Section 1: Structure des dépenses publiques
1.1. Répartition des dépenses
gouvernementales
Les dépenses publiques constituent un instrument
important dont se sert la puissance gouvernementale pour améliorer le
bien-être collectif et individuel. L'objectif étant de mettre en
place une politique économique favorable à une forte croissance
indispensable à la réalisation des politiques de lutte contre la
pauvreté. Le graphique suivant illustre l'évolution des
dépenses sociales totales de l'Etat béninois au cours de ces
dernières années.
Graphe1: Evolution des dépenses totales de 2000
à 2006 (en milliard de F CFA)
500 450 400 350 300 250 200 150 100 50
0
|
|
|
|
|
Dépenses totales
|
|
|
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
|
|
|
Source: Réalisé par les auteurs à
partir des informations budgétaires de la DGAE/MEF.
L'examen du graphique montre que les dépenses totales de
2000 à 2006 ont connu une évolution assez relative. Mais on
observe une baisse sensible en 2004 qui
se traduit par un creux. L'évolution des
dépenses totales de l'Etat béninois s'explique par les politiques
de stratégies sociales de l'Etat visant à réduire la
pauvreté grâce à des programmes de lutte contre le
paludisme, la politique liée à l'accès à
l'éducation pour tous; en l'occurrence les filles.
1.2 : Répartition des dépenses
gouvernementales sectorielles (en matière d'éducation et de
santé)
Les dépenses de santé et d'éducation sont
justifiées si elles améliorent le niveau de vie des populations
et permettent de prévenir et soigner des maladies. Selon Filmer et al
(1998), la structure des dépenses sociales en conditionne l'impact.
-La répartition des crédits alloués
au secteur éducatif
Les crédits gouvernementaux accordés à
l'éducation ont connu une évolution assez particulière au
cours de la période d'étude comme en témoigne le tableau
cidessous.
Tableau1 : Parts du budget de
l'éducation dans le budget de l'Etat
Années
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Éducation/Budget National(%)
|
10,8
|
17,2
|
3,7
|
4,0
|
4,7
|
4,8
|
23,5
|
Source: Calculs faits à
partir des informations du budget national
Le gouvernent béninois en général affecte
à l'éducation moins de 20% du budget national. La dotation de
2006 est celle qui a dépassé le seuil de 20%. Celle de 2002 est
la plus faible rapportée au budget national. En d'autres termes, les
rapports de crédits affectés à l'éducation
indiquent que les ressources allouées au système éducatif
ont connu une évolution en dent de scie.
Graphe2: Evolution du budget affecté
à l'éducation de 2000 à 2006. (en milliards)
120
100
40
20
80
60
0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
éducation
Source: Graphique
réalisé par les auteurs à partir des informations
budgétaires de la DGAE/MEF
L'analyse du graphique montre une évolution en dent de
scie du budget alloué à l'éducation. Les ressources
affectées à l'éducation représentent en moyenne
9,8% des ressources budgétaires. Les dépenses de fonctionnement
absorbent une part plus importante de ces dépenses: près de 20%
des dépenses publiques allouées au secteur en 2006.
Les dépenses en investissement bien que relativement
faibles sont en majorité utilisées pour les besoins en
infrastructures (construction d'écoles primaires, secondaires et
d'amphithéâtre) et l'achat d'équipements.
En ce qui concerne les ordres d'enseignement, les affectations
des ressources présentent plusieurs disparités. Les variations au
niveau de l'enseignement primaire et secondaire sont consignées dans le
tableau ci-dessous.
Tableau 2: Variations des
crédits affectés à l'enseignement primaire et
secondaire
années
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
variations
|
|
1.09
|
1.14
|
1.16
|
1.23
|
1.05
|
1.00
|
Source: Calculs faits à
partir des informations budgétaires.
Tableau 3: Variations des
crédits affectés à l'enseignement supérieur
Années
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
variations
|
|
1.05
|
1.10
|
1.27
|
1.02
|
1.01
|
1.00
|
Source: Calculs faits à
partir des informations budgétaires.
De l'analyse des tableaux, on assiste à une variation
quasi identique des crédits affectés aux ordres de
l'enseignement. Les ressources mobilisées au niveau de l'enseignement
primaire et secondaire puis celui du supérieur ont connu une
évolution en dent de scie. Elle est plus forte respectivement en 2004 et
en 2003 au niveau de l'enseignement primaire et secondaire puis celle du
supérieur. Cependant, elles sont relativement faibles et dû
à la volonté des gouvernements à orienter une bonne partie
des ressources vers des secteurs plus productifs à court terme.
