IV-4-3 Résultats et discussion
IV-4-3-a Performances de production des fermes
étudiées et évaluation de la qualité du lait
Sur les cinq exploitations étudiées, seule la
première est dirigée quotidiennement par le propriétaire
des lieux qui est lauréat de la faculté des sciences de Rabat.
Les autres éleveurs sont des fonctionnaires, des commerçants, ou
carrément salariés d'une entreprise étatique dans le
domaine de l'agriculture (SODEA). Seules les fermes avec de grandes superficies
(> 100 ha) ont des techniciens d'élevage (cas de l'exploitation
n°3 et de la SODEA), les autres étant gérées par des
salariés sans formation supérieure. Ceci peut nuire à la
qualité de la prise de décision pour la gestion quotidienne des
étables. Les superficies totales et précisément celles des
fourrages concrétisent l'aspect de conduite «hors sol» des
élevages périurbains des différentes unités
étudiées. Ainsi on remarque que la charge animale atteint une
moyenne de 0,33 ha de fourrage par vache, avec un cas extrême de 0,14 ha
par vache : cas de la ferme étatique de la SODEA (tableau 40).
Tableau 40.
Caractéristiques structurelles des élevages suburbains
étudiés pour leurs paramètres de qualité du
lait.
|
Exp. 1
|
Exp. 2
|
Exp. 3
|
Exp. 4
|
Exp. 5
|
Moyenne
|
|
|
|
|
|
|
|
SAU (ha)
|
14
|
29
|
260
|
386
|
11
|
140,2
|
SF (ha)
|
11
|
23
|
75
|
8
|
9
|
24,8
|
Effectif en vaches
|
16
|
38
|
57
|
59
|
16
|
37,2
|
ha fourrage/vache
|
0,69
|
0,61
|
1,32
|
0,14
|
0,58
|
0,33
|
La stabulation dans la majorité des exploitations est
semi entravée à l'exception de la SODEA où elle est de
type entravé. La traite se fait deux fois par jour sauf pour la SODEA
avec trois traites quotidiennes.
La pluviosité importante qu'a connue la région
de Rabat - Salé lors de l'année de l'étude (2002/2003), a
permis aux différentes fermes de bénéficier des repousses
d'herbe, ce qui a amené certaines exploitations à réduire
les apports en concentrés.
Les cultures fourragères emblavées au niveau des
exploitations étudiées correspondent à six espèces
différentes : l'orge (déprimage), le mas, le bersim, la luzerne,
le triticale et l'avoine (figure 27). L'utilisation de la paille comme autre
source d'aliments grossiers a été constatée dans la
totalité des exploitations, mais avec des quantités
différentes et à des niveaux de distribution très
variables.
Mois
|
Sep
|
Oct
|
Nov
|
Déc
|
Jan
|
Fév
|
Mar
|
Avr
|
Mai
|
Jui
|
Juil
|
Aoû
|
Exploitation 1
Paille
Orge (déprimage)
Chaumes céréales
Pâturage d'avoine
Concentrés
|
|
Exploitation 2
Paille
Bersim en vert
Orge (déprimage)
Triticale ensilage
Pâturage / chaumes
Concentrés
|
|
Exploitation 3
Paille
Luzerne en vert
Concentrés
|
|
Exploitation 4
Paille
Herbe en vert
Ensilage avoine
Foin vesce-avoine
Concentrés
|
|
Exploitation 5
Paille
Luzerne
Mas en vert
Repousses d'herbe
Concentrés
|
|
Figure 27. Calendrier
fourrager des fermes laitières suburbaines étudiées pour
leurs paramètres de qualité du lait.
Les concentrés les plus utilisés dans les
différentes fermes sont l'orge, la pulpe sèche de betterave, le
tourteau de soja et de tournesol, la luzerne déshydratée, son de
blé, le screening (résidus de meunerie) ainsi que l'aliment
composé de l'ACEB (Association Chellah des Eleveurs de Bovins) dit
Aliment de l'Unité d'Alimentation du Bétail (UAB).
