consciente et responsable des populations dans le
processus de développement économique et social local, faisant
ainsi des bénéficiaires, les acteurs de projets. Cette vision
burkinabé offre également aux collectivités en proie
à des difficultés de développement de nouer des relations
avec de multiples partenaires. De plus, elle revêt un caractère
important vu l'implication des premières autorités dans
l'organisation des assises nationales sur la coopération
francoburkinabé. Elle constitue même selon QUENUM J. P. (2000) un
des moteurs du développement dans les zones rurales.
Les principales caractéristiques de la
coopération décentralisée burkinabé se retrouvent
dans le Code Général des Collectivités Territoriales
(CGCT), loi au terme de laquelle les collectivités territoriales
burkinabé peuvent instituer entre elles ou entre elles et des
collectivités territoriales étrangères des relations de
coopération. Cette coopération peut se faire au moyen de
l'entente et du jumelage (Article 122). En outre, elle peut se faire par le
biais des communautés de communes, des structures de concertation et de
coopération et des groupements d'intérêt public.
II-3.1. Le jumelage
Exemple de coopération décentralisée, le
jumelage a pris aujourd'hui la terminologie de jumelage coopération.
Cela témoigne de son caractère plus institutionnel et
administratif qui le différencie des premiers jumelages presque
entièrement basés sur des liens affectifs individuels ou
groupusculaires.
Au Burkina Faso, le jumelage est l'acte solennel par lequel
des collectivités territoriales burkinabé instituent entre elles
ou entre elles et des collectivités locales étrangères des
relations de coopération en vue de la réalisation d'un
idéal commun, notamment dans les domaines économique, culturel et
social (CGCT, Article 127). C'est la forme de coopération
décentralisée la plus connue et la plus pratiquée. Il ne
peut s'effectuer que par l'intermédiaire d'un comité de jumelage.
Son organisation et son fonctionnement sont fixés par décret pris
en conseil des ministres, sur proposition du ministre chargé des
collectivités territoriales (CGCT, Article 128). Depuis la
communalisation intégrale, le jumelage est l'objet d'enjeux majeurs
entre les Comités Locaux de Jumelage et les conseils municipaux. Les
premiers accusent les derniers de les écarter des actions de
coopération décentralisée, les partenaires du Nord ayant
choisi de travailler directement avec les exécutifs élus. Les
textes burkinabé ne précisant rien sur le sort de ces
comités, ce sont des tensions qui naissent par endroits entre acteurs
d'une même commune. Ces querelles sont surtout dues à l'importance
des ressources financières générées par la
coopération décentralisée et qui constitue l'une des
principales ressources de certaines communes, les conseillers municipaux
cherchant à les intégrer dans les budgets communaux.
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