Tableau4: Dotation des directions
départementales de l'éducation de 2000 à 2006(en millier
de F CFA)
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Atacora/Donga
|
2292583
|
2118091
|
2051903
|
2282655
|
2599707
|
2260670
|
2845696
|
Atlantique/Littoral
|
7119588
|
7062487
|
6565645
|
12883432
|
16077096
|
15856461
|
19918527
|
Alibori/Borgou
|
2866389
|
3067321
|
2994369
|
5341490
|
6329532
|
6690685
|
7607833
|
Ouémé/Plateau
|
5876485
|
5639018
|
4734924
|
6763317
|
7373283
|
9118243
|
8822986
|
Mono/Couffo
|
3405789
|
3477623
|
2992751
|
3823187
|
4934020
|
3972729
|
5008177
|
Zou/Collines
|
4596026
|
4703518
|
4582933
|
4972856
|
6128434
|
5879104
|
7069962
|
Total
|
26156860
|
26068058
|
23922525
|
36066937
|
43442072
|
43777892
|
51273181
|
Source: DRFM/ MENRS/MEPS
Les dotations départementales affectées à
l'éducation ont connu une évolution presque en dent de scie de
2000 à 2003. De 26,156 milliards en 2000, on est passé à
23,922 milliards en 2003.
Cette situation se confirme par la baisse constatée au
niveau national au cours de la même période. A partir de 2003, on
assiste à une augmentation de 36,066 milliards à 43,777 milliards
en 2005, puis à 51,273 milliards en 2006.
-La répartition des crédits en
santé
Le secteur de la santé contrairement à
l'éducation connaît un traitement assez difficile malgré
les efforts manifestes des pouvoirs publics. Les parts du budget alloué
à ce secteur bien qu'ils aient connu une augmentation en 2000 jusqu'en
2006 restent relativement faibles. Moins de 5 milliards sont accordés
aux services de santé durant ces dernières années. Les
données sont consignées dans le tableau suivant.
Tableau 5: Parts du budget de la
santé dans le budget de l'Etat
Années
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Santé/Budget
|
2,00
|
7,00
|
7,70
|
8,00
|
8,10
|
9,00
|
9,60
|
National(%)
|
|
|
|
|
|
|
|
Source: Calculs faits à
partir des informations budgétaires.
Contrairement à l'éducation, la part des
ressources mobilisées au profit du secteur de la santé reste
relativement très faible au Bénin. Malgré l'accroissement
peu relatif du rapport de crédit de 2000 à 2006, moins de 10% du
budget national est consacré aux soins de santé des
populations.
Graphe 3: Evolution du budget affecté
à la santé de 2000 à 2006 ( en milliard)
45
40
25
20
50
35
30
15
10
5
0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Santé
Source: Graphique
réalisé par les auteurs à partir des informations
budgétaires de la DGAE/MEF
Le graphique ci-dessus présente l'évolution des
dépenses publiques à l'endroit du secteur de la santé. On
constate une augmentation substantielle des dépenses publiques en
santé. Ces ressources mobilisées par l'Etat au profit de la
santé de la période de 2000 à 2006 représentent en
moyenne 7.8% du budget national dont 5.02% en besoin de fonctionnement et 2.78%
pour les besoins en équipement soit la moitié des besoins de
fonctionnement. Cependant, les ressources mobilisées par le gouvernement
au profit de la santé sont restées relativement faibles.
La faiblesse des ressources au niveau de la santé
s'explique par une politique peu développée des pouvoirs
publics.
Dans cette étude, notre analyse sur la santé se
focalisera spécifiquement sur la santé maternelle et infantile
à travers les services de vaccination et des soins de santé
à travers la prévention des maladies (lutte contre le paludisme).
Ce choix est motivé par la contrainte de disponibilité des
données, mais se justifie également du point de vue des effets
distributifs des dépenses publiques. En effet, la santé de la
mère et de l'enfant est liée, et il est certain que l'état
de santé de l'enfant aura un impact sur son état de santé
une fois adulte et ses capacités à accumuler du capital humain.
Bref,
améliorer la santé maternelle et infantile est
bénéfique aux individus, mais aussi à la
société en général du fait des externalités
positives qui peuvent en résulter plus tard.
Les variations liées aux services de santé, aux
soins maternelles et infantiles, puis des services de vaccination sont
consignées dans les tableaux.