En analysant le tableau 41, on constate l'importance de
l'utilisation des concentrés dans ces élevages et aussi la
variabilité de leur distribution, qui est due aux différences des
stratégies alimentaires adoptées. La quantité moyenne
d'UFL issues des concentrés par vache et par an de tous les
élevages étudiés est de 3 082, valeur
légèrement supérieure à celle trouvée par
SRAÏRI et LYOUBI [2003] lors de l'établissement d'une typologie de
fonctionnement d'étables suburbaines, qui était de 2 924
UFL.
Le rapport exprimant la valorisation métabolique des
concentrés est de 0,72 UFL par kg de lait. Il illustre un gaspillage des
concentrés dans la couverture des besoins d'entretien et/ou des erreurs
de rationnement [INRA, 1988], puisque largement supérieur au besoin
énergétique correspondant à 1 kg de lait, lorsque les
besoins d'entretien sont satisfaits par les aliments grossiers (0,43 UFL).
La moyenne des différents paramètres
rapportés dans le tableau 39 montre une dépendance flagrante de
ces exploitations vis-à-vis des concentrés provenant de
l'extérieur de la ferme, afin de combler l'insuffisance des fourrages.
Ceci réaffirme le type d'élevage «hors sol» qui
caractérise ces exploitations suburbaines. Les variations de ces
paramètres entre les différentes fermes sont expliquées
par les stratégies de production adoptées pour chaque
exploitation ainsi que les objectifs poursuivis par chaque éleveur.
Certains semblent privilégier une production maximale de lait avec la
diminution des dépenses en concentrés en tablant sur la
production endogène de fourrages (exploitations 1 et 2) tandis que
d'autres visent un rendement laitier peu important et en se reportant sur le
veau comme produit terminal (fermes 3 et 5). Finalement, l'étable
étatique (ferme 4) est plus particulièrement portée sur un
rendement maximal sans considération pour les dépenses en
concentrés. La production laitière totale annuelle par
étable est en moyenne de 171 320 litres mais avec un écart
type de 87 114 litres. La production la plus faible est de 61 164 litres
affichée par l'exploitation n°5 et la plus importante est celle de
la SODEA avec 389 057 litres. Le rendement laitier moyen par vache par an pour
toutes les exploitations est de 4 338 kg. Cette valeur est
supérieure à celle déterminée lors de
l'établissement de la typologie d'élevage en zone
suburbaine : 3 218 kg en moyenne pour les vaches de 48 exploitations
avec des stratégies d'élevage très diverses [SRAÏRI
et LYOUBI, 2003]. Ceci confirme le choix, dans ce suivi, d'étables
à vocation plus intensive en matière de production
laitière que la moyenne régionale. Toutefois cette performance
moyenne reste très en deçà des potentialités des
vaches (toutes de race Holstein) et témoigne des erreurs de conduite,
notamment en matière de rationnement.
Tableau
41. Caractérisation de l'alimentation et des performances
laitières et de reproduction des vaches en étables
suburbaines.
|
Exp. 1
|
Exp. 2
|
Exp. 3
|
Exp. 4
|
Exp. 5
|
Moyenne
|
|
|
|
|
|
|
|
UFLcc/kg lait
|
0,59
|
0,51
|
0,96
|
0,74
|
0,82
|
0,72
|
UFLcc/v/an
|
2 968
|
2 467
|
2 701
|
4 280
|
3 011
|
3 082
|
ME (kg lait/v/an)
|
4 667
|
4 509
|
2 813
|
6 592
|
3 823
|
4 338
|
IVV* (j)
|
417
|
404
|
408
|
387
|
397
|
402,6
|
IVV : Intervalle vêlage - vêlage.
