3.2 INTERET DE L'ETUDE DES NANO-CAVITES/BULLES
Les implantations d'hydrogène et d'hélium
à hautes doses sont connues pour former des nano-cavités dans les
semi-conducteurs. Ces nano-cavités/bulles ont des applications qui sont
de plus en plus utilisées :
Dans les réacteurs nucléaires [6], les
métaux utilisés comme armatures sont soumis à de fortes
irradiations par des neutrons (14 MeV pour les réactions de fusion
Deutérium-Tritium). Ces irradiations peuvent produire des atomes
d'hélium par des réactions de transmutation et conduire ainsi
à la formation de bulles d'hélium dans le métal. Ces
bulles peuvent conduire à une dégradation des
propriétés du métal et poser de véritables
problèmes de sécurité ainsi que des problèmes
économiques pour les réacteurs nucléaires. C'est pour
éviter au maximum ces effets néfastes que l'étude des
bulles dans les métaux est un sujet de recherche largement
répandu.
Dans le silicium, les nano-cavités induites ont des
applications telles que : la fabrication de structures SOI (Silicon On
Insulator) par l'intermédiaire du procédé Smart-Cut dans
le cas des implantations d'hydrogène; le piégeage des
impuretés métalliques (gettering) pour les implantations
d'hélium.
Il est à noter que c'est pendant les recuits
post-implantations que la croissance proprement
dite des nano-cavités/bulles va intervenir.
3.3 SIMULATIONS NUMERIQUES
Pour ce mémoire de D.E.A, nous avons choisi de simuler
la croissance des nano-cavités/bulles au cours du recuit
post-implantation. Nous avons employé des méthodes empiriques
afin de décrire l'évolution de la taille des
nano-cavités/bulles au cours du temps et en fonction de la
température, en considérant le pénomène OR comme
dominant la croissance des nanocavités/bulles dans un matériau
lors du recuit.
3.3.1 Modèle de croissance par Oswald Ripening
On considère une distribution des rayons de N
nano-cavités qui seront programmées pour passer par les cycles
successifs de retrécissement-croissance afin de simuler le processus OR.
La distribution initiale est gaussienne. La variation /ri du rayon ri (1 i N)
de la cavité i pendant l'intervalle de temps /t est donnée par
l'équation :
( 1 ) ( 2ãÙ )
/ri = -/t DcCeq
v exp (3.6)
ri rikT
Ce qui correspond à un rétrécissement, donc
à une libération de lacunes, dont le nombre /N est donné
par l'expression :
i /Ù)
/N = > (/ri4ðr2 (3.7)
Lors du retrécissement, certaines nano-cavités
retrécissent plus vite que d'autres. Alors, pour éviter que le
système de nano-cavités ne rétrécisse rapidement
(ce qui pourrait conduire à une disparition de toutes les
nano-cavités), une condition dite de 'tronquage' a été
mise au point. Elle stipule que si une cavité a un rayon
inférieur au rayon seuil (que l'on fixera), elle est totalement
enlevée et ses lacunes distribuées aux autres
nano-cavités(la distribution n'est pas uniforme, les plus grandes
cavités recevront plus que les petites).
Dans la procédure de croissance, les lacunes
libérées et distribuées parmi les nano-cavités
restantes mèneront à une augmentation du rayon dont l'expression
est donnée par:
( > ) /N (Ù/4ðr2 )
dri = ri/ r (3.8)
i
Un problème pratique dans le programme concernera le
nombre de nano-cavités initial puis-
qu'il faut un nombre de nano-cavités de l'ordre de
5.106 dans un volume de 1,43055667.10_31 m3 pour
refléter la réalité physique, c'est-à-dire pour
finir avec un nombre de 200 nano-cavités. Avec un volume de
cavité constant, ce problème sera allégé en
présentant une procédure d'itération flexible dans
laquelle, après que le nombre initial de nano-cavités ait
diminué par un facteur de deux, un nouvel ensemble de
nano-cavités est généré. Cependant, rien ne serait
gagné si l'ensemble généré avait des
paramètres identiques aux nano-cavités de départ; donc les
nano-cavités re-générées ont été
données avec des rayons légèrement différents
(#177; 0,1%) des nano-cavités de départ, reflétant les
variations statistiques prévues des recuits réels. La
différence a été maintenue petite pour empêcher
l'élargissement significatif de la distribution des rayons. Cette
procédure d'itération du cycle de retour au nouveau nombre
original de rayons pourrait être répétée autant de
fois que possible.
Par la suite un nombre initial de 500 rayons
différents, avec une distribution gaussienne des rayons (r = 0,6 #177;
0,1 nm), sera employé, oil 0,1 est la valeur de sigma
représentant la diffusion du rayon. Clairement la clef à tout
mécanisme de simulation pratique est d'avoir accès aux bons
paramètres. Dans le cas du silicium, il existe un accord étroit
dans la littérature sur une expression pour Ceq
v , dont la valeur est centrale pour n'importe quelle
prévision du mécanisme OR. Bracht et al. [1] ont
dérivé pour le silicium la relation (en cm/s2) :
DcCeq
v = O, 92 exp (-4, 14eV/kT) (3.9)
précisant qu'elle ne dévie pas beaucoup du
résultat ancien de Tan et Gösele [1] qui ont obtenu :
DcCeq
v = O,6exp(-4,03eV/kT) (3.10)
Pour ce travail, on utilisera la relation (3.10). Un
paramètre moins important, mais pouvant avoir une influence sur les
résultats est celui de l'énergie surfacique (ã). Une
valeur de 1,295 J/m2 a été employée, comme
suggéré par J. H. Evans. De ce modèle, nous avons pu
élaborer un algorithme qui suivra les différentes étapes
suivantes :
1. Donner la durée du recuit t, le pas
d'incrémentation du temps /t et le nombre de cycles nécessaires
t Ät,
2. Considérer une distribution de différents
rayons de 500 nano-cavités obéissant à la loi
gaussienne,
3. Calculer le rétrécissement /ri des rayons
à partir de l'équation (3.6),
4. Calculer le nombre total /N de lacunes libérées
à partir de l'équation (3.7),
5. En déduire les nouveaux rayons après
rétrécissement ri = ri + Äri,
6. Tronquer les nano-cavités dont le rayon est
inférieur à un rayon seuil fixé et en déduire le
nombre de nano-cavités restantes,
7. Ajouter à ÄN, les lacunes issues des
cavités tronquées,
8. Calculer l'augmentation dri des rayons des
nano-cavités restantes par application de la relation (3.8),
9. Calculer les nouveaux rayons des nano-cavités
restantes ri = ri + dri,
10. A partir de la nouvelle distribution obtenue en 9
répéter les étapes 3 à 9 jusqu'à ce que le
nombre de cycles requis soit atteint.
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