Tableau6: Variations des
crédits affectés aux services de vaccination (11-23 mois)
Années
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Variations
|
|
1.018
|
1.021
|
1.041
|
1.15
|
1.20
|
1.31
|
Source: Calculs faits à
partir des données du ministère de la santé publique
Tableau 7: Variations des crédits
affectés à la lutte contre le paludisme
Années
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Variations
|
|
1,045
|
1,035
|
1,056
|
1,15
|
1,21
|
1,19
|
Source: Calculs faits à
partir des données du ministère de la santé publique
Il ressort que les dotations affectées aux services de
la santé ici étudiées ont connu une évolution
presque identique à celle des ressources affectées à la
santé par le budget national. Elle est plus faible en 2000 et plus
élevé en 2006. Malgré la faible part
réservée par le budget national au secteur de la santé,
les services utilisés ont quant à eux connu un accroissement peu
relatif à partir de 2004 avec un taux de 15%, 20% et 31% au niveau des
services de vaccination d'une part et d'autre part de 15%, 21% au niveau des
services de lutte contre le paludisme ; mais avec un recule en 2006 au niveau
de ce service avec un taux de 19%. Cela peut être dû à
l'importance que porte l'Etat béninois à mobiliser les ressources
vers ces services en vue d'améliorer le niveau de besoin substantiel des
populations pour un mieux-être.
Tableau 8: Dotation des directions
départementales de la santé de 2000 à 2006
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Atacora /Donga
|
300209000
|
680755000
|
639922500
|
692562000
|
937515000
|
1178209000
|
955302000
|
Atlatique/Litto-ral
|
331175000
|
876689500
|
966969000
|
768112000
|
905370000
|
1047530000
|
1076779000
|
Alibori/Borgou
|
276012000
|
647349250
|
619510600
|
847971000
|
1122204000
|
1094223000
|
1005433000
|
Ouémé/Plateau
|
356107000
|
766320500
|
702310800
|
953370000
|
1024575000
|
1073425000
|
1011908000
|
Mono/Couffo
|
281535000
|
619155000
|
587143450
|
680643000
|
706336000
|
944716000
|
867618000
|
Zou/Collines
|
353722000
|
767098250
|
704497850
|
938954000
|
781891000
|
1122132000
|
968147000
|
Total
|
1898760000
|
1386253250
|
220354200
|
4881618000
|
5477891000
|
6460235000
|
5885187000
|
Source: DRFM/MSP
Les dotations départementales ont évolué
de 1,898 milliards de 2000 à 4,881 milliards en 2003, puis de 5,477
milliards en 2004 à 6,460 milliards en 2005 avant de connaître une
baisse en 2006 de 5,885 milliards. Bien que l'évolution soit erratique,
il faut noter que depuis 2002, le seuil des 4 milliards est franchi, indiquant
ainsi toute l'importance que le gouvernement accorde au niveau
intermédiaire et périphérique de la pyramide sanitaire.
Graphe 4 : Part des dépenses
d'éducation et de santé dans les dépenses totales de 2000
à 2006 (en milliard)
5E+11 5E+11 4E+11 4E+11 3E+11 3E+11 2E+11 2E+11 1E+11 5E+10 0
|
|
éducation
santé
dépenses totales
|
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Source: Réalisé
à partir des données de la DGAE/MEF, de DNPP, de DSRP, de SCRP
Globalement, les parts affectées aux deux secteurs
prioritaires du secteur social dans les dépenses totales ont connu une
particularité au niveau de chaque secteur. Un accroissement du budget de
l'Etat a favorisé un accroissement des dépenses au niveau des
secteurs sociaux. Cela peut être dû à la
prépondérance des objectifs fixés par les gouvernements
dans le secteur de l'éducation et de la santé malgré la
multiplicité des besoins ressentis par les autres secteurs. Ceci
témoigne d'une politique sociale volontariste, destinée à
i) accroître le niveau d'instruction des populations et en particulier
des filles, ii) améliorer la santé de toutes les couches de la
population, iii) accroître le revenu par tête d'habitants.
Toutefois, des efforts restent encore à faire, car la part des
dépenses sociales dans le budget national demeure très faible,
surtout en éducation à travers la recherche, la construction
d'infrastructure scolaire et la formation des cadres du système
éducatif et puis en santé à travers la mise à jour
du matériel d'hospitalisation, la construction de nouvelles zones
sanitaires, la gratuité de certains services de santé.