La reproduction du cheptel bovin, appréhendée
à partir de l'intervalle moyen entre vêlage, était
sensiblement bien maîtrisée. Cet intervalle était de
l'ordre de 402 j ; valeur très proche de ce qu'ont trouvé
BENAICH et al. [1999], lors d'une étude sur des étables
laitières de la même région de Rabat - Salé. Les
étables étudiées par ces auteurs étaient, comme les
nôtres, toutes soumises à un suivi régulier par des
inséminateurs.
Les charges liées à l'alimentation sont
élevées dans la majorité des exploitations,
représentant en moyenne près de 64,4 #177; 7,43 % des
charges totales. Par conséquent, pour produire un kg de lait il faut en
moyenne 2,86 DH, ce qui ne laisse pas une marge importante de gain au litre du
lait en comparaison avec son prix de vente. Pour certaines exploitations
(SODEA), les charges de production laitière (3,97 DH/kg)
dépassent le prix de vente du lait (3 DH/kg), et seules les ventes de
bovins (veaux et vaches de réforme) permettent de rétablir
l'équilibre (Tableau 42).
L'étude des niveaux de mortalité des bovins
révèle que dans l'unité étatique pas moins de 13
vaches et 7 jeunes animaux sont morts au cours de cette campagne agricole
2002/2003. Ceci représente 22 % de l'effectif total des vaches et 16 %
des jeunes. Ces taux de mortalité sont bien plus élevés
que ce qui est relevé dans les autres fermes (entre 0 et 3 %) et surtout
par rapport aux normes d'élevage [METGE, 1990]. Les causes directes,
telles qu'apparaissant dans les documents tenus par cette exploitation (rapport
d'autopsies), sont réparties entre des diarrhées aiguës,
les renversements de la matrice... Le statut étatique
de cette exploitation et le style intensif d'élevage basé sur les
concentrés expliquent aussi l'ampleur des mortalités
dénombrées, du moment que les bovins n'appartiennent pas à
ceux qui en assurent les soins.
Tableau 42. Paramètres
économiques de la production laitière dans les étables
suburbaines
Paramètre
|
Moyenne
|
Minimum
|
Maximum
|
|
|
|
|
PML (DH/l)
|
3,16 #177; 0,13
|
3,0
|
3,5
|
PRK (DH/l)
|
2,86 #177; 0,82
|
1,05
|
3,97
|
VA/T (%)
|
38,5 #177; 10,6
|
21,4
|
55,2
|
CAT (%)
|
64,4 #177; 7,43
|
54
|
78
|
MBV (DH/v)
|
8 316 #177; 2 146
|
4 401
|
13 109
|
BV : bénéfice par vache
présente ; CAT : charges alimentaire par rapport aux charges
totales ; PML : prix moyen de vente du litre de lait ;
PRK : prix de revient du kg de lait ; VA/T : rapport entre les
ventes des animaux et les ventes totales ;.
Le bénéfice d'exploitation par vache est
affecté par les charges importantes liées à
l'alimentation, elles mêmes issues des superficies fourragères
minimes dans ces exploitations. Il est aussi très fortement lié
aux ventes d'animaux le long de l'année. Le bénéfice moyen
par vache a été de 8 316 #177; 2 146 DH par vache
contre 6 212 DH par vache l'année précédente. Ce
résultat est expliqué par les ventes massives d'animaux dans
certaines exploitations, suite à une conjoncture de marché
favorable. En effet, avec une meilleure pluviosité, les prix des bovins
s'accroissent en réponse à la spéculation sur le
bétail : la profusion d'herbe encourage plusieurs opérateurs
à investir sur de jeunes bovins [COULEAU, 1968].
Lors de l'étude des paramètres de
qualité, seuls les laits des trois premières fermes ont
affiché des taux butyreux moyens supérieurs (P < 0,05) aux
normes en deçà desquelles les usines laitières sont
supposées appliquer des pénalités (35 g/kg).
