I-1. De 1967 à la fin des années 1980
Les actions de coopération décentralisée
ne sont pas des pratiques nouvelles au Burkina Faso. Les premières
relations de partenariat de coopération remontent à la fin des
années soixante, avec notamment le jumelage entre Ouagadougou et Loudun
(1967). Elles étaient le fait d'associations ou comités de
jumelage, parfois modestement soutenus par leur commune. Ces relations avaient
généralement pour point de départ l'amitié entre
deux personnes et qui s'élargissaient à l'ensemble de la
communauté dans laquelle elles vivaient.
Les actions menées avaient un caractère affectif
et humanitaire, assez semblable à celles de nombreuses ONG: envoi de
médicaments et de fournitures, réalisations d'infrastructures
scolaires et sanitaires parfois décidées au Nord sans l'avis des
bénéficiaires et des autorités locales (Sembène M.,
2002).
Mais la fin des années 1980 a été
marquée par un tournant décisif. La nouvelle approche est
désormais orientée vers le développement de relations de
territoire à territoire. Cela a favorisé la création au
sein de l'association Cités Unies France (CUF) des « groupes pays
» afin de faciliter la coordination et la concertation entre les jumelages
oeuvrant dans un même pays et de mieux cibler les actions. Le «
groupe pays » Burkina Faso était constitué de l'ensemble des
collectivités françaises ayant des partenariats avec des pairs
burkinabé.
Grâce aux relations durables d'amitié, d'estime
et de compréhension mutuelle qui se sont tissées au fil des
années, de nombreux jumelages ont réussi à amorcer le
changement de philosophie de l'aide dans un climat de confiance et de franchise
(Sembène M., 2002). Il a été
ainsi possible d'éviter que des discussions techniques et
financières qu'exige la mise en oeuvre de programmes de
développement local n'occultent la dimension des jumelages.
I-2. Les années 1990
Les années 1990 ont vu s'opérer des
réflexions collectives sur la coopération
décentralisée franco-burkinabé. Ainsi, en février
1990 a eu lieu la première rencontre francoburkinabé
organisée par le Comité National Burkinabé de Jumelage
(CNBJ) et l'association Cités Unies France. Cette rencontre mettra en
évidence la nécessité d'abandonner les anciennes pratiques
devant les résultats médiocres voire décevants de l'aide
ponctuelle par projet. Les collectivités françaises
évoquent le besoin de faire de leurs jumelles des acteurs de leur propre
développement.
Les années qui suivront, voient quelques jumelages
décidés en accord avec leurs partenaires et avec l'appui
d'opérateurs de dépasser le stade des actions ponctuelles et de
mettre en oeuvre des programmes pluriannuels d'appui au développement
local. Ces programmes privilégient désormais la structuration, la
participation et la responsabilisation des populations locales. L'accent est
mis sur la formation et l'organisation des partenaires.
L'action internationale des collectivités verra par la
suite son cadre juridique défini en France avec la loi de 1992. Ce fut
l'occasion pour de nombreuses collectivités françaises de
s'engager en coopération décentralisée de ville à
ville ou de territoire à territoire.
Au Burkina Faso, le processus de décentralisation a
permis la création d'un cadre de mise en cohérence et de
coordination de la coopération décentralisée et la
réorganisation des comités de jumelage. Ainsi, la Commission
Nationale de la Coopération Décentralisée (CONACOD) voit
le jour en 2000. De même, un décret portant sur l'organisation du
Comité National de Jumelage et des Comités Locaux de Jumelage est
promulgué.
Dorénavant les relations de coopération
décentralisée sont scellées entre les autorités
communales. Cela permet de donner un caractère institutionnel au
partenariat. Pour les jumelages antérieurs, les partenaires se tournent
depuis la communalisation intégrale vers les conseils municipaux, ce qui
n'est pas sans conséquence car les comités locaux de jumelage se
sentent abandonnés. Dans certains cas, c'est un véritable
amalgame car les autorités municipales sont tout simplement les premiers
responsables de ces comités.
C'est dans ce contexte institutionnel qui devrait permettre
une meilleure cohérence et une plus grande efficacité des
actions, que doit désormais s'inscrire la coopération
décentralisée au Burkina Faso.
II. Les concepts de la coopération
décentralisée
Le concept de coopération décentralisée
diffère d'un pays à un autre et selon les organisations qui la
pratiquent. Il est cependant nécessaire de rappeler les
différentes approches qui ont permis au Burkina Faso de proposer en
juillet 2001, sa définition de la coopération
décentralisée.
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