-Evolution des indices de pauvreté
(FGT)
Comme nous l'avons souligné dans l'introduction, la
pauvreté a un caractère multidimensionnel. Elle peut en effet
être analysée suivant une approche monétaire, en fonction
du revenu ou de la dépense par tête ou suivant une approche non
monétaire, fondée sur un indice composite de niveau de vie
construit sur la base des conditions de vie et du patrimoine des ménages
(in SCRP 2007, page45). Dans le présent document, les indices FGT ont
été utilisés comme mesure de bien-être pour des
raisons déjà évoquées dans le chapitre
antérieur. Le graphique suivant présente l'évolution de
ces indices de pauvreté tant au niveau national que départemental
au cours des années correspondant à notre étude ont
été réalisées des enquêtes ECVR, QUIBB et
EMICoV.
Graphe5: Evolution des indices de pauvreté
niveau national de 2000-2002-2006
0,35
0,25
0,15
0,05
0,4
0,3
0,2
0,1
0
2000 2002 2006
P0
P1
P2
Source: Réalisé
à partir des données ECVR (1999/2000), QUIBB (2002), EMICoV
(2006)
Les indicateurs renseignés sont issus de l'exploitation
des bases de données des enquêtes réalisées
auprès des ménages en utilisant les mêmes seuils de
pauvreté
tout en tenant compte de l'inflation entre les
périodes. Les sources utilisées concernent l'Enquête sur
les conditions de vie des ménages ruraux, (ECVR2, 1999/2000),
l'Enquête Légère Auprès des Ménages (ELAM
1999), le Questionnaire des Indicateurs de Base du Bien-être (QUIBB) de
2003 dont les informations sont relatives à l'année 2002 et
l'Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de vie des
ménages en République du Bénin (EMICOV) dont les
informations sont relatives à l'année 2006.
L'analyse de ce graphique montre qu'au cours des
enquêtes effectuées au Bénin, les indices de
pauvreté ont connu une évolution assez relative.
Globalement, la pauvreté monétaire s'est
aggravée sur la période 1999/2000 à 2006. Au niveau
national, l'incidence de la pauvreté monétaire (P0) a connu un
léger recul passant de 29,6% en 1999/2000 à 28,4% en 2002. Par
contre, on note un relèvement de celui-ci entre la période
2000-2006. Ainsi donc l'incidence de la pauvreté monétaire (P0)
passe de 28,4% en 2002 à 37,5% en 2006. Parallèlement, l'indice
de profondeur de la pauvreté (P1) a connu une faible augmentation,
passant de 0,087 en 1999-2000 à 0,117 en 2006.
L'inégalité parmi les pauvres s'est
aggravée au niveau national. Cette situation s'explique notamment par
l'augmentation très marquée de l'indice de
sévérité au sein des populations.
Graphe6 : Evolution des indices de
pauvreté au niveau départemental de 2000- 2002-2006
0,45
0,35
0,25
0,15
0,05
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
Alibori Ata ro
ra Atlantique Borqou Co!lines Couffo Donqa Littoral Mono Ouerne Plateau Zou Alibori Ata
ro
ra Atlantique Borqou Collines Couffo Donga Littoral Mono Ouerne Plateau Zou Alibori Ata
ro
ra Atlantique Borqou Collines Couffo Donqa Littoral Mono Ouerne Plateau Zou
2000
2002
2006
P0
P1
P2
Source : Réalisé à
partir des données ECVR, QUIBB, EMIcOV
L'examen du graphique montre, à travers les
enquêtes effectuées au Bénin que les indices de
pauvreté ont connu une variabilité au niveau des
départements. En 2000, le département du Borgou (45%) et du
Couffo (47,20%) sont les départements qui contribuent le plus à
l'incidence nationale de la pauvreté. On enregistre le même
constat au niveau de la profondeur dans ces mêmes départements.
Cependant, l'inégalité parmi les pauvres est
plus accentuée au niveau des départements de l'Atacora (16,05%)
et du Littoral (9,15%).
En 2002, ce sont les départements de l'Atacora (43,5%),
de la Donga (37,3%) et du Mono(39,8%) qui ont contribué le plus à
l'incidence de la pauvreté, à la profondeur et à la
sévérité de la pauvreté.
Les départements de l'Alibori (42,5%), du Couffo
(40,4%), du Plateau(40,3%), et de l'Atlantique(39,6%) contribuent le plus
à l'incidence nationale de la pauvreté en 2006. Le constat est
pratiquement le même en ce qui concerne la profondeur et la
sévérité de la pauvreté, sauf que le
département du Borgou remplace celui de l'Alibori au sein des quatre
départements contribuant le plus à la pauvreté
nationale.
|