Dans la quatrième étable (ferme étatique
de la SODEA), la faiblesse du taux butyreux moyen peut être
expliqué par l'effet dilution du lait [LABARRE, 1994], dû à
un rendement laitier moyen par vache important (6 592 kg par vache). Ce
facteur « dilution » est bien sûr aggravé par
un bilan énergétique dominé principalement par les
concentrés. Dans l'exploitation n° 5, le taux butyreux moyen ne
dépasse pas 32,2 g/kg et cette valeur ne peut être
imputée qu'aux erreurs de rationnement (aliment composé UAB riche
en concentrés de type « amidon »,
céréales), puisqu'il n'y a pas à ce niveau d'effet
dilution (le rendement laitier par vache n'est que de 3 823 kg).
L'évolution annuelle des taux butyreux et
protéique des laits collectés dans les cinq étables est
illustrée dans la figure 28. Elle montre l'ampleur des variations du
taux butyreux en comparaison au taux protéique, nettement plus stable.
En effet, le taux butyreux est cité par divers auteurs comme très
fortement influencé par les facteurs impliqués en élevage
laitier : animaux, rations, climat... [MARTIN et al., 2003 ;
LABARRE, 1994].
Figure 28. Variations des taux butyreux et protéiques
annuels moyens en fonction des exploitations étudiées
Le taux protéique moyen par exploitation a
été conforme à la norme de 30 g/kg (P
< 0,05). En accord avec les résultats d'autres
études, des apports massifs en concentrés dans les rations de
vaches laitières constituent un facteur stabilisant du taux
protéique [COULON et RÉMOND, 1991].
Les températures des différents
échantillons mesurées à la ferme, montrent que les laits
des fermes n°3 et 4 (ferme étatique) ont des moyennes qui ne
dépassent pas les 9°C. Ceci résulte en des pH moyens de 6,83
et 6,80, relativement supérieurs aux pH des laits des autres
exploitations (1, 2, 5) qui varient entre 6,67 et 6,69. Ce résultat est
expliqué par la présence dans ces deux exploitations (les
n°3 et 4) des conditions de réfrigération du lait
après la traite. Le lien est fait aussi avec le comptage cellulaire par
ml de lait (FMAT). On remarque ainsi que les deux exploitations disposant de
moyens de réfrigération (la 3 et la 4) ont les taux de FMAT les
plus bas par rapport au reste. Toutefois, tous les laits collectés (les
60 échantillons), sans aucune exception, peuvent être
qualifiés de très mauvaise qualité hygiénique
puisqu'ils dépassent les 106 UFC/ml [PLUSQUELLEC, 1991]. Il
peut être conclu de ces chiffres que même des conditions
avantageuses d'entreposage du lait dans les fermes
(réfrigération), jusqu'à son écoulement, ne peuvent
en aucun cas voiler les pratiques générales d'hygiène fort
décevantes qui caractérisent l'ensemble des étables,
même les plus intensives dans la production laitière. Par
ailleurs, pareils comptages cellulaires moyens ne peuvent que témoigner
d'un insuffisante maîtrise de l'hygiène, que ce soit lors de la
traite principalement, mais aussi dans l'environnement global des
bâtiments d'élevage et des aires de repos [MICHEL et al.,
2001].
La détection des inhibiteurs de croissance de la flore
microbienne du lait par la méthode du Delvotest® a
révélé une moyenne pour toutes les fermes de 3
résultats positifs sur 12 contrôles (tableau 43), avec une
supériorité de traitement dans l'unité de la SODEA :
5 sur 12. Ce résultat exprime l'ampleur de l'utilisation des
antibiotiques dans cette ferme. Dans les autres élevages, la
contamination affectait 2 à 4 prélèvements sur 12. On peut
en déduire qu'il n'y a pas d'élimination ou d'isolement du lait
des vaches traitées avec des antibiotiques. Les laits contaminés
sont mélangés avec les laits sains et avec d'autres laits
d'autres fermes pendant la collecte au niveau du camion de l'usine ou par le
colporteur. Ceci engendrerait par la suite des problèmes lors de la
transformation (inhibition de fermentations lactiques) ou même à
la consommation.
Tableau 43. Caractéristiques générales de
la qualité du lait dans les fermes suburbaines.
|
Exp. 1
|
Exp. 2
|
Exp. 3
|
Exp. 4
|
Exp. 5
|
Moyenne
|
|
|
|
|
|
|
|
Taux butyreux, g/kg
|
40,7
|
41,5
|
41,5
|
29,7
|
32,2
|
37,1
|
Taux protéique, g/kg
|
32,6
|
31,8
|
32,7
|
30,8
|
31,6
|
31,9
|
pH
|
6,67
|
6,83
|
6,69
|
6,80
|
6,69
|
6,74
|
Température, °C
|
25,2
|
8,8
|
17,6
|
7,7
|
29,1
|
17,7
|
Acidité Dornic
|
16,4
|
16,3
|
16,5
|
16,3
|
16,7
|
16,5
|
Antibiotiques
|
2/12
|
2/12
|
4/12
|
5/12
|
3/12
|
3/12
|
Densité à 20°C
|
1,0290
|
1,0281
|
1,0285
|
1,0286
|
1,0280
|
1,0284
|
FMAT, UFC/ml
|
2,5x107
|
1,5x107
|
5,4x106
|
4,8x106
|
1,3x107
|
1,2 x 107
|
IV-4-3-b Pratiques d'élevage et qualité
du lait : établissement d'une typologie de laits au
Maroc
Une analyse en composantes principales sur les
caractéristiques de qualité du lait a été
effectuée. Les trois premiers axes factoriels de l'ACP rapportent 74,0 %
de la variabilité totale.
La projection des variables caractérisant la
qualité des échantillons de lait collectés sur le plan
principal (axes 1 et 2) issu de l'ACP est rapportée dans la figure
29.
L'interprétation statistique de la signification des
axes est la suivante :
L'axe 1 explique 34,6 % de la variation totale. Il est
lié aux variables « taux protéique »,
« taux butyreux » et « densité »
qui sont des variables de matières utiles. Les laits projetés sur
le sens positif de cet axe, ont des valeurs du taux butyreux et
protéique et de la densité inférieures à leurs
moyennes, tandis que des laits projetés sur le sens négatif ont
des valeurs supérieures à la moyenne pour ces taux et pour la
densité. On peut considérer qu'il s'agit de l'axe
"matières utiles dans le lait".
L'axe 2 représente 22,9 % de la variation totale.
Il est lié à la variable pH, qui traduit les conditions
de conservation du lait à la ferme. Les laits projetés
positifs sur cet axe ont un pH au départ de la ferme
élevé, tandis que les laits projetés négatifs ont
un pH départ inférieur à la moyenne.
Quant à l'axe 3, il constitue 17,5 % de la variation
totale. Cet axe étant lié à la variable Log FMAT, il
traduit les conditions générales d'hygiène
à la ferme. Les laits projetés positifs sur cet axe ont
des valeurs de FMAT supérieures à la moyenne et ceux
projetés négativement auront des valeurs inférieures
à la moyenne.
Ainsi, les trois principaux groupes de variables traduisant la
qualité du lait dans un pays chaud et à chaîne du froid
vacillante, à savoir les matières utiles (graisses et
protéines), la conservation par la réfrigération et
l'hygiène générale des étables [MEYER et DENIS,
1999] se trouvent très bien représentées dans cette
analyse multidimensionnelle.
Axe 2
TB
D20
pH
p
TB
TP
Axe 1
TB
TB : Taux Butyreux, TP : Taux Protéique,
D20 : Densité à 20°C, pH : pH
Figure 29. Projection des variables de qualité du lait
sur le plan principal de l'ACP
A l'issue de la classification hiérarchique ascendante,
une partition en quatre classes distinctes de lait a été
adoptée (58,5 % de la variation totale). A cinq classes, la
précision n'augmentait pas sensiblement (62,4 %) et surtout la
cinquième classe ne correspondait qu'à la scission du groupe 3 en
deux groupes peu intéressants pour la synthèse des données
sur la qualité du lait.
La première classe qui contient 21 des 60 laits
collectés le long de l'année, a pour caractéristiques
principales : un faible taux protéique (29,7 g/kg), et un taux
butyreux réduit (32,4 g/kg), associés aux comptages de FMAT (Log
FMAT = 6,39) les plus faibles.
Ce sont des laits à une hygiène relativement
meilleure et qui correspondent à un rendement moyen par vache,
supérieur à la moyenne enregistrée. Ceci explique la
faiblesse des taux protéique et butyreux par l'effet de dilution. Les
laits de cette classes proviennent des étables intensives (10 des 12
laits de la ferme étatique SODEA) ou des étables qui ont un pic
de production spontané (5 laits de l'étable n°5). En
effet, ce sont des laits qui correspondent à une production moyenne
quotidienne par vache de 17,7 kg, supérieure aux 15,5 kg
enregistrés comme moyenne générale. Le pH au départ
est de 6,71 et la température de 15,6°C. L'exploitation n°1
n'a aucun lait qui appartient à cette classe vu que le comptage de la
flore totale y est le plus élevé en raison de l'absence de
réfrigération et des conditions de la traite manuelle qui ne
respecte pas les normes d'hygiène.
Le tableau 44 montre la répartition des laits de cette
classe entre fermes. Ainsi on remarque que 10 des 12 échantillons
annuels de lait prélevés de la 4ème ferme
(étatique) et 5 échantillons de la ferme n°5 appartiennent
à cette première classe. L'exploitation n°1 n'a aucun lait
qui appartient à cette classe vu que le comptage de la flore totale y
est le plus élevé. Ceci est expliqué par l'absence de
réfrigération dans cette exploitation et par la traite manuelle
qui y est pratiquée et qui ne respecte pas les normes
d'hygiène.
Tableau 44. Répartition des échantillons de lait
collectés par classe selon leur qualité physico-chimique
|
Exp.1
|
Exp.2
|
Exp.3
|
Exp.4
|
Exp.5
|
Total
|
|
|
|
|
|
|
|
Classe 1
|
0
|
2
|
4
|
10
|
5
|
21
|
Classe 2
|
2
|
3
|
8
|
0
|
1
|
14
|
Classe 3
|
2
|
3
|
0
|
0
|
5
|
10
|
Classe 4
|
8
|
4
|
0
|
2
|
1
|
15
|
Total
|
12
|
12
|
12
|
12
|
12
|
60
|
La deuxième classe contient 14 échantillons de
lait. Il sont caractérises par des taux butyreux et protéique les
plus élevés (respectivement 45,9 et 33,7 g/kg), associés
à un comptage moyen de FMAT relativement faible (Log FMAT = 6,88 <
7,00).
Les laits de cette classe proviennent des périodes
où les productions laitières moyennes par vache sont les plus
faibles (PL/vache traite = 12,5 kg), accompagnés d'une utilisation
massive de concentrés avec un rapport de consommations de
concentrés par kg de lait produit (UFL des concentrés/kg de lait
= 0,87) le plus élevé par rapport aux autres périodes.
Cette classe contient 8 laits de l'exploitation n°
3, vu que ses laits sont caractérisés par des taux
protéiques et butyreux plus élevé par rapport à la
moyenne (respectivement 33,3 et 43,2 g/kg de lait) et un rendement laitier par
vache d'à peine 10,4 litres (absence totale d'effet dilution dans cette
ferme). Les laits de l'exploitation n° 4 (SODEA) ne figurent pas dans
cette classe malgré l'utilisation importante de concentrés. Ceci
est justifié par le rationnement strict, et donc l'absence de gaspillage
de concentrés.
La troisième classe contient 10 des 60 laits
collectés. Elle est caractérisée par des laits au pH moyen
le plus faible (6,67), associés à une température moyenne
au départ de la ferme la plus élevée (28,4°C) et les
taux butyreux et protéique les plus faibles (32,1 g/kg et 31,6 g/kg
respectivement). Leur contamination microbienne est la plus
élevée par rapport aux autres laits (Log FMAT = 7,37). Ce sont
donc les échantillons de lait de plus mauvaise qualité, tant sur
le plan hygiénique que physico-chimique. Les conditions d'appartenance
à cette classe sont remplies par 5 laits de l'exploitation n° 5, vu
que les taux protéique et butyreux y sont faibles à cause de
l'alimentation pauvre en fourrage et une gestion alimentaire non
adéquate. La contamination importante de ces laits en micro-organismes
se fait lors de la traite, puisque il n'y a pas de pratiques d'hygiène
adéquates des mamelons avant la traite et la litière est dans un
état souillé. Les températures élevées sont
expliquées par l'absence de réfrigération.
Les laits des exploitations n° 3 et 4 ne figurent pas
dans cette classe puisque ces deux fermes disposent de moyens de
réfrigération adéquats. Ceci explique bien les
températures inférieures par rapport aux laits des autres fermes
et les contaminations moins importantes en flore mésophile
aérobie totale.
La quatrième classe compte 15 des 60 laits
collectés. Elle est caractérisée principalement par des
laits qui correspondent aux meilleures valorisations de concentrés
(UFLcc/kg de lait = 0,68 par rapport à une moyenne de 0,76). Le pH moyen
est de 6,74 et la température moyenne de 18,59°C. Ces deux
paramètres semblent les plus proches des moyennes
générales des laits de collecte à la ferme. Mais le
comptage cellulaire (FMAT) est plus élevé par rapport aux autres
classes, car le Log FMAT est toujours supérieur à 7,00. En
moyenne, il est de 7,24 ce qui correspond à une moyenne d'UFC par ml de
lait supérieure à 107.
Cette classe est dominée par les laits de la ferme
n°1, puisque 8 laits sur les 12 collectés le long de l'année
ont toujours une meilleure valorisation du concentré utilisé par
rapport aux autres laits. Mais ils sont aussi caractérisés par
des comptages de flore plus élevés par rapport autres fermes
puisque la litière est dans un état critique, la traite est
manuelle, les pratiques d'hygiène lors de la traite sont
désastreuses (les pots de traite ne sont pas assez nettoyés pour
garantir une hygiène propice) et finalement il n'y a pas de
réfrigération pour la conservation du lait.
La ferme n° 2 contribue avec 4 laits des 12
collectés le long de l'année. Ceci est dû principalement
aux conditions alarmantes de la litière et du paddock emboué en
hiver après les pluies, qui mettent les vaches dans un état
hygiénique très sale. Ceci se répercute
négativement sur le comptage des germes qui sont très
élevés dans ces laits. Les autres laits proviennent des fermes
n° 4 et 5.
Le tableau 45 résume les différentes
caractéristiques des types de laits distingués par les analyses
multidimensionnelles.
Tableau 45.
Caractéristiques des différentes classes de qualité du
lait en étables suburbaines.
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Classe 1
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Classe 2
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Classe 3
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Classe 4
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Moyenne (écart - type)
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n
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21
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14
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10
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15
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pH
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6,71 (0,17)
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6,82 (0,12)
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6,67 (0,08)
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6,74 (0,12)
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Temp. (°C)
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15,6 (10,6)
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12,3 (8,0)
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28,4 (2,9)
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18,6 (8,6)
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UFLcc/kg lait
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0,76 (0,19)
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0,78 (0,42)
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0,70 (0,23)
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0,68 (0,02)
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TB (g/kg)
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32,4 (6,2)
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45,9 (5,6)
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32,1 (5,0)
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37,7 (5,3)
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TP (g/kg)
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29,7 (3,0)
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33,7 (2,3)
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31,6 (3,1)
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32,7 (2,1)
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Log FMAT
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6,39 (0,29)
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6,88 (0,45)
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7,37 (0,14)
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7,24 (0,27)
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TB : Taux Butyreux, TP : Taux Protéique,
Temp. : Température.
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